Algérie. Ce mois de Ramadan 2021, la mobilisation ne faiblit pas

Par Riyad Hamadi

Le hirak ne faiblit pas en toutes circonstances, n’oublie pas les siens et ne perd pas de vue ses objectifs. Tel est le principal enseignement à tirer du 113e vendredi de mobilisation.

Pour le premier vendredi de ce mois de Ramadan 2021, les Algériens ont encore marché dans les rues d’Alger et de nombreuses autres villes du pays: Oran, Constantine, Sétif, Annaba, Tizi Ouzou, Bejaia, Bouira…

C’est désormais une certitude, qu’il vente ou qu’il neige, le Hirak ne s’arrête pas. Et l’expression prend tout son sens en cette journée de mobilisation qui a vu des dizaines de milliers de citoyens manifester, le ventre creux, sous une pluie battante et par un froid glacial. Cela n’est pas sans rappeler le Ramadan 2019, lorsque des milliers de citoyens avaient continué à marcher malgré le jeûne et les fortes chaleurs.

A Alger, les rues du centre-ville noires de monde sont le signe que la mobilisation est intacte. Comme lors des week-ends précédents, la déferlante de Bab El Oued et des quartiers ouest est impressionnante, notamment au niveau de la rue Asselah-Hocine.

Celle de la rue Didouche-Mourad, démarrant de la mosquée Errahma, l’est tout autant. La mobilisation est d’autant plus frappante qu’elle arrive à se maintenir dans des conditions défavorables: jeûne, mauvais temps et tentatives d’entrave et de répression. En plus des barrages filtrants qui rendent difficile l’accès à la capitale, beaucoup d’arrestations ont été signalées ce vendredi à Alger.

Le retour des arrestations ne semble pas avoir d’effet sur la mobilisation. Lors d’une tentative de marche samedi 3 avril, 23 manifestants ont été arrêtés et incarcérés à la prison d’El Harrach.

Le 7 avril, ils ont entamé une grève de la faim qui se poursuit toujours. Huit d’entre eux ont été évacués à l’hôpital, selon leurs avocats. Dans la même semaine, cinq activistes, dont les anciens détenus Mohamed Tadjadit et Malik Riahi, ont été placés en détention dans une affaire en lien avec la même tentative de marche, lorsqu’ils ont filmé et diffusé une vidéo d’un mineur qui se disait victime de sévices dans un commissariat de police.

Le Hirak n’oublie pas les détenus

En une semaine, ce sont près de 30 activistes qui ont été emprisonnés, soit presque autant que le nombre de détenus libérés en février dernier sur décision du président de la République. Cela n’a pas empêché les manifestants d’être à chaque fois plus nombreux dans la rue.

Ce vendredi, plus d’une vingtaine de manifestants ont été interpellés, dont le professeur de physique à l’université de Bab Ezzouar, Abdeslam Mahenna.

A la rue Didouche, les manifestants se sont rassemblés devant le commissariat du 6e arrondissement pour exiger la libération des personnes arrêtées. La plupart seront relâchées avant la rupture du jeûne.

Tout en apportant leur soutien aux personnes arrêtées au cours de la marche de ce vendredi, les manifestants n’ont pas oublié ceux qui l’ont été il y a près de deux semaines et tous les détenus d’opinion. Au vu du nombre de ses portraits brandis, Mohamed Tadjadit [le «jeune poète» du hirak] est en passe de devenir la nouvelle icône du Hirak.

« Libérez les détenus» est le slogan le plus scandé par les manifestants en ce 113e vendredi, que ce soit à Alger ou dans les autres villes. Des appels à préserver l’unité du Hirak ont également été entendus, dans une conjoncture marquée par des débats sur le rôle et la place de certaines factions au sein du mouvement.

Des slogans hostiles à la France ont été scandés aussi par les manifestants dans un contexte de tensions politiques entre les deux pays.

Cela, sans oublier ni perdre le cap des principales revendications et objectifs du Hirak: changement radical, presse libre, justice indépendante, respect des libertés et des droits de l’Homme…

Le rejet des élections législatives prévues le 12 juin prochain est aussi réitéré avec force, à moins de deux mois de l’échéance. (Article publié dans TSA le 16 avril 2021)

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