Etat espagnol-débat. Un gouvernement de coalition: fin du «cycle de changement»? 

Pablo Iglesias versant des larmes suite à l’investiture de Pedro Sanchez

Par Mats Lucia Bayer

Alors que nous arrivons à la fin de la décennie commencée en 2010, il est inévitable d’examiner le passé et de faire le point sur les avancées et les reculs que nous avons connus au niveau des luttes sociales. Dans le cas de l’Etat espagnol, l’entrée de Unidas Podemos (UP) au gouvernement marque le dénouement d’un cycle politique qui commencerait avec le M15 [le Mouvement des Indignés] en 2011. Pour certains, ce fait est la consécration de ce que ce mouvement a exprimé, à savoir la volonté de faire de la politique différemment dans un contexte de crise de régime. Pour d’autres, la formation de ce nouveau gouvernement est presque une fausse sortie relative à l’élan de contestation qui a commencé à se forger en 2011. Parmi tous les événements qui ont pu surgir au cours d’une décennie turbulente, comme celle que nous clôturons, il est nécessaire de faire le point sur ce qui s’est passé il y a cinq ans, le 25 janvier 2015, jour où le gouvernement de Syriza a été élu en Grèce, avec Alexis Tsipras à sa tête. Cette arrivée au pouvoir (dont personne ne semble plus vouloir se souvenir) a marqué le sommet de la crise politique de l’Union européenne en raison de sa gestion de la crise, ainsi que la possibilité se profilant pour les forces progressistes en Europe (et en particulier Podemos) de pouvoir aspirer un jour à construire une hégémonie dans la gauche, dans le but de proposer une alternative à la solution néolibérale à la crise.

L’accord gouvernemental entre le PSOE et Unidas Podemos est sans aucun doute un tournant dans les 45 ans qui se sont écoulés depuis la fin de la dictature franquiste. Il constitue également le premier gouvernement de coalition progressiste depuis la Deuxième République [1931-1939]. Cependant, au-delà du fait qu’il s’agit d’un événement historique, il semble que le nouveau gouvernement soit perçu plus avec soulagement pour avoir évité un gouvernement des trois droites [PP, Ciudadanos, Vox] qu’avec l’espoir ayant trait à sa capacité effective de mener des politiques de transformation. Aussi bien la trajectoire historique du PSOE, ses réticences en 2019 à conclure un accord de coalition avec Unidas Podemos (jusqu’au résultat des élections du 10 novembre), que les accords concrets contenus dans l’accord de coalition (qui sont en deçà des attentes formulées par UP au cours des derniers mois) n’invitent pas à un optimisme excessif.

Dans le document d’accord, présenté le 30 décembre 2019 [1], se sont révélées les potentialités ainsi que les limites imposées à la capacité d’action du nouveau gouvernement. Selon la plupart des médias, nous sommes confrontés à un véritable changement de paradigme, qui mettrait fin à des années de politiques néolibérales en faveur d’un programme de type social-démocrate [2]. Toutefois, une analyse plus détaillée du document montre que ces aspirations sont plus que limitées. Il s’engage à garantir des droits tels que le niveau des retraites [le gouvernement de coalition a augmenté le montant de retraite de 0,9% comme première mesure] ou le soutien à la dépendance [handicap], tout en assurant «le respect des mécanismes de discipline budgétaire pour garantir la viabilité des comptes publics» [3]. A titre d’exemple, dans la lutte contre l’emploi précaire (un des thèmes centraux des partenaires de la coalition), des divergences apparaissent déjà dans l’interprétation des politiques à mettre en œuvre: alors que Unidas Podemos préconise l’abrogation de la réforme du travail de 2012 [sous le gouvernement de Mariano Rajoy, qui accentue la réforme de 2020], le PSOE défend la nécessité de mettre fin à ses effets les plus néfastes et régressifs. Nous attendons de voir la portée de ces mesures, mais les réticences déjà exprimées, ainsi que le fait d’ignorer la réforme du travail mise en œuvre par le PSOE en 2010, indiquent que le travail ne cessera pas d’être la principale la variable d’ajustement pour assurer la «reprise économique». Comme l’explique Mikel de Lafuente, entre 2007 et 2017, la part des salaires dans le PIB est passée de 50% à 47%, preuve des modalités avec lesquelles le capital a maintenu ses avantages par rapport à la contraction des ressources de la classe ouvrière [4].

C’est pourquoi le grand capital affirme n’être pas favorable à ce type d’orientations. En particulier, l’UE, qui a joué le rôle d’un pouvoir technocratique qui a dicté le chemin de la rigueur, bien qu’elle ne soit pas dans la meilleure des situations, est loin de vouloir abandonner ses prérogatives. Le PSOE, dans son souci de respecter la politique néolibérale promue par les institutions européennes, a nommé Nadia Calviño (ancienne directrice générale du budget de la Commission européenne) à la vice-présidence économique, ce qui a constitué une déclaration d’intention visant à contrebalancer l’intégration d’Unidas Podemos au sein du gouvernement [El Pais du 10 janvier écrit: «La présence de Calviño est un antidote face aux inquiétudes de Bruxelles ou de Francfort»]. Dès que le principe d’un accord pour une coalition progressiste a été annoncé le 12 novembre, l’UE a envoyé un message clair au gouvernement du PSOE en place, à savoir que le budget présenté jusqu’alors ne respectait pas les limites de dépenses et qu’il devait donc être réduit de 8 milliards d’euros [5]. Cette tendance à assurer des garanties s’est confirmée récemment avec la nomination d’autres membres du gouvernement, comme Arancha González Laya, ministre des Affaires étrangères (anciennement haut fonctionnaire à l’OMC, directrice de cabinet durant huit ans de Pascal Lamy, directeur général de l’OMC de 2005 à 2013), ou José Luis Escrivá à la tête du ministère de la Sécurité sociale, marquant ainsi l’engagement du PSOE à veiller au respect des recettes néolibérales européennes [El Pais du 11 janvier résume son orientation à moyen terme: «rendre les retraites anticipées plus difficiles et accroître le nombre d’années de cotisation pour calculer le montant de la retraite]. Le PSOE a défendu cette politique de recrutement dans le but de construire un pouvoir exécutif ayant un «profil économique» [6]. Un profil économique à partir duquel on peut clairement voir une modification, en particulier avec la séparation du ministère du Travail et de la Sécurité sociale en deux entités distinctes.

L’accord gouvernemental devra également tenir compte des limites imposées de dépenses, qui dans le cas de l’Espagne se sont concrétisées avec la réforme de l’article 135 de la Constitution en 2011 [sous le gouvernement de José Luis Rodriguez Zapatero, appuyé en l’occurrence par le PP]. Cet article, qui privilégie le remboursement de la dette par l’Etat par rapport à toute autre dépense, limite la capacité de tout gouvernement à agir comme un organisme politique, le subordonnant au capital financier. Bien que la réforme ait eu lieu en 2011, un moratoire de 9 ans a été établi, cette année étant le premier exercice gouvernemental où elle devrait être appliquée avec toutes ses conséquences [7]. En d’autres termes, les budgets devront assumer la rigueur d’une règle où le déficit est interdit. C’est dans ce contexte que les budgets de cette année devront être élaborés (puisqu’ils n’ont pas été définis dans le cadre de l’accord). Et bien que ceux-ci devront être négociés avec un spectre plus large au sein du Congrès des députés, le résultat de l’arithmétique des alliances actuelles au Parlement, la pression face à la paralysie et à l’échec de ce gouvernement (et dès lors la possibilité de l’arrivée au pouvoir de la droite) favorisent le PSOE en premier lieu.

Si l’on se place du point de vue du contexte européen, la formation d’une «coalition progressiste» apparaît comme un spécimen rare au regard de l’évolution générale des gouvernements des pays membres de l’UE. Un contexte marqué par une crise de l’UE elle-même, face à laquelle la gauche n’a pas su proposer une alternative capable d’aboutir à la construction d’un rapport de forces suffisant (notamment depuis le désastre de l’expérience grecque). Comme nous le soulignons depuis les élections européennes [8], nous affrontons, d’une part, une recomposition des blocs politiques historiques en crise (à droite et à gauche) autour d’un objectif de gouvernance. Cet espace de gouvernabilité autour du «centre extrême» a vécu son dernier épisode dans la coalition gouvernementale établie en Autriche entre la droite et le parti vert [début janvier: 10 ministres pour le parti conservateur-ÖVP et 4 pour les écologistes]. La gauche qui était critique de la social-démocratie mais qui n’a pas opté pour une remise en cause plus ou moins frontale des orientations existantes a dû rejoindre ce bloc de gouvernance pour ne pas disparaître. D’autre part, nous assistons à une droitisation accentuée du spectre politique, l’extrême droite étant actuellement la plus apte à fixer l’agenda politique.

Dans le cas espagnol, ce champ politique a été fragmenté sous l’effet de la crise du régime qui a affecté le Parti populaire PP). L’émergence de Vox, à la suite de cette crise, le pousse vers l’extrême droite. Aussi habilement que de manière prévisible, l’émergence de cette extrême droite a été utilisée par le PSOE pour se positionner dans le bloc de gauche tout en rétrécissant son espace politique. Unidas Podemos a été vidé (et s’est laissé vidé) dans cette réorganisation des espaces politiques qui a lieu en Europe, en abandonnant une grande partie (ou presque toute) son autonomie par rapport au PSOE. La coalition dirigée par Podemos n’a cessé de chercher à prouver sa valeur en tant que partenaire gouvernemental du PSOE, se présentant non seulement comme un acteur incontournable de sa possibilité de gouverner, mais aussi comme un partenaire privilégié pour participer au gouvernement. La réduction de l’horizon des possibles que s’est attribuée Podemos est un élément particulièrement inquiétant, car cela écrit les dernières pages d’un espace politique dont l’origine réside précisément dans la contestation du régime de 1978 [«transition» post-franquiste] et avec elle aussi la place du PSOE, un de principaux acteurs de ce régime.

Parallèlement à cette réorganisation des espaces politiques, qui est le résultat de l’accumulation des crises que connaissent les sociétés européennes, de nouvelles voix commencent à sonner l’alarme sur la possibilité d’une nouvelle crise. La Banque mondiale a déjà averti que les niveaux d’endettement restent extrêmement élevés et que cela pourrait avoir de graves conséquences en cas de crise [9]. En Espagne, ces niveaux de dette agrégée (dette de l’Etat, des entreprises et des particuliers) s’élèvent à 240% du PIB. L’application de l’article 135 de la Constitution impose une limite d’endettement de 60% du PIB (actuellement 96,57%), soit une 518’286 millions d’euros [la dette publique de l’Etat s’élevait à 1’047’250 millions en 2018] [10]. Si certains milieux se félicitent de la légère réduction de l’endettement privé [11], celle-ci est davantage liée à la faible rentabilité de l’économie «non financière» comparée aux gains des investissements financiers. En effet, les injections massives de liquidités opérées par la BCE tendent à accentuer les risques de bulles spéculatives qui entraîneront l’ensemble de l’économie dans l’abîme. En outre, les banques ont entrepris de vastes opérations de cession d’actifs toxiques, conformément aux orientations proposées par la BCE, qui visent à protéger le grand capital face à une nouvelle crise. Alors que les réformes antisociales entreprises au cours des dix dernières années ont fortement réduit les protections de la population face aux fluctuations économiques. Tous ces éléments sont cités non seulement pour donner une image du contexte dans lequel ce nouveau gouvernement se forme, mais aussi pour nous rappeler la cristallisation des principaux rapports de forces de pouvoir en Europe, actuellement. Et dans cet affrontement, le mécanisme de la dette joue un rôle central (comme ce fut le cas à partir de 2008 au sein de l’Etat espagnol). Face à un scénario de ce type, le capital a plusieurs étapes à franchir pour défendre ses intérêts.

Dans un entretien à Eldiario.es du 7 janvier 2020 [12], intitulé «Nous n’allons pas oublier d’où nous venons», Pablo Iglesias, secrétaire général de Podemos, deuxième vice-président du gouvernement [sur quatre] et ministre des Droits sociaux et de l’Agenda 2030, a résumé les perspectives de son parti dans le nouveau gouvernement de coalition. Ainsi, il a expliqué comme un processus d’apprentissage tactique le fait d’avoir compris la nécessité d’adapter le discours de Podemos à la défense de la Constitution espagnole. Dans un contexte de crise économique et sociale et de la droitisation du spectre politique de la droite, il serait plus pertinent de défendre le cadre constitutionnel, notamment les articles «surtout ceux promus par la PCE» [le Parti communiste espagnol «il y a quarante ans et qui en ce moment de montée de l’extrême droite pourraient servir de ceinture de sécurité et quasiment de programme pour un gouvernement des gauches»], que de parier sur les horizons constituants. Plus avant, dans le même entretien, Iglesias a supposé qu’il y a des limites claires à l’action politique du gouvernement, sachant que les règles limitant les dépenses budgétaires ne seraient pas enfreintes. Un témoignage qui reflète clairement l’évolution de l’orientation politique de Podemos au fur et à mesure que l’hypothèse de l’entrée au gouvernement (à tout prix) gagnait du terrain. Cependant, ce sont deux affirmations qui sont difficiles à marier. D’une part, on défend une politique «patriotique des gauches», d’autre part, on suppose que la capacité d’action politique d’un «gouvernement souverain» d’un pays, élu selon les canaux représentatifs de la démocratie parlementaire, dépend de règles qui garantissent le retour des investissements pour le grand capital. Dans le cas qui nous occupe, la dette globale, dans le cadre légal actuel, sera utilisée par le capital financier pour extorquer à nouveau la population espagnole. L’illusion de conjuguer le «Oui, nous le pouvons» avec le «There is No Alternative» (inventé par Margaret Thatcher dans les années 80), en affirmant qu’il peut y avoir une coexistence entre les deux, ne pourra pas être maintenue indéfiniment. Alors qu’Unidas Podemos tente de créer une politique différente sans se confronter au cadre juridique imposé par le néolibéralisme, les affrontements dans la rue avec les politiques néolibérales ainsi qu’au sein de l’exécutif lui-même ne tarderont pas à venir. Face à un tel scénario, quel rôle Unidas Podemos peut-il jouer?

L’évolution qu’Unidas Podemos a connue en tant qu’espace politique, de plus en plus dépendant de la nécessité de démontrer sa capacité à gouverner, soulève des doutes raisonnables sur son aptitude à établir le rapport des forces nécessaire à la mise en œuvre de politiques économiques et sociales progressistes. En 5 ans, UP est passé d’une force politique qui exemplifiait la crise politique et ouvrait des horizons en direction de la possibilité d’un processus constituant [par rapport au régime de 1978, entre autres] qui permettrait, lui, de redéfinir les paramètres dans une perspective véritablement démocratique, et d’aspirer à se constituer comme une force permettant conditionner sur la gauche le PSOE. D’une expression par le bas de la crise de régime, nous nous trouvons face maintenant à une force politique qui propose une clore cette crise par la gauche, mais sans l’ambition que soient appliqués des changements structurels. Après l’échec de l’expérience grecque [13] en 2015 avec la capitulation du gouvernement de Tsipras, il est apparu clairement que, face au rouleau compresseur que représente la politique néolibérale de la troïka [FMI, BCE, Commission de l’UE], toute politique de conciliation n’aura guère de chance si elle n’est pas accompagnée d’un plan sérieux de désobéissance. Sinon, cela reviendra à maintenir un espoir artificiel consistant à pouvoir obtenir de la sorte des marges de manœuvre pour mener à bien des politiques de transformation. En même temps, l’opposition au gouvernement des trois partis de droite a clairement fait savoir qu’elle ne cessera pas de saboter le débat politique pour lui nuire, se plaçant clairement sur le terrain d’une rhétorique de coup d’Etat qui encourage l’affrontement [dans la rue, dans le parlement et par le biais des structures juridiques]. Nul doute qu’elles mettront à profit également toute attaque des institutions européennes afin d’affaiblir le gouvernement. Espérons qu’Unidas Podemos ne sera pas piégé dans une attaque des institutions qui sera également utilisée par ces droites pour affaiblir le gouvernement. Le maintien par l’UP de son autonomie par rapport au PSOE sera fondamental non seulement pour assurer un résultat acceptable lors des prochaines élections, mais surtout pour éviter d’être complètement absorbé dans le processus de rénovation du PSOE.

Cette autonomie n’est pas seulement fondée sur la bonne volonté des dirigeants d’Unidas Podemos, mais elle dépendra aussi du rapport réel des forces dans la société et en particulier des mobilisations sociales. De nombreuses voix d’Unidas Podemos ont souligné l’importance que les mobilisations auront au cours de cette législature (notamment Pablo Iglesias qui a mentionné les syndicats des retraité·e·s et des locataires lors de son investiture). Le point de tension ne résidera donc pas dans la reconnaissance de l’importance de ces mouvements, mais dans la relation entretenue avec eux de la part des institutions. En lieu et place de pouvoir s’instituer comme un agent structurant de la société civile qui servirait à promouvoir les mobilisations sociales, la direction de Podemos a préféré que l’organisation se concentre sur la politique institutionnelle, sous la fameuse stratégie de la machine de guerre électorale. S’il est vrai que l’UP se présente souvent comme le porte-parole des mouvements, il est important qu’il ne succombe pas à la prétention d’une hiérarchisation, dans laquelle les mouvements doivent se subordonner au travail institutionnel. Endiguer et réduire la lutte de classe à son aspect parlementaire serait aussi dangereux et prétentieux que de prétendre que cinq ministres [Pablo Iglesias, Irene Montero, Alberto Garzón, Yolanda Diaz, Manuel Castells] sont capables de représenter les intérêts de toute une classe. (Article publié sur le site Viento Sur, en date du 16 janvier 2020; traduction rédaction A l’Encontre)

Mats Lucia Bayer est membre du CADTM

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[1] https://elpais.com/politica/2019/12/30/actualidad/1577717188_495072.html

[2] https://www.lavanguardia.com/politica/20191231/472650294044/acuerdo-psoe-podemos-gobierno-coalicion-reforma-laboral-irpf.html

[3] Acuerdo de gobierno: punto 10.7.

[4] https://vientosur.info/spip.php?article15480

[5] https://www.eleconomista.es/economia/noticias/10210281/11/19/Bruselas-pide-al-nuevo-Gobierno-un-ajuste-de-casi-8000-millones-respecto-a-sus-planes.html

[6] https://elpais.com/politica/2020/01/10/actualidad/1578660599_300684.html

[7] https://www.publico.es/economia/constitucion-deficit-sanchez-e-iglesias-topan-austeridad-entra-vigor-reforma-articulo-135.html

[8] https://vientosur.info/spip.php?article14895

[9] https://www.theguardian.com/business/2020/jan/08/world-bank-global-debt-crisis-borrowing-build-up

[10] https://www.publico.es/economia/constitucion-deficit-sanchez-e-iglesias-topan-austeridad-entra-vigor-reforma-articulo-135.html

[11] https://cincodias.elpais.com/cincodias/2019/12/26/economia/1577379691_445840.html

[12] https://cincodias.elpais.com/cincodias/2019/12/26/economia/1577379691_445840.html

[13] http://www.cadtm.org/Propuestas-de-Varoufakis-que

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