France-dossier. «Le mouvement social galvanisé par le mépris gouvernemental»

Manifestation à Lyon, le 16 mars

Par Marie Toulgoat

Les leaders des huit syndicats unis contre la réforme des retraites se souviendront longtemps de cet étonnant jeudi 16 mars. Arrivés dès midi devant l’Assemblée nationale pour exercer un dernier coup de pression sur un gouvernement qui disposait alors encore de toutes les cartes afin de faire voter sa réforme des retraites, ils se sont retrouvés en début de soirée au siège de la CGT à la tête d’un mouvement social galvanisé par le passage en force d’un exécutif soudainement affaibli.

L’adoption du texte porté par Elisabeth Borne est à ce point tronquée qu’elle n’a pas mis fin à la contestation. Loin de là, estime même Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT: «En recourant au 49.3, le gouvernement fait la démonstration qu’il n’a pas de majorité pour approuver le report de deux ans de l’âge légal de départ en retraite. Le compromis politique a échoué. Ce sont les travailleurs qu’il faut écouter quand on prétend agir sur leur travail.»

En écho, la CGT soulignait dès le coup de force parlementaire que «c’est bien la lutte déterminée des travailleuses et travailleurs, de la jeunesse, dans le cadre d’une intersyndicale complète, qui conduit à cette impossibilité pour Elisabeth Borne d’obtenir une majorité pour sa contre-réforme des retraites».

Rassemblements spontanés

Pour les organisations syndicales, le projet de réforme des retraites est désormais politiquement illégitime, en plus d’être largement contesté par la population. «Le 49.3 est un vice démocratique. Mais le gouvernement avait déjà déclenché auparavant le 47.1 [qui sert à limiter les débats parlementaires – NDLR] et utilisé un projet de loi rectificatif du financement de la Sécurité sociale, qui n’est pas le bon cavalier pour un projet de société majeur», rappelle Frédéric Souillot, de Force ouvrière.

Les heures qui viennent devraient donc voir une intensification des assemblées générales intersyndicales un peu partout en France en vue d’une relance des manifestations et des grèves, prévoit Philippe Martinez: «Le passage en force avec l’utilisation du 49.3 doit trouver une réponse à la hauteur de ce mépris du peuple. La mobilisation et les grèves doivent s’amplifier.»

Beaucoup n’ont d’ailleurs pas attendu leur signal pour continuer à s’opposer au recul de l’âge de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans. A Montauban, dans le Tarn-et-Garonne, une cinquantaine de personnes ont par exemple investi matinalement les locaux de l’assurance-maladie. «La Sécurité sociale appartenait et était gérée par les travailleurs en 1945. Aujourd’hui, l’Etat a mis la main dessus et est en train de la démolir. Nous voulons reprendre la main sur ce qui est à nous», revendique sur place Christophe Couderc, de la CGT.

Les dockers et travailleurs portuaires de Saint-Nazaire, Brest, Le Havre et Calais ont poursuivi leur grève et le blocage des quais au cours d’un jeudi 16 mars qui avait été décrété «port mort» par la fédération CGT des ports et docks.

Loin de calmer les ardeurs, le déclenchement du 49.3 a généré une vague de rassemblements spontanés, comme à Orléans, au Havre, à Lyon ou Toulouse. A Paris, un rendez-vous organisé par Solidaires, un temps interdit par la préfecture de police de Paris, s’est amplifié tout au long de l’après-midi sur la place de la Concorde, séparé de l’Assemblée nationale simplement par la Seine et un épais cordon policier. Réunissant plusieurs milliers de personnes, celui-ci s’est peu à peu mué en déambulation revendicative dans les rues de la capitale.

Répression antisyndicale

Face à une détermination des Français intacte, les organisations syndicales redoutent désormais que le pouvoir use de la violence pour faire taire le mouvement social et tourne la page du large désaveu de son texte. «Le gouvernement, de plus en plus, remet en cause le droit de grève. Au lieu d’écouter le peuple, ils utilisent la force», confirme Philippe Martinez.

«Nous avons le sentiment qu’il y a eu beaucoup de violence, beaucoup de répression ces derniers jours. On sent que le gouvernement veut sonner la fin du mouvement social», confie Murielle Guilbert, cosecrétaire générale de Solidaires.

Ce gant de fer n’a pas eu raison des nombreux piquets de grève tenus par les éboueurs comme les énergéticiens ou les raffineurs. «Le gouvernement espère peut-être une fin de partie, mais ce n’est pas ce qu’il va se passer», confirme Frédéric Souillot. Devant l’Assemblée nationale, puis dans la rue, tous ont en tête l’exemple de la mobilisation du contrat première embauche (CPE), en 2006. Le texte, pourtant adopté, avait été retiré devant l’ampleur des mobilisations populaires. (Article publié sur le site du quotidien L’Humanité, le 17 mars 2023)

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«Du 49.3 à la colère de la Concorde: retour sur 24 heures de feu»

Paris, place de la Concorde, le 16 mars

Par Pierre Jequier-Zalc

Le passage en force du gouvernement avec le recours au 49.3 pour imposer sa réforme des retraites fait basculer le pays dans une crise sociale et politique inédite. Récit d’une journée pas comme les autres, de la rue à l’Assemblée.

Dans quelques mois, voire dans quelques années, on regardera sans doute ce jeudi 16 mars 2023 comme un tournant du mandat présidentiel en cours. «Le premier jour de la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron», écrivaient, dès jeudi soir, plusieurs médias. En 24 heures, le pays a basculé d’un mouvement social d’ampleur – mais calme et dans une impasse face à la surdité de l’exécutif – à une crise sociale et politique dont on ne voit, pour l’instant, pas l’issue.

Tout commence au lever du soleil. Dans les matinales de radio, une question tourne en boucle: le gouvernement va-t-il recourir à l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer en force sa réforme des retraites, sans vote à l’Assemblée nationale?

Depuis la veille au soir, Emmanuel Macron multiplie les consultations sans, qu’au petit matin, la décision ne soit tranchée. Une autre, en revanche, l’est déjà depuis 24 heures: le gouvernement a décidé de casser la grève des éboueurs à Paris.

Casser la grève des éboueurs, gazer des parlementaires

Le préfet de police de la capitale, Laurent Nuñez a, sur ordre du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, demandé à la mairie de Paris le nom des agents grévistes pour les réquisitionner. Cette demande est toute symbolique. Depuis le début du mouvement, les éboueurs sont les seuls à avoir instauré un rapport de force qu’aucun autre secteur n’avait réussi à imposer jusqu’ici dans cette mobilisation.

Dès le début de la matinée, des opérations de déblocages sont lancées. Peu avant 10 heures, à Vitry-sur-Seine, où un incinérateur est à l’arrêt depuis plus d’une semaine, les gendarmes mobiles commencent à intervenir.

Face à eux, plusieurs dizaines de personnes, des éboueurs, des soutiens aux grévistes, et plusieurs députés La France insoumise, dont la cheffe du groupe parlementaire, Mathilde Panot. Pacifiquement, ces personnes effectuent une chaîne humaine pour entraver l’action des forces de l’ordre. Sans succès, après une utilisation outrageuse de gaz lacrymogènes sur les agents grévistes, comme sur les représentants de la nation. Une première dérive autoritaire, comme un symbole pour la suite de la journée.

Devant l’Assemblée, mettre la pression sur les députés

Pourtant, en ce jeudi matin, loin des incinérateurs, tous les regards sont tournés vers l’Assemblée nationale. C’est à 15 heures que doit avoir lieu le vote fatidique sur la réforme des retraites. Ne s’y trompant pas, c’est sur la place du Palais-Bourbon que les représentants des 8 centrales syndicales ont décidé d’organiser une conférence de presse à 12h30 pour «appeler solennellement les parlementaires à voter contre le projet de loi».

Près de 3 heures avant le vote, le quartier est déjà bouclé par des centaines de gendarmes et de policiers. Même pour les représentants syndicaux, l’accès à la conférence de presse est entravé. «J’ai dû vraiment m’imposer pour accéder à la place», raconte Dominique Corona, secrétaire général adjoint de l’UNSA. Pendant un temps, les gendarmes procèdent même à un tri des médias ayant droit d’accès à la conférence de presse. «Je suis intervenue au nom de l’intersyndicale pour dire qu’on ne pouvait pas trier les journalistes comme ça», raconte une source à la CGT.

Sur la place du Palais-Bourbon, quelques députés de gauche sont venus à la rencontre des représentants syndicaux. Au loin, on aperçoit déjà une grosse centaine de manifestants et une pancarte brandie où l’on lit: «Députés, ne votez pas la réforme des retraites». Le message, limpide, est passé. Laurent Berger, et Philippe Martinez relaieront à plusieurs reprises ce message aux micros.

Pourtant, on sent une incertitude au sein de l’intersyndicale. Que faire si la loi est adoptée par un vote par l’Assemblée nationale? La CFDT, «profondément légitimiste», des mots même de sa secrétaire nationale adjointe Marylise Léon, semble notamment réticente à poursuivre pleinement la mobilisation dans ce cas de figure.

Il est 13h30. La fumée blanche n’est toujours pas sortie de l’Elysée, où calculs d’apothicaires et réunions de crise s’enchaînent sans qu’aucune information fiable n’en sorte. «Ce sera le 49.3 », assure une députée. « Ils vont aller au vote, ce sont mes dernières infos», glisse une syndicaliste. Personne n’en sait rien.

14h45: le gouvernement va engager sa responsabilité avec le 49-3

Si la CFDT préfère attendre ce qu’il se passe dans l’hémicycle, Solidaires a appelé à un rassemblement place de la Concorde, à l’heure du vote. Celui-ci, pourtant déclaré dans les temps, a été interdit par la Préfecture de police.

«On a beaucoup de remontées de violences policières partout sur le territoire, on sent que la répression monte d’un cran», s’inquiètent Murielle Guilbert et Simon Duteil, les deux secrétaires nationaux de Solidaires. Après un référé liberté, le tribunal administratif leur donne raison. À 14 heures, on apprend que le rassemblement est finalement autorisé.

14h45. Le président de la République a pris sa décision. Le gouvernement va engager sa responsabilité avec le 49.3. La réforme des retraites ne sera pas votée. «L’incertitude plane à quelques voix près. On ne peut pas faire un pari sur l’avenir de nos retraites», assène la Première ministre, Élisabeth Borne depuis la tribune de l’Assemblée nationale dans un brouhaha indescriptible, entre la longue Marseillaise entonnée par les députés insoumis et les appels à sa démission hurlés par les parlementaires d’extrême droite.

«Ils écrasent la démocratie comme ils écrasent la France qui travaille. C’est le jour de leur défaite: après avoir perdu pied dans le pays, ils perdent pied à l’Assemblée», écrit, dans la foulée, le député de la Somme François Ruffin. Acculé par un mouvement social historique par son nombre, ce passage en force institutionnel est une nouvelle étincelle sur un baril de poudre, que le mutisme d’Emmanuel Macron a largement alimenté.

«Il faut multiplier ce type d’actions coup de poing»

Quelques minutes après la prise de parole de la Première ministre, plusieurs centaines de personnes se rassemblent spontanément, partout en France. Place de la Concorde, à Paris, les manifestants affluent. Une cohorte de plusieurs milliers de jeunes, partis de la Sorbonne, rejoint le rassemblement sur les coups de 16 heures.

Dans toutes les bouches, ce passage en force est un « véritable déni démocratique ». Tous, ou presque, appellent à radicaliser le mouvement. «On va bloquer le périph’ demain matin. Il faut multiplier ce type d’actions coup de poing», glisse Ali [nom d’emprunt], jeune commercial en grève depuis une semaine. Pendant plusieurs heures, le rassemblement se tient pacifiquement. « On l’a déclaré jusque 19h30. Après, ça risque d’arroser», confie un syndicaliste de Solidaires, pointant du doigt un camion à eau policier d’où coule déjà, un petit filet d’eau. Prémonitoire pour la suite de la soirée.

A 19h30, pourtant, les yeux sont tournés à l’autre bout de la capitale. Porte de Montreuil, au siège de la CGT, l’intersyndicale tient une nouvelle conférence de presse pour annoncer les suites du mouvement social. Toujours unies et soudées, les organisations décident «de poursuivre la mobilisation et appellent à des rassemblements syndicaux de proximité ce week-end et à une nouvelle grande journée de grèves et manifestations le jeudi 23 mars prochain».

«Aujourd’hui, on montre que la démocratie, c’est nous», assène Catherine Perret, secrétaire confédérale de la CGT, pour qui cette utilisation du 49.3 est «une forme de victoire pour le mouvement social». «Sans ces millions de personnes dans la rue, je vous l’assure, ce texte serait passé», souffle-t-elle.

Pour les syndicats, éviter la politique

Loin de vouloir surenchérir, les syndicats jouent justement sur la respectabilité que ces deux mois de mouvement social leur ont conférée. Ils appellent ainsi à des actions «calmes et déterminées», une première depuis le début du mouvement, espérant, sans doute, garder le soutien massif de l’opinion publique. Laquelle semble largement favorable à la poursuite des mobilisations, selon plusieurs sondages.

Pour autant, les organisations syndicales n’appellent pas à radicaliser le mouvement, souhaitant aussi garder une distance avec le champ politique. «On ne voulait pas se mobiliser en début de semaine, car on aurait marché sur le calendrier politique », explique Marylise Léon, secrétaire générale adjointe de la CFDT.

Lundi, une motion de censure transpartisane devrait en effet être discutée et votée dans l’hémicycle. «Nous, on ne se positionne pas là-dessus. Notre mot d’ordre n’est pas de faire tomber le gouvernement. Notre mot d’ordre, c’est le retrait de la réforme», poursuit-elle. […]

Ce vendredi 17 mars au matin, Gérald Darmanin déclare que 310 personnes ont été interpellées dans la nuit, dont 258 à Paris. Au même moment, plusieurs centaines de manifestants bloquaient le périphérique parisien. Une action parmi tant d’autres, à la veille d’un week-end qui s’annonce déjà brûlant.

En parallèle, les forces de l’ordre procèdent à une seconde évacuation de l’incinérateur d’Ivry-sur-Seine, bloqué par les grévistes. Face à une colère profonde et grandissante, la force semble être l’ultime stratégie de l’exécutif pour administrer, à défaut, désormais, de gouverner. Jusqu’à quand? (Article publié sur le site de Politis, le 17 mars 2023)

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«Une victoire est possible contre Macron, sa réforme et son 49.3!»

© Photothèque Rouge / Martin Noda / Hans Lucas

Par le comité exécutif du NPA

L’utilisation du 49-3 par le gouvernement est un scandale démocratique. Elle concrétise la faiblesse de la base sociale du pouvoir et son cours autoritaire. Sous la pression du mouvement, malgré un accord avec la direction de LR (Les Républicains), les députés n’ont pas osé voter la réforme. Elle renforce l’illégitimité du gouvernement et pousse les directions intégrées aux institutions à se maintenir au sein de la mobilisation, CFDT en tête. Elle montre le caractère particulièrement antidémocratique des institutions de la Ve République, qui permettent à un gouvernement minoritaire de faire passer une réforme. C’est en un sens une bonne nouvelle pour le mouvement.

Les mobilisations qui se sont tenues aux quatre coins du pays ce jeudi soir 16 mars témoignent de la colère face au scandale démocratique en cours, et la répression qui s’est abattue, contre les manifestations, mais aussi contre des militant·e·s syndicaux spécifiquement ciblés, comme ceux de l’énergie, du durcissement du pouvoir. Macron est ultra-minoritaire, sa réforme aussi, et les premières enquêtes d’opinion post-49.3 indiquent le rejet massif de ce passage en force et la profondeur de la contestation, qui ne faiblit pas. Avec la poursuite de la mobilisation, il est probable que le gouvernement accentue la répression. Cela nécessitera une solidarité et une réponse unitaire à la hauteur de la provocation.

Cependant, rien n’est gagné. Les motions de censure seront rejetées [1], le rapport de forces reste incertain. Le mouvement doit franchir un cap pour gagner, on ne peut plus se contenter de grèves saute-mouton. La date du 23 annoncée par l’intersyndicale est très lointaine. On doit l’utiliser pour construire la grève là où ce n’est pas encore le cas, en s’appuyant sur les secteurs mobilisés. Mais nous avons besoin d’accélérer les rythmes, pour ne pas démoraliser et pour ne pas laisser seuls les secteurs en pointe.

Pour nous, une victoire passe par la combinaison de différents facteurs:

  • Le renforcement des grèves reconductibles, en particulier dans les services publics et les entreprises d’Etat. Dans le privé, il faut arriver à amplifier la mobilisation pour ralentir la production et peser directement sur le patronat en parallèle de la représentation politique de celui-ci. Les grèves reconductibles ont fortement contribué à déstabiliser le gouvernement. Nous devons tout faire pour les élargir, faire de cette lutte une mobilisation quotidienne, le mouvement doit occuper l’actualité chaque jour. Ce que nous visons, c’est la grève générale.
  • Le maintien des manifestations de masse qui montrent la profondeur du mouvement, sa légitimité. L’appel à des mobilisations partout, qui visent directement le pouvoir politique comme l’avait fait le mouvement des Gilets jaunes. Avec les GJ et les équipes syndicales, il faut que le mouvement vise le blocage du pays. Il faut une manifestation nationale à Paris pour contester politiquement et massivement la réforme et le pouvoir.
  • La riposte face au scandale démocratique en cours. Le gouvernement et Macron doivent partir, mais il faut empêcher que ce soit l’extrême droite, en embuscade, qui rafle la mise. Il s’agit d’imposer une politique qui parte des besoins des salarié·e·s de la jeunesse, des retraité·e·s et qui s’appuie sur leurs mobilisations pour les imposer, un gouvernement aussi fidèle aux intérêts des salarié·e·s que celui de Macron l’est à ceux du patronat. Il est de la responsabilité de toutes les organisations de la gauche syndicale, politique, associative, de discuter de tous ces points. Nous proposons de nous réunir au plus vite.

Au-delà, et plus que jamais, une alternative politique autour d’un projet de rupture avec les politiques capitalistes est nécessaire, une rupture pour une société écosocialiste.

Une victoire est possible contre Macron et sa réforme. Nous devons nous donner tous les moyens pour y arriver. (Jeudi 16 mars 2023 à 22h57)

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[1] Une motion de censure doit réunir les voix de la majorité absolue des membres composant l’Assemblée nationale, soit 289 voix. Sa chance de réunir ce nombre de voix est très faible. (Réd. A l’Encontre)

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Communiqué de presse de l’intersyndicale du 16 mars 2023

Communiqué de presse publié suite au recours du 49.3 par le Gouvernement pour faire passer sa réforme des retraites.

Depuis deux mois,  forte mobilisation sociale contre la réforme gouvernementale des retraites

La formidable mobilisation sociale organisée par l’ensemble des organisations syndicales est engagée depuis le 19 janvier. Depuis deux mois, ce sont des millions de travailleurs-euses, jeunes, retraité.es qui ont exprimé avec force et dignité leur refus d’un recul de l’âge légal à 64 ans et d’un allongement des trimestres de cotisation.

Ce mouvement social a fait la démonstration par les grèves dans tous les secteurs professionnels toujours mobilisés et les manifestations dans les grandes comme dans les petites localités du pays, que cette réforme des retraites était brutale, injuste et injustifiée pour l’ensemble du monde du travail.

Pourquoi le Gouvernement a-t-il eu recours au 49.3 pour faire passer sa réforme des retraites?

C’est ce mouvement social exemplaire qui démontre que le Président de la République et son Gouvernement sont en échec devant l’Assemblée nationale. Au lieu de retirer leur projet, ils décident de passer en force en ayant recours au 49-3.

Déni démocratique et crise sociale

L’intersyndicale mesure avec gravité la responsabilité que porte l’exécutif dans la crise sociale et politique qui découle de cette décision, véritable déni de démocratie.

Poursuite de la mobilisation le jeudi 23 mars

Forte du soutien de la grande majorité de la population, mobilisée depuis des semaines, l’intersyndicale continue à exiger le retrait de cette réforme en toute indépendance dans des actions calmes et déterminées.

L’intersyndicale décide de poursuivre la mobilisation et appelle à des rassemblements syndicaux de proximité ce week-end et à une nouvelle grande journée de grèves et manifestations le jeudi 23 mars prochain.

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Utilisation du 49.3: un nouvel échec pour le gouvernement

Par Sud Solidaires Fédération des transports urbains & interurbains

Toute la semaine, les ministres juraient que leur projet de réforme serait voté à l’Assemblée nationale. Finalement madame 49.3 a encore frappé. Spontanément, partout dans le pays, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue pour dénoncer ce déni de démocratie. La brutalité est une preuve de la fébrilité du gouvernement. Dans un contexte de
colère populaire exacerbée et de mobilisations massives, nous ne pouvons pas laisser impunie pareille provocation: nous devons hausser le ton pour en finir avec ce projet de loi, et avec la politique brutale du gouvernement, menée dans l’intérêt exclusif des ultras-riches et des multinationales. Pour cela, nous avons quatre choses à faire:

? Rejoindre la grève reconductible qui se poursuit dans de nombreux secteurs
professionnels depuis le 7 mars (ramassage des déchets, SNCF, pétrole, électricité, etc.)
? Venir au dépôt, venir à l’atelier, venir sur nos lieux de travail pour participer aux assemblées générales et décider par nous-mêmes de l’organisation de la grève.
? Participer à toutes les opérations «coups de poing», et aux blocages économiques organisés un peu partout en ce moment.
? Renforcer les manifestations prévues aux quatre coins du territoire, et en particulier celles qui auront lieu le 23 mars 2023.

Ne rien faire, c’est soutenir Macron et sa politique injuste.
La grève, c’est le 49.3 des travailleurs! (17 mars 2023)

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Utilisation du 49.3: face au coup de force, on continue jusqu’au retrait!

Communiqué du Sud Solidaires Education

Ce jeudi 16 mars, le gouvernement a actionné l’utilisation de l’article 49.3 pour faire passer sans vote la réforme des retraites. Il s’agit d’un aveu de faiblesse: impopulaire dans l’opinion, rejetée par les travailleuses et travailleurs, combattue dans la rue, elle est minoritaire à l’Assemblée. Le gouvernement méprise la démocratie sous toutes ses formes: il le démontre encore une fois. SUD éducation dénonce ce coup de force autoritaire, antisocial et antidémocratique.

Cela ne sonne pas la fin de la mobilisation, au contraire. Cette décision doit conforter les personnels de l’Education, et plus largement la population, dans son rejet de cette réforme et dans sa volonté d’affronter le gouvernement. Rappelons-le: une loi promulguée peut être retirée face à une mobilisation d’ampleur, comme cela a été le cas en 2006 avec le CPE!

La grève et les actions se poursuivent dans de nombreux secteurs: blocages de ports, grèves des éboueurs, actions de blocages de nœuds logistiques… Dans l’éducation, un nombre significatif de personnels sont encore en grève ce jeudi 16 mars, et participent à ces initiatives. Des Assemblées générales montrent l’envie d’en découdre et de poursuivre la mobilisation. En particulier, la grève sur les épreuves de spécialités en début de semaine prochaine apparaît comme une perspective d’action importante.

Face au coup de force, on continue les 20, 21, 22, 23 mars… jusqu’au retrait!

SUD éducation revendique le retrait de la réforme des retraites et appelle les personnels de l’éducation à:

  • se mettre en grève et participer aux actions en cours dès maintenant, y compris sur les épreuves de spécialités, les 20, 21 et 22 mars;
  • se réunir en Assemblées générales pour décider de la grève et de sa reconduction;
  • mettre les écoles et établissements à l’arrêt;
  • converger avec les autres secteurs, par la grève et les manifestations, le 23 mars à l’appel de l’intersyndicale interprofessionnelle pour faire plier le gouvernement. (17 mars 2023)

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«Retraite: la grève, seule arme des travailleurs»

Par Lutte ouvrière

Le recours de Macron au 49-3 pour faire passer la loi sur les retraites suscite une immense et légitime colère. Ceux qui se mobilisent depuis des semaines se sentent piétinés, et ce mépris renforce leur détermination à combattre cette attaque.

Du côté des politiciens de toutes les tendances, les manoeuvres vont redoubler au Parlement avec les motions de censure, les appels à la démission de Borne, et autres agitations des députés.

Ce vacarme parlementaire ne couvrira toutefois pas la voix des travailleurs partout où ils sont rassemblés: usines, bureaux, transports, grandes et petites surfaces, etc. La grève la plus large, la plus irrésistible, soutenue par des manifestations, est le seul moyen de faire peur au patronat au point qu’il oblige Macron à retirer sa réforme. Discutons-en partout et organisons-nous sans attendre! (17 mars 2023)

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