L’économie, une continuation de la guerre avec d’autres moyens (I)

Par Claude Serfati

L’invasion de l’Ukraine par la Russie accélère la fragmentation géopolitique de l’économie mondiale qui a commencé à la fin des années 2000. Les pays occidentaux proposent la constitution d’un «Otan économique» et la relocalisation des activités de leurs groupes industriels dans les «pays amis». La Chine est ciblée comme «rival systémique», à la fois adversaire géopolitique et économique. La proximité de la concurrence économique et des rivalités géopolitiques survient dans le contexte des crises multidimensionnelles qui frappent l’humanité.

Cet article explore les transformations de l’économie mondiale provoquées par la guerre en Ukraine. Il prolonge l’analyse réalisée dans un article publié au début de la pandémie de Covid-19, qui constatait un resserrement des relations entre économie mondiale et géopolitique depuis la fin des années 2000 («le moment 2008») et l’érection par les gouvernements des pays développés de barrières protectionnistes au motif de sécurité nationale (Serfati, 2020). Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, c’est la guerre qui impose sa loi dans les relations économiques internationales. Le monde est passé des guerres commerciales à la guerre tout court. Les conflits entre grands pays mobilisent aujourd’hui en même temps des moyens militaires et des instruments économiques. On peut donc, en transposant l’aphorisme énoncé par Carl von Clausewitz [1], observer que dans la situation actuelle, l’économie est la continuation de la guerre avec d’autres moyens.

La première partie de cet article met en évidence la fragmentation de l’économie mondiale produite par les rivalités géopolitiques. Les dirigeants de l’Union européenne (UE) et des États-Unis ont resserré les rangs face à l’agression russe [2] et présentent une unité qui semblait improbable il y a quelques années. Ils proposent la constitution d’un «Otan économique» qui prolongerait l’alliance militaire unissant les pays de la zone transatlantique et appellent les groupes de ces pays à relocaliser leurs chaînes mondiales d’approvisionnement dans des «pays amis». L’objectif déclaré est de faire face à la Chine qui est qualifiée de «rival systémique» par les États-Unis et l’UE. La deuxième partie s’interroge sur la faisabilité de ce projet. La troisième partie évalue les effets des sanctions économiques prises par les pays occidentaux contre la Russie. La dernière partie discute les relations entre l’interdépendance économique et les rapports géopolitiques.

Consolidation du bloc transatlantique autour d’un «Otan économique»

Peu de temps après la grande crise financière de 2008, la secrétaire d’État Hillary Clinton proposait que le partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (PTCI [3]) négocié entre les États-Unis et l’UE et qui avait déjà pour objectif de contrecarrer l’ascension de la Chine et plus généralement des Brics (Afrique du Sud, Brésil, Chine, Inde et Russie), constitue un véritable «Otan économique» (Serfati, 2015). Ce projet économique et géopolitique, qui fut finalement abandonné (encadré 1), aurait ainsi complété sur le plan économique l’alliance militaire créée en 1948 entre les États-Unis et les pays européens. Cette formulation, ou celle d’un «Otan pour le commerce afin de combattre l’agression commerciale chinoise» (Atkinson, 2021), a été reprise par des groupes de réflexion proches de la Maison Blanche à partir du milieu des années 2010, lorsque les conflits commerciaux entre la Chine et les États-Unis se sont aggravés.

«Otan économique» et relocalisation de la production dans les pays «amis»

Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, les propositions de constituer un bloc de pays qui acceptent les valeurs et les règles des pays occidentaux se multiplient. Elles établissent toutes le constat que la période de mondialisation, ouverte le 9 novembre 1989 (chute du mur de Berlin) et fondée sur des règles de multilatéralisme telles qu’incarnées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), s’est close avec l’invasion de l’Ukraine par les armées russes. En effet, l’enseignement majeur de la guerre en Ukraine est que le commerce international ne doit pas seulement être fondé sur le libre-échange, il doit également être sécurisé. Ces propositions visent donc à rendre les pays occidentaux moins dépendants – à les «découpler», comme disent les anglo-américains – des économies de la Chine et de la Russie. Pour l’alors nouvelle Première ministre britannique, le G7 [4] – qu’elle appelle le «réseau de la Liberté» – «devrait agir comme un Otan économique et défendre collectivement notre prospérité. Si l’économie d’un des pays membres était attaquée par un régime agressif, nous devrions nous engager à les (sic) soutenir. Tous pour un et un pour tous [5]». Cette formulation est très proche de celle de l’article 5 de la charte de l’Otan, qui en forme la pierre angulaire et qui prévoit précisément une défense mutuelle en cas d’agression d’un pays membre.

En complément à la création d’un Otan économique, les appels à ce que les grands groupes occidentaux relocalisent leurs activités dans des pays alliés (ally-shoring) (Dezenski, Austin, 2020) ou amis (friend-shoring), ce qui revient à «relocaliser les chaînes d’approvisionnement dans des pays politiquement sûrs [6]» sont lancés. Il ne s’agit pas de propositions marginales, puisqu’elles émanent en premier lieu de Janet Yellen, l’actuelle secrétaire américaine au Trésor. Ce cap a été fixé lors d’une conférence spécialement convoquée sur «l’avenir de l’économie mondiale et le leadership économique des États-Unis» deux mois après le déclenchement de la guerre en Ukraine. La restructuration de l’économie mondiale passe par la relocalisation d’activités des groupes américains dans des «pays amis» [7]. Plusieurs dirigeants européens, dont la présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde, soutiennent cette exigence [8].

La mise en œuvre d’une telle «géopolitique des chaînes d’approvisionnement», selon l’expression utilisée par Thierry Breton [9], commissaire européen à l’industrie, en charge également de la défense et de l’espace, aurait une portée considérable. Elle concernerait les secteurs considérés comme stratégiques, dont la liste établie par les gouvernements ne cesse de s’allonger et qui est potentiellement illimitée. De façon emblématique, un groupe de réflexion américain bipartite établit l’acte de décès de «l’Internet mondial» (global Internet) et souhaite que les États-Unis lancent une «nouvelle politique étrangère de l’Internet (…) qui consolide une coalition de pays alliés et amis afin de préserver au maximum une plate-forme de communication internationale sécurisée et de confiance» (Segal, Goldstein, 2022).

La fin du multilatéralisme?

La secrétaire américaine au Trésor a également annoncé que son pays donnerait désormais priorité à la mise en place d’un réseau d’accords «plurilatéraux». Cette formulation n’est pas fortuite. La signature d’accords commerciaux entre des «pays amis» unis par des valeurs communes mettrait sans aucun doute fin au multilatéralisme dont les principes ont servi de fondement aux échanges économiques internationaux au cours des dernières décennies. Il est vrai que les accords bilatéraux, notamment pour l’établissement de clauses sociales, s’étaient déjà développés et surtout que ces principes ont été progressivement écornés; ils sont par ailleurs critiqués en raison de «l’absence de contrôle démocratique sur les décisions prises dans les organisations et conférences internationales» (European Parliament, 2022:5). Les mesures de protection qui aideraient à consolider ce bloc seraient donc probablement condamnées par l’OMC dont elles violeraient clairement l’esprit et des règles (Wilson, 2021). Cette question est déjà d’actualité puisqu’en mars 2022, les États-Unis et les pays européens ont révoqué la clause de la nation la plus favorisée – qui forme le cœur du multilatéralisme [10] – dans leurs relations commerciales avec la Russie.

Les chercheurs favorables à la création d’un Otan économique sont conscients que les mesures prises dérogeraient «aux règles édictées par les organisations internationales existantes, l’OMC et les institutions des Nations Unies. Après tout, c’est une affaire de volonté politique [11]». Toutefois, des arguments plus tangibles que la défense des valeurs et la volonté politique étayent la perspective d’un bloc transatlantique comme garant de l’économie mondiale. Depuis la seconde guerre mondiale, la zone transatlantique est en effet profondément intégrée et elle domine aujourd’hui encore l’économie mondiale. Les États-Unis et l’Europe comptent pour environ un tiers des échanges commerciaux mondiaux, mais ils réalisent 65% des investissements directs étrangers qui sont le principal vecteur de la mondialisation des chaînes d’approvisionnement (Hamilton, Quinlan, 2022). Et surtout, les États-Unis et l’UE disposent de formidables leviers financiers dans un monde où la finance contrôle étroitement les activités de production. Le dollar et l’euro sont de très loin les principales monnaies utilisées comme moyen de paiement dans les échanges internationaux par l’intermédiaire du système SWIFT (encadré 2).

L’abandon annoncé du multilatéralisme inquiète, en particulier au sein du Fonds monétaire international (FMI), bras financier des échanges internationaux depuis 1945 car comme l’explique son économiste en chef, «les plaques tectoniques de la géopolitique» se fissurent un peu plus, rappelant que ce «monde fragmenté nécessite plus, et pas moins, de responsabilités pour le FMI» (Gourinchas, 2022).

La faisabilité incertaine du projet transatlantique

La réorganisation de l’économie mondiale autour d’un axe transatlantique se heurte néanmoins à de sérieuses difficultés. D’une part, les sanctions mises en œuvre contre la Russie sont surtout prises par les pays occidentaux; d’autre part, la relocalisation des chaînes mondiales d’approvisionnement dans les pays amis se heurte à de nombreux obstacles.

Des sanctions contre la Russie et une aide à l’Ukraine essentiellement occidentales

Il n’a pas échappé aux observateurs que les sanctions mises en œuvre contre la Russie sont le fait quasi exclusif des pays occidentaux et il en va de même de l’aide financière et militaire à l’Ukraine dont les États-Unis sont les principaux pourvoyeurs, avec 61% de l’aide totale et 76% de l’aide militaire totale (graphique 1).

Cette hétérogénéité des réactions selon les pays par rapport à la guerre en Ukraine et aux sanctions économiques dirigées contre la Russie se retrouve aussi au sein de la sphère syndicale au niveau mondial (encadré 3).

La plupart des pays émergents ont refusé d’être embarqués dans la campagne de sanctions contre la Russie – et selon un expert, certains pays du Sud «pourraient même secrètement soutenir la Russie» [12]. Les Brics, ce groupe constitué au début des années 2000 qui forme la principale force organisée des principaux pays émergents, mais également la Turquie, le Mexique, l’Argentine, et l’Indonésie qui sont tous membres du G20, ainsi qu’une majorité de pays du continent africain sont hostiles aux sanctions. Ils ont même prévu, lors de leur sommet en juin 2022, de renforcer l’usage des monnaies des pays membres dans leurs échanges commerciaux ainsi que la création d’une agence de notation indépendante. À la suite de l’embargo européen, le gouvernement russe a d’ailleurs réorienté ses exportations de pétrole et de gaz vers l’Asie – presque la moitié de celles-ci arrivent désormais dans cette région – et vers l’Afrique. Les résistances à la mise en œuvre des sanctions viennent même d’alliés fidèles des États-Unis et de l’UE (Israël et l’Arabie saoudite notamment [13]). En Asie, des pays déjà très industrialisés et alliés traditionnels de Washington tels que la Corée du Sud, le Japon et même Taïwan, considèrent avec méfiance la «politisation» des chaînes d’approvisionnement mondiales et la tentative des États-Unis de les emmener dans un conflit ouvert avec la Chine [14]. En effet, ces pays gardent en mémoire les paroles de Donald Trump qualifiant le Partenariat transpacifique (PTP) établi sous l’Administration Obama de «viol de notre pays» et décidant de l’annuler trois jours après son élection en 2016 [15]. De plus, les économies des pays asiatiques sont fortement imbriquées à l’économie chinoise. C’est pourquoi le Traité économique indo-pacifique (Indo-Pacific Economic Framework, IPEF) mis en place en 2022 par l’Administration Biden avec une douzaine de pays afin de tenter de rétablir le leadership américain dans la région face à la Chine a, en réalité, des objectifs limités [16]. En somme, l’utilisation de mesures économiques à des fins géopolitiques par les pays occidentaux suscite des résistances de nombreux pays.

Cette résistance de nombreux pays émergents aux sanctions décidées par les alliés pourrait affaiblir le rôle central que le dollar joue dans le système financier international [17], et même conduire à un nouveau système qualifié de Bretton Woods 3 [18]. En effet, selon un expert écouté des milieux financiers, «lorsque la crise (et la guerre) sera finie, le dollar américain devrait être plus faible et de l’autre côté, le renminbi, soutenu par un panier de devises, pourrait être plus puissant» [19] pour trois raisons. D’abord, sur un plan technique, les économistes observent que la détention de dollars est fondée sur les garanties offertes par la Réserve fédérale (la banque centrale américaine) et donc sur la confiance en une possibilité d’utilisation illimitée de cette monnaie comme moyen de paiement. Or, l’administration américaine confirme, par le gel des avoirs en dollars détenus par la Banque centrale de Russie, que ses propres intérêts stratégiques prévalent sur le respect du bon fonctionnement de la monnaie internationale que la puissance qui émet la liquidité internationale doit garantir [20]. Ensuite, sur le plan politique, cette mesure unilatérale va accélérer la recherche de solutions alternatives au dollar. En 2015, la Chine a mis sur pied un système de paiement international fondé sur le renminbi, qui est encore d’un usage limité, mais qui pourrait être utilisé pour contourner le dollar. Une enquête menée auprès des responsables de banques centrales réalisée quelques mois après le début de la guerre en Ukraine indique qu’une majorité d’entre eux ont augmenté leurs réserves en monnaie chinoise [21]. En somme, la «militarisation du dollar» [22] va amplifier les affrontements géopolitiques. Enfin, les États-Unis ne sont plus dans la situation hégémonique d’après-guerre qui leur a permis d’imposer, y compris à leurs alliés européens, un système monétaire international – matérialisé dans les accords de Bretton Woods en 1944 – au cours de laquelle la croyance que «le dollar est aussi bon que l’or» s’est imposée contre toute réalité.

Une relocalisation limitée des chaînes mondiales d’approvisionnement

La «relocalisation dans les pays amis» des chaînes mondiales d’approvisionnement (CMA) des grands groupes, lesquels contrôlent 70% du commerce mondial selon l’OCDE [23] – soulève également des interrogations et se heurte à plusieurs difficultés. La crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19 avait déjà perturbé fortement les chaînes d’approvisionnement organisées par les grands groupes mondiaux. Une étude d’un cabinet de conseil avait alors noté que «51’000 entreprises dans le monde ont un ou plusieurs fournisseurs directs (de rang 1) et au moins 5 millions d’entreprises ont un ou deux fournisseurs de rang 2 en Chine et dans la région» (Dun & Bradstreet, 2020). En fait, la fragilité de cet édifice, bâti sur la segmentation internationale extrême des processus productifs et qui était interprétée comme la rencontre réussie d’innovations technologiques et de stratégies audacieuses (ou dynamiques) des dirigeants des groupes, était déjà apparue après la grande crise financière de 2008. Les stratégies de baisse permanente des coûts salariaux et de gestion fondée sur la quête obsessionnelle du «juste-à-temps» afin d’éviter la constitution de stocks confirment aujourd’hui leurs graves inconvénients. Ces choix stratégiques se sont avérés en partie responsables des ruptures des CMA pendant la pandémie de Covid-19 et de leurs conséquences.

Néanmoins, la relocalisation des activités par les grands groupes américains et européens annoncée depuis la pandémie au nom de la «résilience» des CMA demeure encore limitée, si on excepte bien sûr le désengagement massif des groupes occidentaux du marché russe. Le processus de retrait du marché chinois est bien plus limité, même s’il pourrait s’amplifier. Trois mois après le début de la guerre en Ukraine, 7% des entreprises américaines et européennes interrogées présentes en Chine avaient fermé leurs établissements ou décidé de le faire à cause des tensions géopolitiques [24]. Cette situation, qui pourrait évoluer sous la pression des gouvernements américains et des pays européens, peut s’expliquer par le fait que les stratégies des grands groupes sont soumises à des impératifs contradictoires. D’une part, la relocalisation d’activités dans «les pays amis» répond à l’exigence de sécurité d’approvisionnement qui est formulée par les gouvernements occidentaux dans les secteurs jugés stratégiques et par les directions de groupes, conscientes qu’elle est désormais indispensable à la continuité des processus de production dans le contexte de crises multidimensionnelles. C’est évidemment la présence en Chine des groupes industriels occidentaux qui est visée dans les invitations à relocaliser dans les pays amis. De plus, ces relocalisations sont stimulées par les incitations financières proposées par les gouvernements et les bénéfices réputationnels que peuvent en tirer les groupes. D’autre part, les forces qui ont poussé à la délocalisation d’activités demeurent puissantes (Ruta, 2022). Ce sont d’abord les coûts de production qui guident les stratégies des grands groupes. Or, non seulement les coûts salariaux demeurent plus élevés dans les pays occidentaux, mais certains craignent, en prenant l’exemple des États-Unis, qu’une relocalisation contrainte pour des raisons géopolitiques ait pour effet une remontée du pouvoir des salariés et des syndicats [25]. La relocalisation comporterait donc le risque pour les employeurs d’inverser le processus d’affaiblissement des syndicats que les délocalisations avaient provoqué. Des coûts liés à la restructuration de la chaîne logistique sont également à prévoir en cas de relocalisation. Les CMA des grands groupes comportent généralement des dizaines, voire des centaines d’entreprises sous-traitantes, dont une partie n’est d’ailleurs pas connue par les donneurs d’ordre finaux. Leur relocalisation risque donc de dégrader les relations entre donneurs d’ordre et sous-traitants, dont la qualité est essentielle dans certaines industries intensives en technologie. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les dirigeants des groupes de high tech sont les plus réticents à modifier leurs implantations [26]. De plus, les relocalisations motivées pour des raisons géopolitiques augmenteraient très probablement les coûts des intrants produits par les fournisseurs [27] et donc le prix de vente des produits, du moins en cas de maintien des marges actuelles. À titre d’exemple, le rapatriement aux États-Unis de toute la production d’un Iphone vendu par Apple triplerait son prix pour le consommateur final [28].

Enfin, l’argument que la sécurité serait améliorée grâce à une relocalisation «hors des pays ennemis», ce qui signifie pour l’essentiel fermer les sites de production occidentaux en Chine, est en partie contestable, puisque la ruée vers de nouveaux pays d’accueil recréerait la même structure de dépendance que celle motivant le départ de Chine. (Cet article a été publié initialement dans la Chronique internationale de l’IRES, n° 179, octobre 2022, avec l’autorisation de l’auteur. Voir ici la seconde partie; les sources sont indiquées en fin de deuxième partie)

* Claude Serfati, chercheur associé à l’Ires. Je remercie Jacques Freyssinet, Kevin Guillas-Kevan, Fré-déric Lerais, Antoine Math et Catherine Sauviat pour leurs commentaires, et Julie Bau-drillard pour sa relecture éditoriale. Le contenu de cet article est de ma seule responsabilité.

Notes

[1] «La guerre est une simple continuation de la politique par d’autres moyens», Carl von Clausewitz, De la guerre, Paris, Éditions de Minuit, 1955, p. 67.

[2] Pour une analyse des singularités de l’impérialisme russe, voir Serfati (2022).

[3] En anglais, TIPP pour Transatlantic Trade and Investment Partnership.

[4] Le G7 est un groupe informel composé des pays suivants: l’Allemagne, le Canada, les États-Unis, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni.

[5] L. Truss, «The return of geopolitics: Foreign Secretary’s Mansion House speech at the Lord Mayor’s 2022 Easter Banquet», April 27, 2022, https://bit.ly/3C4cT4h.

[6]  M. A. Witt, «Prepare for the U.S. and China to Decouple», Harvard Business Review, June 26, 2020, https://hbr.org/2020/06/prepare-for-the-u-s-and-china-to-decouple.

[7]  «Remarks by Secretary of the Treasury Janet L. Yellen on Way Forward for the Global Economy», April 13, 2022, https://home.treasury.gov/news/press-releases/jy0714.

[8]  C. Lagarde, «A new global map: European resilience in a changing world», presentation au Peterson Institute for International Economics, Washington DC., April 22, 2022, https://bit.ly/3ST0YwJ.

[9] https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/SPEECH_22_5350.

[10]  Elle repose sur le principe de non-discrimination entre les partenaires commerciaux et vise à empêcher les pays d’accorder un traitement différent d’un partenaire à l’autre.

[11] G. Merritt, «The case for an “economic NATO” to clip provocative China’s wings», Friends of Europe, April 20, 2021, https://bit.ly/3ryWAHK.

[12]  D. W. Drezner, «How robust is the global opposition to Russia’s invasion of Ukraine?», Washington Post, March 29, 2022, https://wapo.st/3CtMD4I.

[13] Peu de temps après l’invasion russe, ce pays a même investi en Russie environ 4 milliards de dollars dans un programme tri-annuel de développement énergétique.

[14]  Pour une vue contraire qui analyse l’ascension des États-Unis en Asie et le déclin de la Chine, voir Rozman (2022).

[15]  A. Glass, «Trump scuttles Trans-Pacific Trade Pact, Jan. 23 2017», January 23, 2019, https://politi.co/3SBj9aJ.

[16] M. Forough, «America’s Pivot to Asia 2.0: The Indo-Pacific Economic Framework», The Diplomat, May 26, 2022, https://bit.ly/3e3iU9n.

[17] R. Wigglesworth, P. Ivanova, C. Smith, «Financial warfare: will there be a backlash against the dollar?», Financial Times, April 7, 2022, https://www.ft.com/content/220db8f2-2980-410f-aab8-f471369ac3cf.

[18] Le système monétaire international mis en place à Bretton Woods en 1944 consacrait l’hégémonie du dollar et à tout moment la possibilité de conversion en or des réserves en dollar détenues par les Banques centrales. L’inconvertibilité en or fut annoncée par le Président Nixon le 15 août 1971 (système qualifié de Bretton Woods 2).

[19] Crédit Suisse, «Zoltan Pozsar: “We are witnessing the birth of a new world monetary order”», March 21, 2022, https://bit.ly/3rqnaCZ.

[20] J. Pisani-Ferry, «Will Russia or the West win the economic and financial battle?», Project Syndicate, September 1, 2022, https://bit.ly/3M5jbFe.

[21] K. Duguid, N. Asgari, «Central banks look to China’s renminbi to diversify foreign currency reserves», Financial Times, July 1, 2022, https://www.ft.com/content/ce09687f-f7e5-499a-9521-d98cbd4c5ac1.

[22] Voir Arslanalp et al. (2022); V. Pop, S. Fleming, J. Politi, «Weaponisation of finance: how the west unleashed “shock and awe” on Russia», Financial Times, April 6, 2022, https://www.ft.com/content/5b397d6b-bde4-4a8c-b9a4-080485d6c64a.

[23] https://www.oecd.org/trade/topics/global-value-chains-and-trade/.

[24] A. Huld, «China business sentiment surveys: Foreign companies remain committed despite headwinds» («Les groupes étrangers demeurent en Chine, malgré les vents contraires»), China Briefing, May 20, 2022, https://bit.ly/3ygqKTY.

[25] R. Forhoohar, «Who will pay for the shift from efficiency to resilience?», Financial Times, September 12, 2020, https://www.ft.com/content/7dd4c3f0-0a8e-49ce-8022-9c8d75af3e3d.

[26] https://mck.co/3rzp1oO.

[27]  https://bit.ly/3ygZhkS.

[28] S. V. Smith, «How much would an all-American iPhone cost?», Marketplace, May 20, 2014, https://bit.ly/3UZir8F.

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