Par Mathieu Magnaudeix
Le Monde électronique du 22 octobre 2010 affirme: «Les syndicats, relayés par les manifestations quotidiennes des lycéens contre la réforme des retraites, refusent de baisser les bras et ont appelé hier à deux nouvelles journées de mobilisation. Le 28 octobre, septième rendez-vous depuis la rentrée, sera une «journée nationale de grèves et de manifestations», et le 6 novembre 2010 «une journée de mobilisation avant la promulgation de la loi par le chef de l’Etat», selon l’intersyndicale. Hier, les lycéens ont manifesté en France alors que le Sénat décidait d’accélérer les débats en optant pour le «vote unique», sur les seuls amendements retenus par le gouvernement. L’hypothèse d’un vote de l’ensemble des mesures du texte cet après-midi au Sénat était probable, après quasi trois semaines de débat. Le PS, ainsi que des élus de gauche, des Verts et du Modem, ont dénoncé ce choix, le taxant de «coup de force» et de «déni de démocratie». La police a parallèlement continué à utiliser la force pour débloquer les dépôts de carburant dans l’espoir de ramener la situation à la normale dans quelques jours. La raffinerie de pétrole de Grandpuits, en région parisienne, en grève, a été réquisitionnée par les pouvoirs publics ce matin» (Red)
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Raymond Soubie s’est trompé. Véritable artisan de la réforme des retraites, le conseiller social de Nicolas Sarkozy depuis 2007, déjà artisan (en coulisse) de la réforme des retraites de Jean-Pierre Raffarin en 2003, avait fait plusieurs paris, démentis par les faits.
Ce connaisseur hors pair du monde syndical pensait qu’une concertation de plusieurs mois permettrait d’amadouer les confédérations, CFDT en tête ? François Chérèque a juré que, cette fois, il ne signerait rien avec le gouvernement. Et la base a poussé plus loin que Soubie ne l’aurait imaginé. Il pensait que le vote à l’Assemblée découragerait un mouvement social d’ampleur.
Un mois plus tard (vote du 15 septembre), le texte va être voté au Sénat (ce 20 octobre) mais manifestants et grévistes ne désarment pas, rejoints par les lycéens. Il avait même obtenu la tête de Xavier Darcos, ce ministre du travail qui avait osé s’émanciper de sa tutelle et défendait l’idée d’une «guerre éclair» avant l’été, craignant la cristallisation des mécontentements et un conflit long à la rentrée. Et c’est bien Darcos qui a eu raison.
Raymond Soubie a déjà annoncé son départ de l’Elysée. Il espérait partir auréolé d’une dernière victoire. Mais quelle que soit l’issue du mouvement social en cours, sa dernière mission aura échoué: l’Elysée n’a pas réussi à convaincre les Français de la «justice» de la réforme.
Les lectrices et lecteurs pourront consulter l’article intitulé Qui est Raymond Soubie ? du même Mathieu Magnaudeix de Mediapart, qui a été publié sur ce site le 24 septembre 2010. (Réd)
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