Crise du capitalisme, crise de société
Quelles conséquences pour les jeunes, les salarié·e·s, les femmes, les immigré·e·s?
La crise: un terme qui, tous les jours, est prononcé sur les radios, à la TV et qui est répercuté dans la presse.
Ce terme évoque une sorte de maladie qui se manifeste de manière brusque et intense. Or, cette maladie dure depuis 2007. Un jour, les gouvernements, les (ir)responsables politiques et les banquiers affirment qu’elle est terminée. Le lendemain qu’elle est de nouveau présente. Cette oscillation permanente entre ces affirmations contradictoires exprime deux réalités.
• La première, cette crise est propre au système capitaliste. Un adjectif qu’il était difficile d’utiliser il y a encore cinq ans et qui aujourd’hui fait la une de la presse économique, dite respectable. En effet, cette crise a un goût de système et la couleur d’un système. Il faut donc bien le nommer: le capitalisme mondialisé.
• La deuxième: ceux qui dirigent ce système – et qui se camouflent derrière l’anonymat des ordres venus «des marchés», c’est-à-dire des très grands groupes industriels et financiers – s’efforcent d’imposer leurs solutions pour se sortir de cette crise. Autrement dit, ils veulent assurer une relance de leurs profits et, ainsi, renforcer l’appropriation de la richesse produite par une masse de salarié·e·s qui œuvrent à l’échelle de chaque pays et du monde. Pour le faire sans être trop contestés, leurs représentants politiques multiplient les annonces orchestrées sur la musique du «c’est la seule solution» afin que «demain cela aille mieux» !
Ils reprennent des chansons que des régimes autoritaires aimaient entonner: «aujourd’hui c’est dur, mais nous vous assurons que les lendemains seront merveilleux!» Un drôle de changement après l’heureux renversement du mur de Berlin et la fin de ce que certains osaient présenter comme du «socialisme».
Dès lors, selon eux: «il faut se serrer la ceinture aujourd’hui, pour être en forme demain dans la bataille de la compétitivité mondiale»; «il n’y pas d’autres solutions que s’endetter pour faire des études… ou alors travailler et étudier beaucoup et bien… en même temps»; «il faut hausser les taxes d’inscription à l’université, sans quoi l’université est en danger» ; «il faut travailler plus et plus vite, pour être plus productif»…sans se poser trop de questions sur ce que l’ «on» produit, pour quoi «on» le produit et pour qui «on» le produit.
Dans ce système, des centaines de millions de personnes – jeunes, vieux, hommes et femmes – se voient dénier le droit à l’accès ou l’insuffisance d’accès à des biens fondamentaux: nourriture de qualité, eau potable, soins de qualité, éducation de qualité, transport public et gratuit (ou très bon marché), loisirs de qualité, système de production d’énergie respectueux de l’environnement et non dispendieux… non pas parce que les moyens matériels, techniques, scientifiques d’assurer tout cela n’existent pas. Non, mais pour une raison: parce que cet accès est réservé, de manière très inégalitaire, à ceux qui disposent d’un pouvoir d’achat suffisant. La satisfaction de besoins essentiels pour l’humanité est conditionnée à la demande solvable et donc à la possibilité de rentabiliser les investissements de pas plus de 3000 grandes firmes à l’échelle du monde.
Un coup d’œil sur le monde réel – et pas sur celui de la publicité enchanteresse – suffit pour confirmer ce que nous affirmons. D’un côté, les firmes qui font les bénéfices les plus importants sont celles des produits de luxe, des voitures haut de gamme, etc. Ce sont aussi elles qui distribuent le plus de dividendes (les intérêts d’une action) à leurs actionnaires. De l’autre, l’ouverture d’un nombre croissant de «soupes populaires» ou de magasins hard discount afin de permettre à celle et ceux dont les salaires sont compressés de pouvoir se nourrir, même si la qualité de la nourriture porte atteinte à la santé. Et cela, bien que tous les jours, les médias nous disent que pour être en «bonne santé», il faut manger cinq fruits, cinq légumes, etc.… D’un côté, une incitation forte à acheter des véhicules motorisés, à crédit, avec leurs effets polluants divers; de l’autre côté, des transports publics toutes les années plus chers, insuffisants (et donc qui obligent à disposer d’une voiture pour se rendre au travail). D’un côté, il faut apprendre à « gérer le stress – aux études et au travail – pour être en forme»; de l’autre, des rythmes de travail de plus en plus durs et des évaluations lors des études de plus en plus harassantes et, souvent, vides de sens réel. D’un côté, un temps de travail qui doit être allongé – sur la semaine comme sur la durée de la vie – et, de l’autre, un chômage des jeunes (de 15 à 24 ans) qui devient alarmant: 1 sur 2 en Espagne, en Italie. Une réalité qui va tendre à se généraliser, avec les «petits boulots» et les «stages non payés».
Mais au même titre où il est possible de combattre une maladie, il est possible de s’opposer à ceux qui utilisent la crise née de leur système. Pour cela, il faut d’abord comprendre d’où vient cette crise capitaliste; comment elle s’exprime à la superficie (chômage, précarité, appauvrissement de couches entières); en quoi les inégalités sociales, les inégalités entre hommes et femmes, les discriminations contre les immigré·e·s font partie d’un même système; pourquoi les centrales nucléaires ont été un choix rentable des quelques grands groupes contrôlant la production d’énergie; etc.
Ensuite, il faut examiner les multiples voies empruntées par ceux et celles qui refusent de plier l’échine et de trouver cette crise comme «normale et naturelle», alors qu’elle est le produit d’une machine mise en place et contrôlée par une minorité qui veut commander aux machines et aux êtres humains.
Ce sont ces questions (et d’autres) que nous voulons discuter, ensemble, lors du week-end de discussions organisé par les jeunes du Mouvement pour le socialisme (MPS/BFS) à Rodi, Tessin, du 4 au 6 mai 2012.
Vendredi, 4 mai
Dès 20.00: Accueil
Samedi, 5 Mai
09:30 – 13:00: Précarité, chômage et pauvreté: trois facettes d’une même médaille ?
Les effets de la crise économique et sociale sont désormais de plus en plus visibles. Différentes enquêtes font état d’une dégradation des conditions de travail et de vie; alors même que le chômage a fortement augmenté au cours des dernières années. Les jeunes et les femmes sont les plus touchés. En outre, des secteurs croissants de la société connaissent une précarisation de leurs conditions d’existence. Mais comment peut-on l’expliquer ? S’agit-il d’une conséquence inéluctable de la crise économique ? Ou y a-t-il également un affrontement social portant sur la manière dont la richesse se produit et se redistribue? Quels en sont les enjeux?
13:00 – 14:00: Repas
14:30 – 17:30: Crise et rapports sociaux de sexe
Aujourd’hui les femmes sont affectées de façon différenciée et cumulative par la dégradation de leurs conditions de travail, la suppression de certains services sociaux, des différences de salaire avec les hommes pour des emplois similaires, ainsi que par une pression énorme exercée sur elles afin qu’elles satisfassent aux «normes sociales» (du «paraître» à la «double journée» de travail). L’oppression de genre n’est pas particulière à nos sociétés, puisqu’elle est très ancienne; elle connaît toutefois des formes nouvelles dans la société capitaliste. Elle s’articule également aux oppressions et aux inégalités de classes. Il est aujourd’hui urgent de se poser à nouveau les questions suivantes : comment la société capitaliste se nourrit de cette ancienne oppression et la redimensionne? Qu’est-ce que le genre? Quel rapport existe entre crise et rapports sociaux de sexe? Quels axes d’émancipation des femmes poser aujourd’hui ?
19:00: Repas
Dimanche, 6 Mai
09:30 – 11:30: La politique de l’UDC en Suisse: une réponse xénophobe à la crise?
Dans un contexte européen marqué par le retour d’une migration des jeunes – souvent très qualifiés – de pays comme le Portugal et l’Espagne vers la Suisse et d’autres pays en raison du chômage massif (entre 40 et 50% parmi les moins de 25 ans), les tentatives de repli et les réponses «xénophobes» fleurissent. Celles-ci tentent y compris certains secteurs de la «gauche». En Suisse, c’est toutefois bien l’UDC qui est la force politique qui hégémonise les «discussions» sur les questions migratoires, notamment avec sa nouvelle initiative contre «l’immigration massive». Au-delà de ladite question des «étrangers», l’UDC formule un projet de société conservateur et réactionnaire qui l’on doit comprendre dans son ensemble. Quel est le substrat idéologique de ce parti? Comment les politiques agressives que l’UDC défend influencent et radicalisent les pratiques de l’Etat et des autres partis dans la destruction des droits élémentaires de larges couches de personnes vivant en Suisse? Dans quel contexte social et économique général prennent-elles racine? Quels axes de réponses les socialistes doivent-ils défendre pour combattre ce cours, liant une bataille sur les droits fondamentaux et démocratiques avec une lutte contre l’exploitation et le racisme?
11:30–12:30: Conclusion du week-end: quelle politique face à la crise, quelles émancipations?
Après avoir débattu sur ces sujets, quelle continuité donner au débat? Quels axes politiques défendre ? Quelles perspectives émancipatrices ? Comment tisser des liens avec d’autres forces qui, en Europe, se posent des questions semblables ? Autant de questions brûlantes à débattre.
12:30: Repas
14:00 Départ
Lieu: Colonie dei sindacati, Fiesso, 6772 Rodi-Fiesso (Tessin)
Comment s’y rendre ? Un transport collectif est prévu depuis Genève, Lausanne et Fribourg. Pour s’inscrire, contacter Nicola (076/541.03.79) ou Aris (078/647.48.50) ou jmps@labreche.ch
Pour plus de détails: http://cerclelabreche.wordpress.com