«Leur plan ne fonctionnera pas»: l’UAW dénonce les licenciements décidés par les Big Three, face à la grève 

Jim Farley, PDG de Ford

Par Jake Johnson

Le président de l’United Auto Workers (UAW) a condamné Ford et General Motors samedi 16 septembre, après que les directions des «Big Three» ont annoncé leur intention de licencier temporairement des milliers de travailleurs et travailleuses non grévistes, en incriminant les débrayages sélectifs et ciblés du syndicat dans deux usines du Michigan et de l’Ohio.

Ford a déclaré dans un communiqué vendredi 15 septembre qu’il mettait à pied environ 600 travailleurs dans son usine d’assemblage du Michigan, soulignant les «répercussions» des débrayages organisés par l’UAW dans les départements de montage final et de peinture de l’usine.

General Motors, quant à lui, a déclaré qu’il s’attendait à ce que 2000 travailleurs et travailleuses de son usine d’assemblage de Fairfax, au Kansas, «soient mis au chômage technique dès la semaine prochaine», une décision que la société a qualifiée d’«effet indirect négatif» de la grève historique de l’UAW.

Mais le président de l’UAW, Shawn Fain, a affirmé que les licenciements étaient totalement injustifiés et qu’il s’agissait d’une tentative évidente de Ford et de General Motors de «faire pression sur nos membres pour qu’ils se contentent de moins».

«Avec leurs bénéfices record, ils n’ont pas besoin de licencier un seul salarié. En fait, ils pourraient doubler le salaire de chaque ouvrier de l’automobile, ne pas augmenter le prix des voitures et continuer à engranger des milliards de dollars», a déclaré Shawn Fain. «Leur plan ne fonctionnera pas. L’UAW veillera à ce que les travailleurs licenciés à la suite de la dernière attaque des Big Three ne soient pas privés de revenus. Nous organiserons un jour de plus de grève que ce qu’ils peuvent absorber, et nous irons jusqu’au bout pour obtenir la justice économique et sociale au sein des Trois Grands.»

La réponse de l’UAW aux licenciements est intervenue alors que les négociateurs syndicaux et les trois grands constructeurs automobiles sont retournés à la table des négociations pour continuer à négocier un nouveau contrat.

Plus de 12 000 travailleurs de l’automobile de l’UAW [sur plus de 140 000] sont actuellement en grève dans trois usines et, dans le cadre de sa stratégie de «grève debout» («stand-up), le syndicat devrait appeler d’autres sections locales à se mettre en grève dans les jours à venir si les constructeurs automobiles ne font pas d’offre contractuelle suffisante.

L’UAW affirme qu’une série graduelle de grèves dans certaines usines permettra à ses négociateurs d’avoir un maximum d’influence – et de garder les trois grands dans l’expectative – alors que le syndicat tente d’obtenir des améliorations significatives en matière de prestations sociales et de salaires. Shawn Fain a déclaré qu’une grève totale restait toujours d’actualité.

Reuters a rapporté samedi matin 16 septembre que Stellantis avait porté son offre d’augmentation salariale à près de 21% sur la durée du contrat [quatre ans]. Il s’agit de l’augmentation salariale totale la plus importante proposée par un des trois grands de l’automobile jusqu’à présent, mais elle reste bien en deçà de la demande du syndicat, qui réclame une augmentation de 36%. Ford et General Motors ont proposé des augmentations de 20% et 18% respectivement.

Le PDG de Ford, Jim Farley, dont la rémunération s’est élevée à près de 21 millions de dollars l’année dernière, a dû faire face aux critiques de l’UAW et de divers élus pour avoir déclaré, en début de semaine, que les revendications salariales du syndicat entraîneraient la «faillite» de l’entreprise.

«Il est impossible de continuer à gaspiller des centaines de millions de dollars en rachats d’actions pour en manipuler la cotation, augmenter la rémunération du PDG à des niveaux insensés, tout en affamant les travailleurs et travailleuses qui fabriquent réellement la production que vous vendez», a affirmé, le 16 septembre, la représentante Alexandria Ocasio-Cortez (démocrate de New York) sur les médias sociaux. «C’est CELA qui est intolérable. Payez vos travailleurs et travailleuses.»

Shawn Fain, pour sa part, a qualifié l’affirmation de Jim Farley de «mensonge comme tout ce qui sort de leur bouche».

Comme l’a rapporté le magazine Fortune vendredi, l’analyste de la branche automobile de la banque Morgan Stanley a estimé dans une note récente qu’une augmentation de salaire de 40% pour les travailleurs et travailleuses de l’automobile se traduirait par 2,6 milliards de dollars de coûts de main-d’œuvre supplémentaires pour Ford, qui prévoit d’engranger 168 milliards de dollars de recettes totales cette année [le titre de Fortune: «Morgan Stanley pense que les constructeurs automobiles peuvent se le permettre»].

L’entreprise a dépensé près de 500 millions de dollars en rachats d’actions l’année dernière. «Ils pourraient doubler nos salaires et ne pas augmenter le prix des véhicules, et ils gagneraient encore des milliards de dollars», a déclaré Shawn Fain présent sur le piquet de grève vendredi. (Publié le 16 septembre 2023 sur le site Common Dreams; traduction rédaction A l’Encontre)

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