Appel unitaire pour le 17 novembre 2018 (Loire Atlantique)
Emmanuel Macron, le président jupitérien, a choisi un porte-avions nucléaire – alternative au diesel – pour affronter une vague de colère populaire. Le Figaro premium, en date du 14 novembre 2018, écrit: «J’entends la colère – a assuré le chef de l’Etat. C’est un droit fondamental dans notre société de pouvoir l’exprimer. Mais moi je veux comprendre. Il y a beaucoup de partis politiques qui veulent récupérer ce mouvement […] Certains sont en train de s’opposer à ce qu’ils avaient eux-mêmes voté. Bonjour tristesse et salut la cohérence! […] Il y a beaucoup de gens qui sont dans l’addition des colères, ça ne fait pas un projet pour le pays […] On est en train de vous mentir et de vous manipuler»…«Après avoir vaincu les oppositions syndicales à ses réformes de début de mandat, le président de la République veut éviter que la crise du carburant n’entrave la suite du quinquennat. «Les gilets jaunes captent l’irritation du pays. On a cette espèce de tension qui s’est installée entre les réformes structurelles et le quotidien des Français. Il est possible que l’on ait porté une attention trop vive aux premières et pas assez au second», reconnaît-on dans l’entourage d’Emmanuel Macron.»
Le Canard Enchaîné (14 novembre 2018) précise – outre «l’empressement de Wauquiez, Le Pen, Dupont-Aignan ou Mélenchon à se défendre de la moindre récupération tout en affirmant à toute pompe leur soutien au mouvement» – qu’au «diesel ou au sans-plomb vient s’ajouter un fond d’exaspération diffus contre la politique du président toujours jugé comme celui «des riches» au détriment de ceux qui, en banlieue ou en région, vivent au quotidien les difficultés».
Dès lors, Emmanuel Macron, va porter «une attention accrue» (sic) sur «les questions de vie quotidienne des Français» (Le Figaro, 14 novembre 2017). Mais d’ajouter de suite, selon la transcription d’un de ses proches: «Les réformes ne sont pas entravées. Ce que nous allons faire sur les retraites, le chômage et l’apprentissage… rien ne fait l’objet d’une contestation.» Lequel guette avec impatience les résultats de sa politique. Ils tardent à venir. A tel point qu’Emmanuel Macron se dit même prêt à intensifier encore le rythme. «Le président veut que les réformes portent leurs fruits le plus rapidement possible. C’est sa priorité actuelle La machine doit accélérer. Il veut des effets concrets.» Quitte à subir encore la colère des Français. Seule concession à leur égard, Emmanuel Macron a reconnu qu’il n’avait pas réussi à «réconcilier les Français avec leurs dirigeants». L’éditorialiste des Echos.fr, Cécile Cornudet, conclut son billet de la sorte: «Quand on peine à désamorcer la grogne, on délégitime le mouvement. Règle éternelle, pour le coup.»
La volonté de délégitimer un mouvement réside, à coup sûr, dans le fait que «ce vent de colère est légitime et salutaire…». Encore faut-il qu’il trouve une assise sur des «mesures d’urgence sociales et écologiques», comme l’explique et l’illustre ce texte unitaire de la gauche politique et syndicales adopté dans le département de la Loire Atlantique (le 44) que nous reproduisons ci-dessous. (Rédaction A l’Encontre)
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Chaque mois sont plus nombreux les salarié.e.s, retraité.e.s et privé.e.s d’emploi qui n’arrivent plus à boucler leur budget. La hausse régulière et conséquente du carburant inquiète et fragilise celles et ceux qui n’ont d’autres choix que la voiture individuelle pour les actes de la vie courante. Et, alors que l’hiver s’annonce, la hausse des prix du gaz, de l’électricité, du fuel et des chauffages collectifs aggrave encore le quotidien.
Alors que les profits financiers et patronaux explosent, le gouvernement Macron Philippe accentue sa politique de classe, au service des riches, et, pour la grande masse de la population, la réduction des droits sociaux et une politique fiscale particulièrement injuste et inégalitaire. S’y ajoutent la fermeture de nombreux établissements publics et la suppression de milliers de postes de fonctionnaires accentuant encore le sentiment d’abandon pour toutes celles et ceux qui vivent loin des métropoles.
Ce vent de colère est légitime et salutaire. Il met justement en cause la politique suivie par le Président de la République et son gouvernement, notamment en matière fiscale. Les groupes capitalistes, patronat et banques, avec leurs profits exponentiels, sont les vrais responsables de ce désespoir social et de la crise climatique.
Pour Macron, comme pour ses prédécesseurs, le libéralisme est un dogme. Pour nous c’est un drame. Car il explose les inégalités sociales, accroît la paupérisation de larges franges de la population et accentue les atteintes à l’environnement et le réchauffement climatique.
Le gouvernement tente de justifier ses choix politiques, les augmentations des taxes sur les carburants, par l’urgence écologique. C’est un mensonge. Non seulement le pays ne réduit pas la production de gaz à effet de serre, mais il l’augmente, non seulement il ne réduit pas l’utilisation des pesticides, mais il l’augmente, non seulement il ne diminue pas l’artificialisation des sols, mais il la poursuit. La fermeture des services publics de proximité, des gares et voies ferrées secondaires, la concentration des emplois dans les métropoles ne font que renforcer la tragédie climatique en cours et accroître les difficultés quotidiennes de milliers d’habitant.e.s.
Le gouvernement est responsable de la crise en cours car la politique qu’il mène dans les transports comme dans les autres domaines n’est ni cohérente avec l’urgence climatique ni juste socialement. Aucune mesure ambitieuse n’a été prise pour financer les alternatives à la voiture et aider ceux qui n’ont pas les moyens de se déplacer autrement. Cette prétendue fiscalité écologique épargne les secteurs les plus polluants et émetteurs de gaz à effet de serre, comme le trafic aérien ou le transport routier de marchandises.
L’urgence sociale et l’urgence écologique sont aujourd’hui totalement imbriquées. La politique gouvernementale aggrave l’une et l’autre et espère diviser celles et ceux qui en sont les victimes. Et il est illusoire de prétendre répondre à l’une en tournant le dos à l’autre.
Des mesures d’urgences sociales et écologiques comme priorité :
• L’augmentation des salaires, des pensions, des indemnités chômage, et des allocations sociales et leurs indexations sur les prix pour permettre à tous/toutes de vivre dignement.
• L’arrêt des suppressions de postes et des fermetures des services publics, et la réouverture de services publics et sociaux de proximité pour permettre une organisation équilibrée des territoires.
• Mettre un terme à une politique centrée sur la voiture. Mettre un terme à la défiscalisation du kérosène dans le transport aérien, au profit du fret ferroviaire pour les transports de marchandise et les transports collectifs. Par la mise en place d’un réseau de transports en commun gratuit sur le département.
• La lutte contre l’étalement urbain et la diversification des modes de transport dans tous les territoires
• Le soutien à une agriculture paysanne privilégiant les circuits courts et les productions bios pour permettre à toutes et tous l’accès à une alimentation de qualité.
Associations, syndicats et partis politiques engagés dans le département pour la justice sociale et climatique, nous appelons ensemble à la mobilisation sociale, écologique et citoyenne contre la politique de Macron-Philippe, tout en refusant les boucs émissaires habituels des discours racistes, antisémites ou xénophobes. Nous appelons au partage des richesses et à l’urgente nécessité de placer la transition écologique et solidaire au cœur de toutes les décisions pour notre avenir et celui de la planète. Ce sont les mobilisations multiples dans les entreprises comme dans la rue, par la grève et par l’action, qui permettront de peser sur les décideurs publics ou privés pour que ces changements s’enclenchent.
ATTAC 44, Alternatiba Nantes, Ensemble 44, Gauche Démocratique et Sociale 44, GIGNV, NPA 44, PCF 44, Union Solidaires 44, Union Démocratique Bretonne, UNEF Nantes, Sortir du Nucléaire pays Nantais, Génération.S 44, EELV 44, CGT 44, France Insoumise 44.
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