Alger. 29e mardi de mobilisation contre l’élection présidentielle

Par Farouk Djouadi

Des dizaines de milliers de manifestants ont battu le pavé, aujourd’hui mardi à Alger, pour exprimer, une nouvelle fois, leur rejet de l’élection présidentielle et exiger le départ du pouvoir en place.

Le 29e mardi a mobilisé des foules nombreuses qui ont rejoint les rangs des étudiants pour réclamer une période de transition. Les marcheurs ont scandé des slogans très virulents contre Ahmed Gaïd Salah et Abdelkader Bensalah, respectivement chef d’état-major de l’armée et chef de l’Etat par intérim. Karim Younes, coordinateur de l’instance dite de dialogue et de médiation et les médias n’ont pas échappés à la colère des manifestants.

Les marcheurs ont réitéré leur rejet de l’élection présidentielle [qui devrait, selon Ahmed Gaïd Salah intervenir avant la fin de l’année] en exigeant le départ des symboles du régime : « Makach elvote maa el3issabat ( pas d’élection avec les gangs) ».

Les marcheurs, qui ont démarré à 10h40 de la Place des martyrs ont atteint le centre de la capitale vers midi. Ils avaient parcouru Bab Azzoune et la rue Ben M’hidi en présence d’un dispositif policier dès plus imposants, notamment autour de la Grande poste.

Sur les pancartes brandies ce matin on pouvait lire, entre autres messages: «Etat civil, non militaire», «Libérez les prisonniers d’opinion» ou encore «ma voix n’arrive pas à la télévision, comment voulez-vous qu’elle arrive aux urnes?». Une dame, coiffée d’un chapeau de paille, a hissé une pancarte sur laquelle elle avait écrit: «Notre force réside dans: l’union, le pacifisme, la patience, la pertinence et le sourire si possible.»

A 13h30, près de la FAC centrale, des centaines de manifestants, hommes et femmes, chantaient «écoutez mouches (trolls ndlr), mon père m’a conseillé de ne pas voter pour les gangs»! Une demi-heure plus tard, les manifestants résistent face aux agents de la police qui ont tenté de les disperser. La marche de ce 29emardi a pris fin vers 1430. (Article publié dans El Watan en date du 11 septembre 2019)

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29e marche de la communauté universitaire à Béjaïa: «La grève générale jusqu’à la chute du système»

Par Nouredine Douici

La 29e marche des étudiants et personnels de l’université Abderrahmane Mira, coïncidant avec la célébration de la fête religieuse Achoura, n’a pas drainé, hier, la foule habituelle des étudiants et enseignants de l’université de Béjaïa (Kabylie).

Encore une fois, c’est la société civile qui a appuyé la communauté universitaire par des centaines de marcheurs animant la procession du campus Targua Ouzemmour vers la cour de justice de Béjaïa. Cette journée fériée a plutôt profité aux travailleurs des autres secteurs pour descendre dans la rue. Les marcheurs ont surtout réitéré leur rejet de l’élection présidentielle, alors que l’état-major accélère le pas vers son organisation avec l’adoption, avant-hier, du rapport du panel de dialogue et de médiation dirigé par Karim Younès.«Tant que la îssaba [la bande] est toujours à la manœuvre, nous continuerons à sortir dans la rue», dit un manifestant. «Vous pouvez poursuivre les préparatifs pour la présidentielle, mais le jour venu, on verra qui aura le dernier mot», tonne un autre marcheur. «Ulach lvot ulach !» (Pas de vote) ont crié les manifestants, qui ont insisté sur «on ne votera pas pour el îssaba, tetnehaw gaâ».

Arrivés devant la cour de justice, les manifestants ont scandé des slogans hostiles aux institutions de l’Etat fonctionnant sous les instructions de l’état-major de l’armée : «La police, la justice, tout le monde est complice!» Ils ont appelé à «libérer les otages» interpellés pour le port du drapeau amazigh (kabyle) à Alger, répétant: «La liberté pour les militants, la prison pour les voleurs!» ; «Le peuple veut faire tomber Ahmed Gaïd Salah!», auquel ils ont rappelé leur attachement à la «transition démocratique».

Les marcheurs ont dénoncé également l’agression qui a ciblé le militant et défenseur des droits de l’homme Salah Dabbouz, qui a eu lieu avant-hier à Ghardaïa.

Le mot d’ordre d’appel à la grève générale et à la désobéissance civile s’est fait également entendre ce mardi dans le milieu des travailleurs et des étudiants à Béjaïa. Ils ont répété à tue-tête: «La grève générale jusqu’à la chute du système!» ; «Rahou djay, rahou djay, el 3isyane el madani!» (La désobéissance civile est inéluctable).

Sur les réseaux sociaux, l’option de la grève générale chaque mardi, couplée avec la marche des étudiants, est lancée dans le but de maintenir la pression sur le système qui est toujours en place. Dans le même contexte, la coordination du Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique-Confédération générale autonome des travailleurs en Algérie (Snapap-CGata) a appelé les travailleurs à participer à une marche, aujourd’hui à 10h (11 septembre), à partir de la maison de la Culture Taos Amrouche. A travers ses revendications, le syndicat épouse parfaitement les aspirations de la population qui sort chaque vendredi pour le changement radical du système. Le Snapap est le deuxième syndicat à sortir du corporatisme pour engager sa base en tant que syndicat sur le terrain dans le cadre du mouvement citoyen, après le Syndicat des architectes de Béjaïa. (Article publié dans El Watan, en date du 11 septembre 2019)

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