Cuba-débat. Le 11 juillet: les faits et leur interprétation, un duel entre des récits divergents (I)

Par Zuleica Romay

L’asynchronie perçue entre les récits visuel et audio d’un film génère souvent une gêne, un malaise ou un manque d’empathie de la part du spectateur envers les êtres humains qui racontent leur vie et leurs problèmes sur un écran. En ce qui concerne le public cubain, son rejet généralisé des films doublés en espagnol est perceptible depuis les années 1940, lorsque Hollywood a popularisé la technique du doublage pour étendre son marché aux dépens des hispanophones analphabètes [1]. Ce comportement, quelque peu distinctif dans le concert des publics latino-américains, présuppose un traitement plus complexe des niveaux d’intellection – littéral, tonal, affectif, symbolique – exigés par la consommation audiovisuelle. Cette réponse culturelle a été stimulée par le développement précoce d’un art publicitaire national, la «socialisation» rapide de la radio et de la télévision, et l’alphabétisation presque complète de la population en 1961.

La dissonance entre les images des manifestations qui ont occupé l’espace public dans plusieurs villes cubaines les 11 et 12 juillet 2021 et les discours à leur sujet m’a causé un malaise similaire, car l’un des éléments dominants du paysage audiovisuel – la présence majoritaire de personnes noires et métisses – était constamment passé sous silence, instrumentalisés ou criminalisés par des interprétations dont les arguments ou les silences, les omissions ou les exagérations, les demi-vérités ou les mensonges purs et simples, répondent à la lutte entre les diffuseurs d’un spectre idéologique de plus en plus divers, imbriqué et complexe.

Les voisins et les parents avec lesquels j’ai parlé pendant ce week-end, des gens aussi noirs que ceux apparus à la télévision et comme moi, exprimaient de l’amertume, de la douleur, de la «honte pour eux» et de la frustration, des sentiments négatifs qui se manifestaient chez mes interlocuteurs en proportion directe de leur âge. Mon expérience de vie et ma pratique professionnelle ont donné d’autres directions à mon sentiment. Mais je n’ai pas essayé de diluer l’indignation de ces personnes avec des arguments sociologiques. Entraînée, jusqu’à récemment, à affronter le conformisme de fer de mon père sur la question raciale cubaine, je comprends que les adolescents et les jeunes de 1959 ressentent, six décennies plus tard, que ces «scélérats» réduisent à néant les efforts et les sacrifices de toute une vie [2].

Alors que le choc généré par les manifestations et leurs répliques s’installe dans les consciences comme un signal d’alarme et une incitation à la réflexion, la question désagréable a été abordée par des compatriotes engagés dans l’avenir du pays, même s’ils ne sont pas toujours compris et acceptés [3]; des critiques et des adversaires du système sociopolitique cubain qui revendiquent des positions antiracistes; et des opportunistes de tous bords, trompés par la résurrection d’un Parti «dépendant de la couleur» au service de l’élite du pouvoir des Etats-Unis, et non de Cuba [4].

Le récit officiel cubain insiste sur l’étiquette de «troubles» pour souligner la nature violente de ceux qui ont mené le pillage d’établissements commerciaux [magasins fonctionnant en monnaies librement convertibles-MLC] ou tenté d’agresser des unités de police. Cependant, la dénonciation juste et toujours pertinente simplifie des circonstances qui ne disparaissent pas avec le rétablissement de la tranquillité citoyenne; minimise le droit à la dissidence qu’une large majorité a entérinée dans un nouveau texte constitutionnel; et reporte – une fois de plus – le débat citoyen sur les processus de précarité, de marginalisation et de fragmentation sociale qui pèsent le plus sur une masse indéterminée de personnes d’ascendance africaine, de femmes, de jeunes, de personnes âgées et de migrants internes.

Il est rassurant que, lors de son intervention télévisée du 12 juillet, le président de la République ait repris le mot «autocritique», en reconnaissant: «Ce sont des fractures liées à certains problèmes sociaux auxquelles nous devons être attentifs, ceux-ci sont la conséquence de ces fractures, de ces choses que nous devons améliorer et assumer.» [5] En même temps, il est inquiétant que Diaz-Canel cite des conséquences telles que la marginalité et les dysfonctionnements familiaux, tout en omettant de mentionner des causes telles que l’inégalité croissante, la détérioration des conditions de vie de la majorité et l’affaiblissement des politiques publiques de protection sociale et de prévention.

Les différends portant sur le degré de spontanéité du phénomène et sa qualification – éruption, émeutes, protestations – sont l’expression de la dimension symbolique de la guerre hybride menée contre Cuba, une nation plongée dans une réalité complexe qui ne correspond pas, comme c’est souvent le cas, aux perceptions d’un extrême ou d’un autre. Dans l’évolution de Cuba au cours des soixante dernières années, cette occupation de l’espace public [les 11-12 juillet] par des milliers de citoyens dissidents a sans aucun doute été un phénomène perturbateur, générant un traumatisme social. Cependant, il n’y a pas eu de crise de gouvernabilité; il n’y a pas eu d’escalade du conflit qui a conduit à des manifestations de plus en plus massives de violence dans la rue; celle-ci a plutôt eu lieu parmi un secteur minoritaire des personnes impliquées; et la paix civique a été rétablie en peu de temps. C’est pourquoi je ne souscris pas à la thèse de l’explosion sociale.

Afin de «prendre les choses en main», les services spéciaux étatsuniens, les agences qui les soutiennent et la droite néolibérale – à Miami et en Amérique latine – ont perfectionné les cycles de propagation des rumeurs, en mettant l’accent sur les phases de diffusion et d’authentification de faits infondés et sur la massification des fake news, de montages fallacieux et de mercenariat de témoignages avec l’utilisation de robots, d’algorithmes et de comptes gérés par des programmes informatiques pour consolider une matrice d’opinion qui contribue à la délégitimation et au discrédit du système socio-politique cubain. De l’autre côté, le courant dominant du récit officiel cubain criminalise les manifestations, réduit les motifs et les objectifs de leurs protagonistes, tait les revendications présentées et rend invisibles de nombreuses personnes qui sont descendues dans la rue de manière pacifique [6].

Les avertissements restés lettre morte et les signaux d’alarme ignorés par les institutions de l’Etat et du parti (PCC) ont rendu surprenante une situation que les arguments des activistes et des intellectuels rendaient prévisible. Parmi les signaux d’alarme émis dans la capitale du pays, citons les revendications de groupes de citoyens mécontents aux modalités avec lesquelles les services d’électricité ont rétabli le courant après le passage d’une forte tornade en janvier 2019; ou encore l’opposition active de dizaines de résidents du quartier de San Isidro à l’arrestation du rappeur Maykel Osorbo en avril 2021 [de son vrai nom Maykel Castillo]. Dans les deux cas, le désaccord populaire s’est exprimé collectivement dans l’espace public; il a ajouté des éléments performatifs à l’arsenal symbolique de la protestation; il a ignoré les arguments et les exhortations des autorités civiles locales; et n’a pas baissé de ton ou de volume en présence d’agents en uniforme, des caractéristiques qui, considérées dans leur ensemble, ont montré un changement de comportement.

Dans le cas qui nous occupe [11-12 juillet], les comportements sont plus défiants et déterminés, mais la pluralité des acteurs et des répertoires d’action déborde l’aspect primitif de l’émeute. Les actions de violence dans la rue, inhabituelles dans l’environnement décontracté de la communauté cubaine, exigent des lectures dépassant celle d’une action réduite à la délinquance, en particulier pour les actions qui visent à humilier/détruire les symboles du pouvoir (comme renverser des voitures de police et piller des établissements commerciaux MLC). Plus qu’un déchaînement collectif d’instincts ataviques, la violence de la rue est un déchaînement de tensions accumulées, et ses diatribes et rituels collectifs combinent toujours des motifs et des intérêts de nature individuelle et sociale.

Au cours des trente dernières années, les sciences sociales ont multiplié les analyses des protestations populaires, non seulement en tant que phénomène ayant un impact effectif sur la politique, mais aussi en raison de la richesse culturelle et de la complexité de ces manifestations [7]. Les stratégies de criminalisation des manifestations employées par les gouvernements, les médias, les forces de police et autres appareils répressifs constituent un axe thématique important de ces études, qui coïncident de plus en plus à mettre en évidence, parmi les traits caractéristiques des opérations de criminalisation, l’utilisation de la répression physique et des mécanismes juridiques et judiciaires contre les organisations et/ou les mouvements sociaux, ainsi que la construction médiatique de la manifestation qui, dans de nombreux cas, sert de cadre à l’opération [8].

Le système socio-politique cubain a constamment démontré son incompatibilité avec les manifestations extrêmes de violence, telles que les assassinats, les disparitions et la torture. Par conséquent, les entités étatiques responsables recourent à d’autres méthodes de contrôle des protestations et développent des actions visant à délégitimer leurs fins et leurs moyens, à discréditer leur direction et leurs arguments, et à inhiber l’action des dirigeants et des militants. La légitimité de l’usage de la force – qui est le privilège historique des Etats – et sa compatibilité avec les fonctions, reconnues dans la Constitution cubaine, de garant des droits et d’administrateur de la justice, sont aujourd’hui un élément central des débats qui animent le traitement politique et émotionnel des événements [9], suite aux informations faisant état de harcèlements et de passages à tabac de manifestants et de leurs familles.

Des étudiants universitaires, des intellectuels et des artistes cubains ont réfléchi aux méthodes d’endiguement employées et ont souligné la nécessité impérative de rendre commun dans toutes les instances, et pas seulement au niveau central, le dialogue entre les autorités et les dissidents qui n’ont pas rompu avec la révolution, les non-conformistes engagés dans sa défense et les patriotes qui ne s’identifient pas comme des révolutionnaires [10]. La construction d’un nouveau consensus exige de débattre, sans sectarisme ni suspicion, sur les causes et les conditions de cette perturbation sociale; de dépasser les préceptes dogmatiques, les binarismes et le lexique de l’exclusion; ainsi que de différencier, conceptuellement et médiatiquement, les perturbations et les comportements destructeurs – qui sont une composante incontrôlable de toute protestation de masse – des actions des citoyens qui ont investi l’espace public et sont persuadés de l’inefficacité des procédures officielles établies pour traiter le mécontentement et le désaccord.

Les couleurs de l’inégalité

La complexité du contexte cubain met à mal les récits simplistes, car elle atteste de motivations et d’objectifs qui ne sont pas liés aux acteurs des «agences ennemies». L’action combinée d’une crise économique très prolongée, des ravages matériels, émotionnels et psychologiques causés par la pandémie de Covid-19 et des effets cumulés du blocus économique, commercial et financier du gouvernement des Etats-Unis – intensifié à des niveaux insensés pendant le mandat de Donald Trump – constitue le pire scénario pour la population de l’île.

En 2020, la production alimentaire a connu des baisses significatives par rapport à l’année précédente pour des aliments clés tels que les haricots (-49%), le riz (-47%) et la viande de porc (-45%). Les légumes (-23%), les viandes (-22%) et les œufs (-3%) ont également vu leur place se réduire dans le régime alimentaire cubain [11]. Les restrictions sévères sous lesquelles l’économie doit fonctionner n’offrent aucune raison d’attendre une augmentation de la production en 2021. A cela s’ajoute la faiblesse du réseau de restauration populaire (avec une offre en 2020 inférieure de 10% à celle de 2019) [12]. L’inflation annule les effets de la réforme salariale mise en place en début d’année et précarise la vie des travailleurs sous un régime d’interruption du travail. A cela s’ajoute la dollarisation de la plupart des produits alimentaires industrialisés qui ne font pas partie du panier alimentaire de base; la contraction de l’offre en pesos cubains dans les quartiers populaires, en raison d’une infrastructure commerciale qui, conçue en période «normale», ne favorise pas les zones les plus peuplées, mais celles où les habitants ont le plus grand pouvoir d’achat.

Subis comme des calamités qui réduisent l’horizon de prospérité pour tous les Cubains, la pandémie et le blocus ont cependant des effets disparates sur les personnes considérées comme blanches et celles qui ne le sont pas, vues comme un groupe particulier de la population. Cela se produit non seulement parce que pandémie et blocus agissent sur des réalités existentielles différentes, mais aussi parce que la capacité de manœuvre et les types de réponse des individus et des familles sont le résultat de positions socio-classistes ayant des traits historiques.

Les données du recensement de la population et du logement de 2012 constatent une plus grande présence de personnes noires [13] vivant seules et une plus faible proportion, dans ces familles, de ménages comptant deux personnes âgées ou plus [14], ce qui confirme l’analyse scientifique qui relève que la couleur de la peau est à l’origine d’un différentiel de mortalité dans le pays [15]. L’ONEI (Office national de statistique et d’information) ne se prononce pas sur la composition raciale du parc de logements occupés, bien que l’observation et l’expérience confirment l’opinion générale selon laquelle les Noirs et les métis constituent la majorité des résidents des 84 452 logements répartis dans 9823 complexes de logements et quartiers du pays [16]. Les logements classés comme improvisés reflètent une inégalité similaire, bien qu’ils ne constituent que 0,31% de tous les logements; dans ces logements, la proportion de personnes noires et métisses est deux fois supérieure à celle des personnes blanches [17].

Sur les quelque 3,8 millions de foyers cubains, un peu plus de 2000 foyers de 10 membres ou plus ont un chef de famille noir, ce qui ne représente que 0,05% du total. Les analystes de l’ONEI concluent que «bien qu’en termes relatifs les Noirs apparaissent désavantagés, leur nombre ne représente pas un élément qui conforte l’idée que dans la société cubaine il existe des éléments de discrimination basés sur la couleur de la peau des personnes» [18]. Une telle considération est vraie, mais elle minimise le fait que les familles nombreuses dirigées par des Blancs ne représentent qu’un cinquième des familles d’origine africaine de taille similaire.

Un récent rapport de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC) considère qu’à Cuba, les indicateurs de surpeuplement des logements révèlent un désavantage pour les personnes d’ascendance africaine, car la proportion de familles souffrant d’un surpeuplement sévère (plus de cinq personnes par pièce) est le double de celle des personnes d’ascendance non africaine vivant dans la même condition [19]. L’organisme régional inclut également Cuba parmi les nations où un pourcentage élevé de Noirs et de métis subit une privation sévère ou modérée des services sanitaires [20].

Une enquête faite en 2019, sur un échantillon de 1000 Cubains, par des chercheurs de l’Institut allemand d’études mondiales et régionales (GIGA) a conclu que si les personnes classées comme blanches captent 76% du volume des envois de fonds (remesas) qui arrivent à Cuba, les Noirs et les métis ne bénéficient que de 24% [21]. L’asymétrie semble s’être accentuée à Cuba, puisque le rapport estime que 98% des services d’hébergement et de restauration fournis par le secteur privé le sont par des propriétaires blancs [22].

Entre 1981 et 2002, les Noirs ont fait les plus grands progrès pour conclure le cycle d’enseignement supérieur par rapport aux personnes classées comme blanches. Dix ans plus tard, le résumé de l’ONEI admet qu’«après avoir commencé avec un pourcentage de Noirs plus élevé que celui des Blancs en début de période, les Noirs sont arrivés en 2012 avec une proportion plus faible» [23]. Aucune explication n’est proposée quant aux causes probables de la réduction des étudiants afro-descendants dans l’enseignement universitaire.

Les recherches menées au cours des cinq dernières années corroborent le fait que la couleur de la peau est un facteur important dans la diminution, encore faible mais constante, de l’espérance de vie des Noirs, en particulier des femmes, par rapport aux Blancs. Ces différences, qui augmentent avec l’âge, mettent en évidence les désavantages historiques qui affectent toutes les causes de décès en raison de l’interaction de facteurs économico-environnementaux, psycho-sociologiques et politico-culturels [24].

Près de dix ans plus tard et à la veille d’une nouvelle série de recensements – que l’île prévoit d’effectuer en septembre 2022 – il est très probable que les indicateurs analysés montrent une nouvelle détérioration.

L’asymétrie socio-économique, compensée dans une certaine mesure par les politiques publiques cubaines, mais non inversée, reproduit les anciennes inégalités dans des domaines d’expansion récente, comme l’accès aux technologies numériques. En 2019, le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF) a conduit l’enquête en grappes à indicateurs multiples (MICS) auprès de 11 966 ménages cubains. Les résultats de l’enquête ont révélé une fracture numérique entre les familles blanches et noires, les premières déclarant que 4,1% des ménages ont accès à l’internet et 70,7% possèdent une ligne mobile, tandis que les Noirs et les métis ont déclaré 2,4% et 61,1%, respectivement [25].

Un observateur superficiel pourrait objecter que les différences attribuables à la couleur de la peau ne sont pas significatives pour la plupart des indicateurs examinés et que les inégalités constatées restent «gérables». Toutefois, dans une société comme celle de Cuba, qui se distingue par des politiques publiques universelles et des systèmes de sécurité sociale complets, l’indice des différences est aussi important que leur ampleur. Le fait que les Noirs soient clairement fragiles sur le plan économique et qu’ils soient à la traîne dans presque tous les indicateurs de développement humain est un facteur qui contribue au mécontentement et au ressentiment social de nombreux membres de ce groupe de population. (Article publié sur le site Sin Permiso, en date du 12 septembre 2021; traduction rédaction A l’Encontre – Partie II suit)

Notes

[1] J’ai eu une discussion animée avec le chercheur et critique Luciano Castillo sur cette réponse culturelle des Cubains. Un échange sur le sujet, parrainé en 2019 par le site Quora I a corroboré plusieurs des opinions qu’il a exprimées.

[2] Des exemples des perceptions dominantes de la première génération de la période révolutionnaire peuvent être trouvés dans les œuvres d’Esther De la Cruz Castillejo: «Racismo en Cuba, porque “la culpa es del totí”», Periódico 26, 15 mars 2021 et de Nancy Morejón: «Malandrines», Granma, 19 juillet 2001.

[3] Voir, par exemple, Alina Herrera Fuentes et Mylai Burgos Matamoros: «Cuba y las protestas sociales del 11J», La Tizza, 30 juillet 2021; et Alexander Hall Lujardo: «Descolonizar el socialismo en Cuba», La Trinchera, 30 juillet 2021.

[4] Charles Lane: «A Black uprising is shaking Cuba’s Communist regime», The Washington Post, 28 juillet 2021.

[5] Yaditza del Sol González: «Díaz-Canel: Hacemos un llamado a que el odio no se apropieieiega del alma cubana, que es de bondad», Granma, 14 juillet 2021.

[6] La diffusion de témoignages de manifestants pacifiques dans l’édition dominicale du Noticiero Nacional de Televisión du 8 août 2021 pourrait marquer le début d’un traitement médiatique plus équilibré. Le lexique et les arguments utilisés par deux intellectuels de générations différentes, interrogés un mois plus tard par Cubadebate sur les manifestations de juillet et leurs suites, vont dans le même sens. Voir Edilberto Carmona Tamayo et Ana Álvarez Guerrero: «Debate en torno a los hechos del 11 de julio: desafíos sociales y políticos», Cubadebate, 12 août 2021.

[7] Parmi d’autres textes en rapport avec le sujet, voir le texte pionnier de Donatella Della Porta: «Movimientos sociales y Estado: algunas ideas en torno a la represión de la protesta», dans Doug McAdam, John Mc Carthy et Mayer Zid: Movimientos sociales: perspectivas comparadas, Itsmo, Madrid, 1999; ainsi que: Andrés Benavente U.: «Estallidos sociales y escenarios de la protesta: algunas ideas en torno a la represión de la protesta», dans Doug McAdam, John Mc Carthy et Mayer Zid: Idem. Andrés Benavente U.: «Estallidos sociales y escenarios de ingobernabilidad: consideraciones sobre el rupturismo social en América Latina», Revista Pléyade, n° 92, deuxième semestre 2008, pp.156- 167; et Eduardo Bertoni (comp.): ¿Es legítima la criminalización de la protesta social? Derecho Penal y libertad de expresión en América Latina, Ed. Voros, S.A., Buenos Aires, 2010.

[8] Alejandro Alvarado Alcázar: «La criminalización de la protesta: un estado de la cuestión», Revista Rupturas, vol. 10, n° 1, janvier-juin 2020, pp. 25-43.

[9] Sur cette question, voir, entre autres, les textes suivants: Julio César Guanche: «Cuba hoy: Patria, pueblo y soberanía», OnCuba News, 14 juillet 2021 ; Yeri Menéndez et Mónica Rivero: «El derecho a la protesta y la ‘excepcionalidad’ cubana», Agenda Pública, 14 juillet 2021 ; et Julio Antonio Fernández Estrada: «Sobre el Derecho que necesitamos después del 11 de julio», La Joven Cuba, 9 août 2021.

[10] Parmi eux, voir les contributions de: Rita Karo, et. al: «11J…», Alma Mater, 24 juillet 2021; Mauricio Vicent: «Silvio Rodríguez: ‘Debemos escuchar todas las voces, y mucho más las propias’», El País, 26 juillet 2021; Jesús Arboleya: «Radiografía política para el diálogo posible en Cuba», Progreso Semanal, 31 juillet 2021; et Ariel Dacal Díaz: «Diálogo y soberanía», OnCuba News, 6 août 2021.

[11] Oficina Nacional de Estadísticas e Información (ONEI): «Anuario Estadístico de Cuba». Año 2020. Enero-Diciembre 2020″, La Havane, 2021.

[12] ONEI: Ibid.

[3] Dans ce cas et dans ceux qui suivront, les données statistiques relatives aux personnes et aux familles «noires» incluent également les métis, une classification raciale que j’omets parfois pour des raisons stylistiques.

[14] Centro de Estudios de Población y Desarrollo (CEPDE), Oficina Nacional de Estadísticas e Información (ONEI): «El color de la piel según el Censo de población y Viviendas de 2012 en Cuba», La Havane, février 2016.

[15] Voir: Juan Carlos Albizu-Campos Espineira: «La mortalidad en Cuba según el color de la piel», Novedades de Población, Año X, n°20, juillet-décembre 2014.

[16] Ministerio de la Construcción de la República de Cuba: “Política de la vivienda en Cuba”, La Habana, 2019.

[17] CEPDE et ONEI: Op. cit.

[18] Ibid.

[19] Laís Abramo (coord.): Afrodescendientes y la matriz de desigualdad en América Latina: retos para la inclusión, CEPALC et UNFPA, Santiago du Chili, 2020, p. 45é. Sur cette question, l’organe directeur des statistiques cubaines considère que le nombre moyen de personnes par chambre à coucher est très similaire dans tous les groupes raciaux. Sa différence de critères avec la CEPALC réside dans la base de calcul, puisque l’ONEI prend les chiffres de plus de quatre personnes par chambre, au lieu de cinq. Voir: ONEI: Op. cit., p. 43.

[20] Ibid. p. 126.

[21] Katrin Hansing et Bert Hoffmann: «Cuba’s new social structure: assessing the re-stratification of Cuban society 60 years after the Revolution», GIGA Working Papers, n° 315, 2019, pp. 15-16.

[22] Ibid. p. 21.

[23] CEPDE et ONEI: Op. cit.

[24] Juan Carlos Albizu-Campos Espineira: Op. cit.

[25] «Encuesta revela brecha digital en hogares cubanos», Redacción IPS-Cuba, 29 juillet 2021.

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