Par Nick Hopkins et Emma Beals
Après plus de cinq ans de conflit en Syrie, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le nombre de personnes tuées est estimé à plus de 400’000 et 11 autres millions ont dû quitter leurs domiciles. Aucune issue n’est en vue.
S’il n’y a aucun débat sur les victimes de cette guerre complexe, une dispute croissante porte sur la meilleure façon de les aider. Il est inévitable que l’attention se soit portée sur la mission de secours des Nations Unies, la seule qui est autorisée à agir en Syrie avec la bénédiction du président Bachar el-Assad.
Damas restreint également avec qui l’ONU peut travailler, elle conserve une liste des organisations internationales et syriennes qui reçoivent son assentiment et l’ONU ne peut en dévier.
De là découle le dilemme de l’ONU, qui investit une grande quantité d’argent dans des programmes dont le but est de sauver des vies. Après avoir feuilleté des milliers de pages de documents et s’être entretenu avec des travailleurs humanitaires et des membres de l’ONU, The Guardian a identifié des dizaines d’accords qui soulèvent de nouvelles questions quant au rôle que joue l’ONU en Syrie – ainsi que de son impartialité.
Une étude qui sera publiée prochainement par l’universitaire Reinoud Leenders, qui a partagé certaines de ses conclusions avec The Guardian, augmentera les préoccupations. Les chiffres indiquent que 900 millions de dollars sur le 1,1 milliard du plan d’action de l’ONU pour 2015 ont été dépensés par des aides qui ont transité par Damas, la totalité étant contrôlée jusqu’à un certain point par les autorités syriennes.
Des documents auxquels The Guardian a eu accès indiquent clairement que l’ONU continue de laisser le gouvernement dicter si l’aide peut être acheminée dans certaines zones du pays. Ce dernier ajoute des restrictions supplémentaires sur ce qui peut être distribué et à qui.
En dépit des convois de l’ONU très médiatisés qui ont accédé à de nombreuses zones assiégées au cours des derniers mois, il est connu que le gouvernement syrien a retiré certains produits tels que des incubateurs [couveuses] et qu’il a interdit l’acheminement de convois supplémentaires dans certaines zones.
L’accès à un nombre estimé à 300’000 habitants d’Alep [à l’est de la ville, dans la zone contrôlée par l’opposition depuis juillet 2012] a récemment été coupé par les forces gouvernementales et alliées, et un accord sur une trêve de 48 heures afin de permettre à l’ONU d’acheminer de l’aide humanitaire entravé par une impasse sur le choix de la route qui sera utilisée [cette trêve de 48 heures par semaine a été proposée par la Russie ; l’opposition souhaite que cet acheminement passe par la route de Rasmouseh, au sud, qu’il a reconquise début août, afin de pouvoir avoir certaines garanties sur l’opération, alors que le régime veut imposer un acheminement depuis le nord, qu’il contrôle fermement].
Le gouvernement syrien passe, en outre, régulièrement des lois dans le but d’entraver le travail de l’ONU et d’autres ONG – par exemple, sur une interdiction de l’importation des biens en provenance de la Turquie ainsi que sur l’insistance apportée à ce que les médicaments soient fournis depuis l’intérieur de la Syrie [autrement dit, empêcher l’arrivée de médicaments dans un très grand nombre de cas].
Un nombre limité d’ONG locales et d’entreprises est autorisé à agir dans le pays, mais nombre d’entre elles sont dirigées par des associés d’Assad.
Certaines « plaques tournantes » d’ONG et de l’ONU travaillant depuis la Turquie et la Jordanie se plaignent d’être coupées des discussions sur la meilleure réponse à apporter à la crise en cours.
Le plan d’action humanitaire 2016, par exemple, a été élaboré entre le siège de l’ONU à Damas et le gouvernement syrien, sans la participation des ONG qui fournissent de l’aide à travers la frontière dans des zones du pays que l’ONU ne peut atteindre. Le gouvernement a ensuite reçu la permission de supprimer la mention des sièges des villes et de la violence comme cause de déplacements des populations.
Des sources internes à l’ONU ont déclaré au Guardian que le processus de négociations entre l’ONU et le gouvernement syrien pour le plan d’action 2017 a débuté, mais elles ne s’attendent pas à un changement significatif tant sur le processus que sur son issue.
En réponse aux questions du Guardian, huit agences de l’ONU ont expliqué en détail pourquoi elles devaient travailler avec le gouvernement syrien. Elles insistent sur le fait qu’elles doivent se conformer rigoureusement à des protocoles et qu’elles doivent seulement se maintenir éloignées des individus figurant sur les listes de personnes sanctionnées de l’ONU (et non celles qui sont compilées par l’UE ou les Etats-Unis).
Il n’existe cependant pas de telles sanctions pour la Syrie. Sous le couvert de l’anonymat, certaines sources de l’ONU admettent qu’elles sont réticentes à réagir trop fortement contre Assad de crainte d’être expulsées du pays. Il y a deux ans, l’ONG internationale Mercy Corps a quitté Damas suite aux menaces du gouvernement.
La correspondance interne à laquelle le Guardian a eu accès indique cependant clairement que certains agents de l’ONU ont certains scrupules par rapport à ce qui se passe. De plus, l’année dernière une lettre d’un certain nombre de membres du corps médical syrien manifestait des préoccupations quant à l’impartialité de l’ONU. Elle a été envoyée en octobre 2015 au bureau du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, et les mêmes points ont été rapportés à son Groupe de personnalités de haut niveau sur les crises sanitaires mondiales. Jusqu’à aujourd’hui presque rien, si ce n’est rien, n’a été fait. Une source a concédé que l’ONU faisait face à des « contraintes à chaque pas ».
« L’alternative est brutale », a déclaré un porte-parole pour l’Unicef. « Un plus grand nombre d’enfants morts ou souffrant. Voilà le dilemme auquel l’Unicef et les agences humanitaires font quotidiennement face. [La situation des] Les enfants en Syrie font mal en raison de l’incapacité des politiciens à aboutir à une solution pacifique à la guerre. Nous ne pouvons pas les laisser. Nous devons tout faire pour alléger les souffrances des enfants. »
Départements gouvernementaux
Au cours des dernières années, un certain nombre de ministères du gouvernement Assad ont été soutenus par des agences de l’ONU, en dépit du fait qu’ils soient tous frappés par les sanctions de l’UE contre le régime. Certains départements de l’ONU font état de relations de travail étroites avec les ministères syriens de l’Education, de la Santé et de la Justice dans le cadre du programme d’aide humanitaire.
Défense. L’OMS a dépensé 5’134’685 dollars en sacs de sang et en kits depuis le début du conflit mais, de manière inhabituelle, la banque nationale du sang de Syrie, responsable de fournir des services pour l’ensemble de la population, est gérée par le Département syrien de la défense, ce qui soulève des questions sur la manière dont le sang est distribué.
L’OMS formulait des inquiétudes sur cette question lorsqu’elle a élaboré, en 2013, un protocole d’accord avec le gouvernement syrien.
A cette époque, certaines sources de l’OMS d’un rang élevé questionnaient la légalité d’une action conjointe avec la défense plutôt qu’avec l’administration de la santé et admettaient qu’il y avait des « préoccupations concrètes » sur le fait que les fournitures de sang atteindraient ceux qui en avaient besoin ou si elles ne seraient pas dirigées d’abord vers les soldats du régime [ou le soutenant].
Des documents auquel le Guardian a eu accès indiquent que des approvisionnements sanguins au cours d’une certaine année fiscale ont été payés par des donations provenant de l’Office of Foreign Disaster Assistance (OFDA) des Etats-Unis ainsi que par le Department for International Development (DfID) du Royaume-Uni, soit de deux pays qui ont imposé des sanctions économiques contre le gouvernement syrien.
Au début du conflit, des centres médicaux demandant un approvisionnement en sang se sont retrouvés, ainsi que leurs patients, sous un contrôle accru des forces de sécurité syriennes. Dans certains cas, les demandes d’approvisionnement ont conduit à l’arrestation de ceux qui protestaient ou combattaient le régime.
Les approvisionnements en sang et les kits de test ne sont pas compris dans les convois humanitaires que l’ONU achemine depuis Damas dans des zones qui ne sont pas sous le contrôle du gouvernement.
Agriculture. La Food and Agriculture Organisation (FAO) de l’ONU a procédé à l’achat de semences d’une valeur de 10’875’167 dollars à la General Organisation for Seed Multiplication (GOSM) au cours des trois dernières années (2013-15) et pour 2’396’782 à la General Organisation for Fodder (GFO) [pour les fourrages].
Ces deux organisations sont gérées par le Ministère syrien de l’agriculture, qui figure sur les listes de sanction de l’UE. La FAO affirme qu’elle a dû acheter ce matériel afin de pouvoir acheminer une assistance humanitaire et qu’importer « les quantités de semence ou de nourriture requises vers la Syrie d’un autre lieu ne serait pas faisable ou rentable. »
Carburant. Les agences de l’ONU ont aussi acheté pour au moins 4 millions de dollars de carburant à une entreprise sous contrôle de l’Etat, la Sadcop / Mahroukat, qui est aussi sujette aux sanctions. L’ONU affirme qu’elle « a besoin de carburant pour mener à bien ses programmes en Syrie ». Elle ajoute que la Sadcop / Mahroukat est le seul fournisseur des coupons pour le carburant de Syrie utilisés pour en acheter en sécurité.
Tourisme. Le Ministère syrien du tourisme semble avoir aussi bénéficié de l’utilisation par l’ONU du Four Seasons Hotel à Damas, qui est le centre de la mission humanitaire depuis 2013. Il semble que le ministère dispose d’un contrôle de l’hôtel à hauteur de 35 %, il aura donc reçu plus de 3 millions de dollars au cours des deux dernières années. Les agences de l’ONU ont dépensé 9’296’325,59 dollars dans cet hôtel en 2014-15.
Le Haut-Commissariat pour les refugiés des Nations Unies (HCR) semble avoir été le client le plus important. L’agence a affirmé au Guardian qu’elle a dépensé 6’822’455 dollars à l’hôtel depuis le début du conflit en mars 2011. D’autres agences l’ont utilisé régulièrement, y compris l’OMS et la FAO.
L’ONU prétend qu’elle doit utiliser le Four Seasons car il n’existe pas d’autres lieux sûrs pour son personnel en ville. « C’est le seul lieu admis pour le personnel international de l’ONU à Damas par les règlements de sécurité pour le personnel de l’ONU. »
Le milliardaire et philanthrope saoudien dont on pense qu’il est copropriétaire de l’hôtel vient juste de donner 20 millions de dollars à Save the Children. Le prince Alwaleed bin Talal a aussi promis de céder sa fortune à des œuvres caritatives.
Œuvres de charités et ONG
Syria Trust for Development. En raison du système politique historiquement fermé en Syrie, il n’y avait pas d’œuvres caritatives ou d’ONG agissant dans le pays avant 2006, lorsque l’épouse d’Assad, Asma el-Assad, a lancé le Syria Trust for Development La fondation reste de sa compétence alors qu’elle figure sur les listes de sanction des Etats-Unis et de l’UE.
The Guardian a découvert que le HCR s’est associé à cette fondation au cours des quatre dernières années, lui remettant un total de 7,7 millions de dollars au cours de cette période. Cette année, l’Office for the Coordination of Humanitarian Affairs de l’ONU (OCHA) s’est engagé auprès de la fondation à hauteur de 751’129 dollars.
La première dame de Syrie est une personnalité paria de la communauté internationale et personne [de sérieux] ne conteste que le gouvernement de son époux est responsable des déplacements forcés, des blessures et de la situation précaire dans laquelle sont plongés des millions d’habitants du pays.
Un porte-parole du HCR a déclaré : « Le Syria Trust a une présence étendue dans le pays et c’est l’un des partenaires qui dispose du plus large accès et rayonnement. Le Syria Trust œuvre dans sept gouvernorats et gère cinq centres communautaires […] il fournit une assistance juridique aux déplacés internes. »
The Al-Bustan Association. L’ABA est une œuvre caritative aux mains et gérée par Rami Makhlouf, l’un des plus proches alliés de Bachar el-Assad [et l’une des premières fortunes du pays, à la tête d’un empire commercial] ainsi qu’un partenaire de l’Unicef, qui a confirmé avoir procédé à des « transferts d’argent liquide directs » d’une valeur de 267’933 dollars afin de fournir de l’eau, des systèmes sanitaires et pour l’hygiène ainsi que de l’éducation et des vêtements d’hiver.
Le matériel publicitaire de l’ABA suggère des relations plus étendues ; des photos montrent la distribution de caisses et de fournitures humanitaires de l’Unicef en plus des transferts en argent liquide et le matériel de « relations publiques » de l’Unicef elle-même indique que l’ABA s’est engagée dans des recherches pour l’agence onusienne.
Non seulement Makhlouf est touché par des sanctions de l’UE et des Etats-Unis, mais il a été rapporté que son « œuvre caritative » a été engagée dans la gestion d’au moins trois milices de shabiha pro-régime, dont l’une d’elles est impliquée dans le siège prolongé de Darayya, à la périphérie de Damas.
Au cours du week-end [27/28 août], les habitants ont été évacués de la zone après qu’un accord a été conclu avec le gouvernement syrien, épuisés par plusieurs années de siège et une campagne de bombardement terrible depuis juin – infligée en punition pour le premier convoi humanitaire de l’ONU qui a atteint la zone depuis 2012 – qui a provoqué la destruction, il y a plus d’une semaine, de la dernière clinique médicale de la zone assiégée.
Aymenn al-Tamimi, du Middle East Forum, un analyste qui a parlé à de nombreux commandants de milices pro-régime, affirme : « L’Al-Bustan Association est l’un des nombreux organismes qui peuvent fournir ostensiblement une couverture à l’Etat syrien sous laquelle les milices peuvent opérer. En s’affiliant, à mon avis, l’organisme en question payera au moins des salaires aux milices. Si l’on considère les liens de Rami Makhlouf avec le régime, cela donne une certaine idée du contrôle de l’Etat sur les milices affiliées à al-Bustan. »
L’Unicef prétend qu’Al-Bustan a été choisi comme partenaire « en raison de son histoire de soutien aux personnes dans le besoin avant la crise, son rayonnement parmi les communautés déplacées, sa capacité forte et robuste de mettre en œuvre des programmes ainsi que sa présence étendue dans des lieux qui ont été ciblés. Nous n’avons qu’un accord de partenariat en vertu duquel nous procédons à des versements directs d’argent pour des programmes liés à l’eau, l’hygiène, l’éducation ainsi que la fourniture de vêtements d’hiver à Lattaquié. »
Entreprises
Syriatel. L’un des hommes d’affaires les plus riches de Syrie, Makhlouf, possède également Syriatel, la plus importante entreprise de télécommunication du pays, qui a reçu au moins 700’000 dollars de différentes agences de l’ONU. Ce montant comprend 464’938 dollars du HCR et 96’802 de l’Unicef.
L’Unicef paie en outre 147’289 dollars pour une campagne de sensibilisation sanitaire par SMS suite à une épidémie de polio dans le pays. Syriatel figure sur les listes de sanction de l’UE et des Etats-Unis.
Le HCR a déclaré qu’il était nécessaire de passer par Syriatel car c’est l’un des deux seuls réseaux de téléphonie mobile dans le pays et qu’il n’existe pas d’alternative réaliste car le gouvernement syrien s’opposerait probablement à toute tentative de l’ONU d’utiliser des téléphones satellite, ce qui serait aussi bien plus coûteux.
« L’importation et la mise en fonction de téléphones par satellite en Syrie requièrent l’approbation du gouvernement, qui est très difficile d’obtenir », a affirmé un porte-parole de l’Unicef. « Ils ne peuvent fournir un service complet […] à l’échelle de l’entreprise que mène l’Unicef afin de soutenir les enfants et les familles à travers l’ensemble du pays. »
De grandes ONG agissant dans le pays ne peuvent toutefois utiliser Syriatel car ils ne peuvent conclure des accords avec des compagnies qui figurent sur la liste de sanction de pays donateurs. Un haut responsable d’une ONG, s’exprimant anonymement, a affirmé qu’il ne pourrait offrir des services par le biais de Syriatel parce que l’entreprise est sous le coup de sanctions économiques de la part de l’UE et des Etats-Unis.
Une autre entreprise, dont le propriétaire est connu pour être lié à Assad et qui est un associé de Rami Mahklouf, a gagné un contrat de plus de 15 millions de dollars du HCR et bénéficie de contrats moins importants de l’Unicef.
Makhlouf n’est pas le seul homme d’affaires syrien qui réalise des profits grâce à l’ONU.
Transorient a passé un contrat d’une valeur de 386’711 dollars, bien que son propriétaire soit frappé par les sanctions économiques de l’UE et des Etats-Unis en raison de ses liens étroits avec le gouvernement syrien. L’Unicef a déclaré que l’argent pour Transorient a été payé pour l’usage d’entrepôts à Homs et à Tartous.
« Les options pour accéder à des installations d’entreposage en Syrie sont très restreintes. La sécurité, l’accès ainsi que des procédures lourdes réduisent le nombre d’espaces disponibles et en fonction. »
Altoun Group. L’United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East (UNRWA) a signé un contrat de 88’671.72 dollars avec l’Altoun Group, une compagnie aux mains de Salim Altoun, qui est sur les listes de sanction de l’UE depuis mai 2012.
L’UE affirme qu’Altoun « fournit un soutien financier au régime. Il est impliqué dans un plan par lequel l’Altoun Group exporte du pétrole syrien avec la compagnie Sytrol, figurant sur la liste, afin de procurer des revenus au régime. » L’UNRWA a déclaré au Guardian que l’argent versé était pour des générateurs et qu’Altoun ne figurait sur aucune liste de l’ONU.
La Syrian Computer Society disposait d’un contrat avec le HCR en 2013, d’une valeur de 30’000 dollars. La société est connue pour ses liens avec la Syrian Electronic Army, qui cible des personnalités de l’opposition, des médias internationaux ainsi que des gouvernements donateurs.
Le HCR affirme qu’il n’a pas d’autre choix que d’utiliser cette société car c’était le seul fournisseur d’accès internet disponible à l’époque.
Syrian Chamber of Commerce. La chambre, dont certains membres sont connus pour leurs liens avec Assad, a reçu 892’805.42 dollars des agences de l’ONU en 2013-14.
Une analyse des documents d’approvisionnement de l’ONU elle-même indique que ses agences ont fait des affaires avec au moins 258 autres entreprises syriennes, payant des sommes variant entre 54 millions et 30’000 dollars. (Article publié par le quotidien britannique The Guardian le 29 août 2016, traduction A l’Encontre)
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