Lutter ensemble, faire grève: le seul choix raisonnable pour garder la CCT!
Gate Gourmet, l’un des leaders mondiaux de la restauration pour les compagnies aériennes, a décidé de résilier unilatéralement la Convention collective de travail (CCT) pour la fin de l’année 2013, entraînant l’introduction de nouveaux contrats individuels pour le personnel. La direction souhaite ainsi imposer des baisses salariales généralisées. L’État de Genève, propriétaire de l’établissement aéroportuaire, s’appuie sur un arrêté fédéral pour soutenir l’employeur dans cette démarche. Comme le Conseil d’État l’explique en réponse à la question urgente du Député au Grand Conseil M. Roger Deneys, «force est de constater que cette entreprise [Gate Gourmet] est désormais légalement soumise à la CCNT-HR du fait de l’extension de cette convention nationale» (2.10.2013). Le Conseil d’État fait référence à l’adoption, décidée par le Conseil fédéral le 12 juin 2013, d’un arrêté étendant le champ d’application obligatoire de la Convention collective nationale de travail pour l’hôtellerie-restauration (CCNT-HR) aux entreprises qui, à l’instar de Gate Gourmet, livrent des repas prêts à la consommation.
Les salaires minimums de la CCNT-HR sont ceux que la direction de Gate Gourmet souhaite imposer aux salarié·e·s. Ce plan est rejeté en bloc par le personnel massivement syndiqué. Les salaires ont déjà été revus à la baisse depuis la faillite de Swissair alors que les conditions de travail se sont fortement dégradées. La diminution constante des effectifs a permis à l’entreprise d’accroître considérablement la productivité au prix de la santé du personnel qui, lui, n’a bénéficié en aucune mesure du surplus de richesse produite. Nous sommes toutes et tous concerné·e·s, dans nos lieux de travail respectifs, par ce management qui favorise la rentabilité au détriment du bien-être des salarié·e·s.
Une vingtaine de salarié·e·s ont été obligés de se mettre en grève le 14 septembre 2013. Le personnel n’avait plus d’autres choix que de lutter ensemble pour préserver la CCT. C’est en effet le maintien de cette CCT qui leur a assuré une protection relative contre la baisse des salaires et la dégradation des conditions de travail au cours des dernières années. La direction de l’entreprise n’a toutefois pas hésité à engager des représailles contre cette lutte légitime. Six grévistes entrés dans l’entreprise sans autorisation pour rencontrer la direction ont été licenciés sur le champ. Voici une autre violation des Conventions n°87 et n°98 de l’OIT, par lesquelles la Suisse s’est engagée à protéger les délégués syndicaux et les représentants du personnel.
Le Conseil d’État serait en position d’exiger une médiation. L’aéroport est en effet une institution publique contrôlée par l’État et dirigée par un Conseil d’administration nommé par le Grand Conseil et le Conseil d’État. Ce Conseil d’administration est composé de représentants politiques tels que Eric Stauffer (maire d’Onex, député au Grand Conseil du MCG et candidat au Conseil d’État), Alberto Velasco (député du PS), Fabienne Fischer (ancienne présidente des Verts de la Ville de Genève) et de dirigeants tels que le banquier Pierre Mirabaud et l’industriel André Kudelski. Aucune entreprise ne peut exercer d’activité sur le site aéroportuaire sans une concession délivrée par Genève Aéroport.
Le gouvernement cantonal persiste à nier le dumping salarial. Il le répète encore dans son courrier du 30 octobre 2013 adressé au syndicat SSP-VPOD: «Notre Conseil constate [par l’extension de la CCNT-HR aux repas prêts à la consommation qu’une] réglementation à travers le partenariat social est maintenue. Une convention collective de travail est un dispositif négocié entre organisations patronales et syndicales, il paraît sensé de partir du principe que ce dispositif ne contiendra pas de dispositions favorisant la sous-enchère salariale.» La résolution «Pas de dumping salarial à l’aéroport. Pas de lock-out déguisé» (R746) déposée au Grand Conseil est donc cruciale pour les grévistes. En approuvant cette résolution, le Grand Conseil pourrait contraindre le Conseil d’État à intervenir contre le dumping salarial pratiqué par les entreprises présentes à Genève Aéroport, en appuyant la reprise des négociations entre le syndicat SSP-VPOD et Gate Gourmet.
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