Moshe Machover est un militant socialiste, né en 1936 à Tel-Aviv, alors sous mandat britannique. Il a participé à la création de Matzpen (Organisation socialiste israélienne) en 1962. Il a enseigné les mathématiques à l’Université hébraïque de Jérusalem. Après avoir émigré en Grande-Bretagne il a enseigné la logique mathématique au King’s College jusqu’en 1995. Dans ses écrits, il a fortement mis l’accent sur le caractère colonial de l’Etat sioniste et donc sur la nature du conflit concernant l’appropriation de la terre. Il juge dans cet article que le mouvement social du 14 juillet en Israël suscite, partiellement, un début de prise de conscience de la «question palestienne». Espérons que cela se concrétise. (Rédaction)
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Le réveil révolutionnaire arabe a bousculé les dirigeants en Israël. Le fait de perdre un allié important peut être considéré comme une malchance, mais perdre deux alliés l’un après l’autre aussi rapidement paraît désastreux.
Peu avant le printemps arabe, Israël avait sérieusement endommagé ses relations avec un allié régional important, la Turquie. Ayant leurs propres ambitions régionales, les dirigeants turcs n’ont apprécié ni les manœuvres d’intimidation d’Israël lors de l’abordage d’un navire en pleine mer [qui se dirigeait vers Gaza], ni son refus agressif de demander des excuses pour avoir assassiné neuf Turcs à bord du Mavi Marmara en mai 2010.
Puis, à la fin janvier 2011, le monde arabe tout entier entrait dans la tourmente et Israël allait perdre un autre collaborateur arabe clé, Hosni Moubarak. Tout ceci était de mauvais augure pour l’ensemble de la stratégie régionale hégémonique d’Israël, pour son rôle d’exécuteur des basses oeuvres locales pour le compte de son grand partenaire impérialiste. Mais le premier ministre Benjamin ‘Bibi’ Netanyahou a compris qu’au moins à court terme cette situation pouvait comporter un aspect positif. Cela dans la mesure où Israël pouvait tirer profit de l’affaiblissement du contrôle états-unien sur le monde arabe en apparaissant comme une «île de stabilité économique et diplomatique», tranquille et fiable dans une mer agitée par la tempête révolutionnaire qui ébranlait toute la région. Cet argument de vente a été répété comme un mantra par Bibi et sa machine de hasbarah (propagande).[1]
Mais il avait parlé trop vite. Le 14 juillet, huit étudiants israéliens ont monté des tentes sur le boulevard Rothschild, dans un quartier prospère de Tel-Aviv. Ils protestaient contre les loyers exorbitants et l’absence d’emprunts-logement abordables. Les protestations se sont répandues comme une traînée de poudre. Des cités de tentes sont apparues dans des quartiers beaucoup moins cossus de Tel-Aviv et dans des douzaines d’autres villes. Les manifestations – dont une où participaient conjointement Juifs et Arabes à Jaffa le 13 août [2] – avaient lieu tous les samedis et s’intensifiaient rapidement. A la mi-août des centaines de milliers d’Israéliens manifestaient dans les rues, faisant de ce mouvement de protestation le plus large et le plus massif dans toute l’histoire d’Israël.
Très vite, les revendications mises en avant par les protestataires sont devenues plus générales. Le slogan de loin le plus populaire, qui a été scandé et qui figurait sur les banderoles et les affiches, était «Le peuple exige la justice sociale». D’autres slogans courants étaient les suivants: «La réponse à la privatisation: la révolution» et (mon préféré): «Le marché n’est pas libre, nous sommes des esclaves». Des revendications pour «un Etat social», pour la réduction des impôts indirects (TVA) et l’augmentation des taxes directes (du genre impôt sur le revenu) pour les riches sont apparues.
Des liens de solidarité mutuelle se sont formés avec les luttes en cours, dont celle des travailleurs sociaux qui venaient de terminer leur grève et dont beaucoup étaient frustrés par les compromis de leurs directions syndicales et celle des médecins, dont la grève de 5 mois s’est terminée le 26 août et qui avaient également monté une tente sur le boulevard Rothschild (occupée principalement par de jeunes internistes). Les hausses salariales substantielles accordées par le gouvernement sont en grande partie dues à la protestation sociale.
Ce mouvement de protestation est soutenu par 90% des Israéliens. Il est dirigé principalement par des étudiants et des travailleurs à col blanc qui sont, de manière quelque peu trompeuse, décrits par les médias comme étant issus de la «classe moyenne». En fait, les revendications qu’ils mettent en avant indiquent qu’ils ont le sentiment d’être prolétarisés; et ils manifestent leur solidarité avec les pauvres. Ce qui prévaut dans le mouvement est un esprit d’égalité, d’auto-activité et de démocratie directe à la base.
Un «vision document» préparé et distribué par les leaders du mouvement énumère six «principes», dont le premier est «de réduire les inégalités sociales (économiques, de genre et nationales) et de créer la cohésion sociale» [3]. La mention de l’inégalité «nationale» mérite particulièrement d’être notée: elle se réfère à la discrimination contre les citoyens palestiniens arabes d’Israël qui constituent environ 20% de la population. Au début, les protestataires ne voulaient pas s’engager plus loin sur la question plus large du conflit israélo-palestinien. L’occupation militaire israélienne et la colonisation des territoires palestiniens n’ont délibérément pas été mentionnées, parce que cette question était considérée comme pouvant diviser le mouvement.
Le néolibéralisme sauvage
Les protestations israéliennes s’inspirent ouvertement du réveil arabe, et surtout du mouvement en Egypte. Sur beaucoup de posters on pouvait lire simplement: «Moubarak Assad, Netanyahou» et un des slogans fréquemment scandés est «La Place Tahrir se trouve dans cette ville» (en hébreu cela sonne mieux à cause de la rime: Kikkar Tahrir – kan ba’ir). Il y a une grande admiration pour les masses arabes. Une remarque admirative typique faite par un journaliste israélien: «Nous avons enfin appris quelque chose des Arabes!» [4] Pendant une projection dans la ville de tentes de Rothschild d’une vidéo sur les protestations du Caire, la foule l’a acclamée et a scandé: «Le peuple exige la justice sociale».
Néanmoins, en ce qui concerne leur contenu, ces protestations ressemblaient davantage à celles se développant en Grèce et en Espagne. Les principales revendications sont d’ordre socio-économique. Les «élites politiques» sont condamnées parce qu’elles servent les super-riches et restent indifférentes aux souffrances des pauvres et à l’anxiété de ceux qui sont en voie de paupérisation.
A l’origine de ces protestations il y a le changement fondamental qui est intervenu dans la structure socio-économique et politique d’Israël depuis la fin des années 1970. Il serait trop long d’analyser ici ce tournant de manière détaillée, mais en voici les grandes lignes.
Avant ce changement, Israël était ce qu’on peut décrire comme une bureaucratie, un capitalisme d’Etat social. Cet aspect a été analysé et décrit de manière détaillée dans un article que j’ai cosigné en 1970 avec deux camarades. [5] A l’époque, seule la moitié de l’économie israélienne était entre des mains privées. Le reste était divisé à égalité entre deux secteurs publics: celui du Histadrout [Fédération syndicale corporatiste, de son nom: Association générale des travailleurs de la Terre d’Israël] et l’Etat; ces deux institutions étant dominées par la bureaucratie travailliste sioniste. L’accumulation interne du capital (la plus-value réinvestie) était pratiquement nulle, mais il y avait un afflux important, unilatéral, de capital. Celui-ci provenait surtout des Etats-Unis grâce à des collectes de fonds par les «œuvres de charité» sionistes; une autre partie provenait des indemnisations de l’Allemagne [6]. Et une partie croissante était issue de prêts et de subventions du gouvernement des Etats-Unis, qui payait ainsi le rôle d’Israël en tant que chien de garde régional.
Cet afflux, essentiellement un subside occidental, était en grande partie canalisé par la bureaucratie travailliste dominante. Elle affectait une partie aux investissements dans les secteurs privé et public; une autre servait à maintenir un niveau de vie relativement élevé ainsi que des services sociaux. Ce système aboutissait à une redistribution du revenu qui était moins inégalitaire que dans la plupart des pays capitalistes. C’est ainsi que la société israélienne, y compris la classe ouvrière, était directement subventionnée grâce au rôle régional de l’Etat sioniste.
La différence entre cette époque et la situation actuelle est très profonde. Presque tout a été privatisé (y compris les kibboutzim, jadis des modèles de propriété et de production collectives quoique ethniquement exclusives). Les dépenses sociales ont été drastiquement réduites. L’accumulation du capital produit à l’intérieur est solide (même durant l’actuelle récession mondiale). Les richesses sont extrêmement concentrées: environ 40% de l’économie est détenue par 10 grandes familles. [7]
Dans l’économie néolibérale extrêmement dure d’Israël, la redistribution des revenus est très inégalitaire. Le coefficient Gini, une mesure du degré d’inégalité de la distribution des revenus dans une société donnée, attribue à Israël le score de 39% – plus élevé que celui de l’Egypte (34.4%). En comparaison, les chiffres pour la Suède, le Royaume-Uni et les Etats-Unis sont respectivement de 25%, 36% et 40.8%. En utilisant une autre mesure, le rapport entre le revenu moyen des 10% plus hauts revenus et 10% des revenus les plus bas, Israël a un score de 13.4%. Autrement dit, des personnes dans la tranche des 10% de revenus les plus élevés ont en moyenne un revenu de 13.4 fois plus important que le revenu moyen de la tranche des 10% les plus bas. Le chiffre correspondant pour l’Egypte n’est que de 8 (pour la Suède, le Royaume-Uni et les Etats-Unis le résultat est respectivement de 6.2, 13.8 et 15.9). [8]
Israël continue à recevoir d’importants subsides de son grand partenaire impérialiste. Mais de loin la part la plus importante, soit entre 3 et 4 milliards de dollars par année, est versée sous forme d’aide militaire états-unienne. Destinés à garantir les dépenses militaires et le coût de la colonisation d’Israël, ces subsides «contournent» l’économie civile. Cette dernière en bénéficie évidemment indirectement, puisqu’une part substantielle de celle-ci est liée à des activités en rapport avec le militaire et avec la colonisation. Néanmoins les travailleurs israéliens n’ont plus le sentiment que leur niveau de vie est financé grâce au rôle régional d’Israël et de ses entreprises colonisatrices. Au contraire, beaucoup ont l’impression que les dépenses engagées par le gouvernement pour dorloter les colons se font au détriment des dépenses sociales à l’intérieur d’Israël.
Une provocation prévue
Néanmoins, les protestataires ont d’abord hésité à mettre en évidence le lien entre leurs revendications socio-économiques et des questions politiques plus générales, telles que l’occupation et la colonisation, notamment de crainte qu’elles n’entraînent des divisions dans le mouvement. Mais les événements les ont finalement obligés à en tenir compte. Lorsque les protestations se sont intensifiées, il est apparu clairement que le gouvernement aurait besoin d’un conflit militaire ou d’un problème de «sécurité» pour détourner l’attention des conflits socio-économiques et tenter d’exploiter le patriotisme de la majorité des protestataires pour mettre un terme au mouvement.
On s’attend à un événement de ce genre après le 20 septembre, lorsque l’Autorité palestinienne prévoit de demander la reconnaissance et l’adhésion de l’embryon d’«Etat» palestinien avorté et rabougri. On sait que les organisations de base palestiniennes préparent des protestations massives contre l’occupation après cette date. Même si ces manifestations sont annoncées comme non-violentes, Israël répondra sans doute avec sa brutalité coutumière et élèvera la température peut-être jusqu’au point d’une explosion. Voilà ce qui pourrait servir pour détourner l’attention. Mais le 20 septembre est trop loin. Il fallait quelque chose de plus immédiat et cela a effectivement été prévu. Par exemple la vidéo-blogueuse de gauche Lia Tcharansky a posté le 5 août une vidéo dans laquelle elle explique, vers la fin, que «beaucoup ont prédit que Netanyahou tenterait d’écraser le mouvement en lançant une opération militaire». Elle a jouté qu’en fait «tôt le jeudi (4 août) Israël a intensifié ses attaques aériennes sur Gaza». [9]
De telles escalades sont un stratagème habituel d’Israël pour provoquer une confrontation armée. Ces attaques aériennes, tant qu’elles ne sont pas massives, sont rarement rapportées par les médias, car elles sont considérées – et revendiquées par le hasbarah israélien – comme étant un ciblage de routine contre des «bases terroristes».
Et effectivement, deux semaines plus tard, le 18 août 2011, huit Israéliens, civils et militaires, ont été tués par des personnes inconnues qui ont traversé la frontière entre l’Egypte et Israël dans le Sinaï, près d’Eilat. Israël a prétendu sans en apporter des preuves concluantes, que les auteurs seraient venus de Gaza (qui est à 250 km). Et personne dans les médias n’a pensé à établir un lien entre cet incident et l’escalade israélienne du 4 août.
Israël a réagi à cet incident en bombardant Gaza de manière encore plus massive et meurtrière. Et, comme d’habitude, des militants palestiniens ont répondu en tirant des missiles sur des villes israéliennes. Même s’ils ne sont pas guidés, ces missiles ont causé quelques dommages, et ont tué un civil israélien et blessé plusieurs autres. Et voilà les affrontements militaires dont «on» avait besoin.
Manifestation aux flambeaux
Est-ce que cela a marché pour Bibi? Pas vraiment. Les protestataires ont décidé de ne pas annuler leur manifestation suivante, prévue le 20 août. Mais la majorité du mouvement a décidé de la faire sous la forme d’une marche silencieuse aux flambeaux en signe de respect pour les victimes. Outre les revendications sociales et économiques habituelles, les manifestants silencieux portaient des pancartes contre la guerre sur lesquelles on pouvait par exemple lire: «Non à la guerre menée depuis de paisibles fauteuils [ministériels]» – en référence à l’invasion du Liban par Israël en 1982 dont l’appellation officielle était l’oxymore «Guerre pour la paix en Galilée» – et «Juifs et Arabes refusent d’être des ennemis». Dans cette manifestation, les drapeaux rouges étaient plus nombreux que les drapeaux blancs et bleus nationaux.
Les membres d’un petit groupe sectaire trotskyste ont scandé des slogans contre la guerre et l’industrie de l’armement. La très grande majorité, y compris beaucoup de militants de la gauche radicale, ont exprimé leur désapprobation, non pas à cause du contenu des slogans (qui n’a contrarié que quelques militants de droite), mais parce que le groupe avait passé outre la décision majoritaire de mener une marche silencieuse. [10]
Dans le meeting de masse à la fin de la manifestation – tenu alors que le groupe sectaire se tenait à l’écart de la foule de manifestants – un des orateurs était un Arabe de Galilée. Il a parlé à la foule d’une manifestation de solidarité avec le mouvement qui avait eu lieu le même jour dans la ville arabe de Arabeh. Et il a été applaudi. Ensuite il a évoqué les problèmes de la population arabe et expliquant que ses membres auraient dû participer à la protestation. Là encore il a été applaudi. Cela a dépassé les bornes pour les 10-15 militants de droite, qui se sont avancés pour réduire l’orateur au silence. Avec calme et fermeté, des manifestants les ont arrêtés, après quoi la foule, qui comptait plus de 5’000 participants, a commencé à scander: «Les Juifs et les Arabes refusent d’être des ennemis».
Il est peu probable que les provocations militaires mettent un terme aux protestations. Mais il est très possible que le mouvement se scinde en au moins deux camps. L’un continuera à éviter des questions «politiques». Le camp plus radical fera explicitement le lien avec ces mêmes questions. Une chose est sûre: Israël n’est plus calme sur le front social. La lutte de classe est là. (Traduction A l’Encontre, article publié en anglais le 1er septembre 2011)
Notes
- Le premier ministre appelle Israël une «île de stabilité» dans la région. Jérusalem Post 31.1.2011. «Pendant sa rencontre avec Merkel et dans une conférence de presse subséquente, Netanyahou a souligné le fait qu’Israël était le pays stable au Moyen-Orient et que par conséquent l’Occident devait renforcer ses liens avec ce pays. ‘Nous sommes une île de stabilité dans la région’, a-t-il expliqué à Merkel» (Haaretz 1.2.2011). «Israël a de la chance que son Premier ministre soit Netanyahou, qui a de l’expérience et a fait d’Israël une île de stabilité et de sécurité sur les plans économique et diplomatique.» (Indy News Israel 9.2.2011)
- Voir www.youtube.com/watch?v=qT7RkhwOqQs.
- Haaretz 9.8.2011.
- Tony Greenstein a condamné cette remarque comme étant «raciste» étant donné que «les Arabes ont toujours eu beaucoup à apprendre aux Juifs» (‘Support the Israeli protest movement without illusions’ Weekly Worker 11.8.2011). Le journaliste n’a évidemment pas nié cela, elle ne faisait qu’exprimer sa satisfaction devant le fait que les Israéliens étaient enfin prêts à apprendre. Malheureusement le camarade Tony n’a pas perçu la différence!
- H. Hanegbi, M. Machover, A. Orr, «The class nature of Israeli society» New Left Review, No 65, janvier-février 1971. D’autres versions de cet article ont été publiées ailleurs.
- Voir http://tinyurl.com/etznn.
- «Israel’s connected conglomerates’» in Financial Times 17.8.2011.
- http://en.wikipedia.org/wiki/List_of_countries_by_income_equality.
- On peut voir cette vidéo sur le site http://tinyurl.com/3qt24nc.
- Voir www.youtube.com/watch?v=rifO6k-XGqM. L’homme avec le mégaphone hurle: «Pourquoi devrais-je me soucier des Arabes?». Voir également http://tinyurl.com/3ro6sfs.
“(Moshe Machover) juge dans cet article que le mouvement social du 14 juillet en Israël suscite, partiellement, un début de prise de conscience de la «question palestienne». Espérons que cela se concrétise. (Rédaction)”. Depuis le début du printemps arabe, d’importantes mobilisations populaires ouvrent de fragiles percées politiques. A ce jour, la révolution démocratique syrienne porte un poids énorme. Le mouvement social en Israël – produit de la privatisation, de la guerre.. et des soulèvements arabes – indique lui un possible changement de donne. Il faut expliquer aux militant-e-s qui lui reprochent de ne pas être assez pro palestinien, qu’il doit être soutenu sans réserve. Hélas, une solidarité consciente des classes ouvrières des métropoles avec les peuples colonisés n’a encore jamais existé. Aujourd’hui, en Israël, les causes qui suscitent le mouvement s’enracinent dans une réalité à laquelle les peuples arabes s’opposent eux aussi; un intérêt commun les anime. Je pense comme vous sans doute qu’il faut travailler à en développer la conscience en Israël, en Palestine et dans la région arabe. Et dans le mouvement de solidarité internationaliste.