Hollande en haut, Sarko en lambeaux

Le «patron» de l'UMP, Jean-François Copé; Alain Juppé en «arrière-fond»

Par Hubert Huertas

Au-delà des arguments, des arguties, des habillages, des enfumages, et des autosuggestions, les résultats du premier tour de ces législatives sont nets. La gauche est forte, la droite est affaiblie, le sarkozysme est en lambeaux.

• Sous réserve de confirmation au second tour, l’événement d’hier soir c’est l’avènement du «Hollandisme politique».

• Régime alimentaire mis à part, Hollande avait pris du volume pendant la campagne. Moqué par les siens, méprisé par le sortant, il avait surpris par sa résistance personnelle.

• Mais sa simplicité feinte ou réelle de président, son refus des à-coups et des coups, sa présence nette, mais sans clairon sur le plan international, sa photo officielle, son gouvernement pas plus tonitruant que la voix de Jean-Marc Ayrault, tout cela valait un certain scepticisme, qui faisait rêver la Droite.

• Résultat: tous les ministres font de bons scores. Ayrault élu; Cazeneuve élu; Lurel élu; Cuvilier élu; Batho élue, Touraine 44,7; Filipetti 43,5; Sapin 46,5; Cahuzac 46,8; Le Foll 46,1; Hamon 45,3« Duflot 48,7; etc. Seule Marie Arlette Carlotti, dans une circonscription très difficile à Marseille, devra batailler au second tour.

• Ce gouvernement «léger» ne comprend donc que des poids lourds.

• Deuxième constat: la droite. A force de répéter que Nicolas Sarkozy n’avait perdu que d’un souffle, elle avait fini par se convaincre qu’elle n’avait pas été battue. Ou pas vraiment. Ce matin 11 juin 2012, les chiffres sont là. En 2007, si l’on cumule l’UDF qui deviendra majoritairement le Nouveau Centre, les divers-droite, le Mouvement pour la France, les chasseurs et l’UMP, on atteint les 54%.

• Hier soir la droite hors Front National était 20 points au dessous, à 34,7. Quarante pour cent de baisse. Ce n’est pas un bémol.

• Néanmoins, la droite va conserver des troupes à l’Assemblée nationale et entrer dans l’opposition avec des forces dépassant les 200 voire 220 députés, voire 260. Donc la droite existe encore et elle existera.

• Ce n’est pas le cas du Sarkozysme. De nombreux ministres de l’ancien gouvernement ont tenu bon: Jean Léonetti 51%; Laurent Wauquiez 49,7%; François Baroin 41%. Mais les plus emblématiques de la Sarkozie sont en délicatesse. Nathalie Kociusko-Morizet n’est pas tirée d’affaire; Xavier Bertrand non plus; Frédéric Lefêvre envoyé dans une circonscription imperdable en Amérique du Nord est en difficulté; Nadine Morano est en ballotage défavorable; Claude Guéant et Henri Guaino ont à faire face à des dissidences lourdes; Balkany a perdu beaucoup de terrain; Manuel Aeschliman et Benjamin Lancar jeunes étoiles de l’ancien président n’ont pas brillé la nuit des élections…

• En fait, le sarkozysme est devenu une force départementale, plus dans les Haut-de-Seine, mais désormais dans les Alpes Maritimes. En janvier dernier, Nicolas Sarkozy avait confié qu’il préférerait aller au Carmel qu’animer des sections UMP, en cas de défaite. S’il devait changer d’avis il n’aurait plus qu’à s’installer à Nice.(11 juin 2012, Billet sur France Culture)

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Jean-Luc Mélenchon

Après-demain, nous aborderons quelques questions à propos des forces «à gauche du PS». Pour rappel, le PCF avait 19 élu·e·s à l’Assemblée nationale sortante. Combien le Front de Gauche en aura-t-il? Et dans le lot, qui n’appartiendra pas au PCF? L’Humanité, en date du 11 juin 2012, écrivait, ans un article intitulé «A Hénin-Beaumont, le jour d’après»: «Jean-Luc Mélenchon arrive derrière le candidat socialiste Philippe Kemel, en dépit de 1000 voix et 7 points de plus qu’à la présidentielle. Sans attendre les résultats finaux, dimanche soir 10 juin, le candidat du Front de gauche a décidé de jeter l’éponge pour le second tour afin de ne laisser aucune chance à Marine Le Pen de gagner. «L’évolution est nette, mais pas suffisante pour être à la première place à gauche», estime Lucien, militant du Front de gauche présent, hier place Wagon, à Hénin-Beaumont, où Jean-Luc Mélenchon, juché sur une camionnette, a prononcé son discours. Comme Lucien, beaucoup de militants ont fait le déplacement, après avoir tenu les bureaux de vote de la onzième circonscription du Pas-de-Calais.» Et l’article, poursuit: «Sans aucune surprise [sic !], Marine Le Pen arrive en tête des candidats. Défrichant le terrain depuis cinq années, elle récolte des résultats largement supérieurs à ses adversaires. Son score (42,36%) est bien au-delà de celui qu’elle a réalisé en 2007 (24,5%). Le sondage de l’Ifop est sans équivoque, il montre que les jeunes (53% des moins de 25 ans) et les ouvriers (56%) lui accordent volontiers leur voix. Sur le terrain, nous l’avons effectivement constaté. Peu de personnes interviewées cachent leur préférence pour l’extrémiste [Marine Le Pen]. Jean-Noël, ouvrier devenu chef d’équipe, que l’on a rencontré la semaine dernière devant Faurecia, entreprise d’équipement automobile, explique son choix: «Elle est venue devant l’usine trois ou quatre fois. Elle est conviviale, sait nous parler. Elle a beaucoup de bonnes idées, comme la sortie de l’euro. La baguette coûte 65 centimes, vous vous rendez compte?» «Ici, affirme-t-il, 80% des gens votent pour elle.»

Ceux qui, en toute bonne conscience, proposaient une alliance entre le PS français et  le Front de Gauche, dans le bimensuel genevois-vaudois solidaritéS, vont affiner leur analyse. Aucun doute, à ce propos. En effet, le «fond de l’air n’est-il pas rouge» dixit? (Rédaction A l’Encontre)

1 Commentaire

  1. Jean-Luc Melenchon a perdu un pari risqué. Sous couvert d’un affrontement direct avec Marine Le Pen, il espérait être élu dans une circonscription tenue jusqu’alors par le PS et dans la foulée revendiquer la présidence du groupe parlementaire du Front de Gauche. Après l’effet Melenchon aux présidentielles, campagne tonitruante et résultat plus qu’honorable, le PCF aurait eu du mal à refuser. L’échec de Melenchon ôte probablement une épine du pied aux dirigeants communistes.
    Il reste que le résultat des législatives est beaucoup moins probant, même s’il progresse par rapport à celui du PCF en 2007 : perte de députés, montée du vote PS. Le Front de Gauche s’installe dans le paysage comme une force réformiste à gauche du PS, dominée par le PCF et à la dynamique sans doute enrayée.

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