La procédure constitutionnelle pour la désignation d’un candidat à la présidence du gouvernement va débuter sous les mêmes auspices de blocage qui avaient vu se terminer celui de la législature antérieure. De nouveau, on veut activer une procédure en camouflant les graves problèmes qui se posent à la société espagnole. De nouveau, le candidat potentiel de par le nombre de sièges obtenus (Mariano Rajoy) affronte la procédure comme une question de sa convenance exclusive et de celle de son parti, en oubliant que son déroulement doit être régi par l’impératif des intérêts généraux.
La confusion perverse entre parlementarisme et démocratie permet que le chef d’une association politique aborde cette procédure comme s’il s’agissait d’une affaire privée, en veillant à ses intérêts et à ceux de ses actionnaires.
Rien n’empêche qu’un candidat puisse décliner l’invitation du roi à tenter son investiture. Mais la logique voudrait qu’on profite au maximum du délai constitutionnel de deux mois prévu dans l’article 99.5 de la Constitution pour essayer plusieurs investitures selon les démarches et les accords que peuvent réaliser les divers candidats, durant cette période.
Au-delà de ces considérations générales sur la propreté de la procédure, selon l’esprit de l’article 99 de la Constitution, ce qui nous intéresse, ici, c’est d’analyser l’état de la situation de la politique espagnole, prendre le pouls de nos institutions, en commençant par les partis politiques. Les fonctions que leur attribue l’article 6 de la Constitution (exprimer le pluralisme politique, concourir à la formation et à la manifestation de la volonté populaire et être l’instrument de la participation politique) sont accomplies, disons de manière peu satisfaisante.
L’hypothèse dont je pars, c’est que les changements survenus sur la scène politique espagnole trouvent dans le comportement des partis politiques une de leurs principales explications, d’une manière que je vais résumer autant que je le peux.
• Conçus pour coexister dans un environnement de paix sociale rendue possible par le pacte social sous-jacent à la construction institutionnelle, les partis devraient «seulement» se préoccuper de disposer d’une machinerie plus ou moins bien graissée afin d’être en concurrence les uns avec les autres pour les majorités parlementaires. Pas même le recrutement du personnel n’a constitué un problème pour les partis du régime qui, opérant comme des agences de placement pour les divers étages de l’Etat et les administrations publiques, ont vu affluer dans leurs bureaux ce type anthropologique qui est aujourd’hui le «nerf» de notre démocratie. Dans ces conditions, les partis, tous les partis, ont fonctionné comme des appareils de l’Etat, des instances de recrutement pour approvisionner les administrations publiques en personnel dirigeant. Une condition à tel point désidéologisée se devait d’en faire des proies faciles pour les multiples instruments de corruption (dans le sens de faire passer les intérêts privés avant les publics) qui sont habituels dans le monde des affaires.
• C’est dans tout ce qui est lié au monde des affaires immobilières que la corruption a été la plus fréquente, jusqu’au point d’établir de véritables canaux parallèles pour l’adoption de décisions qui correspondaient aux administrations publiques compétentes. La situation de permanente pénurie financière de ces administrations, particulièrement celles locales, et l’accroissement des espoirs parmi la population qui ont découlé de l’accroissement de l’«offre politique» a fait que le développement urbanistique s’est transformé en une ressource vers laquelle se tournaient tous les projets politiques en besoin de financement. Les effets sur le système de partis et particulièrement sur ceux qui se sont alternés dans le gouvernement de l’Etat, et de la majorité des communautés autonomes et des communautés locales, se sont fait sentir d’une façon très remarquable. Le phénomène de la corruption n’en est que l’indicateur le plus spectaculaire.
On a beaucoup répété les références à la corruption en parlant des partis politiques. Comme nous venons de le voir, les fonctions que leur attribue la Constitution les configurent comme l’espace privilégié de relation entre la société civile et l’Etat. De cette condition, on suppose que le constituant n’attendait que des résultats vertueux, résumés par l’objectif de l’approfondissement de la démocratie et du renforcement de la citoyenneté. Les résultats effectifs lamentablement ont été bien distincts. En particulier, j’insiste, pour ce qui trait aux partis gouvernants. Ce furent les secteurs économiquement et socialement dominants qui ont mis au travail les partis politiques à travers deux voies principales, étroitement reliées, de manière que l’une renforçait l’autre et vice versa.
• La première voie a été la financière. Une fois que les partis de gouvernement eurent abandonné le vieux modèle de partis de masses que leurs homonymes européens avaient développé après 1945, et dans la course pour capter les votes – et donc, les aides publiques avec lesquelles ils se finançaient réellement – les partis se sont convertis en demandeurs nets de ressources pour financer les coûts élevés et croissants des stratégies de communication permanentes.
En réalité, ce n’est pas seulement à l’occasion des campagnes électorales que ces partis investissent des grandes sommes pour attirer l’attention de l’électorat. Dans une large mesure, l’activité de ces partis, en dehors du domaine parlementaire, se réduit chaque fois plus au déploiement de campagnes de communication élaborées avec des agences spécialisées qui finissent par devenir, de fait, les authentiques productrices du discours du parti.
• La deuxième se rapporte, plus qu’aux publicités de techniques de marché, aux contenus essentiels des propositions des partis. Pratiquement depuis les années 1980, des groupes industriels et financiers puissants ont cultivé un réseau de relations avec les partis politiques de gouvernement, aussi bien quand ils sont au gouvernement que dans l’opposition, dans des cadres et des instances plus ou moins institutionnalisés, mais destinés tous à influencer les politiques pratiques qui, d’une manière ou d’une autre, terminent par être appliquées comme politiques publiques.
Cette tâche programmatique est complétée, de toute façon, par celle qui, sous une forme encore plus structurelle et permanente, se développe avec les hauts fonctionnaires publics de divers départements, dont la capacité d’influence sur les politiciens élus est très élevée et dont les opinions sont habituellement présentées comme l’indispensable contraste «technique» des propositions qu’amènent les politiciens du parti. Cela vaut surtout pour la relation du PSOE avec la haute fonction publique qui sert habituellement de contrepoids aux velléités politiques des élus. [1] Il n’est pas possible d’expliquer la dérive actuelle du PSOE sans prendre en considération ces influences qui ont fini par convertir l’idéologie sociale-démocrate en une vulgaire copie du néolibéralisme avec des touches de technocratie et des décorations de politiques sociales compassionnelles.
• Du côté du PP, les manifestations de cette convergence d’intérêts privés avec des positions politiques sont plus naturelles, plus «organiques». Les cadres du PP ont une tendance élémentaire à comprendre les raisons et les objectifs des propriétaires des grandes entreprises bien qu’on ne puise pas négliger l’importance qu’a dans le PP la représentation d’intérêts de petites et moyennes entreprises. La hiérarchie des promoteurs immobiliers qui existent dans tout le pays est liée aux trois administrations publiques (Etat central, communautés autonomes, municipalités) et souvent c’est au travers d’elles et de leurs partis gouvernants que se concluent les accords indispensables pour la répartition du succulent butin des rentes du sol. Nous évoquons l’industrie immobilière, mais cela vaut pour la totalité des secteurs économiques: les appareils des partis opèrent souvent comme courroies de transmission de recommandations en faveur de telle ou telle entreprise ou compagnie au moment de réaliser une adjudication, d’autoriser un établissement industriel, ou de cautionner le financement de quelque grand investissement privé.
Le fonctionnement du système des partis est lubrifié par le spectaculaire flux de ressources procédant du négoce immobilier et de ses annexes. A la bulle immobilière «se branche» également un modèle de financement des partis politiques et de la politique même et avec l’éclatement de la bulle s’ouvre une profonde crise qui se manifeste dans la diminution des personnels disponibles pour ces partis. Evidemment, le parti qui accuse le plus le coup est celui qui jouit de moins de «parts» de gouvernements et d’administrations publiques (le PSOE dans ce cas) et, comme nous l’avons vu, c’est sur lui que s’abattent les problèmes. Mais la cohésion interne du PP s’en ressent également, cette fois comme expression des contradictions entre les secteurs du petit et moyen et du grand patronat ainsi que les vassaux de ce dernier parmi les premiers. Contradictions qui se résolvent de manière invariable de la même manière: en augmentant le gâteau à se partager sans toucher aux tranches et aux critères de partage.
Crise du système
Le système des partis est entré dans une phase critique de son évolution. Il est vrai qu’il a été rajeuni avec l’entrée en scène de nouveaux acteurs qui ont renouvelé et amélioré, ne serait-ce que relativement, son degré d’acceptation par au moins une partie des citoyens et citoyennes. Particulièrement dans le cas de Podemos qui, par-delà ses erreurs et ses réussites, opère comme l’exécuteur testamentaire politique de l’héritage du mouvement citoyen du 15M. Mais, alors que se termine le long cycle électoral qui a débuté en mai 2014, il ne semble pas que cela suffise à modifier substantiellement les modes de fonctionnement du système dans ses rapports à l’Etat et à la société civile.
• Le problème central du système politique espagnol, c’est que le parti qui l’a vertébré [2] et, avec lui, le reste des institutions et l’ensemble de la société espagnole, à savoir le PSOE, a perdu cette fonction pour des causes qu’il serait complexe d’analyser ici. Il n’a pas été capable de se réinventer, restant collé à ses vieilles fonctions quand les conditions de tout type qui en créaient le besoin ont disparu ou sont en train de disparaître.
Comme tous les autres partis sociaux-démocrates, selon leurs spécificités propres au temps et au lieu, le PSOE – reconstitué après le franquisme – a apporté, surtout, un projet de paix entre classes sociales parfaitement fonctionnel pour le modèle de développement capitaliste expérimenté depuis les années 1970 dans notre pays. Non pas que ce modèle de paix sociale au travers de la concertation fonctionne toujours en faveur de l’accumulation du capital, mais il agissait comme une référence imaginaire qui, par-delà les déclarations politiques, inspirait la confiance, surtout au sein de la classe travailleuse, qu’il y avait une place pour une vie digne, au sein de l’ordre du capitalisme espagnol consacré par la constitution de 1978.
Tous connaissent désormais la théorie de la rupture par les élites du système du contrat social sous-jacent à la Constitution, et de par l’effet de la prévalence du Droit communautaire (UE) qui exprime le projet néolibéral européen commandé par le capital financier allemand. Au moment où la rupture de ce pacte social a coïncidé avec la crise du modèle de prospérité espagnol, les sources de légitimité du système ont fait faillite et le PSOE n’a pas pu continuer à exercer les fonctions d’amortisseur du conflit social qu’il avait assurées durant des lustres.
Mais le personnel du PSOE ne veut ni ne peut comprendre ce qui est arrivé au pays et au PSOE lui-même. Entraîné et formé pour exercer depuis les administrations publiques les tâches de gestion du pacte social au travers des politiques qui le concrétisaient au long des diverses étapes du capitalisme espagnol et de ses besoins, le personnel du PSOE a vécu l’apparition du 15M d’abord, de Podemos ensuite, comme l’irruption d’intrus et démagogues qu’il fallait expulser de la scène le plus vite possible au bénéfice de la «défense de la démocratie».
Ils regardent les jeunes dirigeants de Podemos comme leurs pires ennemis, qui leur disputent la faveur des groupes sociaux qu’ils prétendaient continuer de représenter face aux seigneurs de l’argent. Ils représentent et ont représenté ceux d’en bas afin d’étayer les structures du régime, mais l’évolution de ce dernier a fait perdre de l’importance à cette fonction de légitimation. Maintenant, ils sont désorientés, dans un monde qu’ils ne comprennent pas et qui n’est déjà plus le leur, quand ils servaient de médiateurs entre un capital qui a toujours besoin de la proximité des administrations publiques et un peuple travailleur domestiqué par la terreur de quarante années de dictature et par la jouissance d’une prospérité qui était alors encore fonctionnelle à l’accumulation capitaliste. Ils se sont endormis avec la douceur de la gestion étatique des reconversions et la manne des fonds communautaires [Fonds structurels, Fonds de cohésion] et ont pensé que cela durerait éternellement. Peu leur a servi l’avertissement de 1996 quand une droite emmenée par le franquiste José Maria Aznar leur a arraché le gouvernement. Ils ont pensé que c’était un simple accident qui se pouvait réparer par une «meilleure communication». Quand l’indignation contre les fourberies d’Aznar et la guerre [participation à l’invasion de l’Irak] dans laquelle il nous avait mis l’ont chassé du Palais de la Moncloa [2004], ils ont pensé qu’ils renouaient avec l’histoire des années 1980 et ils ont prétendu répondre aux désirs de démocratie des gens avec du «républicanisme civique». [3] Mais dans l’intervalle le pays avait changé substantiellement.
• Ce fut là une autre des grandes erreurs du PSOE, dont aucune des directions qui se sont succédé à sa tête jusqu’à aujourd’hui ne paraît avoir été capable de sortir, à savoir l’idée que les gens – une «société de classes moyennes», comme disaient les théoriciens du parti comme José Maria Maravall, ministre de l’Education et des Sciences, de 1982 à 1988, sou Felipe Fonzales – pouvaient accepter les niveaux croissants d’inégalité et de perte de droits, clairement observable dans la première décennie du siècle, en échange d’avancées significatives dans le champ des droits civils, présentés comme des améliorations dans la «qualité de la démocratie». Or, l’idée que les gens allaient accepter cette inégalité sociale croissante était elle-même tributaire de cette autre idée qui voulait que dans cette société de classes moyennes, les conflits de classe avaient cédé la place à des revendications et des clivages plus liés à des valeurs post-matérialistes et l’exigence de reconnaissance d’identités nouvelles (nouvelle citoyenneté).
Cela fit qu’ils ne perçurent pas l’offensive des groupes puissants en quête de la perpétuation et de la conquête de parts de répartition de la richesse nationale plus avantageuses, malgré les avertissements répétés que les crises financières successives et périodes de récession avaient pourtant signifié depuis les années 1970.
Ils n’ont pas non plus été capables de réduire l’expansion de la bulle immobilière clairement perceptible quand ils sont revenus au gouvernement en 2004. Prisonniers de l’idéologie sociale-libérale (une adaptation du néolibéralisme hégémonique) et de tous ces mythes annexes comme la tant vantée « société de classes moyennes » et le « capitalisme populaire » (celui-ci moins vanté par un reste de pudeur), ils n’ont pas trouvé le chemin de l’économie durable malgré cette loi tardive avec ce si pompeux nom votée à la fin de la législature de José Lui Rodriguez Zapatero (avril 2004, décembre 2011).
Quand la bulle éclata dans le contexte de la crise mondiale financière, les diktats austéritaires de la troïka ont balayé le gouvernement Zapatero déjà très affaibli. Mais préalablement, ils ont fait encore face à une honte supplémentaire: la méconnaissance du mouvement du 15M avec ses potentialités de régénération démocratique, absolument ignoré et combattu par celui qui était alors ministre de l’intérieur et ensuite secrétaire général du PSOE, Alfred Pérez Rubalcaba.
• A partir de là commence une inexorable baisse de l’appui populaire au PSOE qui atteint son point le plus bas lors des élections du 26 juin dernier. La situation et les attentes ont aujourd’hui changé mais, comme déjà dit, c’est comme si ça leur coûtait de l’admettre.
Que des personnes de la sagacité éprouvée de l’antérieur secrétaire général du PSOE n’aient pas été capables de percevoir, ou n’aient pas voulu le percevoir, que commençait un processus de destitution de la normalité de 1978, montre à quel point les institutions avaient colonisé leur imaginaire politique qui les empêchait de percevoir les signes sans équivoque de leur déclin.
Ils peuvent essayer de retrouver un certain dynamisme d’opposition, mais ils ont besoin de comprendre le changement de cycle et ne pas tomber dans la tentation de tuer celui qui en est le messager, Podemos. Et pour ce qui est du système des partis, ils doivent assumer que le temps est passé où ils n’étaient pas compétents pour représenter un ensemble de valeurs (celles des contenus sociaux et démocratiques de la Constitution) face aux valeurs de l’«autre côté». Non seulement à cause de la concurrence maintenant de Podemos, mais parce que cet ensemble de valeurs est lui-même en train de se modifier et parce que les groupes sociaux qui les avaient comme référence de leurs préférences politiques sont eux-mêmes en train de changer.
Que ces changements se reflètent dans la Constitution, celle de 1978 réformée ou une autre constitution surgie d’un processus formellement constituant, ne me semble pas être en ce moment la question importante. L’important, c’est que les acteurs politiques actuels, particulièrement ceux qui postulent des projets politiques démocratiques [4], comprennent le caractère constituant de la période, de rupture avec le temps passé et ses institutions; ceux du côté droit de l’échiquier travaillent déjà au processus de leur propre destitution.
Pour un parti comme le PSOE, construit sur la possibilité de concilier le développement du capitalisme avec l’extension et l’approfondissement des droits civils, politiques et sociaux, assumer cela ne sera pas une tâche facile et cela nécessitera la meilleure disposition à l’égard de ces formations qui partagent l’essence du projet démocratique.
Mais, plus tôt ou plus tard, ses dirigeants, militants et, surtout, ses électeurs, les gens qui se sentent faire partie de ce qui s’appela par le passé le mouvement socialiste, devront choisir leur camp, celui du capitalisme ou celui de la démocratie. (Article paru sur le site Viento Sur le 3 septembre 2016; traduction A l’Encontre)
José Errejón est membre du Cercle sectoriel 3E (économie, écologie, énergie) de Podemos
____
[1] Bien qu’il soit bien vrai qu’avec le passage du temps et sa conversion en un parti d’Etat, les politiciens du PSOE qui parviennent à des postes de responsabilité politique le font avec des différences chaque fois moins marquées avec les opinions converties en « sens commun technique » qui réunissent les hauts corps de fonctionnaires, majoritairement de tendance néolibérale conservatrice.
[2] Vertébrer, a ici un sens allusif et nullement de valeur. Que son système de valeurs, y compris quand il n’était pas explicité, contribuait à garantir un certain climat d’accord et d’ordre entre les différents groupes sociaux, parce que ceux d’en haut voyaient garantie leur domination et parce que ceux d’en bas, malgré cela, avaient confiance qu’ils recevraient un système de compensations de leur moindre participation à la distribution de la richesse et du pouvoir.
[3] Les slogans « Ils l’appellent démocratie et ça ne l’est pas » et « ils ne nous représentent pas » eurent leur origine dans les grandes manifestations contre la guerre auxquelles participaient déjà quelques-uns des futurs dirigeants de Podemos.
[4] Je ne souhaite pas éviter l’expression « de gauches » par quelque sorte de mode actuelle. Je crois fermement que le conflit central de nos sociétés, et l’espagnole en particulier, est entre un projet sans équivoque oligarchique et autoritaire et un projet historique de démocratie intégrale, entendu comme un projet d’auto-constitution permanent pour le gouvernement de la vie collective. Et tout cela en tenant en compte que ce que nous connaissons comme « démocratie », la démocratie représentative, a été amplement mise en déroute par la capitalisme qui propose d’une manière chaque fois plus directe aux sociétés sa logique interne, la loi de la valeur, comme la plus efficace pour les gouverner. Que la loi de la valeur présente depuis quarante ans des symptômes de profonde crise et soit la cause ultime des effondrements que souffrent ces sociétés ne fait que montrer l’abîme dont elles se rapprochent et l’urgence d’entreprendre leur dépassement.
*****
«Rajoy est incurable»
Le Monde, daté du 7 septembre 2016 publiait cette «nouvelle» sur le duo Rajoy-Soria: «Si le chef du gouvernement espagnol par intérim, Mariano Rajoy, maintenait encore l’espoir d’obtenir l’investiture du Parlement dans les deux prochains mois et éviter ainsi la tenue de troisièmes élections en un an, celui-ci s’est envolé ces derniers jours. La nomination avortée de l’ancien ministre de l’industrie José Manuel Soria au poste de directeur exécutif de la Banque mondiale, qui revenait à l’Espagne, est le scandale de trop pour le Parti populaire (PP, droite).
L’ancien ministre avait été poussé à la démission en avril après le scandale provoqué par l’apparition de son nom dans les « Panama papers », cette gigantesque fuite de données sur les possesseurs de comptes offshore gérés par la firme panaméenne Mossack Fonseca.
Vendredi 2 septembre 2016, quelques minutes à peine après l’échec de l’investiture de Mariano Rajoy au Parlement, le ministère de l’économie annonce pourtant la nomination de M. Soria à un poste de représentation de l’Espagne à la Banque mondiale. Un emploi rémunéré plus de 220’000 euros par an qui déclenche la consternation.
L’Espagne est en plein blocage politique et n’a pas de gouvernement depuis huit mois. Or l’une des raisons du refus des principaux partis d’opposition de soutenir l’investiture de Mariano Rajoy, arrivé en tête des législatives en juin avec 33 % des voix, est justement l’implication du PP dans de nombreuses affaires. La corruption et la fraude sont de plus la principale préoccupation des Espagnols derrière le chômage.
Le jeune parti centriste Ciudadanos qui avait accepté, à reculons, de voter l’investiture de Mariano Rajoy à condition que le PP signe un « pacte anticorruption », demande des explications. Il affirme que l’accord d’investiture qu’il avait signé avec le PP est rompu tant qu’il ne présentera pas un candidat «viable». « Rajoy est incurable », tranche le président de Ciudadanos, Albert Rivera.»
Soyez le premier à commenter