Suisse-Ukraine. «A propos des rapports entre capitalismes helvétique et ukrainien» (I)

Par Matteo Poretti

La guerre d’invasion impérialiste déclenchée par le gouvernement russe contre l’Ukraine et, plus précisément, contre sa population devrait nous permettre de relancer le débat sur la question de l’impérialisme, ses mécanismes généraux et ses spécificités. De même que les régimes capitalistes fonctionnent sur la base de lois générales structurelles prenant toutefois des tournures particulières propres à chaque contexte historique, social et économique, de même l’impérialisme subit l’action de certaines spécificités qui ne modifient toutefois pas sa nature profonde. Mettre les pays capitalistes avancés sous la loupe d’une telle analyse n’est pas anodin dans le contexte actuel dominé par l’action sanguinaire et inacceptable menée par Poutine et son régime contre l’Ukraine. Ce débat nous paraît immédiatement utile pour les militant·e·s du mouvement contre la guerre d’invasion impérialiste du gouvernement russe, qui auront à lutter demain contre d’autres guerres du même genre.

Notre analyse nous conduit à la convergence des divers impérialismes, partant de leurs traits et intérêts particuliers pour aboutir à leur finalité commune: obtenir le taux d’utilisation maximal des forces productives, à l’intérieur comme à l’extérieur des propres frontières. Prenons, concrètement, l’exemple du capitalisme suisse. Il nous permet de comprendre, d’une part, que les secteurs les plus puissants de la bourgeoisie peuvent mettre en acte une politique impérialiste sans pour autant intervenir militairement. Et, d’autre part, que ses secteurs de pointe, notamment ses entreprises transnationales, sont intervenus en Ukraine comme en Russie, exclusivement pour défendre leurs intérêts, que ce soit en s’appuyant sur le régime néolibéral ukrainien ou sur le régime capitaliste réactionnaire répressif et va-t-en-guerre russe.

Mieux comprendre les contours de l’impérialisme helvétique face à l’Ukraine devrait nous permettre de mieux profiler notre campagne contre la guerre en cours, y compris en revendiquant une aide immédiate pour la population ukrainienne financée (indirectement) par les transnationales helvétiques. Celles-là même qui ont réalisé d’importants profits en Ukraine, en y exploitant une main-d’œuvre hautement qualifiée et à très bas coûts. Et qui, plus encore, se sont assurées des gains considérables en gérant, depuis la Suisse, la commercialisation d’un «bien commun» tel que les matières premières, extraites par le labeur des ouvrières et des ouvriers d’Ukraine, biens accaparés par une oligarchie indigène qui les a exportés en ne faisant revenir dans le pays qu’une fraction de la plus-value réalisée sur le marché mondial.

Elaborer des revendications de ce type sera d’autant plus important lorsque la guerre d’invasion aura pris fin et que la reconstruction d’un pays dévasté risquera de se dérouler selon les vieux schémas ou peut-être de manière encore plus brutale. Or une meilleure compréhension du mode d’intervention du capitalisme suisse, de ses alliances avec d’autres puissances économiques, devrait nous permettre d’élaborer des revendications politiques plus pertinentes, ne serait-ce que pour mieux cerner différents enjeux : la guerre impérialiste engagée par la Russie de Poutine, les politiques impérialistes dites occidentales, la dynamique d’une possible bataille populaire pour affirmer les diverses dimensions (sociales, politiques, économiques) du droit à l’autodétermination de la population de l’Ukraine.

Tour d’horizon des relations économiques Suisse-Ukraine

Tout de suite après la chute du Mur de Berlin et de l’URSS, le capitalisme suisse a noué des relations économiques avec le vaste « marché libre » de l’Ukraine nouvellement indépendante (1991). Les premiers relevés statistiques s’y rapportant datent de 1992. Que ce soit pour les investissements directs ou pour les relations commerciales, cela s’est fait très progressivement, avec une évidente prudence de la part des firmes helvétiques. Cette grande prudence, dans la manière de sonder les nouveaux territoires de valorisation du capital, est un trait historique de la grande bourgeoisie suisse – l’Ukraine n’est pas une exception –, ce que soulignent à la fois l’Ambassade suisse de Kiev et le Fonds monétaire international (FMI) [1].

Ainsi l’Ambassade de Suisse explique, en 2017, en bon soldat éclaireur du capitalisme suisse, que « l’Ukraine est un pays avec un énorme potentiel d’investissement, bien que marqué par plusieurs inefficacités. Les réformes, bien que pas assez rapides, ont permis d’obtenir plusieurs acquis précieux facilitant la possibilité d’exercer une activité économique en Ukraine. Premièrement, le système de taxes a bénéficié d’une amélioration substantielle, facilitant la possibilité de récupérer la TVA pour les entreprises exportant à l’étranger, en introduisant notamment un remboursement automatisé de la TVA (…); ainsi que réduisant les taxes salariales des entreprises en diminuant la taxe de contribution sociale pour les employeurs, qui est passée de 38% à 22% du salaire, ainsi que la taxe sur le revenu, baissant à 18% du salaire par rapport à plus de 20% précédemment (…). De plus, le système étatique est dorénavant beaucoup plus réceptif aux plaintes des entreprises grâce au développement de plusieurs structures permettant aux entrepreneurs de transmettre leurs doléances et d’interagir avec le gouvernement » [2]. Et d’ajouter qu’il « peut donc être compliqué de mener à bien un effort d’investissement en Ukraine, mais le potentiel de ce pays est important » [3].

Cependant, en 2020, l’Ambassade informe que : « La majeure partie des entreprises suisses présentes sur le marché ukrainien se montrent optimistes quant au développement de leurs activités et perçoivent un grand potentiel dans ce marché » [4]. En complétant le propos par ces mots : « Bien que les investissements sur le marché local restent difficiles, l’Ukraine reste un marché à croissance rapide avec un potentiel supplémentaire pour les entreprises suisses. La plupart d’entre elles, dans plusieurs secteurs, prévoient une croissance annuelle de 5 à 15%. Malgré la pandémie, quelques entreprises (telles Allseeds, Acino, Geberit, MSC, Nestlé, Sika, Risoil) prévoient de nouveaux investissements, des fusions et des acquisitions. Les entreprises suisses ont investi en 2020 dans la formation de la main-d’œuvre, dans la modernisation de leurs processus et de leurs lignes de production ainsi que dans leurs laboratoires, afin de conserver et de renforcer leur position dominante. Pour certaines d’entre elles (Glas Trösch, Viterra, LDC, Nestlé, Acino, Weidmann, Clariant, Geberit, Swiss Knoro, Swisspan), qui disposent d’importants sites locaux, l’Ukraine reste un important lieu de production. » [5]

Il est clair que l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes a totalement changé la donne. Il est aujourd’hui difficile de comprendre quelle sera la stratégie de l’impérialisme suisse une fois la guerre d’agression russe terminée, d’autant plus que son issue est aujourd’hui totalement incertaine.

C’était là, avant cette seconde guerre d’invasion (la première étant l’invasion de la Crimée), un nouveau marché au fort potentiel, compte tenu de sa nombreuse population, de sa solide structure industrielle et, surtout, de ses immenses ressources en termes de matières premières agricoles, énergétiques et minérales. Mais c’était aussi un marché inconnu, dépourvu des règles – légales, économiques et financières – destinées à réduire les risques et à permettre de réaliser leur profit pour les entrepreneurs. C’est aujourd’hui un marché hypothétique…

Une balance commerciale nettement favorable à la Suisse

La balance commerciale entre les deux pays est largement favorable à la Suisse : en 2021, les exportations suisses étaient 2.9 fois supérieures à celles ukrainiennes, soit respectivement 641 millions CHF et 221 millions. Précisons toutefois que ce marché est somme toute marginal pour les entreprises suisses prises globalement. En 1992 il représentait le 0.09% du total de la balance commerciale helvétique, en 2021 le 0.18%. Jusqu’en 2000, les rapports commerciaux ont crû lentement, les exportations suisses dépassant à peine les 100 millions CHF, pour une moyenne de 85 millions, les exportations ukrainiennes se situant à une moyenne de 16 millions. Puis de 2000 à 2013, les exportations suisses ont augmenté constamment, avec un fort fléchissement en 2008 et 2009 suivi d’un rapide redressement, passant de 135 millions en 2000 à un maximum de 825 millions en 2013, puis d’un effondrement entre 2013 et 2015 (occupation de la Crimée en 2014), retournant alors au niveau de 2005, soit 256 millions. Par la suite elles réaugmentent jusqu’en 2021, sans toutefois rejoindre le niveau de 2013.

Quant aux exportations ukrainiennes vers la Suisse, elles se développent mollement jusqu’en 2011, avec une moyenne annuelle de 48 millions CHF, pour prendre un certain envol jusqu’en 2021, avec une moyenne de la décennie tournant autour de 165 millions.

La composition des marchandises échangées

Contrairement à ce que laisse apparaître la narration médiatique à ce sujet, les exportations de l’Ukraine vers la Suisse ne sont pas dominées par les matières premières classiques (énergie et agriculture). Les céréales ne représentent que le 1% du total de 1992 à 2021, les produits chimiques inorganiques [6] le 3.8%, le bois [7] 2%, le fer et l’acier 3.9%, les produits manufacturés en fer et acier 2%. Nous revenons plus loin – au-delà du commerce extérieur – sur pourquoi et comment les matières premières jouent un rôle décisif sur l’axe Ukraine-Suisse. Les importations ukrainiennes depuis la Suisse sont essentiellement concentrées sur quelques secteurs de 1992 à 2021 : 41% ressortissent aux métaux précieux [8], notamment à l’or. Pendant cette même période, l’Ukraine vendait pour 51 millions CHF de métaux précieux à la Suisse et en achetait en moyenne annuelle pour 47 millions CHF, or cette dernière valeur annuelle s’élevait à 69 millions au cours des années 2002-2021. Même ici on a un excédent en faveur du capitalisme helvétique. Le second secteur d’exportation vers la Suisse consiste dans l’habillement [9], avec une moyenne de presque 8 millions CHF, soit le 8% du total des exportations vers la Suisse. Viennent ensuite le secteur des machines, appareils et composants électriques, avec 6% et une moyenne de 5 millions CHF, et celui du papier et carton, avec 4% et 4 millions.

Récapitulons, toujours pour la période 1992-2021. D’une part, 4 types de marchandises dites à basse valeur ajoutée et qui sont intégrées dans le cycle productif de la Suisse totalisent le 60% des exportations ukrainiennes vers la Suisse. D’autre part, cela représente des montants marginaux du point de vue de la Suisse ; par exemple les métaux précieux provenant d’Ukraine constituent le 0.07% du total des métaux précieux importés. Et enfin, c’est une source d’approvisionnement très facilement substituable pour les entreprises suisses.

Du côté des exportations helvétiques vers l’Ukraine, de 1992 à 2021, nous avons affaire aux produits industriels classiques à «haute valeur ajoutée» de la Suisse. D’abord les produits pharmaceutiques, avec 27% des exportations et une moyenne de 89 millions CHF (mais avec 29% sur le XXIe siècle et 130 millions). Suivent les métaux précieux, avec 14% et 42 millions CHF, les machines et appareils mécaniques [10] avec 13% et 43 millions, l’horlogerie avec 9% et 31 millions, les machines et appareils électriques avec 5% et 15 millions, et les instruments et appareils optiques [11] avec 3% et 11 millions CHF.

Un premier bilan des rapports entre les deux capitalismes

Il ressort, de cet aperçu de la balance commerciale entre les deux pays, que l’Ukraine n’est pas un marché particulièrement intéressant pour l’économie suisse. Selon le Fonds monétaire international (FMI), en 2021 l’Ukraine occupait la 137e position mondiale en termes de Produit intérieur brut (PIB) par habitant, avec 4’830 $ [12]. Cela suffit à démontrer que le pouvoir d’achat de la population ukrainienne ne saurait constituer un facteur apte à dynamiser les rapports commerciaux pour les secteurs de l’économie helvétique exportateurs, par exemple, de produits de pointe des pharmas ou de biens de luxe.

Selon les FMI toujours, l’indice de l’activité économique et de la production industrielle est passé de 108 en 2011 à 81 en 2020, se situant à la traîne des pays de la région [13]. Une part essentielle de cette débâcle provient sans nul doute de l’annexion de la Crimée par la Russie et de l’intervention russe dans le Donbass depuis 2014. Mais au-delà de ces problèmes, le marché ukrainien est trop faible pour constituer un débouché intéressant pour le commerce extérieur de la Suisse.

Passons à l’analyse des investissements directs à l’étranger (IDE) de la Suisse en Ukraine.

L’Ukraine, terre de conquête pour les capitaux venant de Suisse ?

La grande bourgeoisie suisse n’offre pas beaucoup d’instruments statistiques pour nous permettre de comprendre dans quelle mesure ses entreprises participent à l’exploitation de la planète, au transfert de la plus-value produite par la force de travail des pays dominés vers les métropoles impérialistes. Le capitalisme helvétique est particulièrement dépendant du processus international d’accumulation du capital et des conditions de réalisation de la plus-value qui en découlent. C’est là une des principales caractéristiques de sa dimension impérialiste et de sa logique d’expansion économique. Concrètement, cette expansion peut être mesurée par l’étude des IDE réalisés par les entreprises suisses ou plutôt de Suisse. Les flux d’IDE [14] traduisent la prise de contrôle de capitaux productifs dans d’autres pays, de la part de capitaux provenant de la Suisse, à travers la création, l’acquisition ou la participation à des moyens de production ou de distribution à l’étranger. Pour la Banque nationale suisse (BNS), les IDE « sont destinés à exercer une influence directe et durable sur l’activité d’une entreprise non résidente. Il y a relation d’investissement direct quand une entité détient au moins 10% du capital (avec droit de vote) d’une entreprise domiciliée dans un autre pays ou fonde une filiale ou une succursale dans un autre pays. Lorsqu’il y a relation d’investissement direct, toutes les relations financières au sein du groupe entre entités domiciliées dans des économies différentes sont généralement considérées comme des investissements directs » [15]. Ajoutons que par « entreprises suisses » on entend aussi celles étrangères ayant leur siège en Suisse. Du moment que la maison mère du groupe est domiciliée en Suisse, les relations financières à l’étranger font partie des IDE suisses à l’étranger; si la maison mère est domiciliée à l’étranger, ses investissements en Suisse relèvent des IDE étrangers en Suisse. Nous reviendrons sur cet aspect des IDE.

Mais avant de nous focaliser sur l’Ukraine, voyons quelques éléments plus généraux.

La Suisse parmi les 5 principaux investisseurs directs à l’étranger (IDE)

Fin 2020, le stock d’IDE totaux détenu par les entreprises suisses dans le monde s’élève à 1460 milliards CHF, soit quasiment 2 fois le PIB de la Suisse. Le 20% (293 milliards CHF) investi aux Etats-Unis, le 6% (89 milliards) au Royaume-Uni, le 5% (70 milliards) en Allemagne et le 4% (65 milliards) en France [16]. Un volume d’IDE qui classe la Suisse au 5e rang mondial, après les Etats-Unis, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Chine [17]. Cet étalon de mesure doit nous permettre de comprendre à la fois la force du capitalisme helvétique et son intégration dépendante dans la mondialisation impérialiste. Les excédents croissants de capitaux détenus par les entreprises et les actionnaires leur impartissent la recherche constante de nouveaux champs d’investissement afin de garantir la rémunération du capital, autrement dit ses profits. L’expansion continue de l’accumulation de capital renforce constamment le besoin d’exportation des capitaux suisses. Ainsi la création de filiales à l’étranger, la prise de participations dans des entreprises à travers le monde, l’internalisation croissante de l’appareil productif sont caractéristiques du capitalisme suisse, l’un des plus dépendants de ses investissements à l’étranger et, à ce titre, l’un des moteurs de l’impérialisme mondial contemporain.

C’est à cette aune qu’il faut mesurer les rapports entre les entreprises helvétiques et l’économie ukrainienne, ainsi que l’action du gouvernement suisse qui fonctionne comme un véritable éclaireur pour les premières dans leur pénétration du marché ukrainien. Mais ce sont des relations en partie à double sens, dans la mesure où la plateforme financière et fiscale helvétique sert aussi les intérêts des oligarques ukrainiens. En effet ces derniers s’assurent la captation transnationalisée d’une part substantielle de la plus-value, en mettant à profit les conditions juridico-fiscales avantageuses que leur fournit la Suisse.

L’évolution des IDE vers l’Ukraine

Selon la Banque nationale suisse (BNS), les entreprises helvétiques ont commencé à investir en Ukraine en 1998, avec une participation de 79 millions CHF. Ces investissements ont crû d’abord lentement jusqu’en 2005, puis plus rapidement pour se situer à 2.6 milliards en 2013, à la veille de l’occupation de la Crimée par l’armée russe, période suivie par trois ans d’effondrement et une reprise en 2017, atteignant 3.3 milliards en 2020.

Si l’on compare ces chiffres au total des IDE provenant de la Suisse, l’intérêt du marché ukrainien pourrait être considéré comme négligeable, car ils représentent, en 2020, le 0.2% du total des IDE, une valeur que l’on pourrait considérer comme purement symbolique, voire une aumône de la part d’un pays capitaliste avancé à l’égard d’un pays à peine sorti de la dite «économie de commandement» bureaucratique de l’URSS. Jusqu’ici, l’impérialisme helvétique a adopté une position plutôt attentiste envers le capitalisme ukrainien ; reste à savoir si cette ligne de conduite changera une fois le conflit terminé. Mais affinons l’analyse, pour mieux comprendre où en sont les choses.

Selon la BNS [18], sur les 11 pays de l’ex-bloc «soviétique» et de ses satellites (Russie comprise) [19], en termes d’IDE exportés depuis la Suisse l’Ukraine est passée de la 6è position en 1998 (79 millions CHF soit le 1.9% des pays en question qui totalisent 4.1 milliards d’IDE helvétiques [20]), à la 5e position en 2019 (3.2 milliards CHF soit le 4.3% des pays en question qui totalisent 76.2 milliards) et à la 6è position en 2020 (3.3 milliards CHF soit le 3.2% des pays en question qui totalisent 102.6 milliards).

Si nous nous basons sur les données de la Banque nationale Ukrainienne – et abstraction faite des imprécisions apparemment importantes de ses statistiques outre les divergences méthodologiques par rapport aux données de la BNS [21] – l’essentiel des IDE provenant des firmes suisses s’orientent vers les matières premières (52%), l’industrie de transformation (28%), le commerce de gros et de détail et les réparations de véhicules (15%). La place financière&assurances est quasiment absente (1.7%). Les IDE dans le secteur des matières premières ressortissent vraisemblablement en bonne partie à des capitaux ukrainiens investis en Ukraine depuis la Suisse, les capitalistes ukrainiens voulant profiter des très importants avantages légaux, financiers et fiscaux qu’offre cette place-forte mondiale du commerce des matières premières qu’est la Suisse. Il semblerait, sous toute réserve, que cela pourrait être entre 10 et 30% des IDE qui proviennent ainsi de capitaux ukrainiens expatriés. Selon la BNS [22], les recettes tirées du total des IDE suisses en Ukraine sont passées de 250 millions en 2015 à 704 millions en 2020. (Traduction Dario Lopreno) A suivre

Matteo Poretti, MPS Tessin

Notes

[1] L’Ambassade de Suisse en Ukraine, qui fonctionne comme une chambre de commerce entre les capitalistes de Suisse et d’Ukraine (cf. rapport mentionné ci-après, pp 17-18 notamment) a produit un Rapport Économique sur l’Ukraine 2017, Kiev, publié le 13.07.2018, qui revient plus d’une fois sur cet aspect.

Quant au FMI, nous renvoyons à l’étude d’Anil Ari and Gabor Pula, The Macroeconomic Impact of Structural Reforms in Ukraine, IMF Working Paper, April 2021, p. 5.

[2] Ambassade de Suisse en Ukraine, Rapport Economique sur l’Ukraine 2017, Kiev, 13.07.2018, p. 13.

[3] Idem, p. 17.

[4] Ambassade de Suisse en Ukraine et en République de Moldavie, Rapport économique annuel de l’Ukraine 2020, Kyiv, 13.07.2021, p. 4.

[5] Idem, pp 9-10.

[6] Produits chimiques inorganiques : composants organiques et inorganiques de métaux précieux, éléments radioactifs, métaux de terres rares et isotopes.

[7] Bois : charbon de bois et articles en bois.

[8] Perles naturelles ou de culture, pierres précieuses et semi-précieuses, métaux précieux, métaux plaqués de métaux précieux retravaillés, bijouterie, monnaies.

[9] Il s’agit de l’habillement et de ses accessoires, à l’exclusion des produits tricotés.

[10] Réacteurs nucléaires, chaudières, machines, appareils et engins mécaniques et leurs composants.

[11] Instruments et appareils optiques, photographiques, cinématographiques, de mesure, de contrôle ou de précision, instruments et appareils médico-chirurgicaux et leurs composants.

[12] Cf. https://www.imf.org/external/datamapper/NGDPDPC@WEO/WEOWORLD. Pour comparaison, disons qu’en 2021 le PIB par habitant de l’Union européenne était de 38’392 $, celui de l’Europe de l’Est de 12’855 $ et celui mondial de 12’517 $.

[13] En 2020, l’indice de l’activité économique et de la production industrielle était de 132 pour la Fédération de Russie, de 149 pour la Pologne et pour l’Estonie, 140 pour la Lituanie, 136 pour la Lettonie, 132 pour la Hongrie, 121 pour la République tchèque et 111 pour la Bulgarie. Sources FMI, International Financial Statistics.

[14] Il est nécessaire de préciser ici que les différentes statistiques des banques nationales et des institutions internationales sur les investissements directs à l’étranger (IDE) diffèrent passablement, autant du fait des différents niveaux de fiabilité de la récolte de données que des différentes méthodologies. Il n’est donc pas conseillé de comparer les chiffres issus des diverses statistiques sur les IDE.

[15] https://data.snb.ch/fr/topics/aube/doc/explanations_aube_fdi#defin

[16] Portail de données de la Banque nationale suisse, https://data.snb.ch/fr/topics/aube/cube/fdiaubla

[17] Cf. Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (UNCTAD), UNCTADstat, https://unctadstat.unctad.org/wds/TableViewer/tableView.aspx

[18] Statistiques de la BNS, https://data.snb.ch/fr/warehouse/ZAST/cube/ZAST@SNB.IEA.FDIC.2.10.10000?facetFilter=Ukraine&facetSel=toz_iea_fsentry(117819)&fromDate=1998&toDate=2020&dimSel=COUNTERPART_AREA(BG,CZ,EE,HU,LT,LV,PL,RO,RU,SK,UA),LEVEL_COUNTERPART(IMC),FLOW_STOCK_ENTRY(LE),ACCOUNTING_ENTRY(A,L,NO),INT_ACC_ITEM(FA),FUNCTIONAL_CAT(D),INSTR_ASSET(F),TYPE_ENTITY(ALL),VALUATION(_X),ACTIVITY(FDI_T,_T),BEHERRSCHUNG_I(_T)

[19] Les 11 pays de l’ex-bloc «soviétique» et de ses satellites sont la Bulgarie, l’Estonie, la Hongrie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne, la Roumanie, la Russie, la Slovaquie, la Tchéquie, l’Ukraine.

[20] Précisons qu’en 1998, il n’y a pas d’IDE suisses en Estonie, Lettonie, Lituanie.

[21] Le Rapport économique sur l’Ukraine de l’Ambassade suisse à Kiev, publié le 13.07.2018, s’est penché sur la question et mentionne que « Les écarts entre les statistiques ukrainiennes et suisses sont inexpliqués par l’Ambassade », p. 12.

[22] Statistiques de la BNS, https://data.snb.ch/fr/warehouse/ZAST/cube/ZAST@SNB.IEA.FDIC.3.10.10000

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