Cuba. Le CUC cessera de circuler le 1er janvier 2021

Par Página 12

Cuba va entamer son processus d’unification monétaire et dictera la sortie de la circulation du peso convertible (CUC) – parité avec le dollar – le 1er janvier, ce qui fera du peso cubain (CUP) la seule monnaie officielle du pays, avec un taux de conversion officiel unique de 24 pesos par dollar [Le taux de conversion est évidemment décisif pour la vie des Cubains].

L’annonce, qui met fin à des mois de spéculation sur le jour de la disparition du CUC et sur le nouveau taux de change du CUP, a été faite à la télévision publique par le président du pays, Miguel Díaz-Canel, accompagné de l’ancien président et dirigeant du Parti communiste cubain, Raúl Castro.

«Nous réitérons l’importance et la signification de cet objectif qui mettra le pays en meilleure position pour réaliser les transformations qu’exige l’actualisation de notre modèle économique et social sur la base de la garantie de la plus grande égalité de droits et d’opportunités pour tous les Cubains», a déclaré Miguel Díaz-Canel.

Une tâche en suspens

L’unification monétaire, qui a mis sept ans à se concrétiser, est l’une des principales tâches en suspens dans le cadre des réformes économiques promues par Raúl Castro depuis une décennie.

Officiellement rebaptisé «tâche de mise en ordre» cet objectif consiste en la disparition du CUC, créé en 1994, et l’établissement d’un taux de change unique, qui dans le secteur public était jusqu’à présent égal au CUP, au CUC et au dollar (1:1:1), alors que pour le grand public il est de 25 CUP pour chaque CUC ou dollar.

Cette multiplicité des taux de change a, pendant des années, faussé la comptabilité des entreprises d’État, où la CUP et la CUC sont fusionnées en une seule dans les livres comptables, ce qui rend difficile, entre autres, de déterminer l’état réel de l’économie cubaine centralisée.

À partir d’octobre 2020, le gouvernement cubain a commencé à faire de fréquents rapports sur l’unification et le paquet de mesures conjointes, ce qui a accru la spéculation et a poussé des centaines de Cubains à se rendre dans des banques et des bureaux de change pour se débarrasser du CUC, qui se dévaluait sur le marché informel.

Les autorités avaient initialement prévu qu’à partir du «jour zéro», il y aurait une période de six mois pendant laquelle les gens pourraient échanger le CUC dans les magasins et les banques.

La dernière annonce d’un taux unique de 24 pesos cubains pour le dollar a fini par ignorer les prévisions d’une sévère dévaluation officielle de la monnaie nationale, une question qui préoccupait la population car elle craignait que son épargne en CUP ne perde de la valeur.

Cette mesure s’accompagnera d’une réforme des salaires, des pensions et de la suppression des subventions, bien que des prix centralisés soient maintenus pour un petit groupe de produits et de services de base, notamment le carburant, l’électricité et le lait pour bébés.

Pas de solutions magiques, mais des risques

Dans son discours, Miguel Díaz-Canel a souligné que la fin de la double monnaie ne sera pas «la solution magique à tous les problèmes» de l’économie, mais «elle nous permettra d’avancer de manière plus solide», dans un contexte marqué par la crise économique internationale, le Covid-19 et les effets du blocus imposé par les États-Unis.

«La tâche n’est pas sans risque. L’un des principaux risques est que l’inflation soit plus élevée que prévu, en raison d’un déficit de l’offre [de biens]. Les prix abusifs et spéculatifs ne seront pas autorisés. Il faudra y faire face socialement avec des mesures d’endiguement et à des sanctions sévères pour ceux qui ne s’y conformeront pas», a déclaré le président.

L’élimination de la double monnaie intervient à un moment de forte tension économique pour le pays, dont la situation financière a été aggravée par le ralentissement du tourisme, la crise de son allié le Venezuela et le retard dans la mise à jour de son système centralisé.

La pénurie d’approvisionnement et l’incertitude ont déclenché une hausse des prix sur le marché noir, tandis que le gouvernement cherche à lutter contre la spéculation et les thésauriseurs.

L’une des dernières stratégies officielles a été la dollarisation partielle de l’économie, une solution qui a soulevé une controverse parmi la grande majorité de la population, qui n’a pas accès aux envois de dollars en provenance des Cubains ayant émigré.

A la fin de son discours, Miguel Diaz-Canel a fait remarquer qu’ils seraient «réceptifs aux exigences de la population» et a réitéré que «les conditions sont créées pour garantir que personne ne sera laissé sans ressources» sur l’île. (Article publié sur le site Pagina 12, Argentine, le 12 décembre 2020; traduction rédaction A l’Encontre)

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