Algérie. «Les étudiant·e·s toujours mobilisés, avant la rentrée universitaire»

Par Abdelghani Aichoun

Les étudiant·e·s ont tenu, hier 13 août, leur 25e manifestation, relevant ainsi le défi de poursuivre le hirak durant cette période des vacances. Ainsi, ils étaient nombreux à battre le pavé dans la capitale, en empruntant le circuit habituel qui va de la place des Martyrs à Audin en passant par la place Emir Abdelkader et la Grande-Poste.

Réitérant leurs slogans habituels de rejet du système, les étudiants, rejoints cette fois-ci par de nombreux citoyens, dont le dénonciateur des faux moudjahidine, Benyoucef Mellouk, ont invité, ce mardi, les juges à rejoindre les manifestations de rue. «Ya qodhat, Ya qodhat, arwahou lil massirat (Juges, venez aux marches), ont-ils scandé plus d’une fois. Il est utile de rappeler que les magistrats avaient organisé, lors des toutes premières semaines du mouvement populaire, quelques rassemblements pour réclamer, entre autres, l’indépendance de la justice, mais leur contestation s’est par la suite estompée.

Bien évidemment, les étudiants ont profité de ce rendez-vous hebdomadaire pour exprimer, une nouvelle fois, leur rejet du dialogue en cours mené par Karim Younès, coordinateur du panel de médiation, en ciblant particulièrement ce dernier. «Wallah manvoti hata tarahlou» (Je ne voterai pas jusqu’à ce que vous partez), ont-ils ajouté, emboîtant le pas ainsi aux manifestants du vendredi qui, globalement, ont exprimé le même avis vis-à-vis de ce dialogue. «La hiwar maa el issabat» (Pas de dialogue avec la bande), ont-ils aussi clamé.

Beaucoup d’Algériens n’arrivent pas à concevoir un dialogue sous la conduite des symboles de l’ancien régime, à savoir le chef de l’Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, et le Premier ministre, Noureddine Bedoui. De plus, circonscrire le dialogue au seul point relatif à la commission d’organisation des élections et l’absence de mesures d’apaisement entravent sérieusement l’enclenchement de tout processus sérieux de sortie de crise. D’où, le rejet de ce panel. A cet effet, certains parmi les étudiants présents ont porté des pancartes sur lesquelles ils annoncent la tenue de leur «rencontre nationale des étudiants du hirak populaire», prévue samedi prochain à Alger. Un rendez-vous durant lequel ils vont apparemment adopter une feuille de route de sortie de crise qui sera soumise à l’opinion publique.

Par ailleurs, des étudiants ont brandi, durant cette 25e marche, la menace de la «désobéissance civile». Le slogan «Elle arrive, elle arrive, la désobéissance civile» avait fait son apparition il y a deux semaines. Il a donc été repris par des étudiants hier.

Pour le reste, les manifestants, et le long de leur parcours, ont, à maintes reprises, repris les revendications habituelles s’articulant autour de la nécessité de la mise en application des articles 7 et 8 de la Constitution et du rejet de l’Etat militaire. «Etat civil et non militaire!» et «Ce peuple ne veut pas d’un pouvoir militaire à nouveau!», ont-ils scandé plus d’une fois.

Le fameux «Le peuple veut l’indépendance!» qui a été entendu pour la première fois lors de la manifestation du 5 juillet, a également été scandé. Et pour dénoncer le traitement consacré par les chaînes de télévision au hirak – des médias publics et privés qui, dans la majorité des cas et depuis plusieurs semaines, ne couvrent plus, ou peu, les manifestations de contestation ­– les étudiants se sont mis à crier: «Sahafa ya chiatin !» (Presse, laudateurs).

En somme, les étudiants ont tenu, hier, leur 25e manifestation, qui, faut-il le préciser, est survenue au lendemain de la fête de l’Aïd. Un maintien de la pression durant cet été qui prédit un regain de la mobilisation le mois prochain avec la rentrée universitaire. C’est ce que promettent, en tout cas, les étudiants qui, d’après les uns et les autres, ne sont pas près de baisser les bras. (Article publié dans El Watan, en date du 14 août 2019)

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