Maroc. L’«Hirak» bouscule le «Makhzen»

Dossier

Le 28 octobre 2016: un vendeur de poisson, Mouhcine Fikri, a été broyé par une benne à ordures, à Al-Hoceima, dans le nord du Maroc (Rif), alors qu’il tentait de s’opposer à la saisie et à la destruction de ses poissons, jeté dans la benne, par des agents de la ville. Mouhcine Fikri ne pouvait se résoudre à perdre son gagne-pain. Ce crime a suscité une vague juste d’indignation. Des milliers de personnes participent, deux jours plus tard, dans le calme, à ses funérailles.

Depuis lors, la mobilisation sociale – avec diverses dimensions – n’a cessé de croître dans cette région et divers mouvements de soutien, réprimés, se sont exprimés dans diverses villes du pays. Ce 2 juin, une grève générale a été déclarée dans la ville d’Al-Hoceima. La figure incontestée du mouvement est Nasser Zafzafi. Sa libération et celle de ses codétenus sont devenues la première revendication du Hirak. Une condition sine qua non, selon les militants, pour éventuellement, ouvrir la porte du dialogue sur les revendications suivantes. (Rédaction A l’Encontre)

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Comme le rappelle Catherine Gouëset, dans L’Express du 31 mai 2017 :« Le drame a eu lieu il y a sept mois, mais la région du Rif ne s’en remet pas. Depuis, la contestation n’a pas désenflé, au point d’aboutir ces derniers jours à des arrestations en série. L’image n’est pas sans rappeler la fin tragique de Mohamed Bouazizi, vendeur de légumes tunisien. Son immolation, après la saisie de sa marchandise, avait déclenché le soulèvement de 2011 dans son pays. Le début des Printemps arabes.

Comme en Tunisie, cette mort accidentelle n’a rien d’anecdotique. L’événement a ébranlé tout le Maroc, tant il est emblématique du sort des habitants qui survivent de petits boulots au noir, dans un pays où l’économie parallèle sert de soupape.

«Les autorités ferment les yeux sur le secteur informel parce que c’est le prix à payer pour maintenir la paix civile», constate Omar Brouksy, universitaire et journaliste marocain. Mais pour Mouhcine Fikri, comme pour près d’un Marocain sur deux, cette «zone grise» est synonyme de précarité et d’arbitraire. Tous ces travailleurs sont à la merci d’un fonctionnaire trop zélé ou avide d’un bakchich.

Des manifestations spontanées ont éclaté dans les grandes villes du Maroc. A Al-Hoceima, comme dans tout le Rif, elles ne se sont pas éteintes une fois l’émotion passée. Elles ont donné naissance à un mouvement de contestation, le «hirak » (le mouvement) qui persiste depuis lors. Il réclame plus d’attention à cette région, l’une des plus pauvres du pays. Chômeur de 39 ans, Nasser Zefzafi, arrêté lundi 29 mai, est rapidement devenu le porte-voix de cette jeunesse rifaine indignée.

L’essor du mouvement s’appuie sur la mémoire à vif de cette région en majorité berbère qui a connu plusieurs soulèvements brutalement réprimés. D’abord par les colonisateurs espagnol et français au début du XXe siècle, puis sous les rois Mohamed V (1957-1959) et Hassan II (1984).

En raison de son dénuement, le Rif – le «Maroc inutile» au dire du maréchal Lyautey [1872-1925: stratège de la politique coloniale au Maroc, en tant que Résidant général de 1912 à 1916] – a été une région de forte émigration à l’origine d’une importante diaspora aux Pays-Bas, en Belgique et en Allemagne surtout. Ces Rifains de l’extérieur suivent de très près les événements en cours sur les réseaux sociaux, au point d’être accusés par le Palais de les téléguider.

A son arrivée au pouvoir en 1999, Mohammed VI s’engage sur la voie de la réconciliation et multiplie les promesses d’investissements, suscitant beaucoup d’espoirs, rapidement déçus.

La région d’Al-Hoceima n’a pas d’université, est sous-équipée au plan médical. La production de cannabis (kif) et la contrebande via les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla et la pêche sont le carburant de l’activité régionale, mais ces activités, plus encadrées, sont en perte de vitesse, aggravant encore la pauvreté de la région.

Très populaire – en particulier au sein de la jeunesse, le charismatique leader mobilise des milliers de manifestants dans sa ville natale d’Al-Hoceima, mais aussi à Nador et à Tanger. Sur les réseaux sociaux, il est suivi par la vaste diaspora rifaine. «Il parle le langage de la majorité de la population, mixant ses diatribes contestataires d’un discours conservateur, ponctué de versets du coran», souligne Omar Brousky.

Electron libre, Zefzafi n’est pourtant pas un islamiste. «Quoique conservateur, le Rif est l’une des régions les moins islamistes du pays», assure le journaliste Ignacio Cembrero, spécialiste du Maroc [le pouvoir marocain l’a fait rayer des colonnes du quotidien de l’Etat espagnol, El Pais].

Soupçon de séparatisme

Les autorités accusent Zefzafi de surfer sur le sentiment séparatiste des Rifains: depuis l’automne, les manifestants brandissent les couleurs amazigh et le drapeau de l’éphémère république du Rif, proclamée en 1922 par le vainqueur du colon espagnol Abdelkrim Khattabi. Pas celui du Maroc.

Si Zefzafi invoque souvent la figure de Khattabi, il nie pourtant toute velléité sécessionniste. «Ce n’est qu’une façon de défier le Makhzen,» estime Abdelhamid Amine, de l’AMDH. «Le sentiment communautaire est pourtant très présent au sein du mouvement», soutient Ignacio Cembrero. «Le modèle d’autonomie à l’espagnole fait rêver les Rifains. Mais si l’Etat marocain est prêt à céder sur un certain nombre de revendications sociales, le moindre geste dans le sens de l’autonomie est exclu.»

Conscient du potentiel déstabilisateur de cette crise, le Palais a tout tenté pour la désamorcer, par des condamnations ou le limogeage de responsables locaux. Visites ministérielles et promesses se sont succédé, sans parvenir à éteindre la grogne populaire.

Après un appel à une grève générale et un vaste défilé, le 18 mai, pas moins de sept ministres ont fait le déplacement. Mais le hirak exige que les discussions se tiennent avec ses représentants et pas seulement avec les élus locaux.

Nasser Zafzafi

Arrestation de Zefzafi

Rabat a alors changé alors de braquet. Le 26 mai, sur consigne du ministère des Affaires religieuses, les imams du Rif ont prononcé un prêche dénonçant les protestataires pendant de la prière du vendredi. A Al-Hoceima, Zefzafi est sorti de ses gonds en entendant l’imam accuser le mouvement de «Fitna» – schisme, division, révolte, selon le contexte – une accusation très grave pour les musulmans. Il a interrompu le prêche, prenant la parole dans la mosquée: «Est-ce que les mosquées sont faites pour Dieu ou le makhzen (pouvoir)?», a-t-il protesté. Ce faux pas lui a été fatal. Zefzafi et plusieurs dizaines d’activistes ont été arrêtés. Mardi, il a été transféré à Casablanca, loin de ses supporters.

Accusé d’avoir «insulté le prédicateur», et «semé le trouble», le tribun fait l’objet d’une enquête pour «atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat et d’autres actes constituant des crimes en vertu de la loi», selon le procureur. Il risque plusieurs années de prison.

«Ces arrestations ne font que jeter de l’huile sur le feu», dénonce Abdelhamid Amine. Le pouvoir fait pourtant le pari d’éteindre enfin la rébellion du Rif en décapitant le mouvement et éloignant ses dirigeants. Pas sûr que cela suffise. Mardi soir, à Al-Hoceima, les Rifains étaient à nouveau dans la rue. (31 mai 2017)

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Post-scriptum. Le jeudi 1er juin 2017, trois jours de grève générale ont été décrétés.. Des manifestations de soutien ont également été organisées dans plusieurs grandes villes, avant d’être dispersées par la police.

Le gouvernement et le Premier ministre Saad Eddine el Othmani – nommé par le roi, après cinq mois d’impossibilité de former un gouvernement «acceptable» par Abdelilah Benkirane, le leader incontesté du Parti de la justice et du développement, première force politique du Maroc, islamiste, depuis 2011 – est sorti de son silence. Il a incité «ses ministres à s’impliquer dans la réalisation des projets lancés en 2013 dans la région du Rif et qui ne sont pas allés à leur terme» (sic). «Les gens d’Al Hoceima, ce sont nos fils», a-t-il déclaré. Autrement dit: comme les manifestations ne peuvent être empêchées – sauf à les réprimer férocement sans en maîtriser les répercussions – elles peuvent se tenir. Mais les «leaders» restent sous les verrous. La coalition gouvernementale des six partis salue de «dialogue». Mais la population mobilisée du Rif exige, d’abord, la libération de leurs prisonniers et assure ne pas vouloir reculer. Quel dialogue est possible avec leurs représentants en prison? Les opérations de divisions et répressions leur sont trop connues. (A l’Encontre)

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 Maroc. Rif: «Aujourd’hui toute la population est en grève»

Par Fadel Senna (AFP)

Un mot d’ordre de grève générale a été largement suivi jeudi le 1er juin à Al-Hoceïma, dans le nord du Maroc, où les manifestations pour réclamer la libération du leader de la contestation locale se poursuivent à un rythme quotidien.

Jeudi soir, comme à chaque nuit tombée depuis presque une semaine, les manifestants se sont rassemblés de nouveau dans le quartier Sidi Abed, proche du centre-ville, a constaté l’AFP.

Ils étaient près de 2’000 à exiger de nouveau la «libération des prisonniers», brandissant en tête de cortège une banderole avec le portrait du leader emprisonné de la contestation, Nasser Zefzafi.

Le rassemblement s’est déroulé sans incident, pour s’achever peu avant minuit.

Fermeture des échoppes à l’occasion de la grève générale

En milieu d’après-midi, la quasi-totalité des magasins du centre-ville ont observé une grève générale, là aussi pour exiger la remise en liberté des activistes du «hirak» (le mouvement), nom donné à ce mouvement qui lutte pour le «développement» du Rif, région qu’il estime marginalisée.

«Aujourd’hui toute la population est en grève. C’est un message à notre roi Mohammed VI pour qu’il intervienne à Hoceïma», a lancé un gréviste.

La grève a été très suivie dans les villes voisines d’Imzouren et Beni Bouyaach, selon un habitant joint au téléphone. Une importante manifestation a également eu lieu à Imzouren et ses environs, selon des images diffuses sur les réseaux sociaux.

Depuis la diffusion vendredi 26 mai 2017 d’un mandat d’arrêt visant Nasser Zefzafi, le leader de la contestation qui secoue la région du Rif ces derniers mois, la province d’Al-Hoceïma est en effervescence.

Nasser Zefzafi, qui dénonçait depuis des mois la «dictature» et «la corruption» du «makhzen» (pouvoir), a été interpellé lundi par la police pour « atteinte à la sécurité intérieure ».

Selon un décompte officiel, la police a procédé depuis vendredi à une quarantaine d’arrestations, visant essentiellement le noyau dur du «hirak».

Vingt-cinq des personnes arrêtées ont été déférées devant le parquet. Leur procès s’est ouvert mardi, mais a été reporté au 6 juin.

Selon la presse marocaine, certains des suspects, qui avaient été transférés à Casablanca, ont pu recevoir jeudi 1er juin la visite de leurs avocats, à l’exception de Zefzafi.

«Présomption d’innocence»

L’annonce de la grève générale avait été lancée sur les réseaux sociaux par le numéro deux du «hirak», Najib Ahmajik, actuellement en fuite.

Mercredi soir 31 mai, des protestataires, aux cris de «Nous sommes tous Nasser Zefzafi!», avaient investi les rues de la ville sans incident après le repas de rupture du jeûne du ramadan.

Malgré les arrestations, les manifestations perdurent, et le «hirak» s’organise, même «privé de ses leaders», constatait jeudi l’hebdomadaire Tel Quel.

Manifestation pour la libération de Zafzafi

De nouveaux visages du mouvement sont apparus sur le devant de la scène, comme Nawal Benaissa, 36 ans et mère de quatre enfants.

Disant être convoquée par la police, celle-ci s’est rendue jeudi matin au commissariat d’Al-Hoceïma, d’où elle est ressortie libre peu après et a affirmé avoir été interrogée notamment à propos du mot d’ordre de grève générale qu’elle avait relayé la veille, a-t-on constaté.

Après des heurts nocturnes avec les policiers pendant le week-end, les manifestations se déroulent depuis lors sans violences. D’autres rassemblements ont été signalés dans la province ces derniers jours, dont il est difficile de cerner l’ampleur.

Des sit-in et rassemblements de « solidarité » ont été organisés ailleurs dans le royaume, dont plusieurs ont été dispersés violemment par la police, à Rabat, Casablanca et Meknès.

Après un long mutisme, la classe politique est sortie de son silence. Les chefs des partis de la majorité ont appelé «le gouvernement à davantage d’interaction positive avec les revendications des habitants», selon l’agence de presse MAP (officielle).

Le Premier ministre islamiste Saad-Eddine Al-Othmani, qui s’est entretenu du sujet avec le ministre de l’Intérieur, a assuré que la région «est au cœur des préoccupations du gouvernement».

Le ministre de la Justice de son côté «a mis l’accent sur le respect de la confidentialité de l’enquête, de la présomption d’innocence» et des droits des interpellés, et notamment «en cas de preuves attestant de faits de torture» à leur encontre, selon un communiqué du gouvernement. (Source AFP)

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Maroc. Rif: «L’Etat nous opprime. Tous les droits des Rifains sont bafoués»

Par Stéphanie Wenger

Ce mardi 30 mai, la petite salle du tribunal d’al-Hoceima, dans le nord du Maroc, est pleine: les familles qui ont patienté toute la journée attendent de savoir si les jeunes détenus depuis vendredi vont être libérés. L’anxiété est accrue par la journée de jeûne et de chaleur, mais ce sera non. Un flottement d’incertitude, puis proches et jeunes échangent rapidement quelques mots à distance. Des mains se lèvent, les trois doigts du milieu au garde à vous: c’est un symbole amazigh.

Un homme refuse d’y croire: son fils de 18 ans doit passer un examen préparatoire du bac le lendemain. Il s’enroule dans un drapeau marocain, brandit un portrait du roi, invective les policiers, et prend des passants à témoins: «Vous n’avez pas honte? Rendez-moi mon fils.» Sa femme essaie de le calmer: «Safouan sortait simplement acheter quelque chose, il s’est fait arrêter sans raison. Il ne fait pas de politique, il est discret, timide.» Un avocat reconnaît n’avoir même pas eu connaissance des procès-verbaux et de ce qu’on reproche à ses clients. L’audience a été fixée au 6 juin.

La nuit est tombée, la ville est vide, c’est l’heure du ftour, le repas de rupture du jeûne. Moins de deux heures plus tard, les rues commencement à s’animer. Des groupes de jeunes se dirigent vers le quartier de Sidi Abed et la place qui surplombe une rue qui grimpe, épicentre de la contestation depuis quelques jours. La police lance un assaut, tente d’empêcher le rassemblement, mais quitte finalement la place. Une haie de manifestants les accompagne dans leur descente, ils se tiennent la main, applaudissent. « Selmiya, selmiya!» (pacifique) crient-ils, un mot d’ordre répété à l’envi pendant la soirée.

D’autres slogans «Liberté, dignité et justice sociale», «Le peuple du Rif a décidé de mettre à bas la militarisation» et bien sûr «Koulouna Zefzafi»: «Nous sommes tous Zefzafi», du nom du leader de la contestation populaire qui secoue depuis octobre 2016 cette région du Rif.

Le visage de Nasser Zefzafi, arrêté lundi pour «atteinte à la sécurité intérieure», s’affiche sur les tee-shirts et les feuilles de papier brandis à bout de bras. Les autorités n’ont pas affaibli le mouvement en arrêtant son porte-parole ; son incarcération et celles des autres prisonniers, dont certains ont été envoyés à Casablanca, s’ajoutent aux colères des habitants du Rif. Hayet est venue avec ses deux enfants: «Nous sommes la région avec le plus de chômeurs. Il n’y a pas d’usines ici, pas d’hôpital digne de ce nom, pas d’université. Ce soir, on est là comme une seule main avec mes sœurs et mes frères rifains et j’espère que les autres Marocains nous soutiennent.»

Dans le rassemblement, beaucoup d’étendards amazigh: bleu, vert et jaune, frappés de la lettre «Z» en tifinagh. Très peu de drapeaux de la «République du Rif», l’étendard rouge avec le croissant et l’étoile verts au cœur d’un losange blanc.

Comme pour contredire ceux qui accusent le mouvement de velléités séparatistes, beaucoup veulent insister ce soir sur leur «marocanité». « On est contre la division. On sait que le Maroc est en train de se développer, mais il faut faire quelque chose pour tous ces gens», crie Malik, très ému. Il n’est à al-Hoceima que pour quelque temps. Il travaille en Belgique et, comme beaucoup de Rifains, fait vivre sa famille ici : «On est avec le roi jusqu’à la dernière goutte de sang, alors il faut faire un peu pour nous.»

La foule est compacte, déterminée et mélangée : beaucoup de familles et d’enfants. Solidaires, les manifestants n’hésitent pas à laisser le passage et à proposer des gobelets d’eau. Du haut de la place, on demande le silence quand le père de Nasser Zefzafi prend la parole: «Je suis fier de mon fils… Je remercie les manifestants» avant de conclure en martelant «selmiya, selmiya, selmiya.»

Zefzafi est en prison mais le relais est assuré: Nawal Benaissa, une mère de famille, galvanise la foule ce soir. Ses adresses au micro sont saluées par des hourras: «Il faut mettre toutes les personnes arrêtées par la police en liberté car elles sont innocentes. Elles sont sorties revendiquer leurs droits. Je m’adresse à tous les Marocains : le Rif saigne. L’Etat nous opprime. Tous les droits des Rifains sont bafoués. Mais nous allons continuer à lutter contre cette injustice. Ils peuvent arrêter autant de militants, de jeunes et de femmes qu’ils veulent. Nous n’avons pas peur. Nous n’allons pas baisser les bras.» (Figaro,1er juin 2017)

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«La mère de Nasser Zazafi a relaté les détails de l’intervention policière à son domicile le 26 mai dernier»

«Nous sommes des gens simples, nous n’avons rien, nous ne possédons rien et nos enfants ne travaillent pas. […] On veut que le roi nous rende justice». C’est en ces termes que la mère du leader du mouvement de contestation du Rif, Nasser Zafzafi, a décrit sa situation personnelle dans un entretien accordé à nos confrères de H24info. Dans cette interview, la mère du leader du mouvement de contestation appelle également le roi Mohammed VI à libérer son fils, arrêté le 29 mai par les forces de l’ordre.

La mère de Nasser Zafzafi a également évoqué l’intervention policière ayant eu lieu à son domicile le 26 mai lorsque les forces de l’ordre ont voulu arrêter son fils. Une intervention qui a eu lieu dans la foulée de l’intervention du leader du Hirak dans une mosquée d’Al Hoceima où il a interrompu le prêche d’un imam. «Les policiers m’ont demandé d’ouvrir la porte, mais ils l’ont défoncée avant même que je n’arrive», raconte la mère du leader du Hirak. Dans le feu de l’action, les policiers auraient confondu Nasser avec son cousin, «ils l’ont attrapé par l’épaule et l’ont tiré. Je lui [un des policiers] ai demandé de le lâcher, mais il n’a rien fait. Il m’a frappée, je suis tombé dans les pommes et ils m’ont emmené à l’hôpital».

Lors de leur intervention, les policiers se sont emparés d’une clé USB où figuraient des photos personnelles du leader du Hirak. Selon, la mère de Nasser Zafzafi ce sont ces photos figurant dans cette clé USB qui ont été récemment diffusées sur les réseaux sociaux. Elle confie également que son fils souhaitait se rendre aux forces de l’ordre lorsque ces dernières ont voulu l’arrêter et assure que «ses amis l’en ont empêché». Pour rappel, Nasser Zafzafi fait l’objet d’une enquête pour «atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat». (In Tel quel ma, 1er juin 2017)

 

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Al Hoceima. La mobilisation se poursuit pour la septième nuit consécutive

Ce soir du 1er juin, le Hirak d’Al Hoceima entamait son septième jour consécutif de manifestation. Mais à 22 heures, heure à laquelle le rassemblement est censé débuter, seulement une centaine de manifestants sont présents au Boulevard Sidi Abed.

Un faible nombre comparé aux milliers de manifestants présents depuis six jours sur ce grand axe de la ville du Rif et qui peut s’expliquer par la fermeture, par les forces de l’ordre, des ruelles donnant accès à cette artère d’Al Hoceima selon Elmortadi Imaamrachen militant du Hirak. Une information confirmée par notre journaliste présent sur place.

Les manifestants sont dans le doute et «attendent de voir ce qui va se passer» nous indique notre envoyé spécial. A 22h05, des petits groupes arrivent sur le lieu de rassemblement, sous les applaudissements de la population. Certains entament des slogans, mais sont priés de se taire par d’autres groupes de manifestants.

Il est 22h10 lorsque les premiers chants, en l’honneur du leader du mouvement Nasser Zafzafi, sont entendus. 200 personnes sont présentes et réclament «dignité, liberté et équité sociale». Les rangs des manifestants grossissent malgré quelques échauffourées sans gravité entre policiers etdes jeunes manifestants.

Manifestation à Al-Hoceima

Aux environs de 22h40, ils sont près d’un millier de manifestants à s’être rassemblés à Sidi Abed. Mais la figure montante du Hirak, Nawal Benaissa est absente. Selon une source au sein du comité d’organisation du Hirak, qui ne donne pas plus de précisions, la militante s’est vue «empêchée de rejoindre le rassemblement». Une absence qui ne déplait pas à ce manifestant qui nous déclare: «Ce n’est pas plus mal, parce qu’il n’ya pas de chef. Le chef c’est le peuple». Malgré le faible nombre de manifestants, l’organisation est toujours aussi bien huilée. Des couloirs facilitant les déplacements et des cordons visant à «protéger» les femmes sont mis en place. [Dès le 1er juin, les médias n’ont plus présenté Nawal Ben Aissa comme la «dirigeante montante du mouvement». Certes, elle était apparue beaucoup sur les réseaux sociaux. Toutefois, la figure incontestée du mouvement demeure Nasser Zafzafi.]

A 23h30, alors que la manifestation touche à sa fin, les militants du Hirak entament des chants pour remercier les personnes ayant participé aux manifestations de soutien du mouvement ayant eu lieu dans les villes Tanger, Tétouan ou Nador. Six minutes plus tard, comme depuis sept jours, la manifestation se disperse.

Une collecte de fonds est organisée afin de financer la logistique du prochain rassemblement qui aura lieu demain. Une journée durant laquelle les commerces de la ville pourraient entamer leur deuxième jour de grève générale puisqu’un appel a été lancé dans ce sens par le Hirak. Ironie du sort, certains manifestants présents sur place se plaignent de «ne pas pouvoir boire de café». Un appel a également été lancé pour le boycott la prière du vendredi afin de manifester «contre l’utilisation du religieux par l’Etat» nous indique-t-on du côté des manifestants. Un boycott qui aura lieu une semaine après l’irruption de Nasser Zafzafi dans une mosquée de la ville où le leader du Hirak avait interrompu le prêche d’un imam [Tel Quel ma, 2 juin 2017)

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Non à la répression! Solidarité avec les luttes des masses populaires du Rif! (PST algérien)

Depuis plusieurs mois, une formidable mobilisation populaire a embrasé toute la région du Rif marocain pour exiger le jugement et le châtiment des responsables de la mort du jeune vendeur de poissons Mohsen Fikri, broyé dans une benne à ordures en octobre 2016. Organisé démocratiquement et structuré autour des comités de base, le mouvement populaire du Rif a pris une ampleur sans précédent, après avoir intégré d’autres revendications démocratiques et sociales rappelant le soulèvement du 20 février 2011 au Maroc. En effet, c’est contre la répression et la militarisation de la région d’El Hoceima, d’une part et, d’autre part, pour le développement des infrastructures sociales, notamment dans l’éducation et la santé, que le mouvement s’est cristallisé. Mais, le soulèvement des masses populaires du Rif a fini par remettre en cause les politiques libérales, imposées par le FMI, la BM (Banque mondiale), l’UE et les diktats des transnationales, et qui n’ont engendré que l’austérité, la marginalisation, la paupérisation et le chômage de masse.

Après avoir misé vainement sur son essoufflement et son isolement, le régime monarchique et répressif marocain a tenté sans succès de discréditer le mouvement populaire en l’accusant d’être à la solde de l’étranger et qu’il vise à semer «le chaos et l’insécurité». Face à la résistance du mouvement et la perspective de son développement dans d’autres régions du pays, le régime a enclenché, depuis le vendredi 28 mai, une répression criminelle de grande ampleur et une vague d’arrestations des principaux dirigeants du mouvement.

Le PST (Parti socialiste des travailleurs d’Algérie) dénonce la répression et les arrestations arbitraires qui s’abattent sur la population du Rif et des autres régions du Maroc et exprime sa solidarité avec les militants et les détenus du mouvement populaire du Rif.

Le PST appelle les forces politiques, les syndicats et le mouvement associatif algériens à se solidariser avec la lutte du peuple marocain et à dénoncer la répression et les atteintes aux libertés démocratiques au Maroc.

Non à la répression du Rif! Solidarité avec les luttes du peuple marocain!
Liberté pour Zefzafi et ses camarades !
Pour le respect des libertés démocratiques au Maroc !
Pour la satisfaction des revendications légitimes des masses populaires du Rif !
Vive la solidarité et la lutte des peuples pour la liberté, la dignité et la justice sociale !
Secrétariat National. Alger, le 30 mai 2017

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