Algérie. Les étudiant·e·s de Constantine: «Nous voulons la tête de Saïd Bouteflika»

Par Yoursa Salem

Nombreux comme chaque mardi, les étudiants et les enseignants des universités de Constantine ont exprimé ce mardi leur détermination à poursuivre les marches jusqu’au départ de tout le système, lors d’une grande manifestation organisée au centre-ville.

Vers 11h, une foule impressionnante s’est regroupée à la place des Martyrs, avant d’entamer une marche d’une heure, sillonnant les artères principales de la ville.

Suivant de près l’actualité qui a marqué la scène politique durant la semaine, les étudiants ont scandé surtout des slogans hostiles à Said Bouteflika [1] qualifié de « traître » ayant « vendu » le pays. « Jibou Said » (Ramenez Said) et « Echaâ yourid isqat Said » (Le peuple veut la chute de Said), ont-ils crié. 

« Il n’y a pas de main étrangère dans ce mouvement… c’est la révolte des étudiants » et « Nous ne voulons pas d’élections sous le règne de la Mafia! Dégage ! » ont-ils exprimé.

Ils brandissaient également des pancartes sur lesquelles on pouvait lire: « Nous n’avons pas peur d’une année blanche… Mais nous avons peur d’un avenir obscur », « c’est maintenant ou jamais » et « on ne veut plus une pièce théâtrale pour calmer la situation ».

En arrivant au Boulevard Boudjerriou, les étudiants se sont arrêtés pour quelques minutes devant le pôle judiciaire pour interpeller encore une fois la justice et lui demander d’ouvrir les lourds dossiers de la corruption, demandant l’arrestation des « mafieux » et « geler leurs comptes ».

Les protestataires se sont arrêtés une deuxième fois devant la prison du Coudiat, à proximité de la place Colonel Amirouche en scandant: « Ouyahia Jibouh, Jibouh à El Coudiat Jibouh! », ce qui signifie que la place d’Ahmed Ouyahia [Premier ministre d’août 2017 au 12 mars 2019] est en prison. (Article publié dans El Watan, le 30 avril 2019)

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[1] Saïd Bouteflika, le frère du désormais ancien président de la République, a envisagé, à un certain moment, de décréter l’état de siège ou d’urgence pour faire face au mouvement populaire. Il avait même pensé, par la suite, à démettre de ses fonctions le chef d’état-major de l’ANP et vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah.

C’est ce qu’a révélé, hier, l’ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar, dans une lettre publiée sur le site Algériepatriotique relative aux deux entretiens qu’il a eus, les 7 et 30 mars dernier, dont l’un téléphonique, avec Saïd Bouteflika.

Nezzar confirme donc ce qui était dans l’air à la fin du mois de mars. Ayant pris connaissance de la réunion de l’état-major de l’armée à l’issue de laquelle avait été «suggérée» l’application de l’article 102 de la Constitution (démission de Bouteflika), le «frère du Président» voulait anticiper en provoquant le limogeage de Gaïd Salah. Un scénario qui ne s’est finalement pas concrétisé. (30 avril 2019)

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