Syrie. Assad bombarde, les rebelles avancent

Par Nadia Aissaoui et Ziad Majed

Les rebelles ont pris la base du 46e régiment de l’armée du régime Assad

Après des semaines de siège autour de la base militaire de Cheikh Souleimane (dans la province d’Alep), l’Armée syrienne libre a lancé son assaut final ce jeudi matin,22 novembre 2012. Mais très vite la progression des troupes insurgées a été stoppée. Les rebelles se sont retrouvés dans un champ de mines. Obligés de reculer, ils ont été bombardés par l’aviation. Leur repli s’est fait en catastrophe. Cheikh Souleimane est le dernier rempart de l’armée régulière au nord-ouest du pays. Il y a trois jours, la base 46, tenue par une unité d’élite près d’Alep, est tombée aux mains des rebelles. L’Armée syrienne libre a pu s’emparer d’une quinzaine de chars et de véhicules blindés. Des armes et des munitions ont ensuite été ramenées dans leurs bases arrière proches de la frontière avec la Turquie. C’est sans doute ces nouvelles prises qui ont permis d’approvisionner les troupes de la région Est. Après vingt jours de siège, les insurgés ont enfin pu prendre la base de Mayadin située dans la province de Deir Ezzor, non loin de la frontière avec l’Irak. La semaine dernière, les insurgés se sont emparés d’un aéroport militaire situé à 80 kilomètres au sud-est de la frontière irakienne. Ils ont en outre multiplié les opérations militaires. Désormais, une importante partie de l’est syrien passe sous le contrôle des rebelles. Il faut aussi souligner les manifestations de solidarité avec la population palestinienne de Gaza lors de défilés à Homs et ailleurs, le vendredi 16 novembre 2012. (Rédaction A l’Encontre et RFI)

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La situation syrienne a enregistré deux développements clés ces derniers jours. Le premier est politique, et concerne l’accord passé entre les principales factions de l’opposition syrienne, y compris le Conseil national syrien qui a élu comme nouveau président une figure réputée de la gauche, George Sabra [voir sur ce site l’article publié en date du 13 novembre 2012] pour mettre en place une large coalition nationale représentative de la révolution. Cette coalition est destinée à former un gouvernement de transition. Elle a élu le cheikh Maaz Khatib président et l’activiste politique Souheir Attasi ainsi que l’homme d’affaires et opposant Riad Seif, vice-présidents.

De nombreux pays occidentaux et arabes voient en cette coalition la représentation légitime du peuple syrien. Paris a également reconnu M. Monzer Makhous en tant que premier ambassadeur de la coalition en France.

Toutefois, pour les Syriens, l’un des gages de crédibilité de ces pays se mesure à leur disposition à apporter une aide humanitaire et militaire plus importante. Cette dernière a jusque-là été dérisoire et ne comprenait pas d’armement sophistiqué ni d’équipement antiaérien.

Washington, Paris et de nombreuses capitales européennes s’étaient jusque-là opposées à l’envoi d’armes, tandis que le Qatar, l’Arabie saoudite, la Libye et la Turquie n’avaient fourni à ce jour que de l’armement léger et des munitions dont la puissance et la quantité sont incomparables avec ce que la Russie et l’Iran apportent au régime.

C’est ce qui a retardé l’échéance de la chute de ce dernier car sa force de frappe aérienne et son artillerie lourde ont dévasté les zones libérées par les révolutionnaires et ont considérablement pesé sur leurs mouvements et leur action.

Solidarité de la population de Homs assiégée avec Gaza la résistante

Reste à savoir si la formation de cette coalition va infléchir la position occidentale concernant l’armement et l’appui logistique à la révolution.

Le second développement se situe sur le terrain. Le manque d’armes n’a pas empêché des unités de l’armée libre et les brigades combattantes de progresser vendredi et samedi dans la région d’Abou Kamal, à l’est du pays, où elles ont pris le contrôle de l’aéroport militaire.

Elles ont également pu s’introduire dans plusieurs villages frontaliers avec la Turquie et contrôlent toujours toutes les régions libérées ces derniers mois malgré les intenses bombardements aériens et les offensives de l’armée du régime, notamment à Alep, Deir al-Zour, Idlib, Damas et ses environs.

De plus, le vendredi 16 novembre, 431 manifestations ont eu lieu à travers le pays durant lesquelles des banderoles soutenant la coalition des forces de l’opposition et demandant l’armement de l’ASL ont été déployées. De nombreuses pancartes de solidarité avec le martyre que vit Gaza ont été également brandies, comme l’indique la photographie ci-contre prise à Homs.

Pendant que le bilan macabre ne cesse de s’alourdir avec plus de 40’000 morts (voir carte ci-dessous) dont 3386 enfants et plus de deux millions de blessés, détenus, réfugiés et déplacés, la posture internationale post-réélection de Obama face aux crimes et massacres paraît passive. Les Syriens se préparent à endurer un hiver des plus durs malgré la mobilisation des volontaires au péril de leurs vies et avec des risques d’arrestations comme cela a été le cas récemment pour des activistes associatifs et des volontaires du croissant rouge syrien…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Cet article est un extrait d’une livraison du site Mediapart.

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