Brésil. Luiza Erundina et le ticket Lula-Alckmin: «pas d’alliance à n’importe quel prix»

Réd. Esquerda online

Dans un entretien accordé au quotidien Folha de São Paulo, publié le 28 décembre, la députée fédérale Luiza Erundina (PSOL-SP) a analysé la situation politique et les défis de l’année à venir pour le pays, un «avenir compromis». Elle a parlé de la nécessité de vaincre Bolsonaro et le bolsonarisme et a réaffirmé la volonté de former une alliance autour de la candidature de Lula: «Nous ne pouvons pas hésiter, il est probablement l’un des rares capables de vaincre Bolsonaro.» Elle a souligné la nécessité d’un programme. « Que faire avec l’économie, avec les dégâts que ce gouvernement a laissés derrière lui, avec l’austérité budgétaire imposée par le plafonnement des dépenses?»

Luiza Erundina était catégorique par rapport à la recherche d’alliances de Lula et du PT avec Geraldo Alckmin [du Parti de social-démocratie brésilienne, gouverneur de l’Etat de São Paulo de janvier 2011 à avril 2018; il se profile comme vice-président sur le ticket de Lula pour la présidentielle d’octobre 2022]. «Cela ne peut pas se faire à n’importe quel prix. Ce ne peut être au prix de conciliations qui ne permettront pas de réaliser les réformes dont le pays a besoin. Nous devons récupérer ce qui a été perdu en trois ans de gouvernement Bolsonaro. La recherche de la gouvernabilité ne peut conduire à des accords qui ne servent pas à construire un autre pays.» A propos d’Alckmin, elle a déclaré: «Le modèle historique du PSDB est celui des gouvernements néolibéraux qui privatisent, partisans d’un Etat minimal et qui subordonnent le législatif.»

Luiza Erundina a formulé des critiques sévères à l’égard du système politique. «Notre Congrès [Sénat et Chambre des députés] fonctionne en tournant le dos à la société. Quand la société se délite, avec l’humiliation du chômage de masse, avec plus de 600 000 morts qui auraient largement pu être évités, avec une population qui se dispute la nourriture dans les poubelles ou qui mange des os…» [voir à ce propos l’article publié sur ce site en date du 14 octobre 2021]. Elle n’a pas mâché ses mots à propos d’Arthur Lira [président de la Chambre des députés depuis février 2021, membre du Parti progressiste], qu’elle considère comme celui qui gouverne réellement le pays, avec Paulo Guedes [ministre de l’Economie depuis janvier 2019], par le biais de modifications parlementaires. «Cette législature connaît la pire composition que la Chambre ait jamais eue, je n’en doute pas. La corruption se déchaîne, les accords, les arrangements […]. L’histoire retiendra le rôle d’Arthur Lira et du Congrès, dans cette période de tragédie bolsonariste au Brésil.»

La députée a affirmé la nécessité de changer la façon de faire de la politique. Elle s’est montrée optimiste. «Je cultive l’espoir. Le désespoir est conservateur, car il est paralysant. Lorsque vous réduisez les attentes, vous cessez d’agir pour changer ce qui doit changer. Je le croirai toujours. C’est pourquoi je vais mourir jeune, malgré mon âge.» (Article publié sur le site Esquerda online, le 28 décembre 2021; traduction rédaction A l’Encontre)

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