Nous publions ici le discours de Mazen Adi, au nom du mouvement «Conscience Morale», lors du rassemblement organisé par la diaspora syrienne à Paris le 26 mais 2021 pour dénoncer la mascarade des élections en Syrie le même jour. (Rédaction)
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«Je salue tous les participants à ce rassemblement. Nous sommes aujourd’hui ici ensemble pour dénoncer les prétendues élections présidentielles en Syrie, élections illégitimes dont le but est de justifier le maintien au pouvoir de Bachar al-Assad, soutenu à bout de bras par ses alliés [Bachar a été «élu» avec 95,1% des suffrages; le score de 2014, 88,7%, a été battu; l’ONU, elle, indique que 80% de la population vit sous le seuil de pauvreté]. Cette condamnation est partagée par les Syriens de la diaspora et leurs amis ainsi que ceux des zones hors du contrôle du régime syrien. Mais pas seulement! Des Syriens, dans des zones sous contrôle du régime, ont déclaré le boycott de ces élections en manifestant dans les villes et les campagnes de la région sud, en particulier à Deraa et Hauran, berceau de la révolution syrienne.
Le maintien de Bachar à la tête du pouvoir en Syrie signifie que la situation perpétuera l’état de fait d’occupations et de zones d’influence pour une période indéterminée et met en péril la région tout entière déjà largement instable. Cela signifie aussi laisser s’accomplir des crimes contre le peuple syrien et poursuivre ainsi la catastrophe syrienne, considérée comme l’une des plus importantes sur le plan humanitaire après la Seconde Guerre mondiale.
Cela signifie continuer à saboter et faire barrage à la solution politique internationale conformément aux décisions de Genève. Etant en contradiction avec la résolution 2254, ceci rend la farce électorale invalide.
Dix ans se sont écoulés depuis le soulèvement du peuple syrien. Soulèvement qui s’est transformé en une révolution pour la liberté et la dignité. Depuis que les enfants de Deraa, au début du printemps arabe en Tunisie et en Egypte, se sont exprimés contre Assad avec leurs écrits sur les murs de leur école: «Votre tour viendra docteur».
Il s’ensuit 700 lieux recensés, à travers tout le pays, de protestation dans les villes et les campagnes. Le chanteur de la révolution Qashush a scandé sa chanson (Dégage Ya Bachar) sur la place la plus importante de la ville de Hama (ma ville natale). Il la chantait devant des centaines de milliers de manifestants, mais aussi devant les ambassadeurs français et américain qui étaient présents et ont été parmi les témoins directs de la révolution pacifique, exigeant le départ du régime et de Bachar al-Assad.
Je veux vous rappeler comment les manifestants ont reçu les ambassadeurs, avec des fleurs. Ils espéraient tous que la communauté internationale sauverait les personnes sans défense face à un régime dictatorial, corrompu et brutal qui pourrait commettre les crimes les plus horribles, comme il l’a fait dans le passé sous le règne de son père Hafez al-Assad.
Et d’ailleurs il a brandi cette menace dès le début par l’intermédiaire de ses partisans avec le slogan: «Assad ou on brûle le pays»! Et ils l’ont fait.
Malheureusement, le peuple syrien n’a pas pu faire face à un régime mafio-fasciste qui s’est imposé par la force avec une structure globale malgré l’apparence, factice, d’institutions démocratiques formelles, obéissant en réalité aux instructions des services de sécurité. Assad père et fils ont dirigé la Syrie pendant des décennies en vertu de la loi d’urgence et de la loi martiale, provoquant une situation catastrophique.
Le premier responsable est Bachar al-Assad qui doit être présenté devant la Cour pénale internationale, puisqu’il a été condamné au niveau international pour des crimes liés à l’utilisation d’armes chimiques.
Nous apprécions à sa juste valeur l’exigence du Parlement européen selon laquelle il ne devrait pas y avoir d’impunité envers les auteurs de crimes contre l’humanité, mais aussi la déclaration, européenne et américaine, déclarant les élections présidentielles en Syrie illégitimes.
Je parle au nom du mouvement «Conscience Morale», un mouvement déclaré en France il y a cinq ans en tant que mouvement citoyen, culturel et politique qui comprend une élite d’artistes, d’intellectuels et de personnalités politiques, en Syrie, en France et dans les pays de la diaspora syrienne (plus de 30 pays) qui se sont engagés dans la révolution de la liberté et de la dignité pour une Syrie libre, démocratique et ouverte au monde, une Syrie avec un Etat de droit basé sur la citoyenneté pour tous et toutes.
Notre mouvement rejoint d’autres organisations, partis et organes syriens pour mettre en œuvre et imposer les résolutions de la communauté internationale conformément au chapitre sept de la Charte des Nations Unies, les imposer au régime et ses alliés.
Nous espérons la solidarité des peuples et de la communauté internationale. Il est temps que la conscience mondiale se réveille et que la communauté internationale assume ses responsabilités, comme cela s’est produit lorsqu’il a été confronté à des événements humanitaires traumatisants au Rwanda, en ex-Yougoslavie et en Bosnie.
Liberté pour le peuple syrien et pour tous les peuples opprimés! Victoire pour les valeurs de liberté, de droits de l’homme, de justice et de paix!»
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