Communiqué de la CGT
La mobilisation citoyenne a déjoué le scénario catastrophe d’Emmanuel Macron qui, par sa décision de dissoudre l’Assemblée nationale, a créé le chaos et déroulé le tapis rouge au Rassemblement National. Une large majorité d’électeurs et d’électrices ont clairement exprimé leur refus de donner les clés du pays à l’Extrême droite. Le Nouveau Front Populaire, porteur d’un programme prévoyant notamment l’augmentation des salaires et des pensions, l’abrogation de la réforme des retraites et l’investissement dans nos services publics, est arrivé en tête.
Espagne, Portugal, Grande-Bretagne et maintenant la France: les réactionnaires sont battus sur la base d’attentes sociales fortes. En Europe, le choix est désormais clair: progrès social ou fascisme, le libéralisme n’est plus une alternative.
Le président de la République a été sévèrement sanctionné. Il a été totalement irresponsable en tentant jusqu’au bout de mettre dos à dos l’Extrême droite avec la gauche, contribuant ainsi à la légitimation du Rassemblement National et de son idéologie.
Heureusement, la majorité des organisations syndicales, la société civile, la jeunesse et les partis politiques républicains ont pris leurs responsabilités. Fidèle à son histoire, la CGT a continué de rappeler très fermement que le Rassemblement National est toujours un parti raciste, antisémite, homophobe, sexiste et violent et qu’il ne doit jamais être considéré comme un parti comme les autres.
La CGT demande solennellement à Emmanuel Macron de respecter le choix des urnes et d’appeler à la formation d’un nouveau gouvernement autour du programme du Nouveau Front Populaire qui est arrivé en tête.
Au-delà, les leçons doivent être tirées en profondeur pour contrer la progression continue du Rassemblement National, qui a obtenu un nombre de député·es record [1].
La CGT alerte. Les exigences sociales doivent être entendues: le travail doit permette de vivre dignement et les services publics doivent être développés dans tous les territoires. Pas question que le patronat, qui a brillé par sa complaisance envers l’Extrême droite, ait encore gain de cause.
Il faut rassembler le pays qui a été clivé de façon très violente et lutter avec détermination contre le racisme, l’antisémitisme et l’islamophobie.
Il faut aussi renforcer les obligations déontologiques et l’indépendance des médias actuellement dans les mains de quelques milliardaires.
Le sursaut populaire citoyen ne doit pas s’arrêter, il doit s’organiser dans la durée. Depuis les élections européennes, des milliers de salarié·es et retraité·es ont fait le choix de se syndiquer à la CGT. Cette dynamique doit s’amplifier pour permettre aux travailleuses et travailleurs de reprendre le pouvoir sur leur travail et leur vie. Partout dans les territoires, la CGT va rencontrer les député·es républicains pour porter les exigences du monde du travail.
La CGT va réunir ses instances de direction pour décider de toutes les initiatives nécessaires et échanger avec l’intersyndicale et les associations pour continuer à avancer dans l’unité la plus large. (Montreuil, le 8 juillet 2024)
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[1] Selon le ministère de l’Intérieur le 8 juillet à 11h38, la répartition des sièges (577, majorité absolue 289) à l’Assemblée nationale est la suivante: Nouveau Front populaire: 182 sièges, Ensemble pour la République: 168 sièges, Rassemblement national (dont Les Républicains-RN): 143, Les Républicains: 46; Droite: 14 sièges, Gauche: 13 sièges, Centre: 6 sièges, Régionalistes: 4 sièges, Divers: 1 siège. Participation: 66,63%, votes blancs: 4,14%. (Réd.)
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Communiqué de l’Union syndicale Solidaires
Les premiers résultats du second tour des élections législatives sont désormais connus.
Le Rassemblement national n’obtient pas de majorité absolue. Il s’agit d’un soulagement pour des millions de personnes.
L’Union syndicale Solidaires salue la large mobilisation de ses adhérent·es mais aussi de nombreuses organisations syndicales et plus généralement du mouvement social qui a permis d’empêcher que survienne la catastrophe annoncée d’une prise du pouvoir par l’extrême droite.
La précédente majorité et Emmanuel Macron portent une lourde responsabilité dans la situation actuelle.
En refusant d’écouter les revendications des organisations syndicales largement partagées par la population, comme le refus de la réforme des retraites et en menant une politique au service des plus riches, elle a fourni le carburant au désespoir social qui nourrit l’extrême droite.
En faisant siens des thèmes d’extrême droite, en promulguant la loi immigration, en multipliant les interventions stigmatisantes, notamment à l’encontre des personnes de confession musulmane, elle a contribué à fracturer encore plus notre société, à libérer la parole raciste.
Si le Rassemblement national n’est pas en situation de gouverner le pays demain, le danger de l’extrême droite est loin d’être écarté. Au contraire, il est plus menaçant que jamais.
Le défi est immense. Un nombre important de travailleurs et de travailleuses ont fait le choix de l’extrême droite dans les urnes.
Travailleurs et travailleuses de toutes nationalités, origines, confessions, opinions philosophiques, orientations sexuelles… nous avons bien plus en commun qu’avec les grands patrons et les milliardaires comme Bolloré qui subventionnent activement des outils de diffusion massive de la parole raciste pour nous diviser et mieux s’enrichir.
Nous devons continuer à combattre le poison du racisme, les préjugés, les discriminations sur les lieux de travail et dans la société.
Nous devons reconstruire la solidarité des collectifs de travail. C’est désormais aux travailleuses et aux travailleurs de rouvrir le chemin du progrès social et écologique. Nous le savons: il faudra arracher toutes les revendications, à commencer par l’abrogation de la réforme des retraites et l’augmentation des salaires. Nous sommes des millions, uni·es notre force est immense.
Solidaires mettra tout en œuvre dans les prochains jours et les prochaines semaines pour construire une mobilisation unitaire d’ampleur. Nous pouvons, nous devons gagner. (8 juillet 2024)
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«L’extrême droite repoussée, il faut maintenant appliquer le programme du Nouveau Front populaire»
Communiqué du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA)
L’extrême droite repoussée par la mobilisation populaire, il faut maintenant appliquer le programme du Nouveau Front populaire
Le principal enseignement des premiers résultats de ce second tour est le revers subi par le Rassemblement national et ses alliés. La défaite des centaines de candidat·es fascisant·es, racistes, islamophobes, antisémites et ultra-réacs que le RN avait présentés est un immense soulagement pour les racisé·es, les femmes, les LGBTI+ et les travailleurs et travailleuses. Cette victoire de la gauche unie enraye la dynamique de l’extrême droite qui gagne malgré tout une cinquantaine de sièges. La défaite de l’extrême-droite de Bardella et Le Pen a été le fruit de la mobilisation populaire qui s’est mise en place grâce au souffle unitaire qu’a apporté la création du Nouveau Front populaire.
C’est d’ores et déjà une victoire pour le Nouveau Front Populaire, qui a été permise par le rassemblement de toute la gauche, politique, syndicale et associative, mais aussi et surtout par la mobilisation à la base de larges secteurs des classes populaires, en particulier les personnes racisées et les jeunes, qui se sont partout engagées pour faire barrage au RN. Cette mobilisation permet l’arrivée à l’Assemblée nationale d’un très grand nombre de député·es du Nouveau Front populaire (dont une majorité relative pour LFI) élus sur la base d’un programme qui rompt non seulement avec le macronisme au service des ultra-riches, mais aussi avec la gauche libérale du quinquennat Hollande, qui avait fait la politique de la droite.
La défaite du RN ne doit pas faire oublier qu’il augmente de façon très importante le nombre de ses députés et reste une menace pour les personnes racisées, pour les droits sociaux et les libertés démocratiques. Elle ne doit pas non plus occulter celle des macronistes, qui ont perdu le tiers de leurs sièges. S’ils conservent encore autant de députés, ils ne le doivent qu’aux électrices et électeurs de gauche, qui se sont largement reportés sur eux au deuxième tour pour faire barrage au RN. Ce vote de barrage ne change en rien les résultats électoraux: aux européennes comme aux législatives, Macron et Attal ont été clairement désavoués et n’ont donc plus aucune légitimité pour prétendre diriger le pays. Macron n’a aujourd’hui d’autre possibilité que de se soumettre à la volonté populaire et de permettre à un gouvernement de gauche d’appliquer le programme de Nouveau Front populaire, qui a désormais la légitimité des urnes. Sinon il doit partir.
Ce désaveu est aussi celui de la 5e République et de ses institutions autoritaires et si peu démocratiques. La mobilisation populaire, marquée par une participation inédite depuis des décennies, pose aussi la nécessité d’aller vers une Assemblée constituante, pour une véritable démocratie de la majorité.
Dès maintenant, les engagements pris doivent être tenus, et toutes les mesures d’urgence prévues par le programme du Nouveau Front populaire doivent être appliquées, à commencer par l’abrogation de la contre-réforme des retraites et celle de l’assurance chômage. Cela ne pourra se faire que si la dynamique populaire se maintient et s’étend. Cela suppose de construire à la base des collectifs du Nouveau Front populaire, ouverts à toutes et tous, qui pourront permettre d’amplifier le mouvement et de construire les mobilisations et les grèves ces prochains mois Nous devons continuer à faire front ensemble. Aucun gouvernement d’union nationale ne peut répondre aux aspirations qui se sont exprimées dans les urnes aujourd’hui. Nous devons rester uni·es pour agir, débattre et tracer une perspective d’émancipation qui fera durablement reculer l’extrême droite, autour d’une gauche de combat et de rupture, une gauche qui puisse transformer radicalement cette société! (Montreuil le dimanche 7 juillet 2024)
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