Par Antonio Julio de Menezes Neto
1° Bolsonaro a passé vingt-huit années au Congrès à provoquer Jean Wyllys, à agresser Maria do Rosário et à rendre hommage aux tortionnaires. [Jean Wyllys est le député du PSOL, ouvertement homosexuel et défenseur des LGBT à Brasilia, qui a décidé de s’exiler le 25 janvier dernier. Quant à Maria do Rosário, c’est une députée affiliée au PT, qui est connue pour son engagement sur les questions de droits de l’homme. Elle est aussi la femme dont Bolsonaro a élégamment dit il y a quelque temps qu’elle était «trop moche pour être violée», lors du rapport de la Commission sur la politique d la dictature et les droits humains – Réd.]. De plus, dans ses très peu nombreuses déclarations politiques, il avait le ton agressif quand il critiquait les privatisations ou la réforme de la sécurité sociale de Michel Temer.
2° Sans en avoir l’air, il faisait des affaires obscures avec les milices.
3° Il a passé vingt-huit ans à voter le budget annuel de l’Union pour arriver aux élections présidentielles et dire qu’il ne comprend rien à l’économie. Comment donc votait-il? N’a-t-il pas réussi à apprendre ne serait-ce que le minimum?
4° Sa difficulté à comprendre les choses les plus simples est patente. En témoignent son discours mal lu de six minutes à Davos, sa façon d’éviter les débats et les entretiens (et même, paraît-il, les déjeuners), et son incapacité à formuler la moindre pensée. Tout cela est maintenant connu de tous.
5° Son catalogue de roucoulements politiques commence à apparaître. Et qu’en ressort-il? Il critique le Venezuela, le Parti des Travailleurs, le communisme, il écrit des imbécillités sur Twitter et s’amuse à «jouer les mimes», avec des armes avec sa main.
6° Le «marché» passé avec ses entrepreneurs, ses banquiers et ses conseillers domine les propositions économiques du gouvernement. Guedes [l’économiste ultralibéral aux commandes du ministère de l’Economie] propose de diminuer les impôts pour les riches et exige des «sacrifices» de la part de ceux qui ont besoin des prestations sociales. Avec quel objectif? Ne pas augmenter les impôts des riches! Ainsi, il propose d’augmenter la concentration de la richesse [1]. Il veut aussi privatiser. Et Bolsonaro a déjà dit que le travailleur jouissait de droits excessifs.
7° Bolsonaro, avec sa difficulté cognitive, fait tout ce que le «marché» – plus exactement eux qui le font et le contrôlent – veut comme un simple fantoche. En même temps, les affaires louches qu’il fait avec ses fils apparaissent peu à peu (Flavio Bolsonaro à Rio de Janeiro).
8° Bolsonaro commence à être dans une sale posture. Il se trouve au milieu du ring à prendre les coups sans savoir que faire d’autre que mettre la faute sur le Venezuela, le PT et les services publics. Sans lui laisser le moindre répit et jusqu’à le mettre KO, nous lui assénerons coup sur coup. (Article paru le 8 février 2019 dans le Correio da Cidadania, traduction Réd. A l’Encontre)
Antonio Julio de Menezes Neto est professeur à la Faculté d’Education de l’Université fédérale de Minas Gerais (UFMG).
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[1] En 2015, dans l’Etat du Minas Gerais, l’«écroulement» prévisible – comme les enquêtes a posteriori l’ont démontré et surtout ont mis en lumière les mises en garde préexistantes – avait dévasté une région. La firme Vale, qui avait diverses tâches dans la gestion de ce type de barrage, s’était engagée à en mettre quelque 20 hors service. Il est vrai que Vale à Saint-Prex, dans le canton de Vaud (Suisse), cultive une image «écologique». La présentation de son siège en est la «preuve» (voir ci-contre). Reste que la moitié de ces barrages sont encore en fonction. L’approche est donc particulièrement durable… pour ces «constructions» qui devaient subir un sort à court terme après 2015. Vale est fiscalement accueillie par les autorités vaudoises (du canton de Vaud – en Suisse – et non pas les vaudois, membre d’une «Eglise évangélique» dont les ramifications complexes remontent au XIIe, puis se développent en Italie au XVe siècle): le barrage fiscal est solide. La «durabilité» de la politique de Vale a été étayée aussi bien par le gouvernement de Dilma Rousseff (présidente en exercice de 2011 à août 2016; et antérieurement ministre de l’Energie et des Mines de 2003 à juin 2005, membre du PT) que par le président qui a préparé l’autoroute en faveur de Bolsonaro: Michel Temer (en poste d’août 2016 à fin décembre 2018).
La rupture de barrages dont les boues ont enseveli une grande partie de la ville de Brumadinho (dans l’Etat du Minais Gerais, cette petite ville de 19’000 habitant·e·s en 2010 est proche de Belo Horizonte) a causé la mort d’au moins 142 personnes fin janvier. Le gouvernement va allouer 200 millions d’euros à la ville. Une promesse durable?
Par contre, il est certain que la mafia minière pourra continuer, de plus fort, ses «extractions sécurisées» sous le gouvernement de Bolsonaro et de ses conseillers. Vale est présent à l’échelle internationale pour l’extraction de cuivre, de nickel, de minerai de manganèse, d’or, de cobalt, de minerai de fer, de production de boulette de bois (chauffage, entre autres). Au troisième trimestre 2018, pas très bon, les actionnaires ont encaissé 2,365 milliards de dollars, sous forme de dividendes et d’options de rachats d’actions. Un article sur «l’accident» construit, entre autres par le laisser-faire des gouvernements précédents et leur complicité avec Vale et ses congénères, sera publié sous peu sur ce site. (Réd. A l’Encontre)
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