Etats-Unis. Le président de l’UAW déclare qu’il ne rencontrera pas Trump:  «Il sert la classe des milliardaires» 

Shawn Fain, le 26 septembre, s’adresse au piquet de grève réuni devant Willow Run Redistribution Center (centre de pièces détachées), situé à Belleville, Michigan.

Par Jake Johnson

Le président de United Auto Workers (AUW), Shawn Fain, a déclaré mardi 26 septembre qu’il ne rencontrerait pas Donald Trump lorsque l’ancien président se rendra dans le Michigan, soulignant sa longue trajectoire de rhétorique et de politiques anti-ouvrières.

«Je ne vois pas l’intérêt de le rencontrer parce que je ne pense pas que cet homme se soucie le moins du monde de ce que veulent nos travailleurs et travailleuses, de ce que représente la classe ouvrière revendique», a déclaré Shawn Fain lors d’une intervention sur la chaîne CNN. «Il sert la classe des milliardaires, et c’est là le problème dans ce pays.»

Les remarques de Shawn Fain sont intervenues quelques heures avant le discours que Donald Trump devrait prononcer mercredi soir chez Drake Enterprises situé à Clinton Township, dans le Michigan, un fabricant de pièces automobiles, où le syndicat n’est pas présent. Un porte-parole national de l’UAW a déclaré au HuffPost que le syndicat – qui a entamé depuis près de deux semaines ses grèves contre les trois grands constructeurs automobiles américains – ne représente aucun travailleur chez Drake Enterprises, mais que l’usine «pourrait abriter d’autres syndicats» [selon le Michigan Advance du 25 septembre, l’AFL-CIO (American Federation of Labor and Congress of Industrial Organizations) déclare qu’aucun syndicat membre de la confédération n’est présent à Drake Enterprises].

Dans son interview sur CNN, Shawn Fain a déclaré qu’il trouvait «pathétique et ironique» le fait que M. Trump, qui s’en est pris à plusieurs reprises aux dirigeants de l’UAW, organise un événement prétendument favorable aux travailleurs dans une entreprise non syndiquée.

«Il suffit de regarder ses antécédents», a affirmé Shawn Fain. «Ils parlent d’eux-mêmes. En 2008, lors de la grande récession, il a accusé les membres de l’UAW. Il a imputé à nos contrats tout ce qui n’allait pas dans le secteur automobile. C’était un mensonge pur et simple. En 2015, lorsqu’il était candidat à la présidence, il a parlé de faire une permutation, de prendre tous ces emplois bien payés dans le Midwest et de les déplacer quelque part dans le Sud où les gens travaillent pour un salaire inférieur, et ensuite de faire en sorte que les gens mendient pour retrouver leur emploi à des salaires inférieurs.»

«Et la preuve définitive de combien il se soucie de nos travailleurs et travailleusesa été donnée en 2019, lorsqu’il était président des Etats-Unis», a poursuivi Shawn Fain. «Où était-il alors? Nos travailleurs chez GM ont été en grève pendant 60 jours. Pendant deux mois, ils ont tenu des piquets de grève [1]. Je ne l’ai pas vu participer à un rassemblement. Je ne l’ai pas vu être présent sur un piquet de grève. Et je suis certain qu’il n’a pas fait de déclaration à ce propos.»

Plus tôt dans la journée de mardi, le président Joe Biden a rejoint Shawn Fain et les travailleurs et travailleuses de l’automobile en grève sur le piquet de grève à l’extérieur de l’usine General Motors de Belleville, dans le Michigan. Les historiens du travail affirment que Biden est le premier président américain en exercice à participer à un piquet de grève avec des travailleurs en grève.

L’UAW n’a pas encore apporté son soutien à candidat dans la course à la présidence de 2024. Shawn Fain a déclaré à CNN que ses commentaires sur M. Trump ne pouvaient être interprétés comme «un soutien à qui que ce soit. C’est tout simplement la façon dont je vois l’ancien président.» (Article publié sur le site Common Dreams, le 27 septembre 2023; traduction rédaction A l’Encontre)

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[1] En septembre 2019, quelque 50’000 membres syndiqués de GM sont entrés en grève, après un vote unanime, pour des questions salariales et pour la réouverture d’usines mises à l’arrêt. Ils demandaient aussi une participation accrue pour la couverture maladie et la suppression des différences salariales entre nouveaux embauchés et anciens travailleurs. Ce fut le premier débrayage massif depuis 2007. (Réd.)

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