Par Julia Kollewe
Des milliers de travailleurs et travailleuses d’Amazon devraient manifester ou faire grève dans plus de 20 pays à l’occasion du «Black Friday», ce vendredi 29 novembre, afin d’inciter la firme états-unienne à mieux respecter leurs droits et à prendre des mesures en faveur du climat.
Des salarié·e·s et des représentants de syndicats et de groupes de travailleurs ont l’intention de se joindre aux manifestations contre les pratiques de l’entreprise basée à Seattle entre le Black Friday et le Ciber Monday (2 décembre – journée créée par les entreprises pour encourager les achats en ligne), l’un des plus grands week-ends d’achats de l’année.
Au cours de cette période annuelle de rabais, Amazon et de nombreux autres enseignent proposent des offres aux acheteurs, et le personnel des entrepôts est occupé à exécuter les commandes.
Des actions sont prévues dans les grandes villes des Etats-Unis, d’Allemagne, du Royaume-Uni, de Turquie, du Canada, d’Inde, du Japon, du Brésil et d’autres pays. Elles sont coordonnées par la campagne «Make Amazon Pay», qui demande à Amazon, fondée par Jeff Bezos – un des hommes les plus riches du monde avec une fortune de quelque 214 milliards de dollars –, de rémunérer équitablement ses salarié·e·s et de respecter leur droit de se syndiquer, de payer sa juste part d’impôts et de s’engager en faveur d’un environnement durable.
Sous l’égide de l’UNI Global Union pour les industries de services, basée en Suisse [siège à Nyon, canton de Vaud], et du groupe militant Progressive International, la campagne «Make Amazon Pay» regroupe plus de 80 syndicats, d’associations de lutte contre la pauvreté et de défense des droits des travailleurs et travailleuses du secteur de l’habillement, etc.
Des manifestations sont prévues devant le siège d’Amazon au Royaume-Uni, à Bishopsgate, rue de Londres, le jour du Black Friday. Des militant·e·s britanniques pour la justice fiscale et d’autres groupes remettront à l’entreprise une pétition portant plus de 110 000 signatures, suivie d’une marche jusqu’au 11 Downing Street [résidence de la chancelière de l’Echiquier Rachel Reeves]. Les pétitionnaires demandent à la chancelière de mettre fin aux avantages fiscaux accordés à Amazon UK et à d’autres grandes entreprises.
L’année dernière, la principale division britannique d’Amazon a payé l’impôt sur les sociétés pour la première fois depuis 2020, après la fin d’une «super-déduction» introduite par l’ancien premier ministre conservateur Rishi Sunak.
Le syndicat britannique GMB [qui réunit 560’000 membres présents dans tous les secteurs, entre autres dans la vente de détail] prévoit d’organiser un rassemblement en ligne des travailleurs d’Amazon à l’occasion du «Black Friday». L’année dernière, des centaines de grévistes devant l’entrepôt d’Amazon à Coventry ont été rejoints le jour du Black Friday par des syndicalistes d’Allemagne, d’Italie et de Californie dans le cadre d’une campagne internationale réclamant de meilleures conditions de travail et la reconnaissance des syndicats.
Amanda Gearing, responsable de l’organisation chez GMB, a déclaré: «Ici, au Royaume-Uni, Amazon représente tout ce qui est cassé dans notre économie. Travail précaire, salaires de misère et conditions de travail souvent dangereuses: le GMB ne laissera pas ces pratiques façonner le monde du travail pour la prochaine décennie.»
En Allemagne, des milliers de membres du syndicat Ver.di feront grève dans les entrepôts de Dortmund, Leipzig, Coblence, Graben, Werne, Bad Hersfeld et Rheinberg.
En France, l’Association pour la taxation des transactions financières et pour l’action citoyenne (ATTAC), qui promeut la justice fiscale, organisera des manifestations dans plusieurs villes. C’est la cinquième année des manifestations «Make Amazon Pay».
«La recherche acharnée du profit par Amazon se fait au détriment des travailleurs et travailleuses, de l’environnement et de la démocratie», a déclaré Christy Hoffman, secrétaire générale d’UNI Global Union.
«La firme de Bezos a dépensé d’innombrables millions pour empêcher les travailleurs et travailleuses de s’organiser, mais les grèves et les manifestations qui se déroulent dans le monde entier montrent que leur désir de justice – pour une représentation syndicale – ne peut pas être arrêté. Nous sommes unis pour exiger qu’Amazon traite ses travailleurs et travailleuses équitablement, respecte les droits fondamentaux et cesse de saper les systèmes censés nous protéger tous.»
Un porte-parole d’Amazon a déclaré: «Ces groupes représentent des intérêts divers et, bien que nous soyons toujours à l’écoute et que nous cherchions des moyens de nous améliorer, nous restons fiers des salaires compétitifs, des prestations sociales étendus et de l’expérience de travail stimulante et sûre que nous offrons à nos équipes.»
Amazon affirme être le plus grand acheteur d’énergie renouvelable au monde et que, l’année dernière, toute son électricité a été produite à partir de sources d’énergie renouvelables. L’entreprise affirme que son salaire de départ au Royaume-Uni est d’au moins 28 000 livres sterling [33’544 euros] par an pour des postes de quatre jours par semaine.
Le groupe de campagne «Amazon Employees for Climate Justice» affirme que l’entreprise n’a pas d’objectifs intermédiaires pour atteindre son objectif d’émissions nettes nulles d’ici 2040, et que ses émissions annuelles de carbone ont augmenté de 34,5% depuis 2019.
Dans l’entrepôt d’Amazon à Coventry, les travailleurs ont voté de justesse contre la reconnaissance syndicale en juillet, mais le Trade Union Congress (TUC) a insisté sur le fait que la bataille pour la reconnaissance syndicale se poursuivrait. (Article publié par The Guardian du 25 novembre 2024; traduction rédaction A l’Encontre)
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