Syrie. Les «inspecteurs» partent. Les bombes continuent à tuer

Alep290813Voir vidéo de la BBC

Selon les agences de presse, la haute représentante de l’ONU pour le désarmement (sic) Angela Kane a quitté Damas et est arrivée à Beyrouth en milieu de journée ce vendredi 30 août après avoir franchi la frontière terrestre de Masnaa. Elle s’est rendue ensuite à l’aéroport de Beyrouth pour prendre un vol en direction d’Istanbul. Quant aux enquêteurs des Nations unies, ils ont «terminé leur travail». Ils quitteront Damas le samedi 31 août. L’équipe de dix spécialistes mandatés par les Nations unies pour faire la lumière sur l’usage d’armes chimiques en Syrie, notamment lors de l’attaque meurtrière du mercredi 21 août, a «terminé de récolter des échantillons et des éléments». Ils vont désormais «rapidement» faire un rapport, a déclaré un porte-parole des Nations unies. Selon le mandat onusien, leur travail de recherche ne porte pas sur l’identification des responsables. Les enquêteurs ne diront pas si les armes chimiques ont été utilisées par le régime ou par les rebelles.

Ils quitteront Damas le samedi 31 août. L’équipe de dix spécialistes mandatés par les Nations unies pour faire la lumière sur l’usage d’armes chimiques en Syrie, notamment lors de l’attaque meurtrière du mercredi 21 août, a «terminé de récolter des échantillons et des éléments». Ils vont désormais «rapidement» faire un rapport, a déclaré un porte-parole des Nations unies.

Pendant ce temps, à Damas et Alep, les bombardements continuent. Dans la capitale, certains quartiers de la banlieue sont encore bombardés, selon des témoins sur place. «Il y a près de dix tirs par heure entre l’artillerie et les tirs de missiles», selon l’opposition (RFI). Du côté d’Alep, les bombardements continuent également sur la ville.

Alors qu’une partie des médias et un certaine gauche centrent uniquement leur attention sur la probabilité et la forme d’une intervention dite «limitée» des Etats-Unis, il est des plus instructif qu’une vidéo telle que celle tournée par l’équipe de la BBC le 29 août 2013 à Alep rende compte des bombardements à basse altitude qui ont frappé une école.

Les lectrices et lecteurs du site alencontre peuvent visionner à cette adresse: http://www.bbc.co.uk/news/world-23892594 cette vidéo dont les images contraignent à prendre la mesure des massacres ordinaires perpétrés, tous les jours, par une dictature avec laquelle d’aucuns veulent négocier «après lui avoir donné une leçon» par Tomahawk (missile de croisière) interposés. Le titre donné par la BBC à cette vidéo est le suivant: «Incendiary bomb victims “like the walking dead”». (Rédaction A l’Encontre)

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Adam Withnall, du quotidien The Independent, a décrypté et commenté, en date du 30 août, ce reportage de la BBC. Nous en donnons ici la traduction. (Rédaction A l’Encontre)

Ahmed, âgé de 15 ans, parmi les brûlés
Ahmed, âgé de 15 ans, parmi les brûlés

Selon une séquence troublante produite par le programme Panorama de la BBC, une place de jeu remplie d’enfants a été bombardée, avec une substance semblable au napalm, par un avion de combat dans le nord de la Syrie.

Des témoins oculaires ont décrit comment l’avion a survolé l’école d’Alep à plusieurs reprises, comme s’il cherchait une cible avant de balancer la bombe.

Au moins 10 enfants ont été tués et bien plus blessés selon le reportage de Ian Pannell et du cameraman Darren Conway de la BBC.

Un grand nombre de ceux qui ont survécu ont des brûlures sur plus de la moitié de leur corps, ce qui signifie qu’il est plus que probable qu’ils meurent également.

Les enfants et les adultes ont été filmés alors qu’ils arrivaient dans un hôpital rudimentaire, leurs vêtements brûlés sur leurs corps et leurs peaux recouvertes d’une substance blanche dont la BBC pense qu’elle provient d’une bombe contenant quelque chose comme du napalm ou de la thermite [mélange d’aluminium métallique et d’oxyde d’un autre métal, généralement de l’oxyde de fer, dont la réaction chimique génère une chaleur intense – jusqu’à plus de 2000°C].

Bien qu’il ait refusé d’être identifié dans le reportage, le directeur de l’école a manifesté sa douleur face à ces images terribles. Il a déclaré: «C’était la chose la plus horrifiante. Nous avons vu des images à la télévision, nous avons entendu de nombreuses histoires, mais nous n’avons jamais vu quelque chose comme cela auparavant. La pire chose qui existe dans la vie est de voir quelqu’un mourir devant soi et de ne rien pouvoir faire. Il y avait des personnes mortes, d’autres qui brûlaient et des gens qui s’enfuyaient, mais où? Où pourraient-ils aller? Il n’y a aucun endroit sûr. C’est le destin du peuple syrien.» 

La BBC a déclaré qu’en Syrie de larges rassemblements de personnes constituaient régulièrement des cibles pour des bombardements, même si elles ne font qu’attendre devant des boulangeries, au marché ou dans des écoles.

Une médecin britannique, la doctoresse Rola, travaillant en Syrie avec l’association humanitaire Hand In Hand, était parmi ceux qui soignaient les victimes.

La doctoresse Rola
La doctoresse Rola

Elle a déclaré aux journalistes: «C’est juste un chaos absolu et du carnage ici. Il y a eu une arrivée massive de ce qui semble des brûlés sérieux, il semble que c’est quelque chose comme, je n’en suis pas tout à fait sûre, peut-être du napalm, quelque chose de semblable. Mais, manifestement, au cœur de cette situation chaotique, il est difficile de savoir ce qui se passe exactement.» Plus tard, après un moment de réflexion, la doctoresse Rola affirme: «Nous nous sentons comme quelque chose… même pas des citoyens de seconde classe, comme si on ne comptait pas. Comme tous ces enfants, et tous ces gens qui sont tués et massacrés, on ne compte pas. Le monde entier, notre nation, ont échoué et ce sont des civils innocents qui en payent le prix.»  

Mohammed Abdullatif, l’un des témoins sur le terrain au moment de l’attaque, a déclaré qu’il avait un message pour les Nations Unies. «Vous appelez à la paix. A quel type de paix appelez-vous? Ne voyez-vous pas cela, ne le voyez-vous pas? Qu’avez-vous donc besoin de voir? Nous sommes seulement des êtres humains, nous voulons vivre. C’est notre droit de vivre.»

Le reportage a été diffusé alors que les membres de la Chambre des Communes (à Londres) votèrent contre une intervention militaire [proposée par Cameron] en Syrie. (Traduction A l’Encontre) 

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