France. «La bataille du rail»

Par SUD-Rail (10 avril 2018)

SUD-Rail remercie les ADC [Agents de conduite] qui se sont mis massivement en grève. Avec 80% de grévistes (chiffre minoré de la direction), les ADC ont montré leur détermination. Nous les encourageons à amplifier la mobilisation pour faire reculer le gouvernement et la direction SNCF. Pourtant, personne n’est dupe, comment se fait-il que seulement 10% des trains roulent alors que la direction annonce 80% des ADC en grève le premier jour?

SUD-Rail dénonce ces chiffres, par ailleurs les conducteurs «occasionnels» non grévistes ne sont pas soumis à DII [déclaration d’intention individuelle], ce qui rajoute des ressources pour effectuer des trains.

Cette réforme est une escroquerie, un service public est par définition non rentable. Pour une meilleure qualité de service, il faut des moyens humains et matériels. Le service public ferroviaire a été dégradé par les différents projets, réformes et réorganisations successives faites par les gouvernements et la direction de l’entreprise. Les cheminots et les usagers ne doivent pas payer la note. Conditions de travail et sécurité vont de pair pour la mise en œuvre d’un service public ferroviaire de qualité.

Le mensonge du statut

La perte du statut serait un désastre pour les cheminot·e·s. Les nouveaux cheminot·e·s doivent avoir les mêmes droits et les mêmes garanties que nous. Annoncer que le statut sera sauvegardé pour nous est un mensonge. Les notations seront remises en cause, l’accès aux facilités de circulations sera réduit.

Lors du transfert vers une entreprise privée, il ne resterait quasiment rien, même pas le salaire. Les contractuels seront aussi touchés, même s’ils ne bénéficient pas directement du statut, une grande partie est retranscrite dans les RH (ressources humaines) et donc s’applique aux contractuels (FC – facilités de circulation, Congés, …). En cas de perte de marché, ils seront les premiers mis à la porte dès le 1er plan social.

Enfin, le Statut protège les salarié·e·s mais aussi la sécurité des circulations, sans cette protection, le patron pourrait faire pression sur les cheminot·e·s pour faire circuler des trains dans des conditions dangereuses. 90% des agents qui dépendent de la branche ferroviaire sont au Statut, SUD-Rail se bat pour l’appliquer au 10% restant. Mais l’heure est au moins disant social, tout le monde doit être au plus bas pour que les patrons continuent de s’en mettre plein les poches.

Cette réforme c’est:

  • La sécurité qui va diminuer.
  • Des milliers de suppressions de postes.
  • Les prix des billets qui vont augmenter.
  • Le nombre de trains qui va diminuer.
  • La dégradation des conditions de travail qui va s’amplifier.
  • La perte des accords locaux.
  • Une baisse des salaires

Il faut amplifier et durcir la mobilisation

Cette réforme n’est pas faite pour améliorer le service public. Elle est au contraire faite pour le casser et le livrer aux patrons qui veulent se gaver sur le dos des usagers et des contribuables.

C’est le même schéma que pour les autoroutes, le contribuable aura payé toutes les infrastructures coûteuses et le gouvernement les offrira au privé. Celui-ci fermera les lignes non rentables et fera payer plus cher aux usagers le prix du billet. La SNCF telle que la veut Pépy [PDG de la SNCF] fera la même chose. Si cette réforme passe, il n’y aura plus de service public ferroviaire, juste du business.

Transformation de la SNCF en société anonyme (SA)

Sur tous les plateaux de télévision, le gouvernement dit que ce n’est pas pour privatiser la SNCF, pourtant dès 2004, Sarkozy faisait la même promesse pour EDF /GDF.

On voit le résultat, la privatisation et la mise en concurrence pour l’électricité et le gaz n’ont apporté que des désagréments.

Les conditions de travail des salarié·e·s se sont dégradées, les prix ont augmenté et le service s’est dégradé. Les seuls gagnants dans cette histoire sont les actionnaires qui s’en sont mis plein les poches.

La vengeance minable de Pépy

Notre patron, pour nous faire payer notre détermination et notre combativité, a décidé de modifier une semaine avant le début du conflit les calculs pour le décompte des jours de grève. Les modalités du préavis reconductible SUD-Rail permettent d’éviter cette escroquerie mise en place à la va-vite par la direction.

  • Si on ne se bat pas, le service public est mort, nos conditions de travail aussi.
  • Il faut convaincre nos collègues, les usagers, nos amis.
  • Cette grève c’est le gouvernement et la direction qui en sont responsables.
  • Il n’y a rien à négocier, le projet de réforme doit être retiré!

*****

Comité de Soutien aux Cheminot·e·s et de Défense
des Services Publics de Rouen

Rassemblement unitaire le 14 avril

Salarié·e·s, chômeurs et chômeuses, précaires, étudiant·e·s ou retraité·e·s, nous affirmons notre pleine et entière solidarité avec les cheminot·e·s en lutte pour défendre le service public du rail.

Usagers et usagères du train, nous refusons que nos besoins ou nos choix de déplacements soient instrumentalisés par une campagne idéologique antigrève et anti-SNCF.

Rétablissons les faits!

La dette est aujourd’hui brandie par le gouvernement pour justifier sa contre-réforme. Mais la dette est en réalité le produit du désengagement de l’Etat depuis des décennies et de choix de grandes infrastructures type lignes à grande vitesse imposés par les gouvernements successifs.

• Le statut des cheminot·e·s est montré du doigt par le gouvernement. Mais le statut n’est pas responsable des retards, des dysfonctionnements, des pannes… Les cheminot·e·s ne sont pas des privilégié·e·s, des nanti·e·s, ce sont des salarié·e·s qui travaillent dans des conditions pénibles (horaires décalés, loin de chez eux, la nuit, le week-end, les jours fériés…), cotisent 42,5 ans pour une retraite à taux plein et touchent des salaires équivalents à ce qui se fait ailleurs. Le statut est au contraire la garantie d’une continuité et d’une stabilité dans le fonctionnement du service public. L’encadrement de la durée et de la pénibilité du travail est décisif du point de vue de la sécurité de tou·te·s.

• La fermeture de 9000 km de lignes régionales est déléguée aux régions. La suppression des lignes de desserte locale, au motif qu’elles ne seraient pas rentables, signe la fin de l’aménagement du territoire et du service public, elle ne peut que renforcer les inégalités et accroître la circulation automobile. Rappelons que dans le rapport Spinetta, Cherbourg n’est plus desservi par le train! C’est une aberration sociale et écologique, et une énième attaque contre les territoires ruraux.

Le Fret est ouvert à la concurrence depuis plus de 10 ans. La part du transport de marchandise par le rail est tombé en dessous des 10% au profit de la route. Pendant que des centaines de locomotives pourrissent à Sotteville [dans la gare de triage de Sotteville-lès-Rouen, une des plus vastes de France], toujours plus de camions sur les routes, c’est toujours plus de pollution, de changement climatique, d’accidents…

La privatisation, mise en œuvre au Royaume-Uni s’est traduite par des accidents, des retards, des tarifs fortement augmentés et une désorganisation du service. Aujourd’hui les enquêtes d’opinion outre-manche montrent qu’une très large majorité de la population est favorable à une renationalisation. Le gouvernement français affirme que le changement de statut (d’EPIC – établissement public à caractère industriel et commercial – à Société Anonyme) n’est pas la privatisation, pourtant les télécoms, la poste ou EDF sont déjà passés par là!

• L’avenir de la SNCF nous concerne toutes et tous!

C’est la nature même de la société dans laquelle nous voulons vivre qui est en question.
La société de concurrence de tous et toutes contre tous et toutes voulue par Macron est une société où les droits sociaux seraient réduits à néant, où les services publics auraient disparu, où l’inégalité
de traitement des territoires serait la règle.

De cette société, faisons entendre à Macron que nous n’en voulons pas!

La raison d’être des services publics n’est pas d’être rentables mais d’être socialement utiles.

Pour une société plus juste, plus solidaire, plus égalitaire nous voulons à la fois des droits sociaux protecteurs, une protection sociale étendue, des services publics de qualité…

Nous devons nous battre ENSEMBLE!

Le gouvernement Macron cible le statut » des cheminot·e·s dans le but de remettre en cause toutes les garanties collectives, toutes les conquêtes sociales, dans le secteur privé tout autant que dans les services publics avec, par exemple, la santé indexée sur la rentabilité et la mise en place de la sélection pour l’entrée à l’université.

En s’en prenant aux cheminot·e·s, il espère faire un exemple, casser tout esprit de résistance face à sa volonté de restructurer en profondeur la société française pour y appliquer les recettes néolibérales.

Après la loi travail qui a considérablement affaibli les droits des salarié·e·s du secteur privé, c’est maintenant au tour des salarié·e·s à statut, cheminot·e·s et fonctionnaires, d’être dans le viseur du gouvernement.

 • La lutte engagée est décisive pour la SNCF, pour les services publics, pour les droits collectifs de tou·te·s

Ce n’est qu’ensemble, uni·e·s et déterminé·e·s, que nous vaincrons.

Le Comité de Soutien aux Cheminot·e·s et de Défense des Services Publics appelle à participer massivement au RASSEMBLEMENT UNITAIRE (CGT, SUD, UNSA, CFDT, FO); samedi 14 avril 2018 à 10h30, Cours Clémenceau, Rouen

(Texte diffusé par Robert Duguet, sur son blog)

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