Syrie. Pressions pour des négociations à tout prix

Ahmad al-Jabra
Ahmad al-Jabra

Par Maha Salem

Tentant de trouver un soutien de la communauté internationale, le président de la Coalition nationale syrienne (CNS) a fait une tournée dans les pays occidentaux. Les dirigeants de cette Coalition ont appelé vendredi dernier à New York le Conseil de sécurité des Nations Unies à exercer davantage de pression internationale sur le régime de Bachar el-Assad, pour mettre fin au conflit. Cette première rencontre entre les 15 pays membres du Conseil de sécurité et l’opposition syrienne a surtout mis en évidence les divisions qui persistent sur la façon de résoudre le conflit. «Nous avons besoin d’une pression internationale bien plus forte, pour que le régime d’Assad accepte une transition politique», a déclaré Ahmad Jabra [dont la trajectoire politique reste à clarifier –réd. A l’Encontre], le nouveau président de la Coalition nationale syrienne (CNS).

Avant cette rencontre, Jabra avait exhorté le secrétaire d’Etat états-unien John Kerry à faire en sorte que Washington livre rapidement des armes aux rebelles. «Assad cherche la victoire militaire en utilisant un arsenal allant des armes chimiques aux bombes à fragmentation», a expliqué Jabra, dans un communiqué publié après sa rencontre avec Kerry. En effet, l’administration américaine, qui soutient les rebelles, leur avait promis un accroissement de son aide militaire en juin 2013 [à partir de stocks déposés en Arabie saoudite], après avoir accusé le régime d’Assad d’avoir utilisé des armes chimiques. «Tant que le régime n’aura pas accepté de solution politique, nous aurons besoin de nous protéger», a déclaré Jabra, tout en ajoutant que l’opposition syrienne est à 100 % déterminée à mettre en place une démocratie ouverte à tous les Syriens, peu importe leur religion ou leur origine ethnique.

Plus tôt dans la semaine, il avait lancé un appel similaire à la France lors d’une étape à Paris. Mais Jabra n’a pas réitéré son appel devant le Conseil de sécurité. En revanche, il a estimé que «tant que le régime d’Assad menait la guerre contre le peuple syrien, l’opposition avait le droit de se défendre». La réunion avec les 15 pays n’avait qu’un caractère informel, car la Russie, principal soutien de Bachar el-Assad, a estimé qu’une rencontre officielle aurait eu valeur de reconnaissance à l’égard de la CNS.

Selon Mark Lyall Grant, ambassadeur du Royaume-Uni et organisateur de la rencontre, l’opposition a fait passer un message positif, car elle a rejeté l’extrémisme et a préféré mettre l’accent sur la démocratie.

Essayant d’améliorer sa position, la CNS se réunira les 3 et 4 août à Istanbul pour travailler sur la Constitution d’un gouvernement provisoire. L’un des vice-présidents de la Coalition, Suheir Atassi, avait évoqué cette réunion en parlant des tentatives de renforcer la position de la Coalition grâce à la formation d’un exécutif provisoire. Celui-ci devrait permettre à l’opposition d’être représentée dans les instances internationales et d’ôter la légitimité du président syrien Bachar el-Assad.

De son côté, Jabra a espéré pouvoir annoncer la constitution de ce gouvernement provisoire dans un délai d’un mois. «Nous avons formé une commission politique de 19 membres, juste après les élections (début juillet), qui est en charge du volet politique dans sa totalité, et cette commission prendra des décisions souveraines.» Il faut que ce gouvernement travaille à l’intérieur même de la Syrie dans les zones libérées malgré les difficultés en termes de sécurité, en termes militaires. «Ce gouvernement prendra sa responsabilité nationale en ce sens», a expliqué Jabra.

Tout au long de sa visite en France la semaine dernière, la délégation syrienne s’est efforcée de présenter une image de rassemblement de ses diverses composantes et a proclamé sa volonté d’être davantage présente à l’intérieur de la Syrie.

Plein contrôle

Cependant, la question de l’organisation d’une nouvelle conférence de paix à Genève n’a connu aucune avancée. L’opposition s’oppose à ce que Bachar el-Assad joue un rôle dans un futur gouvernement de transition et insiste pour avoir le plein contrôle des forces de sécurité. Exerçant une forte pression, les Etats-Unis et la Russie poursuivent leurs efforts en vue d’organiser une telle conférence, mais cela semble difficile, en raison des désaccords majeurs sur son objectif et ses participants, ainsi que de la poursuite de la guerre sur le terrain. Le chef de la diplomatie américaine a déclaré que «l’opposition syrienne a assuré que (la future conférence de paix) Genève-2 est très importante, et elle a accepté de travailler au cours des prochaines semaines pour se mettre d’accord sur les termes et les conditions sous lesquels elle estime que (la conférence) peut fonctionner». Pour sa part, l’ambassadeur russe Vitali Tchourkine, pour lequel les pourparlers devraient avoir lieu sans conditions, a reconnu: «Il y a très clairement des obstacles à franchir avant que la conférence ne puisse être organisée.» Avis partagé par les pays occidentaux. Ils ont pressé la délégation syrienne à être plus ouverte aux discussions et aux pourparlers politiques [l’échec irakien leur sert de politique: assurer une continuité de l’appareil d’Etat d’Assad]. (Publié dans Al-Ahram, le 31 juillet 2013)

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