Etats-Unis. Une déclaration de guerre contre 11 millions de personnes

Par Danny Katch

Le Département de la sécurité intérieure [Homeland Security, DHS, dirigé par John Kelly, général à la retraite qui fut à la tête du US Southern Command, qui incluait le contrôle de Guantanamo] a publié, le 20 février, deux notes exposant les mesures de mise en œuvre du décret contre les immigré·e·s signé par Donald Trump, un décret qui a pour titre trompeur: «Améliorer la sécurité publique à l’intérieur des Etats-Unis».

Le décret de Trump est en réalité une menace claire et évidente à la sécurité de millions de personnes, qu’ils aient des papiers ou non. Les fonctionnaires du DHS ont élaboré un plan de bataille pour exécuter cette menace.

Les notes du DHS sont effrayantes: les directives qu’elles contiennent peuvent détruire l’existence d’un nombre considérable de personnes, mais aussi en raison de l’introduction dans la politique gouvernementale officielle d’un langage emprunté directement aux récits de la droite selon lesquels les immigré·e·s représentent «des hordes menaçantes».

L’une des notes affirme la chose suivante: «Les étrangers criminels ont fait la démonstration de leur mépris de l’Etat de droit et sont une menace pour des personnes résidant aux Etats-Unis.» Une diatribe qui semble directement tirée de Breitbart News [site de «réinformation» d’extrême droite dont le stratège en chef de Trump, S. Bannon, était l’animateur. A noter que ce vocabulaire de «criminels étrangers» est bien connu en Suisse, comme cela est apparu lors des différentes initiatives, en Suisse, de l’Union Démocratique du Centre (UDC), discours souvent repris par des opposants à ce parti de la droite dure].

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Les nouvelles directives visent à étendre le champ d’action de l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) [1] afin d’inclure un nombre indéfini de sans-papiers: des personnes condamnées pour des crimes, quelle qu’en soit l’importance; d’autres qui ne sont pas condamnées mais seulement poursuivies ainsi que celles dont l’agence décide, elle-même, qu’elles ont commis des crimes, indépendamment de savoir s’ils ont été imputés.

La liste comprend toute personne qui a «trompé ou effectué de manière délibérée une fausse déclaration» pour tout ce qui touche aux relations avec des agences de l’Etat (ce qui inclut l’utilisation d’une fausse pièce d’identité – green card, carte de sécurité sociale –, ce que de nombreux sans papiers sont obligés de faire pour trouver du travail) ou encore celle qui «aura abusé d’un programme public d’aide sociale quelconque», ainsi que celle dont un agent de l’ICE estime qu’elle constitue un «risque pour la sécurité publique ou la sûreté nationale».

Les notes du DHS mentionnent un ensemble de mesures répressives supplémentaires, comprenant:

  • L’extension considérable des pouvoirs des agents de l’ICE dans l’usage de «procédures accélérées» permettant des déportations rapides sans audience légale. Jusqu’à aujourd’hui, les renvois accélérés ne s’appliquaient qu’aux migrants arrêtés à 100 miles (160 kilomètres) de la frontière Etats-Unis-Mexique et qui se trouvaient dans le pays depuis moins de deux semaines. Cette mesure s’appliquera désormais à tout le territoire des Etats-Unis et pour des migrants qui sont sur son sol depuis moins de deux ans.
  • Le rétablissement du programme 287(g) [Delegation of Immigration Authority Section 287(g)] qui délègue aux policiers la capacité d’expulser les personnes détenues dans les prisons locales.
  • Le recrutement de 10’000 agents supplémentaires pour l’ICE ainsi que de 5000 gardes-frontière.
  • Des pénalités accrues contre les parents sans papiers vivant aux Etats-Unis qui sont pris alors qu’ils tentent de faire entrer leurs enfants dans le pays.
  • La diffusion publique d’annonces sur les crimes commis (ou prétendument commis) par des migrants sans papiers [c’est déjà le cas sur le site de l’ICE].

Sean Spicer, le porte-parole de Trump, a affirmé que ces nouvelles mesures visaient simplement à «briser les entraves» qui empêchent les agents de l’ICE et du contrôle aux frontières d’appliquer convenablement les lois et les mesures existantes.

Toute mention d’un respect de la loi relève d’une blague de la part d’un gouvernement dirigé par un fraudeur fiscal en série et agresseur sexuel.

Le but de l’administration Trump est toutefois de libérer ses agents de la nécessité de respecter la pierre angulaire du droit, à savoir que chacun à droit à une «procédure établie, officielle», c’est-à-dire à la comparution devant un juge ainsi qu’à une défense juridique, avant toute décision.

Ce nouveau régime entend accroître encore plus le pouvoir des membres de deux agences fédérales qui figurent parmi les partisans les plus solides de la campagne présidentielle raciste et xénophobe de Trump. Ainsi, le nouveau président remplira sa promesse d’être juge, membre du jury et destructeur des familles de millions de migrants.

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Une semaine avant la publication des notes du DHS, le déroulement d’un certain nombre d’événements suffit à illustrer le sens de la «justice» dont se drapent ces agents dont les pouvoirs seront bientôt étendus.

Les agents de l’immigration ont détenu à Seattle Daniel Ramirez Medina, qui dispose d’un statut légal en tant que bénéficiaire du programme Deferred Action for Childhood Arrivals (DACA) protégeant ceux qui sont venus jeunes aux Etats-Unis [2]. La détention de Ramirez a été justifiée sur la base d’une affirmation non prouvée selon laquelle il était «membre d’un gang».

A El Paso, dans l’Etat du Texas, des agents de l’ICE ont arrêté Irvin Gonzales, une femme transgenre qui quittait un tribunal après avoir rempli une ordonnance de protection contre un partenaire violent (cette même personne est suspectée de l’avoir dénoncée à l’ICE).

En Virginie, l’ICE a surveillé un abri contre le froid d’une église afin de pincer six migrants sans abri qui en sortaient le matin.

Il est impossible de savoir combien de migrants ont risqué de mourir de froid ou d’être battu par leurs partenaires au cours de la semaine dernière suite à l’annonce de ces arrestations, qui les auront retenu de chercher de l’aide.

Certains éditoriaux ont objecté que les politiques migratoires de Trump étaient «contradictoires». Ainsi, par exemple, le New York Daily News:

«D’un côté Trump continue de dépeindre la menace pressante que représente un noyau endurci de migrants sans papiers – les bad hombres pour reprendre son expression désignant les violeurs, les meurtriers et les membres de gangs – et qui nécessite leur expulsion rapide et implacable. De l’autre, Trump étend le filet afin d’expulser un grand nombre d’autres migrants sans papiers – y compris des millions contribuant à la vie des communautés américaines, qui respectent les lois et paient leurs impôts, et ne représentent aucun danger pour l’ordre public.»

Il n’y a toutefois pas de contradictions pour Trump et sa base minoritaire de partisans d’extrême droite. Ils considèrent que tous les migrants – en particulier ceux qui ne sont pas blancs – sont intrinsèquement dangereux, violents et délinquants.

Ce sont là les politiques caractéristiques des partis européens d’extrême droite que Trump et son stratège en chef, Steve Bannon l’ancien patron de Breitbart, tentent d’imposer depuis la Maison Blanche. Cela pourrait expliquer la référence étrange de Trump à une information bidon de Fox News [la chaîne de TV ultra-droitière] selon laquelle les migrants sont à l’origine d’une vague de crimes en Suède.

L’idée de déportations massives est toutefois profondément impopulaire aux Etats-Unis. Selon une enquête menée par le Public Religion Research Institute lors des élections de 2016, seulement 16% des personnes interrogées favorisaient des déportations massives comme devant constituer un élément central dans une politique migratoire – comprenant 31% de ceux qui se présentent comme étant des Républicains conservateurs – tandis que 64% favorisent ce que l’on appelle généralement la «voie vers la citoyenneté» de la majorité des migrants sans papiers.

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Nous assistons donc à un coup d’extrême droite sur le terrain de la politique migratoire, mis en œuvre par un président et un parti Républicain revendiquant un mandat qu’ils ne possèdent pas.

Cependant, alors que des millions de migrant·e·s ainsi que ceux et celles qui les soutiennent tentent d’élaborer des résistances à cette attaque, un regard en arrière d’une décennie permet de comprendre comment nous en sommes arrivés là indique une chose: s’appuyer sur les Démocrates n’aidera pas.

Les expulsions ont commencé à grimper à partir de 1996, lorsque le président Démocrate Bill Clinton a voulu montrer à quel point il pouvait être dur contre les «étrangers illégaux» en signant l’Illegal Immigration Reform and Immigrant Responsability Act.

Le nombre d’expulsions a continué à croître sous la présidence Bush et le Congrès sous domination des Républicains au cours de la décennie 2000, culminant par une loi présentée par le député républicain du Wisconsin James Sensenbrenner dont le résultat aurait conduit au classement des migrants sans papiers comme des délinquants ainsi que ceux qui les auraient aidés à entrer ou à demeurer dans le pays.

C’est la loi Sensenbrenner qui a réveillé le géant endormi du pouvoir des migrants au cours du printemps 2006. Une série de «mega-marches» a culminé le premier mai avec des actions placées sous le slogan Une journée sans migrants. Celle-ci a représenté l’un des plus grands arrêts de travail de l’histoire des Etats-Unis.

Ces manifestations monstres ont renversé la loi Sensenbrenner, mais l’administration W. Bush a répondu en procédant à un plus grand nombre d’expulsions en parallèle à des raids largement médiatisés sur les lieux de travail dont le but était de provoquer la panique.

Face à cette répression, de nombreux migrants et activistes sont passés de l’organisation de protestations à une participation à la campagne électorale de 2008: ils voulaient soutenir Barack Obama, l’ancien animateur de quartier [à Chicago] qui utilisait comme slogan de campagne le cri des travailleurs agricoles migrants Yes We Can! [¡si se puede! Utilisé en 1972 par le fondateur du syndicat United Farm Workers, Cesar Chavez].

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Les espérances qu’ils avaient placées en Obama ont été amèrement trahies. Au cours des deux premières années de la présidence Obama, les Démocrates contrôlaient les deux chambres du Congrès (Sénat et Chambre des représentants), mais ils n’ont passé aucune loi visant à réduire le nombre d’expulsions ou à offrir une régularisation et l’accès à la citoyenneté.

Y compris lorsque les Républicains ont contrôlé le Congrès et ainsi bloqué toute chance qu’une législation importante soit adoptée, Obama aurait pu exercer son pouvoir exécutif en faveur des migrants de la même façon que Trump le fait maintenant. Il aurait pu gracier la majorité ou tous les sans papiers, ou prononcer un moratoire sur les détentions et expulsions, jusqu’à ce que le Congrès élabore une loi.

En lieu et place, Obama a accéléré le rythme des expulsions – qui ont atteint le pic de 430’000 renvois à la frontière en 2013 – tout en insistant sur le fait qu’il ne disposait pas de l’autorité légale pour agir sans le Congrès. Ce n’est que lorsque des étudiants immigrés ont manifesté contre lui en 2011, au moment où débutait sa campagne pour la réélection, qu’il a découvert qu’il pouvait agir en tant que président. C’est alors qu’il a lancé le programme DACA.

Pendant son deuxième mandat, Obama a exigé de l’ICE qu’elle se concentre sur les migrants ayant des antécédents judiciaires ainsi qu’à ceux qui avaient récemment traversé la frontière. Un grand nombre de ces derniers étaient des réfugié·e·s qui n’ont pas eu de possibilité de plaider leur cas en raison de l’utilisation étendue de la procédure accélérée d’expulsion mise en place par Obama et que Trump étend désormais.

Au cours des dernières années, le nombre d’expulsions a diminué pour atteindre le chiffre de «seulement» 330’000 l’année dernière. C’est plus qu’à n’importe quel moment avant 2008 mais, bien entendu, les Républicains considèrent que cela est bien trop peu.

Alors qu’Obama freinait légèrement le nombre d’expulsions, il l’a fait en recourant à une rhétorique réactionnaire – et fausse – selon laquelle il ne poursuivait que les migrants «criminels». De nombreux liberals ont estimé qu’il s’agissait là d’un bon compromis, sans se demander pourquoi ceux qui avaient déjà purgé une peine pénale pour leur crime devaient être punis une seconde fois par une expulsion.

Obama a placé cette politique de ciblage sous le titre «les criminels, pas les familles», une caractérisation dégueulasse des gens ayant des antécédents pénaux comme étant des parias sans proches, partenaires ni enfants.

Dans un pays où le racisme et l’incarcération de masse ont abouti à une situation où une personne sur trois a un antécédent pénal (les taux sont mêmes plus élevés parmi les Noirs et les Latinos), la déshumanisation des «immigrés criminels» par Obama a lancé les bases de la campagne encore plus réactionnaire et raciste de Trump selon lequel tous les migrants sont des criminels.

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Trump tente actuellement de faire passer à toute vapeur une bonne partie de la loi Sensenbrenner par décret, sans avoir besoin d’un vote au Congrès. C’est la forme autoritaire idoine pour tenter de mettre en place ce qui pourrait bien se révéler rien d’autre qu’un état de guerre contre près de 11 millions de personnes vivant dans ce pays.

En opérant un changement de politique massif par le biais d’un décret, il est difficile de savoir exactement ce à quoi elle ressemblera. Devant une forte résistance, il est possible que les agents fédéraux reviennent sur certains de leurs projets. Il semble que c’est le sort qu’a connu une idée qui planait sur une première ébauche de ces mesures: il était question de mobiliser la Garde nationale pour opérer des expulsions [3].

D’un autre côté, si le régime Trump est capable d’implanter de telles mesures en dépit de l’opposition populaire, elles pourraient prendre encore plus d’ampleur. L’idée de l’utilisation de la Garde nationale pourrait revenir sur le tapis tout comme une abrogation du programme DACA; un programme qui peut quoi qu’il en soit disparaître par «attrition», en ne renouvelant tout simplement pas le programme de ceux qui en bénéficient pour deux années supplémentaires.

Comme s’il s’agissait de souligner la lâcheté de leurs projets, la dernière atrocité de Trump en matière de politique migratoire a été annoncée d’une manière impersonnelle, bureaucratique: via un communiqué de presse du DHS et une conférence téléphonique avec trois fonctionnaires du DHS qui exigeaient l’anonymat.

Au cours de cet appel, les fonctionnaires ont affirmé qu’ils n’envisageaient pas de déportations massives. Ils ont eu le culot de prétendre que c’était «un fantasme issu de l’imagination des gens» (comme si Trump n’avait pas exactement dit cela lors de la campagne présidentielle).

C’est une attaque contre les conditions d’existence d’un nombre estimé à 11 millions de personnes qui vivent aux Etats-Unis sans statut légal, les dizaines de millions d’autres qui aiment ces personnes ainsi que quiconque à un intérêt dans la lutte contre ce gouvernement raciste et autoritaire.

Il y aura des résistances, devant les tribunaux et, ce qui est plus important encore, dans la rue et sur les lieux de travail. Après une décennie d’un lobbying qui a échoué, le mouvement de défense des migrants a, finalement, jeté à nouveau un regard vers les protestations organisées en 2006. La semaine dernière a été organisée à la hâte une Journée sans migrants à l’échelle nationale. Ainsi que l’a écrit Orlando pour le site SocialistWorker.org:  

«Il est remarquable de noter, en contraste avec les mois et les semaines de planification nécessaires au mouvement de 2006, que l’action du 16 février a été organisée en seulement quelques jours.

Le prochain pas du mouvement revendiquant la dignité et le respect des migrants a pour horizon le premier mai, la journée internationale des travailleurs et des travailleuses. Avec plus de neuf semaines pour les préparer, ces actions ont la capacité d’être une démonstration massive de résistance et de solidarité.»

Il est aussi important de démontrer qu’il y a désormais des millions de personnes qui ne sont pas des migrants qui sont disposées à descendre dans les rues en faveur de l’égalité ainsi que pour bâtir des réseaux dans les quartiers afin de riposter contre les raids de l’ICE ainsi qu’en capacité de mettre les politiciens locaux sous pression pour qu’ils ne collaborent pas avec les chasseurs d’esclaves d’aujourd’hui qui envahissent nos villes [4]. A travers le pays, des millions de personnes souhaitent manifester leur opposition à Trump. Il est indispensable qu’ils prennent en compte l’ancien slogan du mouvement de la classe laborieuse: «An injury to one is an injury to all» – «Une attaque contre un est une attaque contre tous» [slogan a été popularisé par l’Industrial Workers of the World (IWW) qui, créé en 1905, a connu son appogé au milieu des années 1920].

Alors que nous élaborons cette résistance contre les attaques de Trump, les socialistes doivent se battre pour que le mouvement abandonne une décennie de compromis pourris promu par des politiciens. Ils doivent n’exiger rien d’autre qu’une citoyenneté pleine et entière, ainsi que l’égalité pour tous les migrant·e·s, présents et à venir. (Article publié le 23 février 2017 sur le site SocialistWorker.org; traduction A l’Encontre)

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[1] Agence créée en 2003, rattachée au DHS. Elle est en charge, selon sa page web, de «l’application des lois fédérales régissant le contrôle aux frontières, les douanes, le commerce et l’immigration afin de promouvoir la sécurité intérieure et la sécurité publique».

[2] Programme mis en place en 2012 par l’administration Obama. Il permet à certains migrants mineurs arrivés aux Etats-Unis de bénéficier d’un ajournement de deux ans des procédures d’expulsion à leur encontre, ainsi que d’être éligible à l’obtention d’un permis de travail pour une durée de deux ans. Cette mesure s’appliquait aux mineurs de moins de 16 ans arrivés aux Etats-Unis avant 2007, qui avaient poursuivi une formation et n’était pas sous le coup d’une poursuite judiciaire. Voir à ce sujet l’article publié sur ce site en date du 20 février 2017. (Rédaction A l’Encontre).

[3] Selon Radio Canada, en date du 17 février 2017: « Selon une note interne rédigée par le secrétaire à la Sécurité intérieure, John Kelly, note obtenue par l’Associated Press, l’administration Trump envisage de mobiliser 100’000 soldats de la Garde nationale pour arrêter les immigrants illégaux qui vivent au pays. Le déploiement aurait touché 11 Etats au moins. La Maison-Blanche a démenti l’information dans un communiqué ce matin.» Selon le quotidien du Québec, La Presse du 17 février: «Le document de 11 pages prévoit une militarisation sans précédent d’une campagne qui s’étirerait de Portland, dans l’État de l’Oregon, dans le nord-ouest du pays, jusqu’à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane, dans le Sud.

Quatre Etats limitrophes du Mexique sont aussi visés: la Californie, l’Arizona, le Nouveau-Mexique et le Texas. Les cinq autres sont le Nevada, l’Utah, le Colorado, l’Oklahoma et l’Arkansas. […] Environ la moitié des quelque 11 millions de personnes qui vivent illégalement aux Etats-Unis habitent ces 11 Etats, d’après des données tirées du recensement de 2014. Si la proposition est mise en vigueur, les gouverneurs des Etats concernés auront le dernier mot, puisqu’ils contrôlent la Garde nationale sur leur territoire.» Ce dernier point, le rôle des gouverneurs, semble avoir joué un rôle important dans le déni de ce projet de mémo par l’administration Trump, car s’ouvrait un nouveau terrain d’affrontement. (Rédaction A l’Encontre)

[4] Avant la Guerre civile (1861-1865), différents «compromis» ont été conclus au Congrès afin de garantir la stabilité du système esclavagiste au Sud des Etats-Unis. En 1850, un tel compromis obligeait les agents fédéraux à participer à la capture d’esclaves en fuite dans les villes du Nord afin de les remettre à leurs «propriétaires». Conjuguée au kidnapping de Noirs libres (le film récent 12 years a slave est un exemple de cette pratique), la capture d’esclaves en fuite rencontra l’opposition déterminée du mouvement abolitionniste et d’organisations de Noirs libres. Alors que pendant longtemps la majorité de la population se montrait indifférente à ces captures, au cours des années 1850 le climat social et politique avait changé: les actions contre la capture d’esclaves en fuite rencontraient un large soutien, rendant visible et d’une manière directe la question de l’esclavage aux Etats-Unis. Les esclaves avaient un nom, il n’était plus possible de tourner le dos de manière indifférente. Plusieurs villes et Etats annoncèrent leur refus de collaborer à cette politique, ce qui obligea le concours des troupes pour retourner des esclaves capturés vers le Sud, comme à Boston en 1854. Au Sud, les esclavagistes voyaient ces actions comme une menace directe à la stabilité de leur régime d’exploitation. C’est l’un des facteurs qui a contribué aux tensions qui conduisirent à la Guerre civile.

En faisant référence aux «modern slaves catchers», les chasseurs modernes d’esclaves, l’auteur de l’article place les actions de défense des migrants, tels que les sanctuaires et la constitution de refuges dans des églises, dans une tradition qui remonte à la lutte contre l’esclavagisme. (Rédaction A l’Encontre)

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Conférence-débat à Lausanne et Genève

(voir sous Activités)

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