Les vrais enjeux camouflés derrière les minarets

Dario Lopreno

Nous publions ci-dessous le texte d’une intervention faite par Dario Lopreno ayant trait à l’initiative exigeant l’interdiction de la construction des minarets en Suisse. (Réd).

Avant toute chose, précisons que notre opposition totale à cette nouvelle initiative contre les étrangers/immigré·e·s de l’Union démocratique du centre (UDC) et de l’Union démocratique fédérale (UDF), implique de même une opposition à toutes les formes de censure portant sur les affiches des initiants., ou sur le débat, aussi déplorable soit-il.

Nous nous opposons donc aux interdictions des affiches du comité d’initiative par certaines communes de Suisse. Nous ne nous associons pas aux demandes de censure d’affiches. Nous sommes favorables, par exemple, à l’attitude du quotidien français Libération qui n’avait pas censuré une publicité du Front national (FN) dans ses pages, mais avait publié, en regard, sur une page, des réponses critiques. Au même titre, nous sommes favorables à l’attitude des communes qui ont accepté de placarder l’affiche anti-minarets tout en la condamnant publiquement.

Introduction

Tant de choses ont été dites sur l’initiative xénophobe Contre la construction de minarets [1] visant à interdire tout nouveau minaret en Suisse (précisons qu’il y en a quatre à l’heure actuelle, bien que le chiffre n’ait strictement aucune importance), que nous nous limiterons uniquement à développer certains aspects. Ceux qui nous paraissent essentiels et sont peu débattus.

La force de la droite xénophobe – ou, suivant le point de vue, la faiblesse de l’argumentation de la gauche officielle en Suisse – réside dans le fait que l’UDC ait pu imposer ces thèmes, dans pratiquement tous les débats. En effet, tout un chacun se met à parler de religion, de liberté de croyance et de conscience ; ou encore se démarque des «extrémismes religieux» etc.

Or, avec cette initiative, nous avons à faire, pour l’essentiel, à une nouvelle initiative xénophobe, ciblant une immigration relativement récente: les musulmans, comme les nomme d’une manière générique l’UDC. Cette dernière réussit ainsi un coup double: imposer un faux débat xénophobe – ou raciste-xénophobe, islamophobe – tout en œuvrant par ce biais pour des objectifs plus terre à terre: accroître les méfiances et les tensions entre les salarié·e·s. Elle stimule la division entre salarié·e·s d’ici (constitués de deux catégories. par ailleurs régulièrement mises en concurrence: les Suisses et les ressortissants de l’Union européenne), les salarié·e·s extra-communautaires non musulmans et salarié·e·s extra-communautaires, musulmans.

Une fois de plus la droite xénophobe, avec la thématique choisie réussit à atteindre un objectif qui est camouflé dans le débat politique. Celui portant sur la défense – qui devrait être organiser – contre les attaques aux conditions de vie, de travail et de revenu direct (salaires) et indirect (assurances vieillesse, maternité, maladie, chômage, accident, invalidité, aide sociale, etc.) de l’ensemble des salarié·e·s, au-delà de leur situation spécifique. Ce faisant, elle empêche, l’amorce d’un débat clarifié portant sur la reconstruction d’un rapport de force qui puisse être moins défavorable pour les salarié·e·s.

Au sujet du comité d’initiative

L’initiative est portée par un comité dit d’Egerkingen, près de Flaach – canton de Zurich – où habite Ulrich Schlüer, de l’UDC, cheville ouvrière de l’initiative. Ce comité regroupe l’Union démocratique fédérale (UDF) et l’Union démocratique du centre (UDC). Voici ces principaux représentants.

• Ulrich Schlüer: UDC de Zurich, ancien secrétaire de James Schwarzenbach qui fut à la tête des initiatives xénophobes au cours années 1960 et 1970; Schlüer était aussi un collaborateur de l’ASA-Bulletin (Association Suisse-Afrique du Sud) avec l’homme d’affaires UDC Christophe Blocher, qui soutenait le régime raciste d’Afrique du Sud [2].

• Christian Waber: UDF de Berne, nous explique que «l’islam n’est pas seulement une religion, mais surtout une déclaration de guerre au monde chrétien en particulier». Ajoutons qu’il a également lancé une pétition contre «l’occultisme et les satanistes», plus précisément contre le chanteur DJ Bobo, – en fait l’Argovien Peter René Baumann – qui, avec sa chanson Vampires are alive, «minimise l’enfer et Satan». Selon les pétitionnaires avec ce «texte satanique», ce chanteur va porter les couleurs du drapeau national en mai prochain» (il s’agissait du festival de l’Eurovision 2007) [3].

• Walter Wobmann: UDC de Soleure, défend au Conseil national la mise en place d’une statistique spécifique des délits commis par des «personnes naturalisées, mais enregistrées statistiquement comme des Suisses». Lors des débats sur l’extension des bilatérales à la Bulgarie et la Roumanie, Wobmann a défendu le «non» notamment à cause de la présence dans ces deux pays de «centaines de milliers de Roms qui posent des problèmes sociaux immenses» [4].

• Oskar Freysinger: UDC du Valais, a lancé un appel disant que «les partis de droites devraient joindre leurs forces pour combattre l’islamisation» de l’Occident en général [5 ].

• Jasmin Hutter, UDC de Saint-Gall, auteur d’une motion au Conseil national pour interdire la double nationalité qu’elle qualifie de «phénomène douteux», d’«attitude opportuniste», celle de celui ou de celle qui n’est «pas vraiment Suisse» mais veut «profiter de la nationalité suisse» [6 ].

Les fausses fenêtres d’un campagne de faussaires

Nous ne reprenons pas ici les thèmes – qui sur le fond n’ont rien à voir avec la fonction politique effective de cette initiative – développés de manière réitérée, aussi bien par les partisans que par bien des opposants. Thèmes qui peuvent se résumer de la sorte. Le minaret est prescrit ou non par les textes religieux musulmans ? Est-il nécessaire ou non aux musulmans pour prier ? Un secteur religieux spécifique doit-il être réservé dans les cimetières ? Faut-il d’autoriser ou non tel ou tel mode d’abattage des animaux comestibles ? Un avis officiel doit-il être émis sur des particularités vestimentaires telles que le port du foulard ou le port du voile ? Faut-il accepter – ou non – des dispenses pour certains élèves concernant les cours de sport à l’école, etc.

Nous ne traitons pas des divergences internes à l’UDC face à cette initiative. Notamment des positions du conseiller fédéral UDC Ueli Maurer et du patron de la multinationale des transports Stadler Rail AG, l’UDC Peter Spuhler. Ce dernier ne manifeste pas un souci pour le bien-être des «salariés musulmans» en Suisse. Mais, au même titre que l’association patronale economiesuisse, il exprime une crainte pour les investissements bancaires en Suisse et les commandes industrielles de riches capitalistes «musulmans» et de pays «à majorité musulmane».

Nous n’abordons pas la problématique, plus complexe, de la viabilité (libertés constitutionnelles, libertés démocratiques fondamentales) légale finale de l’initiative si elle était acceptée. On peut toutefois mentionner le texte d’Erwin Tanner Interdire les minarets dans la Constitution fédérale? Ce texte pose les problèmes – insolubles? – fondamentaux, du point de vue du droit suisse et international, auxquels serait confrontée la mise en pratique de l’initiative [7]. Nous ne nous étendons pas sur la grave remise en cause, de facto, de la liberté de croyance et de pratique religieuse que représente une telle initiative ; même si les initiants affirment ne pas vouloir remettre cela en cause.

Nous ne traiterons pas non plus de la thématique constamment remise sur le tapis par l’UDC et l’UDF qui prétendent que l’islam est une religion politique n’ayant pas connu sa révolution des Lumières: «Quand les musulmans auront fait leur siècle des lumières, il n’y aura plus de problème avec les minarets» [8] déclare Oskar Freysinger. Il le fait dans le cadre de la campagne de l’UDC Valais contre les minarets qui instrumentalise une méconnaissance totale aussi bien de l’islam que des Lumières. En effet suivant quelle «lumière» du XVIIIe on allume, on peut sans autre justifier les propos de l’UDC… ou les mettre purement et simplement au pilori, ne serait-ce qu’en ce qui concerne l’inaliénabilité des droits fondamentaux. En effet, la campagne anti-minarets est notamment axée sur l’exigence d’une pseudo-réciprocité de la liberté de croyance et de la pratique religieuses. Autrement dit: «pas de minarets en Suisse s’il ne peut y avoir d’églises et de clochers chrétiens en Arabie Saoudite». Les initiants rendent ainsi les musulmans de Suisse coupables de la non-reconnaissance de la liberté religieuse par la dictature au pouvoir en Arabie Saoudite. Les défenseurs de cette position veulent ainsi infliger une punition collective à tous les musulmans de Suisse. Ils font aussi du communautarisme (qui est, de fait, une forme de racisme) en associant toute personne musulmane à tout ce qui se dit musulman. Ils transforment les droits démocratiques inaliénables en droits marchandisables…

Quant à la condamnation de l’islam par la démocratie, elle n’est pas pertinente. Suivant quelle interprétation des textes religieux et suivant quelle pratique religieuse on admet, on peut avoir affaire à un intégriste hyperconservateur et borné ou à un pratiquant des plus respectueux des droits fondamentaux de la personne, masculine ou féminine, individuelle ou collective. Il suffit à ce propos de comparer divers écrits et pratiques des régimes qui, se fondant sur les textes religieux islamiques (sur leur interprétation de ces textes), appliquent soit des normes juridiques les plus liberticides et barbares dans l’organisation de la société soit des normes nettement plus ouvertes. On peut aussi se référer aux écrits d’un auteur comme Mahmoud Hussein – nom de plume de deux auteurs: Baghgat Elnadi (né en 1936) et Adel Rifaat (né en 1938) d’Egypte dans Penser le Coran – qui montrent comment le Coran peut, comme tout texte religieux, être interprété dans un contexte temporel et spatial constamment changeant. Cet auteur propose une vision qui refuse de prendre les textes religieux fondamentaux à la lettre: «Le croyant qui vit cette Parole sous d’autres cieux, en d’autres siècles, ne peut donc pas la prendre au pied de la lettre. Il est au contraire appelé à un effort d’interprétation, pour accorder les enseignements coraniques aux changements de la vie.» [9]

Nous pouvons imaginer ici que les intellectuels progressistes et les démocrates musulmans n’ont pas attendu, pour préconiser un islam ouvert, la venue du président du Parti radical genevois Hugues Hiltpold. Ce dernier semble se prendre pour un nouveau prophète helvétique. Il propose «la création d’une formation pour les imams en Suisse» qui serait à l’origine«d’un islam de Suisse et non uniquement en Suisse» (sic !). Autrement dit… «un islam réconcilié avec les valeurs démocratiques, l’ordre juridique et l’esprit de tolérance qui prévalent dans notre pays.» [10]

Dès lors centrer la campagne sur l’interdiction de la construction de minarets en ne mettant en avant que certaines formes les plus rétrogrades de l’islam, ses expressions les plus intégristes, pose un double problème.

D’une part, il est difficilement acceptable, de la part d’un groupe politico-religieux intégriste chrétien comme l’UDF (qui se bat notamment pour introduire la Bible et le créationnisme dans les écoles), d’accepter ce type d’argument. D’autre part, la réduction opérée ainsi par l’UDC est inacceptable parce qu’elle se veut censure, parce qu’elle nie l’immense diversité de l’islam, parce qu’elle instrumentalise les droits des femmes («l’islam ne respecte pas la femme»), que par ailleurs l’UDC piétine en ne faisant rien contre l’inégalité salariale entre hommes et femmes, en ayant tout fait pour combattre l’assurance maternité, en ne proposant rien d’autre que la répression de dizaines de milliers de femmes sans-papiers faisant le ménage et éduquant les enfants de dizaines de milliers de familles en Suisse, en assimilant les femmes musulmanes à un pur et simple voile noir intégral côtoyant des missiles ou à un portrait mis en cage, sur les affiches de la campagne anti-minarets.

Enfin, nous ne pouvons que rester pantois face à l’incohérence totale de l’UDC qui aujourd’hui parle de démocratie et de «Lumières», peu après avoir voté au Parlement, des deux mains, l’autorisation pour les polices cantonales d’utiliser l’instrument de torture qu’est le Taser (pistolet électrique) contre toute personne soumise à la loi sur l’usage de la contrainte (rappelons tout de même au passage que, si l’UDC a commis ce délit légal avec tous les autres partis de la droite gouvernementale, dans un canton comme Genève, c’est un ministre «socialiste» qui a introduit le Taser).

Une Suisse très relativement laïque

Nous avons indiqué que la laïcité n’est pas, à notre sens, un enjeu de l’initiative. Nous désirons toutefois soulever une question: l’inexistence d’une réelle laïcité en Suisse, contrairement à ce qui est dit et répété à mauvais escient dans les débats, dans les médias, dans les instances politiques, autour de cette déplorable initiative islamophobe.

Si la Suisse est considérée comme un État laïc [11], c’est parce que la «liberté de croyance et de conscience est garantie» (art. 15 Constitution). Or les relations entre l’Église et l’État sont «du ressort des cantons» (art. 72 Constitution). Et les cantons – à l’exception de Genève, avec des réserves – n’ont pas intégré une réelle laïcité.

Tous accordent, au plan constitutionnel, aux églises catholique romaine et évangélique réformée ou protestante, une reconnaissance soit publique tout court (Genève et Neuchâtel), soit de droit public, soit de droit privé. Pour ce qui est de Zoug, la Constitution cantonale ne se prononce pas, mais la loi sur l’organisation des communes reconnaît officiellement dix communes catholiques et une commune protestante. Quant au canton de Lucerne, il reconnaît légalement les églises catholique romaine et chrétienne et évangélique réformée. Tandis que seuls trois cantons reconnaissent constitutionnellement le statut de droit public à certaines communautés juives (Berne, Bâle-Ville, Saint-Gall) et deux le reconnaissent légalement (Fribourg et Vaud) [12].

Dans certains cantons, et le Valais n’est pas le seul, un crucifix est au mur de bien des salles de classes. Dans d’autres, notamment Fribourg, la loi scolaire fonde entre autres l’école «sur la conception chrétienne de la personne». Neuchâtel et davantage encore Genève sont les deux cantons considérés comme clairement laïcs. Cela n’empêche pas l’État de Genève de prendre en charge la perception des impôts ecclésiastiques pour les communautés religieuses constitutionnellement reconnues (catholiques romains, chrétiens et protestants). Et les membres du Conseil d’État genevois entrent en fonction en devant prêter serment dans la cathédrale protestante. Dans la plupart des cantons un cours de «religion» – dans un sens restrictif (dans ce cas il n’est en principe pas obligatoire), ou dans un sens un peu moins restrictif d’«histoire des religions» – est dispensé dans l’école obligatoire [13].

Dans la majorité des cantons romands cela se fait sur la base du matériel didactique proposé par l’association Enseignement biblique et interreligieux romand: Enbiro. Ce n’est rien d’autre qu’une association des Églises catholique et évangélique et des Départements de l’instruction publique ; une construction pseudo-pédagogique pour sauver les apparences de la pseudo-laïcité. Les publications sur la question de l’enseignement des religions (du fait religieux, comme il est souvent écrit) à l’école avancent souvent un argument choc en faveur d’une forme d’enseignement religieux, l’«analphabétisme religieux» des jeunes, argument qui pourrait être utilisé pour justifier strictement n’importe quel enseignement.

Ainsi, lorsque Claude Roch, conseiller d’État libéral-radical (et non démocrate-chrétien) responsable de l’enseignement du Valais, affirme que, dans tous les cas où existent des crucifix en classe, «je suis contre le principe de la suppression» [14], on n’a pas affaire à du folklore valaisan, mais à la conception dominante de la laïcité en Suisse.

L’enjeu essentiel est camouflé

Depuis le début du XXè siècle, les autorités helvétiques, les partis gouvernementaux et le patronat ont mis sous pression les vagues successives d’immigrant·e·s, de manière à la fois extrêmement dure, constante, humiliante, légale et usant simultanément de l’oppression des salariés étrangers et de l’instrumentalisation de la pire xénophobie.

La violence de cette «politique des étrangers» se situe souvent à la limite du racisme ou perçue comme raciste, au travers des discriminations et des violences qu’elle engendre au quotidien et du fait qu’elle crée un terreau pour le racisme. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue un fait essentiel: le patronat de Suisse et les autorités fédérales ont une vision foncièrement utilitariste de la politique envers les étrangers. Cet utilitarisme face aux étrangers, nous pouvons le synthétiser par la formule suivante. «Toujours accueilli à bras ouvert dans les affaires, toujours désigné à la méfiance populaire dans les relations de travail, dans le but de diviser les salariés». Plus précisément, cela s’exprime aujourd’hui par ces cinq fondements officiels de la «politique des étrangers»:

• ouverture envers les plus fortunés et les plus qualifiés, quelle que soit leur origine;

• ouverture à moindres coûts au réservoir de main-d’œuvre des pays et régions les plus pauvres de l’UE/AELE;

• maintien d’un réservoir permanent de secours dans le reste du monde, notamment à travers les sans-papiers;

• pression permanente contre des secteurs spécifiques d’immigrants, afin de maintenir vivante les divisions profondes entre salarié·e·s et de les susciter, pratiquement, dans le mouvement syndical et ladite gauche;

• assimiler («intégrer») à «nos» valeurs les résidents étrangers permanents qui doivent s’y plier.

Précisons également que les Tsiganes (jusqu’à aujourd’hui) et les Juifs (jusqu’à la fin du nazisme) sont (les premiers) et ont été (les seconds) non point victimes de l’utilitarisme migratoire, mais victimes de racismes structurels et violents, y compris de racisme de la part des autorités et de l’État.

Au fil du XXe siècle, il y a ainsi eu d’abord les Tsiganes, les Allemands, les Juifs, plus tard les Italiens, les Espagnols, puis les Portugais, les Yougoslaves, les Tamouls. Complétons cette liste. A travers des stigmatisations encore plus génériques, on retrouve: les requérants d’asile, très peu nombreux mais transformés en épouvantails fédéraux ; les naturalisés ; les abuseurs des assurances sociales (un groupe idéal pour passer des attaques aux immigrés aux attaques aux salariés tout court, en matière d’assurances sociales et d’aide sociale) ; les ressortissants des pays de l’Est et les étrangers criminels.

La droite dure genevoise a même sorti la catégorie des frontaliers récemment. Elle a repris ainsi un thème électoral-xénophobe que la gauche populiste genevoise avait utilisé lors des votations de 2005 sur les bilatérales Suisse-UE, renonçant à mettre en avant des revendications qui unissent, très concrètement les salarié·e·s, face aux attaques patronales.

Il est clair, dans ce cas, que plus les autorités, les partis, des composantes du pouvoir économique désignent, sous une forme ou sous une autre, une catégorie de salariés à la méfiance populaire, plus se crée de ce fait une situation diffuse de méfiance, de peur ou de rejet. Les préjugés montent, le sentiment d’être en concurrence face à l’autre, l’étranger, se développe, l’impression «qu’ils font ce qu’ils veulent chez nous» s’enracine.

L’utilisation (l’instrumentalisation) de cet autre dans des situations de crise socio-économique ou comme bouc émissaire pour occulter les problèmes réels liés à l’inégalité criante dans la répartition de la richesse – c’est-à-dire comme coupable du manque de logements, de places de travail, d’argent pour l’assurance invalidité, comme profiteur, etc. – exacerbent les tensions. De cette manière, les xéno-fantasmes et les xénophobies se banalisent. Et là on entre dans une forme de banalité du mal qui permet de rendre acceptables les discours, y compris les plus violents, contre «les» (déterminant défini) auquel on ajoute le nom d’un groupe cible du moment, comme «Allemands», «Italiens», Tamouls», «Kosovars».

Les affiches nauséeuses des campagnes de l’UDC sont en syntonie avec cette logique. Après avoir vomi sur les Balkaniques et les Kosovars, sur les délinquants et les abuseurs, elles ciblent les «Musulmans». Or, il est clair que face à cette construction de la xénophobie et d’un terreau favorable au racisme, les autorités politiques assument une responsabilité de premier ordre. Soit, elles l’alimentent constamment – comme elles le font et l’ont fait – à travers des durcissements violents et croissants de la politique contre les sans-papiers, les requérants d’asile, les étrangers plus ou moins stables. Soit, elles le combattent au quotidien, par les idées autant que par des politiques de promotion, économiques, culturelles, sociales, associatives, etc. Et du coup les milieux xénophobes n’occupent pas à eux seuls tout le terrain politique.

Dans les années à venir, selon toute vraisemblance, les immigré·e·s dont le nombre croîtra seront de confession musulmane ou proviendront de pays à confession musulmane, pour l’essentiel non-membres de l’Union européenne (UE). Ils seront plus facilement mis sous pression. Cela dit, même si les dizaines de milliers de permis de courte durée, étudiants, stagiaires, travailleurs temporaires, travailleurs détachés, etc. de l’UE en Suisse ne sont pas dans une situation bien meilleure.

C’est principalement pour cette raison que le musulman (qu’il soit suisse étrangéifié ou étranger tout court) est aujourd’hui désigné comme une entité homogène, par les faiseurs d’étrangers. Parmi ces derniers – en particulier ceux qui se réclament du politiquement correct (autorités fédérales, Commission fédérale contre le racisme, universités, Forum suisse des migrations, Fonds national suisse, patronat, etc.) ou qui sont partie prenantes de la gauche institutionnelle (syndicats, partis socialiste et écologiste) – cette homogénéité a son origine dans un pseudo-constat: l’islam serait un en dernière instance. Ainsi, ils ne cessent de parler de l’islam, de qualifier l’islam, d’en faire la sociologie, la cartographie, l’histoire. Et cela, bien qu’ils se piquent de produire quelques bouts de discours sur la diversité de l’islam.

Tandis que pour les faiseurs d’étrangers qui se situent dans le courant xénophobe et qui réveillent volontairement de vieux démons chrétiens, cette homogénéité provient du fait que l’islam ne peut être vu que comme une religion conquérante. «Le minaret exprime la volonté d’imposer un pouvoir politico-religieux selon la devise Nous sommes là et nous ne partirons plus!», est-il affirmé au début de l’argumentaire du comité d’initiative contre les minarets. Du coup, ils se sentent investis de la mission de nous prévenir que l’islam ne peut que croître chez nous.

D’où la diffusion, par la propagande de l’UDC [15], de la notion de dhimmitude. Les dhimmis étant «les sujets non musulmans, chrétiens, juifs et zoroastriens auxquels est accordée la tolérance et un statut défini au sein de la communauté musulmane» [16] autrefois. Cette notion pose d’emblée et explicitement le musulman comme étant bientôt majoritaire et «nous» tenant donc bientôt à sa merci. [17].

D’où aussi la préparation du terrain, en illustrant à l’avance cette dhimmitude – dans le cadre de la campagne référendaire de l’UDC contre les deux lois sur les naturalisations de septembre 2004 ­– au moyen d’un graphique commenté et conçu par le «Comité contre les naturalisations en masse». Il était présidé à l’époque par le même Ulrich Schlüer qui gère aujourd’hui le «Comité contre la construction de minarets» metteur en scène d’un graphique intitulé «Les musulmans bientôt en majorité?» [18].

Voici la méthode utilisée pour élaborer ce graphique, essentiel pour comprendre la propagande anti-musulman. L’UDC enregistre le doublement des musulmans en Suisse entre 1990 et 2000 (152’000 à 310’000, selon l’Office fédérale de la statistique – OFS). Elle projette ce doublement pour chaque décennie jusqu’en 2040, tout en considérant que les données de base de l’OFS sont correctes puisqu’elle s’y réfère. Pourtant, l’OFS projette une diminution des taux d’accroissements de toutes les composantes de la population en Suisse, contrairement aux projections de l’UDC.

En mettant tout cela ensemble, l’UDC conclut qu’en 2040 il y aura 72% de musulmans en Suisse. Ce qui non seulement est impossible, vu la contradiction par rapport aux chiffres «officiels» utilisés. En outre, si l’on prolongeait le graphique de 10 ans (2050), il y aura 155% de musulmans dans le pays. Vous avez bien lu: c’est-à-dire qu’il y aurait, selon les chiffres de l’UDC, 11 millions de musulmans pour une population de 7,1 millions d’habitants, musulmans compris ! Cela explique pourquoi le service de propagande de l’UDC n’a pas osé, dans la publication mentionnée, faire aller son graphique et les commentaires au-delà de 2040.

Dans le même papier de propagande, l’UDC dénonce l’existence de 150’000 clandestins musulmans en Suisse en 2000 (chiffre totalement fantaisiste au demeurant), tout en ne les intégrants pas à ses calculs de 2000 à 2040. Pourquoi ? Parce que si on les intègre aux autres musulmans, en respectant strictement la méthode statistique de l’UDC, on arrive alors à 104% de musulmans en Suisse en 2040 et 223% en 2050, soit 16,3 millions de musulmans sur une population totale de 7,3 millions d’habitants musulmans compris !

Le plus choquant, dans tout cela, n’est pas seulement l’aspect nauséeux de ces méthodes, mais aussi le fait que les trois larrons qui contrôlent la presse suisse (Ringier, Tamedia et Edipresse, le second se préparant à avaler le troisième [19]) aient publié ces insanités anti-musulmanes sans publier à côté une critique de leur contenu islamophobe.

Nous nous trouvons donc aujourd’hui dans une nouvelle phase du discours utilitariste-xénophobe qui prend encore plus de contours (quasi) racistes, pour trois raisons.

D’une part, parce que les rapports de force sociaux-politiques sont particulièrement défavorables aux salarié·e·s en Suisse, mais aussi en Europe. D’autre part, parce que c’est un discours qui prend son vocabulaire dans l’ancien Occident chrétien et ses fantasmes religieux. Et, enfin, parce que la violence de ce discours est alimentée par sa dureté spécifique dans les autres pays de l’Europe, dans les ex-métropoles colonialistes où il s’arrime à l’ancien racisme colonialiste.

Mais, sur le fond, tout cela se passe selon la même logique utilitariste mise en pratique au cours du XXe siècle contre les autres immigrations. L’axe de ces discours résidant toujours dans la «distance culturelle» des étrangers vis-à-vis des Suisses [20] (le naturalisé faisant de plus en plus souvent partie des étrangers plutôt que des Suisses).

L’objectif de cet utilitarisme est, par exemple, clairement exprimé par trois plumes mercenaires au service de l’Office fédéral des migrations (ODM). Elles expliquent ce qu’a été l’«intégration» des Sri-Lankais en Suisse au cours des années 1980-1990: «Les requérants tamouls arrivés en nombre en Suisse et d’abord frappés, comme tous les demandeurs d’asile, d’une interdiction de travailler, ont souffert d’une vague de xénophobie et furent associés au trafic de drogue et largement considérés comme des abuseurs de l’aide sociale (…).» Mais l’ODM nous informe qu’ils «ont malgré tout su s’adapter de manière flexible aux demandes économiques en matière de main-d’oeuvre». Ils donnent désormais «l’image d’une collectivité sympathique, qui ne pose pas de problème et est bien intégrée, [image] sans aucun doute renforcée par la discrétion dont les Tamouls font généralement preuve, un caractère peu revendicateur, confirmé par différents interlocuteurs, et l’appréciation positive qu’ils recueillent sur le marché du travail.» [21].

Actuellement, et d’une autre manière, l’utilitarisme se fait tout aussi clairement entendre, à travers l’association patronale economiesuisse. Elle exprime ses craintes quant à «un boycott des produits et services suisses dans les pays musulmans en cas d’acceptation de l’initiative.» Selon l’organisation patronale, «les entreprises suisses ont exporté l’an dernier vers ces pays des biens pour une valeur de 14,5 milliards de francs, en hausse de 13,7% alors que les exportations globales n’ont progressé que de 4,3%». Et le président des patrons d’ajouter que l’initiative est «contraire à nos valeurs chrétiennes et libérales» [22]. Valeurs chrétiennes et libérales qui sont à mettre en regard avec la prise de position d’economiesuisse contre l’interdiction de l’exportation d’armes, question soumise au vote en même temps que les minarets [23].

Un jeu de rôle à l’échelle fédérale

Il ne faut pas perdre de vue que ce rapport de force – mise sous pression des immigrés, débouchant sur l’assimilation ou la mise à l’écart sociale ou territoriale – se concrétise à travers un jeu de rôle dont les acteurs sont la classe dominante et ses porte-serviettes de droite et de gauche.

Les premiers rôles sont tenus par les xénophobes «durs» qui ont eu ou ont encore plusieurs dénominations: Action nationale, Mouvement républicain, Parti de la Liberté, Parti des paysans, artisans et bourgeois, Démocrates suisses, Union démocratique fédérale et Union démocratique du centre. Ils prennent des positions dites «extrêmes», «xénophobes» voire «racistes».

Les seconds rôles sont tenus par la droite «raisonnable». Elle n’hésite pas à se targuer d’être progressiste quand elle s’exprime pour l’exclusion violente de masses de salariés (notamment les sans-papiers) en déplaçant ses frontières vers celles de la forteresse Schengen. Ou encore quand, en signant les bilatérales (saluées par toute la gauche comme une «ouverture» à l’Europe), elle multiplie par deux le nombre de types de permis de séjour et de travail qui surdivisent les immigrés en Suisse. Ces seconds rôles battent généralement les premiers en votations, mais souvent de peu (les xénophobes obtiennent des résultats variant de 30 à 49,9% depuis les années 1960 du XXè siècle). A chaque fois qu’ils gagnent, les seconds rôles crient victoire, en refilant aux salarié·e·s des modifications légales et réglementaires extrêmement dures pour les étrangers (sont-elles «xénophobes»?), voire pour tous les salariés (par exemple les mesures de contrainte), mesures présentées comme un «moindre mal» face aux «extrémistes» qui voulaient le «pire».

Enfin, il y a les troisièmes rôles: les socio-démocrates et, depuis la fin du XXe siècle, les écologistes. Ils apparaissent comme carrément progressistes… tout en acceptant les pires réglementations, comme la loi sur l’asile, la loi sur les étrangers, un aspect ou l’autre des législations de contrainte, les naturalisations, les «criminels étrangers», le type d’accords propres aux bilatérales ou ce que l’on nomme l’intégration (intégration officiellement, en fait intégration au mérite, assimilation pure et simple dans les faits).

Citons comme exemple, pour illustrer ces propos, l’initiative fédérale de l’UDC pour la double peine intitulée «Pour le renvoi des étrangers criminels» (c’est l’initiative dont l’affiche représente l’étranger criminel en mouton noir). Elle propose l’expulsion de tout étranger coupable de «meurtre, viol, ou tout autre délit sexuel grave, pour un acte de violence d’une autre nature tel que le brigandage, la traite d’êtres humains, le trafic de drogue ou l’effraction; ou (…) s’ils ont perçu abusivement des prestations des assurances sociales ou de l’aide sociale» [24].

L’initiative a été déposée en février 2008 avec 210’000 signatures valables (il en faut 100’000 légalement). Plus précisément, expliquons comment a été approuvé le contre-projet indirect du Parlement fédéral et du Conseil fédéral à l’initiative en question. Le contre-projet indirect est sorti après que l’UDC ait proposé au Parlement (essuyant un refus) que l’on ajoute à son initiative une mesure pour que le passeport suisse soit retiré aux «criminels naturalisés binationaux» (il y a déjà à l’heure actuelle quelque 400 retraits de nationalité par an [25]). Et cela après que les démocrates-chrétiens aient proposé (refus également) au Parlement d’autoriser un seul juge à expulser de Suisse un étranger en cas de peine de prison de plus de 6 mois. On encore après que les radicaux-libéraux aient proposé (refus aussi) d’expulser un étranger condamné à 18 mois de prison et non 24 comme le veut le Conseil fédéral [26].

Tandis que le contre-projet indirect soutenu par le Conseil fédéral propose de conditionner l’obtention ou le renouvellement du permis de séjour ou d’établissement à l’intégration – c’est-à-dire à l’assimilation – et son refus à une condamnation de deux ans sur une période de référence de dix ans, y compris en cumulant diverses condamnations [27]. Précisons qu’il y aurait à l’heure actuelle quelque 500 expulsions d’étrangers par an [28]. C’est une nouvelle forme supplémentaire de double peine, c’est aussi une punition pour non assimilation, c’est enfin une condamnation de l’indigence [29].

Le Parti socialiste, craignant le pire, s’est replié sur le moindre mal. Il dénonce et refuse durement l’initiative. Mais il «serait tout au plus prêt à approuver le principe d’une révocation des autorisations en cas de peine privative de liberté de deux ans (…) à condition de maintenir les possibilités d’exceptions et de renoncer aux autres durcissements». Le PSS accepte ainsi, sur le fond, le contre-projet des autorités fédérales. Ce dernier est particulièrement dur avec les étrangers, au nom du moindre mal. C’est la position qu’il a annoncée au cours de la procédure de consultation [30].

Mais citons encore, pour illustrer ce jeu de rôle politique pré-programmé, le fait que, pour répondre à l’initiative Contre la construction de minarets, les autorités fédérales ont joué sur deux plans. D’une part, le Conseil fédéral avance la nécessité de s’appuyer sur la Loi sur le maintien de la sûreté intérieure (LMSI), c’est-à-dire la loi amalgamant le terrorisme, l’extrémisme violent, le commerce de substances radioactives, la mise sous surveillance d’activités menaçant la sécurité intérieure ou l’ordre public, le fichage, la mise sous écoute par la police fédérale. D’autre part, actuellement les chambres fédérales sont en train de discuter de la révision de cette même LMSI pour la durcir. Dans ce cadre, le Conseil fédéral propose de «renforcer la recherche d’informations à titre préventif dans le domaine de la protection de l’État», faciliter la mise sous surveillance postale et par télécommunication, la perquisition secrète des systèmes informatiques, l’engagement d’informateurs sous fausse identité pour infiltrer des groupes «qui menacent concrètement la sûreté intérieure ou extérieure de la Suisse» [31]. C’est probablement là le seul point très concret du contre-projet indirect à l’initiative.

Atonie des syndicats et appui de certaines féministes

Mentionnons enfin quelque chose d’intéressant et qui peut donner des indications sur ce que peuvent faire les syndicats au lieu de rester atones. Pendant que ce jeu de rôle se déroulait à Berne, la conseillère fédérale Widmer-Schlumpf – celle qui tout en étant aussi à droite que Blocher a réussi à se faire élire au Conseil fédéral par toute la droite, les écologistes, les socialistes et la «gauche de la gauche» – a lancé une révision de la Loi sur la poursuite pour dettes et la faillite qui permet aux entreprises dites en faillite de licencier plus facilement leurs collaborateurs. Le nouvel acquéreur de l’entreprise peut ainsi licencier sans délai, y compris collectivement, même si l’entreprise poursuit ses activités, et les contrats de travail ne sont plus nécessairement transmis au nouvel acquéreur. C’est ce que le Conseil fédéral nomme «faciliter l’assainissement des entreprises» [32]. Or une question mérite d’être posées ici.

Pourquoi l’USS et Travail Suisse, les deux principales faîtières syndicales, n’ont-ils pas profité de l’occasion pour montrer, avec un journal spécial, distribué massivement à l’entrée des entreprises du pays, édité en une quinzaine de langues différentes, aux salarié·e·s suisses, ressortissants de l’UE, extra-communautaires légaux, sans-papiers, que:

• pour mettre au chômage des salariés, les autorités et les partis de droite se fichent de la nationalité du patron ;

• pour octroyer ou renouveler un permis pour étranger, les mêmes punissent le salarié pour la faillite du patron (puisque l’obtention ou le renouvellement d’un permis est souvent lié au fait de disposer d’un emploi):

• qu’ils s’attaquent ainsi plus durement à tous les salarié·e·s, au moment où l’augmentation des faillites est prévue par tous,

• qu’après avoir utilisé les bilatérales et leur pseudo mesures d’accompagnement pour mettre en concurrence les salarié·e·s entre eux et doubler le type de permis de travail, les autorités et les partis de droite offrent aux patrons leurs bilatérales, les bilatérales de la faillite, qui traitent de manière égalitaire patrons suisses, de l’UE ou extra-communautaires.

Ne peut-on pas supposer que ce type de «faiblesses» de la politique syndicale [33] explique, en partie du moins, la facilité avec laquelle l’UDC occupe aussi aisément le terrain politique, y compris parmi les salarié·e·s, pas seulement suisse, mais aussi de troisième génération ?

Le débat autour de la xénophobie anti-musulmane se complexifie actuellement, avec certaines représentantes du mouvement des femmes. Elles se mettent à défendre des positions associant mécaniquement oppression des femmes à islam. C’est le cas de la féministe Alice Schwarzer, l’une des principales représentantes du mouvement féministe allemand, qui pose l’antinomie «l’islam transgresse les valeurs démocratiques» [34]. Propos que reprend à son compte le groupe des Femmes UDC et que le parti a régulièrement mis en avant durant la campagne [35].

Si, après cette initiative dite contre les minarets, les initiants repartent avec une initiative contre le voile intégral, contre les mutilations génitales ou contre l’excision (thèmes qu’ils instrumentalisent en les assimilant en tant que tels à l’islam), le débat risque d’être encore plus confus qu’actuellement. Le risque de rallier davantage de personnes, y compris des féministes est grand. Et cela malgré le fait que, par exemple, l’UDC explique très clairement sur son site quel est son combat pour «la suppression pure et simple des bureaux de l’égalité des femme.» [36]

Des «musulmans»?

Selon le recensement fédéral de la population 2000 [37], les religions sont réparties ainsi en Suisse: il y a 42% de catholiques romains, 35% de réformés, 11% qui n’expriment pas d’appartenance religieuse, 4% de musulmans, 2% d’orthodoxes, viennent ensuite les hindouistes, les bouddhistes, les témoins de Jéhovah, les juifs, chacun en dessous de 0.5%, puis un très grand nombre de religions très faiblement représentées.

En ce qui concerne les 310’000 musulmans, ils sont vraisemblablement 400’000 aujourd’hui. Notons que c’est une augmentation de 29% par rapport à 2000, ce qui pose un problème de statistique intéressant. En effet, l’augmentation de 104% de musulmans entre 1990 et 2000 est devenue une augmentation de 29% entre 2000 et 2009 (maximum 33% entre 2000 et 2010). Ce qui signifie que les calculs de l’UDC, dans le graphique de propagande commis contre les naturalisation en 2004 qui table sur un doublement des musulmans de Suisse à partir de 1990 et à chaque décennie, ne tient pas la route. Il est purement propagandiste et surréaliste. Cela dit, indépendamment du fait que nous n’avons cure de savoir que les musulmans augmentent très peu, un peu, beaucoup ou énormément.

Revenons aux chiffres. Selon l’OFS, 88% d’entre eux sont étrangers, dont quelque 60% proviennent de pays de l’ex-Yougoslavie et 20% de Turquie. Un peu plus du 50% des musulmans étrangers ont un permis C. Tandis que 12% des musulmans ont la nationalité suisse, parmi eux près de deux tiers sont naturalisés depuis moins de 5 ans. Mentionnons ici que le Parlement fédéral vient d’ajouter, à ses constantes mesures vexatoires et de mise sous pression des étrangers, le prolongement du délai d’annulation d’une naturalisation de 5 ans à 8 ans [38]. Certains parlementaires demandent d’aller plus loin.

Dans la plupart des publications sur les musulmans en Suisse – et d’une manière générale, lorsque l’on parle de religion – on efface d’emblée le fait qu’il y a un très grand nombre de doctrines différentes, de courants, d’obédiences, de sensibilités, de clivages territoriaux, d’interprétations des textes, ainsi que de mécanismes importants d’adaptation locale. Cela apparaît lorsque l’on parle de «chrétiens». Cela apparaît moins lorsque le discours officiel parle des «juifs». Cela n’apparaît pratiquement pas lorsque l’on parle de «musulmans», encore moins lorsque l’on parle des «islamiques» ; et pas du tout lorsque l’on parle des «islamistes». Un fait qui s’affirme, paradoxalement, même à l’occasion de discours qui traitent de la diversité de l’islam [39]. De ce point de vue, ce qui s’est passé tout au long de la campagne sur les minarets, c’est comme si l’on critiquait en bloc, dans l’église catholique, les tenants de l’Opus Dei, les intégristes d’Écône, les prêtres ouvriers les plus progressistes et la théologie de la libération. Derrière cette tendance à l’uniformisation il y a certes beaucoup de méconnaissance, mais aussi l’utilisation d’un important réflexe xénophobe. Les partisans de l’initiative dite contre les minarets jouent à fond sur le premier de ces deux aspects pour alimenter le second.

Cependant, malgré eux, les faiseurs de «bonne pensée» (Office fédéral des migrations, Commission fédérale contre le racisme, Forum suisse des migrations, etc.) parviennent au même résultat. Ils se servent abondamment des notions englobantes (interclasses sociales), telles que: «diaspora musulmane», cantons «dans le camp catholique» [40], etc. Pire encore dans cette optique, l’application que mettent les universités – notamment de Fribourg et de Zurich – qui espèrent avoir la responsabilité de «former des imams» [41]. Précisons-le, il s’agit là (formation des imams) de l’application de l’Ordonnance sur l’intégration des étrangers (OIE, art. 7), qui prescrit que «les personnes étrangères souhaitant exercer une activité d’encadrement religieux en Suisse» – cela signifie «les imams» ou «les prêtres musulmans» (sic!), comme les nommait Yvan Perrin, le dirigeant UDC qui a éructé ses arguments face à Tariq Ramadan lors d’une émission Infrarouge [42 ] – doivent «connaître les systèmes social et juridique suisse et être aptes à transmettre ces connaissances aux étrangers qu’elles encadrent».

Ce dernier propos ne met-il pas directement le musulman suisse en position d’étranger? «Il est également possible d’examiner, dans le cadre de la procédure d’autorisation, si les vues religieuses de la personne concernée s’accordent avec nos principes en matière d’Etat de droit et de droits fondamentaux. L’autorisation est refusée si les idées professées par le requérant sont de nature à porter atteinte aux principes de l’égalité des sexes, de la liberté religieuse, de la liberté d’expression, du monopole étatique de la violence légitime et autres valeurs fondamentales de la Constitution.» [43]. Il est clair ici que la tâche dévolue aux universités est à la fois académique, théologique et de contrôle social.

Quelques mots sur ce qui nous attend

• Il est important aujourd’hui de continuer à remettre constamment en question l’instrumentalisation des racismes et des xénophobies par l’utilitarisme dominant en matière de politique des étrangers: statuts (permis), para-statuts (frontalier, fonctionnaire international), quasi-statuts (prestataires de services et travailleurs détachés, requérants d’asile non entrée en matière, déboutés), sans-statuts (sans-papiers), loterie bilatérale (né d’un côté ou de l’autre de la grande muraille de Schengen), discriminations intra-Schengen (Rom ou non, Balkanique ou non, Slave ou non, Allemand ou non, etc.). Et depuis quelques années la nouvelle catégorie musulman, dont le minaret est un substitut métaphorique, affublée de ses divers alias idéologiques (homme oppresseur de femmes, femme soumise, non apte à la démocratie, intégriste, conquérant, etc.).

• Nous devons nous attaquer avec des propositions plus précises à l’inexistence d’une politique d’intégration en Suisse (reconnaissance et connaissance réciproques des spécificités culturelles, par l’encouragement et le soutien de leurs pratiques), alors que l’intégration ne signifie officiellement rien d’autre que des menaces (école, emploi, permis, renvoi, etc.) destinées à assimiler les étrangers.

• Il est nécessaire de réfléchir à une position autonome des syndicats pour défendre l’expression des valeurs religieuses, culturelles, sociales de leurs membres, en partant de l’exigence de ne s’en tenir qu’à leurs droits démocratiques à ce sujet (sans entrer en matière sur le national-syndicalisme qui admet l’idée d’une Europe ou d’une Suisse chrétienne, etc.). Autrement dit, quelles politiques autonomes, quelles pratiques syndicales permettraient d’intégrer les travailleurs aux associations de salariés. tout en exprimant les particularismes culturels et le développement relations interculurelles, d’échanges effectifs, avec leurs dimensions universalistes?

• Nous devons nous préparer d’ores et déjà à la prochaine campagne anti-étrangers. De toute façon un premier volet portera sur la criminalité des étrangers (les chambres fédérales sont en phase d’élaboration du contre projet). Le second volet portera-t-il sur l’interdiction du voile ou de la burka (en cherchant bien, on doit bien pouvoir en trouver deux ou trois en Suisse…)? Portera-t-il sur l’excision ou d’autres traitements inhumains, que l’UDC voudra éradiquer, par une approche purement répressive (qui ne peut rien résoudre du tout sur ce terrain), tout en les assimilant sans strictement aucun fondement à l’islam en tant que tel? Quelle va être la place prise par la proposition de Blocher, demandant à l’UDC de relancer, plus durement, la campagne contre la libre circulation des personnes et quelle va être la capacité de réponse des syndicats compte tenu de leur soutien passé – à chaque vote sur la question – à cet instrument d’aggravation des conditions de salaire et de travail?

• Et enfin il faut aussi s’interroger sur les moyens de relier tout cela à la lutte: 1° pour faire de la naturalisation un simple acte administratif ; 2° pour régulariser toute personne travaillant au moins 1h/semaine en Suisse (c’est la définition officielle de la population active occupée selon l’OFS) ainsi que les membres de sa famille ; 3° pour parvenir à l’égalité des droits entre tous les salarié·e·ss: à travail égal, salaire égal, conditions de travail égales, pas de renvois forcés d’étrangers ni de renvois après condamnation pénale.

De l’anecdotique à la généralisation

Le texte ci-après provient du mémoire de Julien Vlassenbroek L’UDC de C. Blocher: l’extrême droite au cœur de la concordance helvétique?, Université Libre de Bruxelles, 2004 (sur http://www.memoireonline.com/06/06/163/m_udc-extreme-droite-concordance-helvetique0.html); il illustre bien ce que Tariq Ramadan a nommé le passage systématique «de l’anecdotique à la généralisation» dans la propagande anti-musulmans de l’UDC (émission Infrarouge de la TSR, Musulmans de Suisse: s’adapter ou partir? 3/10/2006 (http://infrarouge.tsr.ch/ir/193-musulmans)

«Jean-Henri Dunant, conseiller national UDC, s’adressait au Conseil fédéral dans les termes suivants : «des extrémistes islamistes ont obtenu l’asile en Suisse. […]. Les islamistes radicaux sont donc sur notre territoire depuis un certain temps déjà. Aujourd’hui, plus de 300’000 musulmans vivent en Suisse, bien que nous ne sachions pas combien d’entre eux sont proches de la mouvance fondamentaliste, voire des milieux terroristes. Comme le fondamentalisme islamique draine de plus en plus de personnes en Europe – c’est le cas notamment en Angleterre, en France, en Allemagne et en Italie – les dangers qu’il présente pour notre sécurité intérieure ne doivent pas être sous-estimés».

«Le conseiller national s’inquiète donc que 300’000 musulmans vivent en Suisse, bien qu’on ne sache pas combien d’entre eux sont proches des milieux terroristes car il est acquis pour lui que des «extrémistes islamistes ont obtenu l’asile» et que «les islamistes radicaux» sont en Suisse depuis un temps certain. Remarquez l’utilisation du déterminant défini «les» plutôt que de l’indéfini «des» avant l’expression «islamistes radicaux», qui suggère une idée de totalité plutôt que de fraction, et par là d’un nombre plus important d’éléments. Ensuite on recense les termes «extrémistes», «islamistes» (2 fois), «radicaux», «fondamentaliste», «fondamentalisme islamique», «danger», encerclant l’idiome «musulmans», qui, coincé entre toutes ces expressions à connotation inquiétante, s’y retrouve implicitement assimilé.»

1 / Voir le site Internet de l’initiative http://www.minarets.ch/

2 / Work (journal alémanique du syndicat Unia) Blocher und Merz: Zwei alte Freunde Südafrikas, article non signé, 10/11/2005

3 www.minarets.ch, Christian Waber, La paix religieuse est-elle menacée en Suisse? Communiqués de presse, exposés et article; http://www.edu-schweiz.ch/cms/index.php?id=602&no_cache=1&sword_list%5B0%5D=dj&sword_list%5B1%5D=bobo, Pétition à l’attention du Conseil fédéral UDF, mars 2007; ,

4 Walter Wobmann, Comment donner une seule réponse à deux questions différentes? Service de Presse UDC, Zurich, 30/06/2008

5 Diana West, Banned: Swiss People’s Party Poster Opposing Minaret Construction in Switzerland, 07/10/2009 sur le site http://www.dianawest.net/Home/tabid/36/EntryId/1059/Banned-Swiss-Peoples-Party-Poster-Opposing-Minaret-Construction-in-Switzerland.aspx

6 Swissinfo, L’assurance maternité encore menacée, 06/11/2003, sur le site Internet de Swissinfo et Jasmin Hutter, Conseil national, Motion 08.3457, Suppression du droit à la double nationalité pour les futurs naturalisés

7 / Texte paru dans l’ouvrage collectif Les minarets de la discorde, éd. Infolio, Gollion, 2009.

8 / Jean-Yves Gabbud, L’UDC édite une nouvelle affiche, Le Nouvelliste, 27/10/2009.

9 / Mahmoud Hussein (pseudonyme de Bahgat Elnadi et Adel Rifat), Penser le Coran, éd. Grasset, Paris, 2009, p. 22

10 / François Longchamp, Formation des imams en Suisse. Hugues Hiltpold veut pousser le Conseil fédéral à agir, 24 juillet 2009, sur le site Internet du Parti radical suisse, sur http://www.radical.ch/pages/a-vif/formation-des-imams-en-suisse-hugues-hiltpold-veut-pousser-le-conseil-federal-a-agir.

11 / William Ossipow, La double logique des relations Église/État en Suisse. Une perspective de théorie politique, Archives de sciences sociales des religions, Paris, janvier-mars 2003; Marco Marcacci, Communautés religieuses et État en Suisse, Le Courrier, Genève, 22/02/2005.

12 / Sandro Cattacin et alii, État et religion en Suisse. Luttes pour la reconnaissance, formes de la reconnaissance, étude du FSM pour la CFR, Berne, 2003

13 / Andrea Belliger, Staatlicher und kirchlicher Religionsunterricht an den öffentlichen Schulen der Deutschschweizerkantone, Lucerne, 2002 et Jean-Claude Basset, La religion dans les écoles romandes: de quoi parlons-nous? in Tangram, bulletin de la CFR, numéro spécial La religion à l’école, Berne, 2003.

14 / Xavier Filliez, L’école doit être un lieu de tolérance. Questions à Claude Roch, chef du Département valaisan de l’enseignement, Le Temps, 05/11/2009.

15 / Oskar Freysinger, Non à la dhimmitude, conférence de presse 22/10/2009, sur le site Internet des initiants de l’initiative contre les minarets, www.minarets.ch

16 / Glossaire du Musée du Louvre, sur http://www.louvre.fr/llv/glossaire/detail_glossaire.jsp?bmLocale=fr_FR

17 / De plus en plus de maisons de prière islamiques en Suisse, Roman S. Jäggi, porte-parole UDC Suisse, Service de presse UDC, 24/10/2005, Editorial

18 / Les musulmans bientôt en majorité? quotidien Le Temps, Genève, 04/09/2009.

19 / Tamedia, Aktionärsbrief zum ersten Halbjahr 2009, Zürich, 03/09/2009

20 / Jacques Piguet, La Suisse: pays d’immigration? Quelles politiques? Solidarités 2004

21 / Joëlle Moret, Denise Efionayi, Fabienne Stants, Diaspora sri lankaise en Suisse, ODM, Berne, 2007, pp 12-14.

22 / Editorial, Ensemble contre l’initiative anti-minarets, quotidien Le Temps, Genève, 20/10/2009

23 / Economiesuisse, Interdire les exportations détruirait des milliers d’emplois, dossier politique, Lausanne, 2009.

24 / Cf. le site Internet de l’initiative, sur http://www.initiative-pour-le-renvoi.ch/

25 / Cf. Rapport de la Commission des institutions politiques du Conseil national sur l’initiative parlementaire concernant la Loi sur la nationalité. Délai plus long pour annuler une naturalisation, Berne, 30/11/2007. Le fait que le Tribunal fédéral vient de confirmer (arrêt du Tribunal fédéral du 11 novembre 2009, auquel nous n’avons pas encore pu accéder) le retrait de la naturalisation accordée à Zurich, à un jeune devenu suisse en 2004 âgé de 22 ans aujourd’hui, reconnu coupable d’avoir tu des actes de brigandages au demeurant très violents, commis entre 2002 et 2004, est un signe que la dite justice fédérale va dans le même sens conservateur et xénophobe que le politique fédéral (Cf. Swissinfo.ch, La nationalité retirée pour des délits omis, communiqué du 11/11/2009).

26 / Cf. Session de printemps 2009 – rétrospective, 20/03/2009. Le Conseil national a en outre décidé, sur http://www.parlament.ch/e/sessionen/sitzung-in-kuerze/rueckblick-sda-archiv/fruehjahrssession-2009/Pages/default.aspx; PLR, Succès du PLR: Renvoi des délinquants étrangers, sur http://www.plr.ch/index.php

27 / Conseil fédéral, Message concernant l’initiative populaire «Pour le renvoi des étrangers criminels (initiative sur le renvoi)» et la modification de la loi fédérale sur les étrangers, Berne, 2008, p. 8.

28 / Extrapolation à partir de l’estimation donnée par 24 Heures (Xavier Alonso, Le Conseil fédéral veut expulser les étrangers en cas de délit grave, quotidien 24 Heures, Lausanne, 15/01/2009.

29 / Cf. le site Internet de la Confédération sur la modification de la loi fédérale sur les étrangers concernant le contre-projet indirect à l’ «initiative sur le renvoi». Précisons que les radicaux ont tenté, sans succès, d’amender le projet au Parlement en le rendant beaucoup plus dur.

30 / ODM, Modification de la loi fédérale sur les étrangers concernant le contre-projet indirect à l’« initiative sur le renvoi ». Synthèse des résultats de la procédure de consultation, Berne, juin 2009, p. 5.

31 / Conseil fédéral, Message relatif à l’initiative populaire «contre la construction de minarets», Berne, 27/08/2008, chap. 3.5.

32 / DFJP, Faciliter l’assainissement des entreprises. Le Conseil fédéral met en consultation un projet de révision partielle de la Loi loi sur la poursuite pour dettes et la faillite, Berne, communiqué de presse du 28/01/2009 sur http://www.bj.admin.ch/bj/fr/home/dokumentation/medieninformationen/2009/ref_2009-01-280.html

33 / USS, Service de presse, 07.05.2009, Des assainissements sur le dos des salarié(e)s – Beurk… Madame la conseillère fédérale Widmer-Schlumpf !

34 / Valérie Bélair-Gagnon, Université de Montréal, sociologie, Alice Schwarzer et le féminisme allemand, 2007, pp 90, 103-104.

35 / Barbara Steinemann, Kantonsrätin (SVP ZH), Ja zur Minarettverbots-Initiative – Medienkonferenz vom 22. Oktober 2009, Islam und Frauenschicksale, ainsi que Jasmin Hutter, conseillère nationale (UDC SG), La sharia et le minaret du point de vue de la femme, du 8 juillet 2008, sur le site www.minarets.ch.

36 / Réponse de l’UDC à la consultation sur le Protocole facultatif sur l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard des femmes, 8 mai 2006 (sur le site de l’UDC).

37 / Groupe de Recherche sur l’Islam en Suisse (GRIS), Vie musulmane en Suisse. Profils identitaires, demandes et perceptions des musulmans en Suisse. Documentation sur la politique d’intégration, rapport réalisé pour la Commission fédérale des étrangers, Berne, 2005 (le titre en dit long…); Jacques Berset, La nouvelle Suisse religieuse, sur le site Internet de l’église catholique romaine de Berne, 04/06/2009; Claude Bovay et Raphaël Broquet, Le paysage religieux en Suisse, OFS, Neuchâtel, 2004.

38 / Cf Loi fédérale sur l’acquisition et la perte de la nationalité suisse (Loi sur la nationalité, LN). Prolongation du délai d’annulation de la naturalisation. Modification du 25 septembre 2009, adoptée sur proposition de la Commission des institutions politiques du Conseil national du 30/11/2009.

39 / Groupe de Recherche sur l’Islam en Suisse (GRIS), Vie musulmane en Suisse, rapport cité

40 / Sandro Cattacin et alii, État et religion en Suisse. Luttes pour la reconnaissance, formes de la reconnaissance, FSM pour la CFR, Berne, 2003, pp 9-10 par exemple.

41 / Réponse du Conseil fédéral du 28.10.2009 à l’interpellation 09.3743, Filière de formation des imams en Suisse. Quelles suites? déposé par le conseiller national Hugues Hiltpold; Ulrich Rudolph et alii, Formation en Suisse des imams et des enseignant-e-s en religion islamique ? Rapport final. Recherche menée dans le cadre du Programme national de recherche Collectivités religieuses, Etat et société (PNR 58), Université de Zurich, juillet 2009, sur http://www.pnr58.ch/files/news/44_Imams_rapport_final_francais.pdf.

42 / Infrarouge, TSR, Musulmans de Suisse: s’adapter ou partir ? 3/10/2006, http://infrarouge.tsr.ch/ir/193-musulmans

43 / Conseil fédéral, Message relatif à l’initiative populaire «contre la construction de minarets», Berne, 27/08/2008, paragraphe 3.5.2.

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