Par Chris Walker
Lors d’un entretien avec les journalistes à la Maison Blanche mercredi 23 septembre, le président Trump a refusé de s’engager à une transition pacifique du pouvoir, s’il devait perdre l’élection présidentielle en novembre.
On a demandé à Donald Trump s’il s’engageait à céder le pouvoir exécutif si son adversaire s’avérait victorieux, ce qui est une caractéristique des présidents depuis les premières années de la république.
«Eh bien, nous allons devoir voir ce qui va se passer», a déclaré Donald Trump.
Le président a également laissé entendre que son refus de s’engager à un transfert pacifique du pouvoir était dû à son opposition au vote par correspondance – une pratique qui est utilisée depuis la guerre civile, mais dont Trump s’est fréquemment moqué au cours des derniers mois.
«Vous savez que je me suis plaint très fortement à propos des bulletins de vote [par correspondance] et que ces bulletins sont un désastre», a déclaré Donald Trump. «Débarrassez-vous des bulletins, et vous aurez un très… il n’y aura pas de transfert, franchement. Il y aura une continuation.»
De nombreux critiques ont affirmé, avant même ses commentaires de mercredi, que Trump a essayé de préparer le terrain pour discréditer le résultat de l’élection si les résultats ne lui plaisent pas. [Voir à ce sujet, sur ce site, le rôle des multiples fondations «trumpiste» visant à contrôler, de diverses manières, le vote.]
Trump «prépare le terrain pour les plans de la soirée post-électorale pour contester les résultats», a écrit le chroniqueur de The Atlantic, Barton Gellman, avant les commentaires de Trump aux journalistes. «C’est la stratégie d’un homme qui s’attend à être mis en minorité et qui veut entraver le décompte.»
Il est également fort possible que les résultats de la nuit des élections ne soient pas le décompte exact des électeurs, car le décompte du vote par correspondance devrait se produire à un rythme beaucoup lent cette année en raison du coronavirus. Les résultats du 3 novembre pourraient changer de manière significative quelques jours plus tard, lorsque les bulletins de vote arrivant par la poste seront comptés.
«Lorsque chaque vote légitime sera compté et que nous arriverons à ce jour-là, qui sera quelques jours après le jour du scrutin, cela montrera en fait que ce qui s’est passé le soir du scrutin était exactement cela, un mirage», a prédit Josh Mendelsohn, PDG de Hawkfish, une société de données à tendance démocrate, appartenant à l’ancien maire de New York Michael Bloomberg, milliardaire.
Si cela se produit, il est possible que Donald Trump conteste le résultat en essayant de discréditer le vote par correspondance, ce qu’il essaie de faire depuis des mois en mentant sur son potentiel de fraude.
Le principal rival de M. Trump dans la course à la présidence, le candidat du Parti démocrate, Joe Biden, a semblé sidéré lorsqu’on lui a demandé de répondre aux remarques du président.
«Dans quel pays sommes-nous?» a déclaré Joe Biden. «Je suis facétieux. J’ai dit: Dans quel pays sommes-nous? Regardez, il dit les choses les plus irrationnelles. Je ne sais pas quoi dire.»
En ce moment, les chances de réélection de Trump semblent minces, mais pas impossibles. Un certain nombre de pronostiqueurs, comme The Cook Political Report, disent que Biden a une bien meilleure chance de remporter le Collège électoral [l’ensemble des grands électeurs, «représentant le peuple américain», qui sont au nombre de 538, comme le nombre de membre du Congrès, plus 3 du district de Columbia; l’élection est donc au suffrage indirect: les grands électeurs élisant le président]. Five ThirtyEight suggère [site reconnu spécialisé dans le journalisme de données] également que les chances de victoire de Biden sont plus élevées, bien qu’ils disent aussi qu’à 40 jours du jour du scrutin, Trump a encore 22% de chances de répéter le même genre de victoire bouleversante qu’il a eu en 2016.
En 2016, de nombreux instituts de sondage ont prédit à tort que Donald Trump perdrait de manière décisive face à la candidate démocrate Hillary Clinton. Trump a fini par l’emporter en raison des faibles marges de manœuvre dans trois États clés – le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie –, ce qui lui a permis de remporter la victoire du Collège électoral, malgré le vote populaire en sa défaveur. (Article publié sur le site Truthout, le 24 septembre 2020; traduction rédaction A l’Encontre)
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