Etats-Unis. Ce n’est pas le moment du désespoir!

Par Keeanga Yamattha-Taylor

Donald Trump vient d’être investi 45e président des Etats-Unis. Le choc et l’incrédulité qui ont fait suite à son élection, il y a plus de deux mois, doivent céder la place à la désobéissance et à l’organisation. [Cet article est la transcription du discours de l’auteure tenu au Lincoln Theatre, à Washington, lors de «l’anti-investiture».]

Ce changement de perspective exige, en partie, que nous comprenions comment nous en sommes arrivés là. Mais, plus important, que nous allions de l’avant. Comprendre ce qui s’est passé lors des élections est absolument nécessaire pour comprendre ce qui va arriver.

La victoire de Trump a été commentée par beaucoup de manières simpliste. Le meilleur exemple de cela a été fourni par Van Jones, commentateur politique de CNN [également ancien conseiller d’Obama pour les «emplois verts», membre du Parti démocrate], qui a caractérisé l’élection de Trump comme une revanche, ou un «whitelash» [mot-valise formé de backlash, retour de flamme ou contrecoup, et white, blanc], contre les électeurs noirs qui votèrent largement pour Obama en 2008 et 2012.

Nous ne pouvons réduire le résultat des élections à une vengeance collective des Blancs en raison de la présidence de Barack Obama. Il s’agit d’une analyse qui évite un grand nombre de vérités gênantes concernant le Parti démocrate, tout en exagérant fortement la profondeur du soutien à Trump et à ses politiques à travers le pays.

Le premier problème avec cette vision des choses (à part le fait que des dizaines de millions de Blancs ont voté à deux reprises pour Obama) est qu’elle promeut une histoire erronée selon laquelle les Africains-Américains bénéficièrent de la présidence de Barack Obama et que ces prétendus avantages l’ont été aux détriments des Blancs ordinaires.

Une crainte et une aversion authentiques face à Trump ont contribué à un large révisionnisme et à la production d’une mythologie concernant les réalisations de Barack Obama. Bien que chacun puisse reconnaître la puissance du symbole que cette élection a représenté, et même partager l’idée qu’il y avait de la valeur dans l’élection d’un Afro-Américain au poste le plus élevé d’une nation née et bâtie sur le dos du travail esclavagisé d’humains à la peau noire, nous ne devrions pas laisser cette considération aveugler notre capacité à penser clairement et à dire la vérité.

La présidence d’Obama n’a pas été un cadeau pour les Noirs. Elle a représenté une continuité pénible avec le racisme, les discriminations et les inégalités qui ont toujours été au centre de l’existence des Noirs en Amérique.

Huit ans plus tard, le chômage des Noirs demeure deux fois plus élevé que celui des Blancs. Huit ans plus tard, 38% des enfants noirs continuent de vivre en dessous du seuil officiel de pauvreté. Huit ans plus tard, le chiffre choquant de 54,1% des travailleurs noirs, la plupart des femmes, qui reçoivent un salaire horaire inférieur à 15 dollars [42,4% pour l’ensemble des travailleuses et travailleurs, 36,4% pour les blancs et 59,1% pour les Latinos].

C’est précisément l’incapacité de l’administration Obama à améliorer les conditions d’existence des Noirs qui a, avant toute chose, provoqué la montée du mouvement Black Lives Matter.

Le deuxième problème avec le récit du «whitelash» est qu’il réduit toute critique envers ce qui s’est passé au cours des huit dernières années à un contrecoup raciste [racist backlash]. C’est une idée similaire à l’argument selon lequel la campagne d’Hillary Clinton a échouée principalement à cause du sexisme.

Il n’est pas possible de minimiser l’étendue du rôle critique joué par le racisme et le sexisme dans le succès de Trump. Nous avons pu voir comment l’ascension de Trump a déchaîné des suprématistes blancs et leur a donné confiance pour s’organiser en plein jour. Dans le mois qui a suivi l’élection présidentielle, bien plus d’un millier de crimes haineux a été enregistré. Si l’on ne comprend le succès de Trump qu’en termes de ressentiment racial et de whitelash, nous opérons alors des hypothèses erronées sur un déferlement généralisé de droite dans tous les Etats-Unis, les Blancs s’alignant sans exception derrière Trump, attendant de recevoir leur ordre de marche.

Une telle perception se heurte violemment aux indicateurs de l’opinion publique. 58% des Américains pensent que l’Obamacare devrait être remplacé par un système de soins universel financé fédéralement. 66% sont favorables à une augmentation du salaire minimum au moins à 10 dollars [de l’heure, contre 7,25 actuellement], 59% soutiennent une augmentation à 12 dollars de salaire horaire, 48% à 15 dollars; une idée qui a été diabolisée autant par les Démocrates que par les Républicains.

66% (52% il y a un an) des Américains affirment que les riches ne paient pas suffisamment d’impôts. 69% sont convaincus que l’accès à des logements abordables est important. 63% déclarent que la répartition de l’argent et des richesses est injuste. 50% des Blancs disent que les Noirs sont traités moins équitablement que les Blancs et la même proportion de Blancs affirme que le pays a encore de l’ouvrage pour que les Noirs atteignent l’égalité avec les Blancs.

Cela correspond difficilement avec le portait d’une Amérique de droite. Comment concilie-t-on donc cela avec les élections?

Nous devons commencer par le fait que des dizaines de millions d’Américains ne se sont pas donné la peine de voter. Il y a 238 millions d’électeurs aux Etats-Unis. Sur ce nombre, 60 millions ont voté pour Trump. Même parmi ces derniers, 5% ont déclaré qu’il était inapte à être président.

Il est vrai, qu’en soit, ce sont 60 millions de personnes qui ont voté pour un ignoble raciste et un prédateur sexuel. Dans un contexte plus large, cependant, cela signifie qu’un électeur potentiel sur quatre a choisi Trump. Cela est peu représentatif de ce que les Blancs pensent. Le versant est que littéralement des dizaines de millions d’électeurs ont décidé de ne pas voter du tout.

Les médias et les politiciens considèrent que la décision de ne pas voter est de l’apathie. C’est une description aisée qui requiert peu de réflexion ou d’analyse du problème au sein de la politique électorale. Un système qui produit si peu de confiance et tellement d’indifférence, même lorsqu’il semble que les enjeux sont aussi élevés. Il n’est pas nécessaire de regarder plus loin que le Parti démocrate pour comprendre pleinement le problème.

Suite au choc électoral, les Démocrates ont rendu responsables de leur défaite Fox News, le FBI, une mauvaise communication ainsi que les Russes. Il n’est cependant virtuellement pas tenu compte des lacunes du Parti démocrate. Il n’est pas tenu compte de la manière dont le parti qui se prétend le parti des «simples gens» échoue avec constance à se lier aux idées fondamentales de justice et d’équité qui se trouvent au cœur des statistiques que j’ai mentionnées plus haut.

Cette absence de lien n’est néanmoins pas la conséquence d’une communication défectueuse. C’est le produit d’un parti qui embrasse entièrement la logique du néolibéralisme et du statu quo politique.

C’est la raison pour laquelle Hillary Clinton a mené une campagne se centrant sur les comportements abominables de Trump, en opposition à une campagne positive portant sur ce que les Démocrates pourraient faire pour transformer l’existence des gens ordinaires. Il était toutefois impossible pour Clinton d’affirmer que son parti réaliserait des changements et briserait l’emprise d’un ordre politique qui bénéficie aux riches et aux puissants dès lors que c’est son parti qui était au pouvoir au cours des huit dernières années. Clinton a fait la promesse d’être un troisième mandat Obama, échouant à réaliser que pour des millions d’électeurs, deux mandats étaient suffisants.

Il y a huit ans, Obama a mené campagne autour de promesses d’espoir et de changement. Mais, lorsque les attentes et les espérances sont grandes, plus grande encore est la déception lorsque l’on ne tient pas ses promesses. Il est absolument incontestable que les Républicains ont été obstinés, récalcitrants et se sont opposés à donner quoi que ce soit à Obama. C’est là une illustration du dysfonctionnement total de notre système politique. Ce n’est cependant pas simplement l’entêtement du GOP [Grand Vieux Parti, les Républicains] qui a été le problème. Ce sont les priorités conservatrices de l’agenda politique d’Obama.

Lorsque l’on adopte le marché, les privatisations et les normes du néolibéralisme, on ne peut dès lors attendre grand-chose d’un gouvernement. Obama a fait croître les espérances de tout le monde, mais il ne pouvait tenir ses promesses – non seulement à cause des Républicains, mais aussi en raison de l’agenda politique restreint du Parti démocrate.

En d’autres termes, nous ne pouvons comprendre la montée de Trump et le «trumpisme» en observant uniquement ce qu’ont fait les Républicains. Nous devons les saisir également en termes de ce que le Parti démocrate n’a pas fait. Enraciné dans chaque contrecoup de droite réside l’échec de l’establishment liberal à frayer un meilleur chemin.

Le moindre mal pave toujours la voie au plus grand mal.

Là où Obama a fait fonctionner la machine à déporter pour bannir 2,5 millions de personnes des Etats-Unis, il a dégagé la voie pour Trump pour faire de même avec plus d’ampleur. Là où le gouvernement Obama a embrassé les valeurs du «choix» et de la privatisation en éviscérant l’éducation publique, Trump fera de même avec encore plus de fanatisme, ce qui ressemblera à l’achèvement d’un travail visant à détruire l’éducation publique.

Le conservatisme politique des Démocrates contribue de manière plus générale à une paralysie liberal lorsque la droite fait les mêmes choses, mais à une échelle bien plus importante. Nous devons nous demander: pourquoi est-ce que la plus grande action planifiée la semaine dernière a été organisée par des femmes qui ne se considéraient au départ pas même comme des activistes ou ne voulaient pas baptiser la marche du 21 janvier une protestation alors que les organisations les plus importantes du pays titubent encore, étourdies par la bombe, et sans aucune préparation pour défier Trump?

Ce sont ces mêmes organisations qui nous disent que nous devrions soutenir le Parti démocrate, sans condition, afin d’arrêter le mauvais et maniaque Parti républicain. L’establishment démocrate espère que les pauvres et les membres de la classe laborieuse souffrent en silence, tant qu’ils continuent de voter Démocrate. Trump sera un désastre pour la classe laborieuse, ne vous trompez pas à ce sujet. Mais, tandis que les injustices et les inégalités croissent, les Démocrates ont été un désastre au ralenti.

Keeanga Yamattha-Taylor

Les Démocrates ne font rien, mais nous demandent d’attendre et d’espérer que les choses soient différentes. Ceux qui sont fatigués d’entendre des mensonges et qui décident de ne plus voter pour ce qu’ils ne veulent pas sont en revanche vilipendés. C’est ce qui arrive lorsque les liberals tiennent la participation plus basse des électeurs noirs pour responsable des résultats électoraux. C’est aussi le cas lorsque les liberals se déchaînent contre les Blancs de la classe laborieuse car «ils votent contre leurs intérêts». Comme si voter pour les politiques néolibérales du Parti démocrate, bien que sous une forme polie et éduquée, va d’une manière quelconque dans le sens des intérêts de la classe laborieuse.

Les intérêts de la classe laborieuse ne figurent jamais sur les bulletins de nos élections. Lorsque nos choix politiques sont limités par les paramètres du système bipartisan existant, le mécontentement électoral peut se diriger vers trois endroits: ton parti, l’autre parti ou aucun parti. Mais si votre conclusion est que les gens ordinaires sont soit arriérés, soit apathiques en raison de leur désintérêt relatif des élections présidentielles, vous passez complètement à côté ce qui se passe dans ce pays.

Il y a une colère et un dégoût profond du statu quo politique aux Etats-Unis. Le mouvement Occupy, Black Lives Matter et les luttes héroïques contre la construction du pipeline dans le Dakota du Nord tout comme les 13 millions de personnes qui ont voté pour Bernie Sanders ont révélé cela au monde.

Lorsque les problèmes systémiques deviennent trop vastes pour être ignorés, lorsque des socialistes obtiennent des millions de voix, par exemple, ou lorsque les Noirs se rebellent et se révoltent dans les rues, les médias sont contraints de fournir une certaine explication. Se faisant, ils nous offrent ordinairement des fragments de réalité. Il est cependant rare qu’ils rassemblent tous les éléments pour obtenir une vision d’ensemble. Considérons quatre informations différentes diffusées l’année dernière.

La première concerne la crise continue d’addiction aux opiacés. Il y a deux millions de personnes dépendantes aux opiacées aux Etats-Unis, un nombre disproportionné d’entre elles étant des Blancs. Entre 1999 et 2014, le nombre de décès par overdose a triplé. Cette hausse est due en particulier à la surconsommation d’opiacés. En 2014, plus de 33’000 personnes en sont décédées (61% de décès par overdose), la tendance étant à une augmentation forte.

Une deuxième histoire, qui a figuré brièvement dans les médias, faisait état de la diminution de l’espérance de vie des femmes blanches. Le retournement de l’espérance de vie dans un pays du «premier monde» est sans précédent. Dans les pays qui tiennent la comparaison avec les Etats-Unis, l’espérance de vie augmente en réalité. Pourquoi l’espérance de vie des femmes blanches de la classe laborieuse diminue? Overdose, suicide et alcoolisme.

A Chicago, le récit concernait l’augmentation du nombre de meurtres et de fusillades dans les quartiers de la classe laborieuse noire. En 2016, à Chicago, il y a eu 4379 personnes qui ont essuyé des tirs et 797 ont été tuées. L’écrasante majorité était Africains-Américains.

Les explications absurdes des médias sur la violence comprenaient celle des représailles. Cette absurdité est assortie à celle des responsables élus, qui ajoutent l’absence de «rôles de comportement modèles» et les mauvais parents [ou le «manque de père»]. Ce qui n’est pratiquement jamais proposé comme faisant au moins partie de la réponse, c’est le fait que Chicago a le taux de chômage des Noirs le plus élevé des cinq plus grandes villes du pays. 25% des Noirs sont au chômage, près de la moitié des Noirs âgés entre 20 et 24 ans ne sont ni à l’école ni en emploi, Chicago se situe au troisième rang des taux de pauvreté des grandes villes des Etats-Unis. Enfin, il s’agit de la ville la plus ségréguée du pays.

Enfin, il y a l’histoire de la contraction de ladite classe moyenne. Dans les années 1970, 61% des Américains figuraient parmi cette catégorie vague mais stable. Ce chiffre est aujourd’hui passé à 50%. Cette diminution est provoquée par la croissance des inégalités dans ce pays.

Au cours de la dernière année seulement, le 1% [des plus riches] ont vu leurs revenus croître de 7% et le 0,1% de 9%. D’une manière générale, le 20% des ménages les plus fortunés des Etats-Unis dispose de 84% des richesses de ce pays, alors que le 40% des ménages les moins fortunés possède moins de 1%.

Les médias voudraient nous faire croire qu’il s’agit avant tout de la Rust Belt [la «ceinture de rouille», soit la région désindustrialisée depuis les années 1980] et des travailleurs blancs insatisfaits. En réalité, il s’agit aussi de l’histoire d’environ 240’000 propriétaires noirs de maison qui ont perdu leur domicile au cours des huit dernières années en raison des saisies. C’est aussi une histoire de la fermeture des écoles urbaines et de la décimation de l’emploi des enseignants noirs. Des milliers d’enseignants noirs ont été licenciés au cours de la dernière décennie.

Ces trois histoires importantes sont souvent racontées séparément, renforçant la perception que divers groupes de gens ordinaires vivent dans leur propre monde et ont des expériences largement différentes les unes des autres. Mais que se passerait-il si nous réunissions ces histoires et que nous les racontions comme un seul récit portant sur la vie dans ce pays?

Si nous les racontons ensemble, cela nous permettrait de voir que les angoisses, le stress, la confusion et les frustrations envers la vie et le fonctionnement du monde ne sont pas aujourd’hui le propre d’un seul groupe, mais qu’il s’agit de sentiments partagés par beaucoup. Cela ne signifierait pas que chacun souffre de la même oppression, mais cela nous permettrait de voir que même si nous ne faisons pas l’expérience d’une oppression particulière, chaque travailleur et travailleuse dans ce pays traverse quelque chose. Chacun tente d’imaginer comment survivre, et nombreux sont ceux qui tombent.

Si nous réunissons ces histoires, nous aurons un meilleur aperçu sur la manière dont les Blancs ordinaires ont autant intérêt à combattre pour une autre société que quiconque.

Nous ne rejetterions pas leur souffrance comme relevant d’un privilège, car ils ne souffrent pas autant qu’une Noire ou qu’un Latino dans ce pays. En réalité, nous découvririons que le privilège d’une peau blanche est très fin dans un pays où 19 millions de blancs languissent dans la pauvreté.

Apparemment, les salaires de la blanchitude [wages of whiteness, allusion à un ouvrage controversé et largement débattu de David Roediger, publié la première fois en 1991; le terme provient de l’ouvrage classique de 1935 de W.E.B. Dubois, Black Reconstruction] ne sont pas si élevés puisqu’ils n’empêchent pas de millions de Blancs ordinaires de littéralement se saouler et se droguer à mort afin d’échapper au désespoir de vivre dans le «plus grand pays au monde».

Si nous rassemblons ces récits séparés en une seule histoire, nous pourrons mieux saisir pourquoi le socialisme gagne en popularité, pourquoi les gens sont descendus dans les rues au cours des six dernières années pour combattre des inégalités économiques et raciales croissantes. Il y a 400 milliardaires dans ce pays. Ils sont à l’origine de l’existence de 47 millions de pauvres. Il ne peut y avoir une richesse immense et obscène d’un côté sans qu’il y ait, de l’autre, une pauvreté immense et obscène. C’est la loi du marché libre.

Comment ce 1% parasite de la population peut-il se cramponner à sa richesse alors que nous sommes si nombreux? Le racisme, le dénigrement des immigré·e·s, l’homophobie, la transphobie, le sexisme et le nationalisme: ils font en sorte que nous nous battions les uns contre les autres pendant qu’ils accumulent leurs richesses et ils maintiennent nos histoires séparées les unes des autres de façon à ce que nous ne comprenions jamais l’entier, seulement une partie.

La seule connaissance de l’existence du racisme, des inégalités, de la pauvreté et des injustices n’arme toutefois pas notre camp des instruments politiques nécessaires pour mener les batailles d’aujourd’hui et en faveur d’un avenir socialiste. Nous devons lutter, mais nous avons aussi besoin de politique, parce que nous devons compter avec un establishment politique qui veut restreindre nos attentes, nous faire croire que la société existante est la meilleure que l’on puisse espérer de l’humanité.

Hillary Clinton a mené une campagne sur de faibles attentes, une campagne dont l’axe cynique était l’idée que les gens ordinaires ne devraient pas trop demander. En dépit de tout l’enthousiasme que la campagne de Sanders a généré en exigeant à juste titre plus, son engagement à rester au sein du Parti démocrate a alors menacé d’émasculer sa révolution politique. S’attendre à ce que le Parti démocrate lutte pour une redistribution démocratique des richesses et des ressources dans ce pays c’est comme espérer tirer du jus d’orange d’une pomme. C’est impossible.

Nous devons construire des organisations indépendantes et des partis politiques qui ne sont pas liés au Parti démocrate ou qui vont et viennent en fonction des cycles électoraux. Nous devons bâtir des organisations qui sont démocratiques, multiraciales et militantes, reposant sur la solidarité.

«Solidarité» signifie que même si vous ne vivez pas une oppression particulière, cela importe peu car vous comprenez, en tant que personne ordinaire, que nos destins sont liés et que la libération d’un groupe dépend de la libération de tous les opprimé·e·s et exploité·e·s.

Un autre monde est possible. D’autres Etats-Unis sont possibles, mais uniquement si nous nous organisons et nous battons pour cela. Pour terminer, je voudrais citer par une note qui a été collée sur la porte d’entrée de la garderie de mon fils, Ellison, le jour de l’investiture de Trump. Il y était simplement inscrit: «Ne désespère pas. Ouvre grands les yeux. La force réside dans le nombre. Garde la foi. Et ne lâche rien»

(Article publié le 28 janvier 2017 sur le site Jacobinmag.org. Traduction A L’Encontre. L’auteure, membre de l’International Socialist Organization (ISO), a publié il y a quelques mois, aux éditions Haymarket, un ouvrage de «bilan provisoire» sur le mouvement Black Lives Matter intitulé From #BlackLivesMatter to Black Liberation. Au mois de mai 2015, elle était présente à Lausanne (Suisse) lors d’un événement international organisé par le Mouvement pour le socialisme (MPS). La traduction de son intervention se trouve ici, d’autres textes ont été traduits en français sur ce site, le plus récent ici)

 

 

 

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