Le Parti travailliste et les élections au Royaume-Uni

Keir Starmer.

Par Pat Stack

[Pat Stack est membre de l’organisation rs21 – Revolutionary Socialism in the 21st Century. Rs 21 se définit comme anti-stalinienne et cherche, selon elle, à «enrichir la tradition marxiste en s’inspirant du meilleur des mouvements radicaux anticoloniaux, féministes et antiracistes qui ont émergé au cours du siècle dernier. – Réd.]

Alors que nous entamons une campagne électorale, les conservateurs (Tories) sont si loin dans les sondages que l’élection d’un gouvernement travailliste semble être une certitude. [Selon les derniers sondage, le Labour se situe à hauteur de 37% des intentions de vote pour les élections législatives du 4 juillet. Le parti d’extrême droite de Nigel Farage, Reform UK, à 19% et les Tories à 18%. Ce qui est apparu comme un séisme politique.]

Les Tories sont en plein désarroi, réduits à l’état de «ruines» après l’impasse des années Theresa May [juillet 2016-juillet 2019], le chaos de l’ère du partygate de Boris Johnson [juillet 2019-septembre 2022] et la pagaille totale de l’intermède Liz Truss [6 septembre 2022-25 octobre 2022].

Sous Rishi Sunak [début du mandat 25 octobre 2022], le parti s’est encore enfoncé dans un marasme de querelles sectaires et partisanes. De plus en plus, il semble se détacher de son rôle historique d’articulation et de représentation des intérêts du grand capital et, au contraire, il articule et défend de plus en plus les préjugés de la petite bourgeoisie. Il s’agit d’un processus à long terme, qui a véritablement trouvé sa voix lors du référendum sur le Brexit et qui s’est considérablement accéléré depuis.

Ce que cela signifie pour les perspectives à long terme du Parti conservateur, en particulier avec la croissance du parti populiste de droite Reform UK [fondé en janvier 2019], n’est pas très clair. Et c’est un sujet qui mérite d’être examiné en soi, mais qui n’entre pas dans le cadre de cet article.

Comme nous l’avons déjà dit, cette pagaille place les travaillistes dans une position extrêmement forte. Ils sont même plus avancés dans les sondages que dans les mois qui ont précédé la victoire écrasante de Tony Blair [en 1997] sur John Major [novembre 1990-mai 1997]. Malgré cela, Keir Starmer et ses acolytes se comportent et parlent comme si un seul faux pas radical, une seule déclaration ou politique qui ne plaise pas aux tabloïds, allait leur coûter l’élection.

En réalité, ils savent bien sûr que ce n’est pas le cas – il n’y a pratiquement rien qu’ils puissent faire ou dire maintenant qui permettrait aux conservateurs de revenir. La vérité, c’est qu’ils ne sont pas (pour l’essentiel) prudents vis-à-vis de l’électorat, mais qu’ils disent clairement aux «capitalistes britanniques» qu’ils peuvent leur faire confiance. Nous sommes le parti qui veillera à vos intérêts.

Ils rassurent les grandes entreprises en leur disant que même les réformes qu’ils ont proposées ne seront mises en place et, si nécessaire, amendées, modifiées ou supprimées qu’après les avoir consultées.

Keir Starmer a été élu à la tête du Parti travailliste [en avril 2020] comme une sorte de candidat «Corbyn-lite» (un Corbyn allégé), dressant une liste de promesses de poursuite de nombreuses réformes proposées par Jeremy Corbyn. Mais il est revenu sur pratiquement toutes ces promesses. Il est revenu sur les augmentations progressives d’impôts, affirmant que la charge fiscale est trop élevée. La chancelière de l’Echiquier du Cabinet fantôme, Rachel Reeves [en fonction depuis mai 2021], a exclu l’idée d’un impôt sur les résidences, d’une augmentation de l’impôt sur le revenu pour les plus hauts salaires ou d’une égalisation de l’impôt sur les plus-values [qui sont moins taxées que le revenu]. Ils ont également fait marche arrière sur la suppression du plafond des allocations pour deux enfants, refusé d’abolir les frais de scolarité pour les étudiant·e·s et fait savoir très clairement que les réformes de la législation du travail d’Angela Raynor [elle occupé divers postes dans le Cabinet fantôme depuis 2016 sous Corbyn; depuis avril 2020 elle se retrouve à diverses fonctions dans le Cabinet fantôme de Starmer] seraient modifiées si les grandes entreprises s’y opposaient.

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Ainsi, alors que de nombreuses personnes sont désespérées, qu’elles survivent à peine grâce aux allocations, qu’elles vivent grâce à des banques alimentaires, qu’elles sont incapables de payer leur loyer, leur hypothèque et qu’elles souffrent en général de l’augmentation du coût de la vie, et alors que les conseils locaux font faillite et suppriment des services vitaux, Keir Starmer dit au capital britannique: «Ne vous inquiétez pas, nous ne taxerons pas et ne dépenserons pas pour nous en sortir, nous serons fiscalement responsables.»

Comment, dès lors, pourront-ils offrir davantage que ce que font actuellement les conservateurs? Ils parlent ici de «croissance économique» comme étant la panacée. Cependant, comme l’a souligné l’économiste James Meadway [a enseigné dans diverses universités, auteur avec Costas Lapavitsas et Doug Nicholls de The Cost of Living Crisis, Verso 2023]:

«…il s’agit d’une calamité sociale et politique qui ne demande qu’à se produire. Nous ne sommes plus dans les années 1990 et au début des années 2000, où quelques années de restrictions budgétaires pouvaient être supportées et où le niveau de vie s’améliorait largement. Nous nous apprêtons à subir de plein fouet un “réformisme sans réformes”, dans des conditions de stress et de troubles écologiques sans précédent, avec une droite radicale de plus en plus organisée et financée qui attend dans les coulisses. Le décor est planté pour une nouvelle dérive autoritaire.»

Pourtant, la croissance reste le mantra de Starmer, mais la réalité est que les travaillistes n’ont pas de véritable stratégie de croissance. Au départ, ils ont présenté une vision de la croissance fondée sur un «plan d’investissement vert» dans lequel ils investiraient 28 milliards de livres, mais ils ont depuis réduit les dépenses prévues à moins de 15 milliards de livres. Seul un tiers de ce montant est constitué d’argent additionnel qui s’ajoute à ce que les Tories avaient déjà budgété.

Ainsi, leur principale alternative à la répartition des richesses, un plan de croissance, est déjà en panne, comme le souligne Sharon Graham, dirigeante du syndicat Unite: «La suppression des règles de construction et le bricolage dans le secteur public ne vont pas apporter une croissance sérieuse  – c’est pour les pigeons», tout comme l’(in)existence de quelque plan sérieux pour s’attaquer à la crise climatique.

Comme pour souligner où se situe leur véritable loyauté, certains d’entre eux se sont tournés vers Margaret Thatcher et, bien qu’ils aient critiqué nombre de ses politiques, ils ont atténué ces critiques en faisant l’éloge de cette championne du capitalisme néolibéral et de l’ennemie la plus farouche des droits des travailleurs et travailleuses et de leur niveau de vie. Rachel Reeves a même déclaré: «Les femmes de ma génération ont bien sûr été influencées par Margaret Thatcher.» Peu après, Starmer a déclaré que Thatcher «a cherché à sortir la Grande-Bretagne de sa torpeur en libérant notre esprit d’entreprise naturel». Enfin, pour ne pas être en reste, le secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères du Cabinet fantôme, David Lammy, a déclaré qu’elle «était une leader visionnaire pour le Royaume-Uni, cela ne fait aucun doute».

En effet, l’éloge de Starmer pour «libérer notre esprit d’entreprise naturel» semble être une approbation d’au moins une partie des politiques économiques et antisyndicales qui ont apporté la misère à des millions de travailleurs et travailleuses.

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Si les travaillistes n’offrent rien de progressiste sur le front économique, ils n’ont pas non plus élevé une voix claire dans l’opposition à la brutalité de la droite dure du gouvernement actuel. Les attaques incessantes contre les migrants et les immigrés en général, les musulmans, les transgenres et le «wokism» ont été au cœur de la «guerre des cultures» menée par les conservateurs. La manière vicieusement raciste et sexiste dont ils ont traité Diane Abbott en est un exemple emblématique [secrétaire d’Etat à l’Intérieur du Cabinet fantôme sous Corbyn d’octobre 2016 à avril 2020; elle a été suspendue du parti suite à une lettre publiée par The Observer où elle comparait le racisme subi par les Noirs – ce qu’elle a vécu – aux préjugés frappant les Juifs et les Irlandais].

Sur toutes ces questions, il convient de dire que les travaillistes ont un regard sur l’électorat, mais c’est un regard qui est guidé par l’hypothèse selon laquelle, en dehors des grandes villes du Nord, la classe ouvrière (blanche) du Nord est presque entièrement un bloc réactionnaire borné. Pendant les années Blair, les travaillistes ont traité cette partie de la classe ouvrière avec un mépris presque négligent. Ils voteraient travailliste quoi qu’il arrive, supposait-on, alors pourquoi adapter ses politiques à leurs besoins.

Depuis le Brexit [vote en juin 2016 et retrait de l’UE en janvier 2020], cependant, les deux grands partis en sont venus à considérer ces travailleurs comme bornés, xénophobes, nationalistes et essentiellement réactionnaires sur le plan social. Toute la stratégie des conservateurs semble reposer sur la conviction que le moyen de gagner leur cœur et leurs voix est de faire appel à cette intolérance sociétale, et l’approche des travaillistes n’est guère différente. Ils ont été au mieux lâches, au pire carrément réactionnaires lorsqu’il s’est agi des «guerres culturelles».

Les travaillistes se sont opposés au plan des conservateurs pour le Rwanda [expulsion vers le Rwanda des migrant·e·s dits illégaux] en raison de son inefficacité, de son coût et d’une efficience improbable. Dans l’ensemble, ils ont évité de dénoncer le racisme, la brutalité et l’inhumanité pure et simple d’un tel plan. Ils ont rarement manifesté de la sympathie pour les victimes potentielles, ou même pour les petits bateaux de réfugiés [qui traversent la Manche et coulent].

Il ne fait aucun doute qu’un futur gouvernement travailliste supprimera le plan, qui est après tout largement inapplicable et inefficace, et qui est devenu le dernier signe d’identité désespéré d’un gouvernement conservateur moribond plutôt qu’un plan cohérent et réalisable pour atteindre ses objectifs réactionnaires.

L’abandon du plan ne doit cependant pas être considéré comme une rupture majeure du Labour avec les politiques anti-migrants. Par exemple, le Daily Express a récemment publié un article de Josh Simons, directeur du très influent groupe de réflexion travailliste Labour Together, sur la politique d’immigration, dans lequel il déclare: «Le gouvernement n’a pas amélioré la situation de la famille ouvrière moyenne, il s’est contenté d’augmenter notre population.» Les migrants «devraient contribuer au pot avant d’en prendre», et «les maisons devraient être construites pour les citoyens britanniques avant ceux qui vivent ici temporairement».

De même, sur la question des droits des transgenres, d’éminentes personnalités travaillistes ont passé beaucoup de temps à revenir sur leurs positions antérieures en faveur des transgenres et ont utilisé le rapport Cass (Independent Review of Gender Identity Services for Children and Young People, établi sous la direction d’Hilary Cass, publié en avril 2024) comme couverture pour transformer une reculade prudente en un véritable galop d’essai.

Il est intéressant de noter que Wes Streeting, le détestable secrétaire d’Etat à la Santé et à la Sécurité sociale du Cabinet fantôme [depuis novembre 2021] a récemment semblé combiner la poursuite d’une politique économique de droite avec l’utilisation de clichés «anti-woke». Parlant de l’augmentation de la participation du secteur privé dans le NHS-National Health Service, il a écrit: «Les gauchistes de la classe moyenne n’empêcheront pas les travaillistes d’utiliser le secteur privé pour réduire l’arriéré du NHS» [selon l’Institute for Fiscal Studies, aussi bien pour les interventions que pour les diagnostics, les listes d’attente resteront plus longues – elles concernent des millions de personnes – jusqu’en 2030 que celles antérieures à l’explosion du Covid].

En d’autres termes, la lutte contre la dérive droitière du Labour est l’apanage d’une gauche à la mode, confortablement installée, une version travailliste du «les seules personnes qui n’aiment pas cela sont celles de la circonscription d’Islington» [circonscription où se présente à ces élections Jeremy Corbyn comme candidat indépendant].

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Et puis il y a la Palestine. Les travaillistes ont toujours été un parti pro-sioniste et, ironiquement, c’est la question qui risque le plus de leur coûter des voix lors des élections.

Il ne fait aucun doute que l’impact des très grandes manifestations [pour l’arrêt des bombardements sur Gaza et les droits des Palestiniens] et la crainte de votes serrés dans certaines circonscriptions ont conduit le Parti travailliste à se détourner de son soutien inconditionnel initial à toutes les actions d’Israël. Toutefois, en fin de compte, un gouvernement travailliste fera et dira ce que tous les gouvernements britanniques ont plus ou moins fait depuis la crise de Suez en 1956, c’est-à-dire tout ce que les Etats-Unis dictent, quel que soit le régime en place aux Etats-Unis.

Cela ne devrait pas nous surprendre. Le Labour a toujours été un parti pro-impérialiste; même son gouvernement le plus à gauche, sous Clement Atlee [premier ministre de juillet 1945 à octobre 1951], différait peu des gouvernements conservateurs qui l’ont précédé et succédé en matière de politique étrangère.

Le fait que Starmer ait suivi Sunak à propos de Gaza et qu’il se soit clairement engagé à augmenter les dépenses d’armement et à développer le Trident [sous-marin nucléaire] ne permet guère de douter que son gouvernement sera différent de ses prédécesseurs travaillistes à cet égard.

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Ainsi, avec l’absence de changements radicaux en matière d’économie, une réticence à affronter la droite dure et une position déplorable sur Gaza, il n’est pas étonnant qu’en dépit de leur énorme avance dans les sondages, le projet Starmer ne suscite guère d’enthousiasme véritable, même parmi la plupart des nombreux électeurs et électrices qui voteront pour lui. Le cynisme de la gauche travailliste à l’égard de Tony Blair était grand avant sa première victoire électorale, mais dans la population en général, il y avait une réelle attente et un réel enthousiasme. Cette fois-ci, il semble que ce ne soit pas le cas. Les gens détestent les conservateurs et veulent les voir réduits en miettes lors des élections. Le Parti travailliste de Starmer est clairement le véhicule qui permettra d’atteindre cet objectif. C’est cela, plus que l’enthousiasme pour le projet de Starmer, qui les portera au pouvoir.

Cela ne veut pas dire que plus les élections approchent, plus les gens sont enthousiastes. Il serait stupide de ne pas s’attendre à une montée tardive des espoirs. Et, bien sûr, la joie de voir les conservateurs se faire laminer sera grande. Toutefois, cette joie se transformera rapidement en désillusion. Le défi pour la gauche est de faire entendre sa voix pour une véritable alternative à la trahison des travaillistes.

Ce défi viendra certainement de l’extérieur des structures du Parti travailliste. Il est difficile de voir un renouveau de la gauche au sein du Labour. La défaite du projet Corbyn a conduit un grand nombre de personnes à quitter le parti, et ceux qui sont restés malgré la défaite semblent en grande partie sans voix, très démoralisés et sans idée claire de la façon dont la gauche peut renaître dans un environnement hostile étroitement contrôlé.

Il est important que Corbyn se soit engagé à se présenter en tant qu’indépendant à Islington. Il a une réelle chance de gagner et sa présence au parlement peut fournir une plateforme pour des idées alternatives qui parlent à beaucoup de ceux qui ont participé à la vague de grèves de ces deux dernières années. Ceux-ci s’attendront ou du moins espéreront contre toute attente que le nouveau gouvernement reconnaisse leurs griefs. Cela peut conduire à une nouvelle résistance extraparlementaire.

La plupart des dirigeants syndicaux vont appeler à la patience face au nouveau gouvernement et tenter désespérément d’établir une relation confortable avec le régime Starmer. Avant même l’annonce des élections, ils ont fait savoir qu’ils étaient prêts à être «patients» avec le nouveau gouvernement travailliste. Mais Starmer, qui n’a pas d’alternative radicale à la situation actuelle, voudra montrer au capitalisme britannique qu’il n’est pas à la botte des syndicats et qu’il est prêt à leur tenir tête.

Ce n’est pas seulement sur le front économique que l’opposition risque de se renforcer. Les travaillistes voudront montrer qu’en dépit de l’abandon du «programme rwandais», ils sont intransigeants en matière d’immigration. Cette attitude suscitera la colère de ceux qui ont voté pour eux.

Ceux qui se sont battus contre les événements de Gaza et qui ont été radicalisés par ceux-ci continueront très probablement à descendre dans la rue sur cette question, et de plus en plus sur la trahison générale des travaillistes.

Les militants pour le climat resteront probablement très mobilisés, car les travaillistes ne parviennent pas à faire des réformes significatives sur ces questions à l’ordre du jour.

Une génération d’étudiant·e·s qui n’a connu qu’un gouvernement conservateur depuis son enfance verra certainement ses espoirs soulevés puis anéantis par un gouvernement travailliste. Les récentes agitations sur les campus, à propos de Gaza, suggèrent qu’un renouveau de la lutte étudiante pourrait être à l’ordre du jour dans les années à venir.

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Pour ceux d’entre nous qui, au sein de notre courant, sont en relation avec ces étincelles, cette colère, il sera essentiel d’expliquer pourquoi le Labour échoue, pourquoi le projet Corbyn en est arrivé là, et quelle est notre vision alternative, à la fois dans la résistance immédiate et dans la transformation vers un monde différent.

Notre courant rs21 n’a jamais fonctionné sous un gouvernement travailliste, ce sera une nouvelle expérience pour nous en tant qu’organisation, et pour beaucoup de nos membres et sympathisants. Nous serons confrontés à de nouveaux défis et à de nouvelles opportunités.

Même si Starmer suscite un énorme scepticisme, nous ne devons pas sous-estimer le sentiment de trahison que les gens éprouveront face à ce qui promet d’être un gouvernement détestable. Nous devons proposer une vision alternative et ne pas nous contenter de dire «je vous l’avais bien dit».

En outre, nous devrons être conscients que la droite et l’extrême droite s’empareront de l’incapacité des travaillistes à faire face à la crise du coût de la vie, de leur incapacité à résoudre la crise de l’immigration malgré des mots durs, et du fait que l’immigration restera vitale pour l’économie britannique.

Il est difficile de prédire entièrement ce que feront les Tories, mais il est presque certain qu’ils éliront un leader à la droite de Sunak, et que leur rhétorique populiste anti-immigrés en particulier et leur rhétorique de «guerre culturelle» en général deviendront encore plus fortes et plus brutales qu’elles ne le sont actuellement. Des groupes comme Reform UK et la droite fasciste à part entière essaieront de s’emparer du terrain que les Tories sont en train de creuser.

Les socialistes devront être prêts à se lancer dans ces batailles, tout comme nous l’avons fait pour la mobilisation en faveur des droits des Palestiniens.

Les candidats de gauche seront plus nombreux que d’habitude à se présenter aux élections. Il faut s’en réjouir et, en général, les socialistes devraient voter pour ces candidats, mais avec quelques avertissements.

Tout d’abord, s’il est bon de voir des groupes et des militants pro-palestiniens désireux de s’opposer aux travaillistes lors des élections, il est également nécessaire de s’opposer à ce qu’une stratégie électorale devienne le centre d’intérêt de la campagne. Les manifestations, les piquets, les sit-in, les occupations, les actes de désobéissance civile ont été essentiels pour garantir que la conscience de masse soit largement pro-palestinienne. Cela a empêché les conservateurs et les sionistes d’écraser l’opposition. Une position électorale peut contribuer à renforcer le mouvement tant qu’elle ne le domine pas.

Deuxièmement, il est important de comprendre que ce n’est que dans un nombre relativement restreint de sièges que le candidat de la «gauche du Labour» pourra offrir une alternative viable capable de recueillir une part importante des voix et de construire sur le terrain après l’élection.

Pour rs21, ce que nous ferons lors des élections signifiera une évaluation réaliste de la situation dans notre région. Que nous fassions de la propagande générale et poursuivions nos activités autour de la Palestine et d’autres questions, ou que nous travaillions sérieusement autour d’un candidat particulier, cela dépendra de notre évaluation locale, plutôt que d’avoir une approche unique.

Pour les socialistes révolutionnaires, les élections ne sont jamais l’événement clé, mais elles sont importantes. Plus nous nous approchons des élections, plus la plupart des gens s’y intéressent. Pour rs21, cela signifie qu’il faut se rattacher à l’espoir, à la joie de voir les conservateurs battus, poursuivre les luttes clés dans lesquelles nous sommes impliqués et veiller à ce que ces questions soient entendues pendant la campagne électorale. En même temps, nous devons être la voix qui explique à tous ceux avec qui nous entrerons en contact pourquoi Starmer échouera et pourquoi nous avons besoin d’une véritable alternative socialiste au Labour et à la politique parlementaire. (Article publié sur le site américain Tempest le 12 juin 2024; traduction rédaction A l’Encontre. Nous reviendrons sur les orientations de divers courants socialistes révolutionnaires au Royaume-Uni à l’occasion de ces élections)

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