En tant qu’organisations et groupes juifs, nous exprimons notre soutien à Francesca Albanese [1], Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967.
Francesca Albanese a fait l’objet d’attaques incessantes de la part d’organisations à motivation politique telles que «UN Watch» [2], qui ont mené des campagnes de diffamation intenses visant à la réduire au silence et à nuire à son mandat en matière de droits de l’homme. Ces organisations n’ont qu’un seul objectif: protéger le gouvernement israélien de la critique internationale et de la responsabilité légale.
Malheureusement, les représentants de certains gouvernements occidentaux ont donné une forte impulsion à ces campagnes de diffamation en accusant Francesca Albanese d’antisémitisme [3]. Nous rejetons ces allégations, qui sont infondées et qui incitent inconsidérément à s’en prendre à Francesca Albanese, au risque de mettre en péril sa sécurité personnelle.
Prenant la défense de plus de deux millions de civils à Gaza dont l’existence en tant que telle est menacée, notamment par une famine délibérée, Francesca Albanese a dénoncé la collusion politique et la complicité militaire des gouvernements occidentaux dans la destruction de Gaza par Israël. Au lieu de mettre fin aux crimes de guerre d’Israël, certains de ces gouvernements tentent de faire taire la lanceuse de message.
En tant que Juifs attachés à la justice, à l’égalité et aux droits de l’homme universels, nous condamnons fermement le soutien diplomatique et militaire honteux que de nombreux gouvernements occidentaux, en particulier les Etats-Unis et l’Allemagne, ont apporté à la campagne israélienne de massacres de civils palestiniens et à la destruction barbare de tous les fondements de la vie palestinienne à Gaza.
Par extension, nous condamnons l’instrumentalisation croissante de l’antisémitisme à cet égard, en particulier par le biais de la définition très controversée de l’antisémitisme de l’IHRA [4], qui est également utilisée comme arme contre Francesca Albanese et les Nations unies de manière plus générale.
Protégé par les gouvernements américain et européen, Israël a tué des dizaines de milliers de civils palestiniens au nom de la «protection des Juifs». Outre l’échec civilisationnel catastrophique que représente la tolérance internationale de ces meurtres, cette violence et cette brutalité horribles n’apporteront pas la sécurité aux Juifs. Au contraire, l’amalgame inexact et malheureux entre l’Etat d’Israël et le peuple juif expose, menace et met en danger les Juifs.
Guidés par la longue tradition juive humaniste et les leçons universelles de la Shoah, nous nous soulevons pour stopper le gouvernement israélien dans son agression génocidaire contre Gaza et sa population. Nous déplorons vivement que les organisations juives officielles, qui prétendent représenter les communautés juives d’Europe et d’Amérique du Nord, aient choisi de maintenir leur soutien aveugle au gouvernement israélien – malgré ses horribles crimes de guerre à Gaza et l’escalade de la violence contre les Palestiniens en Cisjordanie.
Il est tout aussi déplorable que de nombreux «coordinateurs nationaux de la lutte contre l’antisémitisme» soient devenus complices de cette approche immorale et erronée, grâce à leur coopération étroite avec le gouvernement israélien et à leur promotion obsessionnelle de la définition de l’antisémitisme de l’IHRA. Ils ne pourraient pas rendre un plus mauvais service à la lutte contre l’antisémitisme qui est cyniquement alimentée par des politiciens de la droite dure qu’ils ont tendance à ignorer.
La seule voie vers la sécurité et la stabilité pour tous est une approche basée sur les droits de l’homme et la réaffirmation de l’ordre juridique international par l’application cohérente du droit international – précisément ce que Francesca Albanese défend et appelle de ses vœux [5].
Nous saluons l’exceptionnelle fermeté morale de la rapporteuse des Nations unies pour les droits de l’homme, Francesca Albanese, face aux souffrances indicibles des Palestiniens et aux attaques malveillantes dont elle fait l’objet et qui visent son mandat au sein des Nations unies. (Publié par Socialist Project, Canada le 8 novembre; traduction-édition rédaction A l’Encontre)
Signataires:
- A Different Jewish Voice (Netherlands)
- Antizionist Jewish Alliance in Belgium (Belgium)
- Boycott from Within (Palestine/Israel)
- Decolonizer (Belgium)
- Een Andere Joodse Stem (Belgium)
- European Jews for a Just Peace (Europe)
- European Jews for Palestine (Europe)
- IfNotNow Toronto (Canada)
- Independent Jewish Voices (Canada)
- International Jewish Anti-Zionist Network (Argentina)
- International Jewish Anti-Zionist Network (Spain)
- International Jewish Anti-Zionist Network (UK)
- Israelis Against Apartheid (Israel/Palestine)
- Jewish Call for Peace (Luxemburg)
- Jewish Voice for Labour (UK)
- Jews for Justice for Palestinians (UK)
- Jews for Palestine (Ireland)
- Jøder for Retfærdig Fred af 5784 (Denmark)
- Jødiske Stemmer for Rettferdig Fred (Norway)
- Judeobolschewiener*innen (Austria)
- Judeus pela Paz e Justiça (Portugal)
- Jüdische Stimme für Demokratie und Gerechtigkeit in Israel/Palästina (Switzerland)
- Jüdische Stimme für gerechten Frieden im Nahen Osten (Germany)
- Junts Associació Catalana de Jueus i Palestins (Spain)
- MARAD, Collectif juif decolonial (Switzerland)
- Nahlieli – Jews For Justice In Palestine (Finland)
- Tsedek! (France)
- Union des progressistes juifs de Belgique (Belgium)
- Union juive française pour la paix (France)
- United Jewish People’s Order (Canada)
Vidéos de deux interventions de Francesca Albenese au Canada en novembre 2024
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[1] Résumé du rapport, daté du 1er octobre 2024, de Francesca Albanese, «L’effacement colonial par le génocide»
«Dans le présent rapport, la Rapporteuse spéciale sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, Francesca Albanese, examine les horreurs qui se produisent dans le territoire palestinien occupé. La destruction systématique de Gaza se poursuit sans relâche, et d’autres régions du territoire ne sont pas non plus épargnées. La violence qu’Israël déchaîne contre les Palestiniens depuis l’après-7 octobre ne surgit pas du néant, mais s’inscrit dans une campagne orchestrée intentionnellement au niveau de l’État pour provoquer systématiquement le déplacement forcé et le remplacement à long terme des Palestiniens. Cette trajectoire risque de causer un tort irréparable à l’existence même du peuple palestinien en Palestine. Les États Membres doivent intervenir maintenant pour empêcher de nouvelles atrocités qui laisseront des stigmates encore plus profonds dans l’histoire de l’humanité.» (Réd.)
[2] UN Watch, depuis sa base de Genève, multiplie les «opérations d’influence» entre autres parmi les cercles parlementaires et gouvernementaux en Suisse. Déjà Cornelio Sommaruga, ancien président du CICR, tenant compte des liens étroits entre UN Watch et l’Etat d’Israël, soulignait que l’ONG ne devrait pas avoir «pour tâche de plaider la cause d’un Etat» (Le Temps, 26 septembre 2013). (Réd.)
[3] Voir à ce sujet, comme exemple, l’article de Thomas Vescovi sur le site Yaani le 15 octobre 2024, intitulé «L’instrumentalisation de l’antisémitisme, cas pratiques». (Réd.)
[4] Voir à ce propos l’article publié le 16 mars 2023 sur alencontre.org intitulé «Antisémitisme : combattre le feu avec le pyromane?», par Mateo Alaluf, Vincent Engel, Fenya Fischler, Henri Goldman, Heinz Hurwitz, Simone Süsskind. (Réd.)
[5] Le 1er novembre 2024, Voix juives indépendantes(VJI) publiait la déclaration suivante: «VJI soutient sans équivoque Francesca Albanese, rapporteuse spéciale des Nations unies sur les territoires palestiniens occupés, face à une campagne de diffamation honteuse orchestrée par des organisations telles que le CIJA (Centre consultatif des relations juives et israéliennes au Canada), B’nai Brith [affiliée au Congrès juif mondial] et UN Watch.
»Ces groupes ont (une fois de plus) recouru à des accusations non fondées d’antisémitisme à l’encontre de Mme Albanese, utilisant cyniquement cette grave accusation dans une tentative flagrante de faire taire une défenseuse respectée des droits de la personne dont le travail rend Israël responsable de son occupation permanente, de son génocide et de ses abus systémiques en Palestine.
»Ces accusations sans fondement émanent de groupes de pression et de politiciens pro-israéliens, alors qu’Israël lui-même mène une guerre contre les Nations unies. Les bombardements israéliens sur Gaza et le Liban ont tué et blessé des centaines de travailleur.euse.s humanitaires de l’ONU, tandis que le parlement israélien a récemment adopté des projets de loi interdisant l’UNRWA.» (Réd.)
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