Tunisie. «La “ligne Maginot” tunisienne, c’est-à-dire ce mur de sable le long de la frontière libyenne»

Soldats des forces spéciales tunisiennes durant l'attaque de Ben Guerdane: 52 morts, le lundi 7 mars 2017, dont 35 terroristes, selon l'information donnée par l'armée
Soldats des forces spéciales tunisiennes durant l’attaque de Ben Guerdane: 52 morts, le lundi 7 mars 2016, dont 35 terroristes, selon l’information donnée par l’armée

Entretien avec David Thomson
conduit par Caroline Hayek

La Tunisie a subi le 7 mars 2016 des attaques simultanées sans précédent à Ben Guerdane, proche de la frontière avec la Libye [voir les deux articles informatifs qui suivent cet entretien]. Celles-ci ont été attribuées à l’Etat islamique (EI). David Thomson, journaliste à RFI, spécialiste des mouvements jihadistes, répond aux questions d’une journaliste du quotidien libanais L’Orient le Jour.

On est en droit de se demander sous quelle forme le gouvernement tunisien va utiliser cette situation pour imposer sa «loi d’urgence» aux mouvements sociaux et politiques d’opposition en Tunisie, au nom de la défense du territoire et de l’unité nationale. La Brigade antiterroriste, une force spéciale qui a subi un entraînement spécial, dès 1991, par le RAID français, pourrait être, à côté de troupes policières, un élément d’une politique répressive, étayée sur une criminalisation des mobilisations sociales. Or, une couche importante de jeunes «hyperpécarisés» et, de fait, souvent surexploités dans des petits boulots qui se combinent de manière «flexible» au chômage ne peuvent se projeter dans un avenir, au-delà du lendemain. Ils sont qualifiés de «réservoir à jihadistes», afin d’effacer les racines socio-économiques de leur statut et les réduire à des «terroristes potentiels», des «terroristes sociaux» qui ont été des coacteurs du renversement du régime Ben Ali. Certes, leur désespérance nourrit leur adhésion au jihadisme, ce que des statistiques «démontrent», car les chiffres en tant que tels, peut-être exacts, effacent le vécu et les épreuves qui participent à la construction de leur choix pratiquement jihadiste. Un choix qui est souvent éloigné du «choix rationnel» proposé par les sociologues influencés par la dite logique des théories économiques néoclassiques. (Rédaction A l’Encontre)

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Est-ce que les jihadistes circulent facilement entre la Libye et la Tunisie?

David Thomson: La circulation a été extrêmement facile pour les jihadistes, notamment tunisiens, mais aussi français, entre la Tunisie et la Libye jusqu’à récemment, c’est-à-dire jusqu’au début de l’année 2015. C’est ce qui a permis à plusieurs centaines de Tunisiens de regagner sans trop de mal le jihad, en particulier à partir de l’été 2013. À partir de 2015, les autorités tunisiennes mais aussi libyennes, en tout cas, la partie Fajr Libya, ont été beaucoup plus vigilantes. Mais les flux continuaient de passer. Aujourd’hui, les passages sont beaucoup plus difficiles, mais ils continuent d’aller et de venir, notamment en bénéficiant des réseaux de contrebande, dont le territoire se trouve aux frontières.

Quelle est l’importance de la ville de Ben Guerdane? A-t-elle été un vivier de recrues jihadistes?

Ben Guerdane, dans l’imaginaire jihadiste, est une ville qui a une importance particulière, en raison d’une phrase qui a été prononcée par Abou Moussab el-Zarqaoui, qu’on peut considérer comme le père spirituel de l’État islamique (EI). Après 2004, et la fameuse bataille de Falloujah en Irak, il avait dit dans l’un de ses messages audio: «Une ville en Tunisie s’appelle Ben Guerdane. Si elle avait été près de Falloujah, elle aurait libéré l’Irak.» Cela montre qu’à l’époque déjà il y avait beaucoup de Tunisiens dans le premier jihad irakien. Est-ce que cela voulait dire, dans son esprit, que la plupart des jihadistes tunisiens venaient de Ben Guerdane ou bien que ces derniers avaient beaucoup transité à Ben Guerdane pour se rendre en Libye, pour ensuite rejoindre l’Irak? Je penche pour la seconde hypothèse. Dans l’imaginaire, elle a un rôle important, mais je ne suis pas certain que le taux de départ de jihadistes en Irak ou en Libye soit plus important à Ben Guerdane qu’à Sidi Bouzid ou Bizerte.

Est-ce que la fermeture des postes frontaliers et le renforcement des patrouilles, y compris aériennes, à sa frontière avec la Libye suffiront à endiguer la menace? N’est-elle pas également interne?

La «ligne Maginot» tunisienne, c’est-à-dire ce mur de sable le long de la frontière libyenne, qui a été construit après l’attentat de Sousse, est de mon point de vue un non-sens. D’abord, parce qu’il est extrêmement facile de le franchir, de le contourner. Ensuite, parce qu’il y a des jihadistes tunisiens pas forcément identifiés, qui, avec une simple carte d’identité ou un passeport tunisien, peuvent tout simplement passer par les deux postes frontières de Ben Guerdane ou de Ras Jedir. Il faut également garder en tête qu’il y a encore un grand nombre de jihadistes qui sont sur le sol tunisien, qui se sont rasé la barbe et qui sont passés en clandestinité. Lors de la période où les autorités faisaient preuve d’une tolérance vis-à-vis des jihadistes entre 2011 et 2013, c’est à ce moment-là que les jihadistes tunisiens ont mis en place des trafics d’armement très importants, qui venaient de la Libye. Il y a plus de 5000 ressortissants tunisiens qui sont partis faire le jihad en Syrie, en Irak et en Libye, qui vont revenir et qui ont des intentions terroristes très fortes contre la Tunisie. Même au-delà de ces individus-là, il y a un certain nombre de militants et de jihadistes tunisiens qui sont sur le sol tunisien, qui sont armés et déterminés, et qui peuvent passer à l’action. À mon avis, il y a beaucoup de jihadistes ayant mené l’attaque de Ben Guerdane qui sont dans ce cas de figure-là.

Les attaques du 7 mars sont-elles d’une ampleur inédite? Le pire est-il pourtant encore à venir?

L’épisode de Ben Guerdane est un indicateur de la dégradation sécuritaire qui est en cours depuis la fin 2012, et qui, à mon avis, ne va pas cesser de s’aggraver dans les prochains mois et dans les prochaines années. Je pense qu’un péril majeur plane sur la Tunisie, autrement dit une situation qui pourrait devenir à terme insurrectionnelle en Tunisie, avec le retour des jihadistes. Si l’on se fie aux dernières estimations de l’ONU, plus de 4000 Tunisiens sont partis en Irak, 1000 à 1500 sont en Libye, et la plupart avec l’EI. Au sein de ce groupe, les Tunisiens sont ceux qui combattent le plus, qui sont les plus déterminés. Dans tous leurs communiqués et dans toutes leurs vidéos, ils manifestent clairement leur intention de mener des attaques terroristes en Tunisie. Le pire est à venir pour la Tunisie.

Y a-t-il eu des réactions de la part des mouvements jihadistes tunisiens par rapport à la polémique concernant le Hezbollah libanais?

Pas encore. Pour l’instant, il n’y a pas eu de réactions officielles de l’État islamique ou de la branche tunisienne d’Aqmi (Al-Qaida au Maghreb islamique) par rapport à la polémique qu’il y a eu ces derniers jours en Tunisie au sujet du classement comme groupe terroriste du Hezbollah, lequel, évidemment, bénéficie d’un mouvement de sympathie important en Tunisie, qui a donné lieu à des réactions officielles, dont celle du ministère des Affaires étrangères qui a bien précisé que le Hezbollah n’était pas un mouvement terroriste. (8 mars 2016)

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En Tunisie, l’Etat islamique lance une attaque sans précédent à la frontière libyenne

Par Frédéric Bobin

«Sans précédent.» Les commentaires étaient sur toutes les lèvres, lundi 7 mars, en Tunisie pour qualifier les affrontements spectaculaires, le matin même, entre assaillants djihadistes et forces de l’ordre, ayant fait cinquante-quatre morts à Ben Gardane, ville tunisienne située à 25 kilomètres de la frontière avec la Libye. Depuis que le pays a commencé à être frappé par le terrorisme, après la révolution de 2011, jamais, en effet, une ville tunisienne n’avait été le théâtre de telles scènes de guerre. A l’aube, des groupes liés à l’organisation Etat islamique (EI), dont les effectifs devaient osciller entre cinquante et soixante membres avaient lancé des assauts coordonnés contre une caserne de l’armée, un poste de police et le quartier général de la garde nationale.

Roquette tirée par les attaquants récupérés par un officier de police
Roquette tirée par les attaquants récupérés par un officier
de police

Profitant de l’effet de surprise, ils ont pu sillonner le centre-ville de Ben Gardane, établir des points de contrôle, s’adresser aux passants afin de les rassurer – «Nous ne sommes pas contre vous, mais contre l’armée et la police», selon un habitant rapportant leurs propos – et se livrer même à des assassinats de représentants des forces de l’ordre, surpris à leur domicile.

Pendant ces longues minutes, l’EI s’est bel et bien rendu maître du cœur de cette ville frontalière de soixante mille habitants, avant que les forces de sécurité ripostent et reprennent le contrôle de la situation, à l’issue d’affrontements très meurtriers. Le bilan diffusé par les autorités fait état de trente-six tués parmi les assaillants, onze parmi les forces de sécurité et sept parmi les civils.

Il est le plus lourd jamais enregistré en Tunisie depuis l’émergence, à partir des années 2000, d’un mouvement islamiste armé, entré ensuite dans une mobilisation de plus grande ampleur après la révolution de 2011. «Le peuple tunisien est, dans son immense majorité, en guerre contre cette barbarie et ces rats que nous allons exterminer», a commenté le président Béji Caïd Essebsi.

Le baromètre des convulsions libyennes

Ben Gardane est la principale ville tunisienne frontalière avec la Libye. A ce titre, elle est le baromètre des convulsions affectant le pays voisin, plongé dans le chaos depuis l’éclatement de la guerre civile de l’été 2014. L’économie locale est principalement fondée sur le commerce de contrebande. Ces dernières années, la frontière a aussi été traversée par de nombreux jeunes Tunisiens allant se former au djihad en Libye, avant de revenir au pays fomenter des attentats. Ben Gardane, plaque tournante du commerce informel et de réseaux terroristes: l’endroit a toujours été hautement volatil.

Dans ce contexte, la flambée de violence de lundi est la conséquence de l’intensification de la pression militaire contre les bases de l’EI en Libye même. Le grand tournant a été le raid aérien américain lancé le 19 février 2016 dans une ferme à proximité de Sabratha, ville libyenne située à une centaine de kilomètres de la Tunisie. Une cinquantaine d’extrémistes, liés à l’EI selon les autorités de Tripoli, ont été tués dans l’opération. Une grande partie d’entre eux étaient de nationalité tunisienne.

Dans les jours qui ont suivi, des affrontements ont éclaté entre des combattants de l’EI, qui avaient jusque-là fait profil bas, localement, et les milices de Sabratha, liées à la coalition politico-militaire de Fajr Libya («Aube de la Libye»), basée à Tripoli.

L’enracinement de l’EI

Les combats ont montré le degré d’enracinement de l’EI dans ces environs de Sabratha, une réalité que Fajr Libya, où les Frères musulmans exercent une forte influence, avait jusqu’alors officiellement sous-estimée.

Ces événements de Sabratha ont incontestablement redistribué la donne dans cette zone frontalière. Les bases de l’EI à Sabratha étant désormais sous pression, ses combattants ont dû se disperser ailleurs. Dès lors, l’inquiétude des autorités de Tunis était qu’ils viennent frapper en retour la frontière, un scénario qui s’est rapidement confirmé. Le 2 mars, un premier incident à El Aouija, près de Ben Gardane, a fait cinq victimes parmi les djihadistes.

Lundi matin, l’assaut contre des sièges des institutions sécuritaires de cette même ville de Ben Gardane a pris une tout autre ampleur. Outre l’érection de points de contrôle d’où les assaillants vérifiaient les identités, le modus operandi a impliqué l’élimination ciblée d’officiers de sécurité à leur propre domicile, sous les yeux de leur famille. Un habitant de Ben Gardane, joint par téléphone, cite le cas de deux assassinats de ce type, un troisième responsable n’ayant été que blessé. Les hommes de l’EI connaissaient, à l’évidence, parfaitement la ville.

Selon de nombreux témoignages, beaucoup étaient originaires de Ben Gardane. Le degré d’organisation de l’attaque ne laisse guère de doute sur l’existence d’un plan d’ensemble. Selon le premier ministre tunisien, Habib Essid, le projet était d’«instaurer une wilaya de Daech [acronyme arabe de l’EI]» à Ben Gardane. «Le plan devait exister depuis un certain temps, mais les récents événements de Sabratha ont pu en accélérer la mise en œuvre», suggère un observateur étranger à Tunis.

Etanchéité très relative

Pour le gouvernement tunisien, l’heure des comptes a sonné. Si les forces de l’ordre ont fini par s’imposer, l’embarras domine au sommet de l’Etat. «Comment un nombre aussi élevé de terroristes a-t-il pu ainsi se retrouver au centre de Ben Gardane, alors que l’endroit est en principe hypersécurisé?, s’interroge Hatem Ben Salem, le directeur de l’Institut tunisien des études stratégiques, un cercle de réflexion lié à la présidence de la République. L’armée a bien réagi dans sa riposte, mais on peut regretter une défaillance initiale dans le renseignement.»

La «défaillance» concerne aussi la frontière, dont la sécurisation demeure très incomplète. L’armée vient d’achever la construction sur 200 kilomètres d’un «système d’obstacles» – selon l’euphémisme officiel –, formé d’une tranchée d’eau salée surmontée d’un mur de sable. L’étanchéité de ce nouveau dispositif restera toutefois très relative tant qu’un système de surveillance électronique ne viendra pas le compléter. Allemands et Américains se sont engagés à fournir à la Tunisie leur assistance en la matière.

En attendant, les responsables tunisiens disent être sur leurs gardes. «Il faut dire les choses, souligne Leila Chettaoui, députée à l’Assemblée tunisienne et membre de la commission de la défense et de la sécurité, il y aura d’autres attaques de ce genre, peut-être dans d’autres régions de Tunisie, pour faire diversion. Les militaires s’attendent au pire.» (Publié sur Le Monde, en ligne en date du 8 mars 2013)

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Tunisie: affrontements meurtriers entre l’armée et des djihadistes à la frontière libyenne

La Tunisie est de nouveau le théâtre d’attaques sanglantes. L’armée tunisienne a tué trente-six djihadistes qui avaient lancé des attaques contre des installations des forces de l’ordre à Ben Gardane, dans le sud-est de la Tunisie, près de la frontière avec la Libye, lundi 7 mars, ont annoncé les ministères de l’intérieur et de la défense. Ils ont également fait état de la mort de douze membres des forces de l’ordre et de sept civils tunisiens. Six assaillants blessés ont par ailleurs été arrêtés.

attaque-tunisie-ben-guerdane-2_5559923Plus tôt, le ministère de la défense avait fait savoir qu’un soldat avait péri dans les affrontements ayant suivi les attaques, et une source hospitalière avait rapporté la mort de deux agents de sécurité, ainsi que celle d’un enfant de 12 ans.

Les groupes armés visaient les postes de la garde nationale et de la police, ainsi que la caserne militaire de Ben Gardane, une ville proche de la frontière libyenne. Le ministère de l’intérieur a souligné que les attaques menées par ceux qui ont été désignés comme étant des «terroristes» avaient été déjouées.

Le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, a condamné lundi cette attaque «sans précédent» et «coordonnée» à Ben Gardane, affirmant qu’elle avait «peut-être pour but de contrôler» cette région et de «proclamer une nouvelle province» aux mains de groupes extrémistes. «Les Tunisiens sont en guerre contre cette barbarie et ces rats que nous allons exterminer […] définitivement», a ajouté M. Essebsi dans des propos retransmis par la télévision publique.

La France a fait part de son «son soutien et toute sa solidarité». Paris «se tient aux côtés de la Tunisie qui a, une fois encore, été visée parce qu’elle est un symbole. Plus que jamais, la France est déterminée à poursuivre et intensifier sa coopération avec la Tunisie dans la lutte contre le terrorisme», a déclaré François Hollande dans un communiqué. Les Etats-Unis ont aussi «condamné avec force» les attaques et ont proposé leur aide au régime de Tunis que Washington considère comme la seule réussite démocratique du Printemps arabe.

Poste frontière et routes fermées

Un couvre-feu nocturne a été décrété pour la ville de Ben Gardane, jusqu’à mardi, 5 heures. Des patrouilles de l’armée «se sont déployées dans la ville et ont sécurisé ses accès», a précisé le ministère de la défense, appelant toutefois les habitants à la prudence et leur demandant d’informer les autorités de toute présence suspecte.

Des habitants avaient rapporté que des échanges de tirs étaient en cours tôt le matin et témoigné d’une forte présence sécuritaire dans la ville survolée par des hélicoptères.

Outre l’annonce du couvre-feu, le poste frontière de Ras Jedir a été fermé pour une durée indéterminée, a signalé le ministère de l’intérieur. Les routes menant à Zarzis et Djerba, au nord de Ben Gardane, ont été fermées à la circulation, selon une source de sécurité dans la région.

L’ombre du chaos libyen voisin

Ces violences surviennent alors que la Tunisie dit régulièrement son inquiétude quant à la situation en Libye, pays voisin en proie à un chaos qui a permis l’essor de l’organisation djihadiste Etat islamique (EI).

Un bombardement américain a visé en février près de Sabratha, en Libye, un camp d’entraînement de combattants et a fait plusieurs dizaines de morts. Parmi eux figurerait Noureddine Chouchane, un Tunisien décrit comme un cadre opérationnel de l’EI et qui serait derrière deux attaques en Tunisie, celle du Musée du Bardo à Tunis et celle de Sousse.

Mercredi 2 mars, cinq extrémistes venus de Libye retranchés dans une maison ont été abattus lors d’une opération menée par les forces de sécurité à Ben Gardane dans laquelle un civil a été tué par une balle perdue. Au moins quatre des extrémistes étaient de nationalité tunisienne.

Le premier ministre, Habib Essid, avait assuré que l’action des forces de l’ordre avait permis de «déjouer des actions terroristes». Les autorités tunisiennes ont récemment achevé la construction d’un «système d’obstacles» sur près de la moitié des 500 kilomètres de frontière commune avec la Libye. (AFP, 7 mars 2016, publié par Le Monde)

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