Communiqué des Anticapitalistas
Nous, Anticapitalistas [courant au sein de Podemos], nous voulons manifester notre solidarité avec les familles et les proches des personnes tuées et blessées lors de l’attentat sauvage d’aujourd’hui à Barcelone. Un attentat horrible et injustifiable, dont le seul but est d’infliger une souffrance gratuite dans l’une des villes les plus ouvertes et solidaires d’Europe, qui accueille des réfugié·e·s et qui est fière de sa diversité.
Face à cet attentat qui ne mérite que notre condamnation et notre rejet, nous faisons confiance à la solidarité exprimée par les «gens d’en bas» qui font front face à ceux qui agissent avec violence contre des personnes innocentes. Seulement de cette façon nous éviterons que la violence terroriste atteigne ses objectifs et serve d’excuse aux sans-cœur, les voyous de toujours pour chercher à instrumentaliser la douleur et la rage que nous ressentons, alimentant la haine et l’utilisant pour attaquer divers secteurs sociaux ainsi que pour limiter nos droits et nos libertés.
Aujourd’hui est un jour des plus douloureux. Toute notre sympathie, notre respect et solidarité avec les personnes frappées injustement par la barbarie. (17 août 2017, traduction A l’Encontre)
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«L’opération a été menée en réponse aux appels à cibler
les Etats de la coalition»
Deux attentats à la voiture bélier ont été commis à quelques heures d’intervalle en Catalogne, dans le nord-est de l’Espagne, faisant 13 morts et une centaine de blessés dans le cœur touristique de Barcelone, alors que cinq «terroristes présumés» ont été abattus dans la station balnéaire à Cambrils.
Jeudi en fin d’après-midi [17 août], une camionnette a foncé dans la foule sur la Rambla, l’artère la plus fréquentée par les touristes dans la métropole catalane. L’attentat a été rapidement revendiqué par le groupe jihadiste Etat islamique. Le conducteur de la camionnette a pris la fuite sans un mot après avoir fauché les passants qui baguenaudaient parmi les kiosques à fleurs et à souvenirs. Mais deux suspects, un Espagnol et un Marocain, ont été arrêtés par la police dans deux localités éloignées respectivement de 100 et 200 km de Barcelone.
Dans la nuit, la police annonçait avoir abattu cinq «terroristes présumés» à Cambrils, située à 120 km au sud de Barcelone. «Les terroristes présumés circulaient dans une Audi A3 et ont apparemment renversé plusieurs personnes avant de se heurter à une patrouille des Mossos d’Esquadra et la fusillade a commencé», a annoncé un porte-parole du gouvernement régional. Certains d’entre eux portaient des ceintures d’explosifs, a ajouté un porte-parole des Mossos.
Six civils et un policier ont été blessés lorsque la voiture a fauché vers 00H00 (22H00 jeudi) des piétons sur la promenade de bord de mer de cette station touristique. Un des civils blessés est dans un état critique, ont annoncé les services d’urgence de Catalogne sur leur compte Twitter.
La police a fait savoir sur son compte Twitter qu’elle considérait cette attaque comme liée à l’attentat qui a fait 13 morts et une centaine de blessés d’au moins 18 nationalités différentes jeudi à Barcelone. «Entre deux heures et deux heures et demie, nous étions sur la promenade de la plage. Nous avons entendu des tirs et pensé «ça doit être des fusées» mais c’était des coups de feu, a raconté à l’AFP Markel Artabe, 20 ans, employé dans un restaurant de Cambrils. «Si vous êtes à Cambrils, ne sortez pas», avait averti sur Twitter la police régionale de Catalogne.
«Beaucoup de sang»
«Nous pouvons confirmer qu’il y a 13 morts et plus d’une centaine de blessés», a déclaré jeudi soir à Barcelone le responsable de l’Intérieur du gouvernement régional catalan, Joaquim Forn. Selon le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders, une Belge figure parmi les morts. Les victimes – morts et blessés – sont au moins de 18 nationalités différentes, a-t-on appris auprès des services espagnols de protection civile. «J’ai vu quatre ou cinq personnes à terre et des gens essayaient de les réanimer. Il y avait beaucoup de sang», a raconté à l’AFP Lily Sution, une touriste néerlandaise.
«Il y avait des corps par terre avec les gens qui s’attroupaient autour d’eux. Les gens pleuraient», raconte à l’AFP Xavi Perez, qui vend des magazines sportifs à cent mètres à peine du lieu de l’attaque. La zone de l’attentat a rapidement été fermée par un cordon de sécurité. Des blessés ont été emmenés sur des civières vers un grand magasin de la chaîne Corte Inglés, pour recevoir les premiers soins pendant que les survivants ont été confinés dans les magasins et les restaurants qui bordent la Rambla.
Des stations de métro et de chemin de fer ont été fermées pendant des heures et n’ont commencé à rouvrir que vers minuit. Aux portes de la ville, des contrôles policiers provoquaient d’importants embouteillages jusque tard dans la nuit. Le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a revendiqué l’attaque dans un communiqué diffusé par son agence de propagande Amaq et relayé par le centre américain de surveillance des sites jihadistes, SITE. «L’opération a été menée en réponse aux appels à cibler les Etats de la coalition» internationale antijihadistes opérant en Syrie et en Irak, indique le communiqué.
Le porte-parole de la police a annoncé qu’un Marocain, Driss Oukabir, avait été arrêté à Ripoll, à une centaine de kilomètres au nord de Barcelone. Un autre suspect, né à Melilla, une enclave espagnole au Maroc, a été arrêté à 200 km au sud de Barcelone, après l’explosion d’une maison dont les occupants préparaient apparemment un engin explosif selon la police.
«Toute l’Espagne est à Barcelone»
Par l’utilisation d’un véhicule pour tuer des piétons, l’attaque de Barcelone rappelle des attentats imputés ou revendiqués par l’EI à Nice, Berlin ou Londres. L’Espagne, troisième destination touristique au monde, avait été jusqu’ici épargnée par les attentats des jihadistes de l’EI ayant touché d’autres capitales européennes, telles Paris ou Bruxelles. Mais c’est à Madrid qu’avaient eu lieu les attentats islamistes les plus meurtriers jamais commis en Europe: le 11 mars 2004, des bombes avaient explosé dans des trains, faisant 191 morts. Ils avaient été revendiqués par un groupe de la mouvance al-Qaïda.
Les réactions d’indignation ont très vite afflué. «Ils ne nous terroriseront pas. Toute l’Espagne est à Barcelone. Les Ramblas appartiendront de nouveau à tout le monde», a déclaré le roi Felipe VI dans un message du Palais royal. Le souverain participera vendredi à 12 heures à Barcelone à la minute de silence en solidarité avec les victimes de l’attentat. (Selon l’AFP)
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Attentat à Barcelone: le conducteur de la fourgonnette
est toujours recherché
Par Amélie Poinssot et Matthieu Suc
Une fourgonnette a percuté la foule, à Barcelone, ce jeudi 17 août, faisant au moins treize morts et une centaine de blessés. L’attentat a été revendiqué par le groupe État islamique. Quelques heures plus tard, un deuxième véhicule a foncé sur la foule dans la cité balnéaire de Cambrils, faisant un mort et plusieurs blessés.
Le premier attentat s’est produit en fin d’après-midi, ce jeudi 17 août, sur la principale avenue de Barcelone, les Ramblas. « Collision massive sur les Ramblas de Barcelone menée par une personne à bord d’une camionnette, plusieurs blessés », a rapidement indiqué le service de communication des Mossos d’Esquadra, la police catalane, qui a bloqué la zone avec un cordon de sécurité. En début de soirée, les autorités catalanes ont précisé le bilan : 13 morts, 80 personnes blessées dont 15 dans un état grave.
L’attentat a été revendiqué dans la soirée par le groupe État islamique. Au milieu de la nuit, un deuxième attentat s’est produit dans la cité balnéaire de Cambrils, à 120 km au sud de Barcelone. Une personne est morte, cinq autres et un policier ont été blessés ; la police catalane a dit avoir tué quatre terroristes présumés et blessé un cinquième. Au total, quatre personnes ont été arrêtées en lien avec les deux attentats. Mais le conducteur de la fourgonnette de Barcelone est toujours recherché par la police. Un deuil national de trois jours a été annoncé.
Ce que l’on sait :
Une fourgonnette a foncé sur la foule jeudi en fin d’après-midi sur les Ramblas, grande artère piétonne du centre de Barcelone. L’attentat a fait au moins treize morts et quatre-vingts blessés, selon les éléments fournis en début de soirée par les autorités catalanes au cours d’une conférence de presse. La police a déclenché la procédure observée en cas d’attentat terroriste.
Les services d’urgence ont très vite recommandé d’éviter les alentours de la place de Catalogne, une des principales places de la ville située en haut de la célèbre avenue des Ramblas, et ont demandé la fermeture des stations de métro et de train dans le secteur.
Selon le quotidien El Pais, le conducteur du véhicule s’est enfui à pied, après avoir fauché des dizaines de personnes. La police indique qu’il s’agirait d’un homme de 1,70 m vêtu d’une chemise blanche rayée de bleu. En début de soirée, la police régionale faisait savoir que deux personnes avaient été arrêtées pour leur implication supposée dans l’attentat. Elle assurait également avoir retrouvé une seconde fourgonnette liée à l’attaque dans la localité de Vic, une commune située à 70 km au nord de Barcelone. Vendredi, la police régionale procédait à deux nouvelles arrestations, tandis que le conducteur de la camionnette des Ramblas était toujours recherché.
Un témoin a déclaré jeudi à la chaîne de télévision Sky News : « Tout à coup, cela a été le chaos. Les gens ont commencé à courir en criant, il y avait des détonations fortes. Les gens ont commencé à courir vers les magasins, il y a eu un genre de mini-bousculade là où nous étions (…). » Il a raconté avoir trouvé refuge avec plusieurs dizaines de personnes dans une église voisine.
Le Télégramme de Brest rapporte de son côté le témoignage d’un Français en vacances à Barcelone qui se trouvait sur les Ramblas au moment où le fourgon a foncé sur la foule. Sébastien Galardon, 43 ans, se baladait avec sa femme et ses deux enfants. « On était au milieu de l’avenue quand on a entendu des cris. J’ai vu le véhicule arriver à toute vitesse. Il était à 50 mètres. Il faisait des zigzags. Pour moi, c’était évident. Il s’agissait d’un attentat. » Le Français a immédiatement traversé les Ramblas pour mettre sa famille en sécurité. « La foule était très dense. On est entrés dans la boutique du Real Madrid. On y est depuis 1 h 45. Les grilles sont fermées. On est une cinquantaine à l’étage », explique Sébastien. Il a eu le temps de voir le fourgon finir sa course « contre un kiosque » et tente de s’informer par tous les moyens possibles. Réseaux sociaux, médias locaux… « On nous parle d’un suspect recherché, mais on n’est sûr de rien », raconte-t-il. Il y a bien une petite fenêtre au fond du magasin. « Mais on essaie de ne pas trop s’en approcher. Il y a un corps juste devant. Il y a des sirènes dans tous les sens », précise Sébastien Galardon.
Les services espagnols ont mis en place une ligne téléphonique pour tous ceux qui chercheraient des nouvelles de leurs proches sur les lieux de l’incident : (0034) 932 14 21 24. Le consulat général de France à Barcelone a également mis en place un numéro d’urgence : (00 34) 93 270 30 35. « Les Français résidents à Barcelone ou de passage sont invités à éviter le secteur et à rassurer dans les meilleurs délais leurs proches afin d’éviter l’engorgement des numéros d’urgence », précise le Quai d’Orsay. Facebook a mis en place, comme il le fait désormais à chaque attentat, une procédure pour que les Barcelonais puissent indiquer à leurs réseaux s’ils sont sains et saufs.
Peu de temps après l’attaque, la maire de Barcelone, Ada Colau, a réagi par un tweet, indiquant qu’un plan d’urgence pour aider les victimes était activé. « En contact avec toutes les administrations. Priorité : assister les blessés sur les Ramblas et faciliter le travail des forces de sécurité », a déclaré le premier ministre Mariano Rajoy sur Twitter. D’après la presse espagnole, le chef de l’exécutif a téléphoné aux représentants des principaux partis politiques – le secrétaire général du PSOE, Pedro Sánchez, celui de Podemos, Pablo Iglesias et le président de Ciudadanos, Albert Rivera – pour les informer de ce qui s’était passé, et a décidé de se rendre dans la capitale catalane.
Plusieurs dirigeants européens ont déploré l’attaque dès jeudi soir. « Nos pensées sont avec les victimes et tous ceux qui sont affectés par cette attaque lâche visant des innocents », a déclaré le président du conseil européen Donald Tusk. À Washington, le secrétaire d’État Rex Tillerson a indiqué : « Les terroristes autour du monde devraient savoir que les États-Unis et nos alliés sont résolus à vous retrouver et vous conduire devant la justice. »
C’est finalement dans la soirée que l’attentat a été revendiqué. Le groupe État islamique l’a revendiqué via l’agence de propagande Amaq. « Les exécutants de l’attaque sont des soldats de l’EI et ont mené une opération en réponse aux appels à cibler les États membres de la coalition », indique le communiqué.
Puis, au milieu de la nuit, une deuxième attaque s’est produite, cette fois à Cambrils, sur la côte à 120 km au sud de Barcelone. Une voiture a percuté six civils et un policier, une personne est morte des suites de ses blessures. La police a abattu les assaillants. « Les terroristes présumés circulaient dans une Audi A3 et ont apparemment renversé plusieurs personnes avant de se heurter à une patrouille des Mossos d’Esquadra [la police régionale de Catalogne] et la fusillade a commencé », a annoncé un porte-parole du gouvernement régional.
Au total, 26 Français ont été blessés dans ces deux attaques, dont onze gravement, a annoncé ce vendredi matin le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui se rendra à Barcelone dans la journée. Le bilan s’est aggravé vendredi dans la journée. Les autorités espagnoles avancent un total de 130 blessés.
Un modus operandi déjà observé ailleurs
D’après le quotidien de Barcelone elPeriodico, la CIA aurait averti il y a deux mois la police catalane d’une possibilité d’attaque terroriste dans la ville. L’agence américaine mettait en évidence la vulnérabilité de la Catalogne en raison du manque de formation et d’armement de sa police, et du fait que Barcelone est une destination touristique internationale de premier plan.
L’attentat récent le plus meurtrier en Espagne remonte à mars 2004. Des bombes placées par des islamistes dans des trains de banlieue à Madrid avaient fait 191 morts et plus de 1 800 blessés. Mais c’est la première fois que le pays est touché par une attaque au véhicule bélier, un modus operandi qui a déjà endeuillé Nice, Berlin, Londres et Stockholm depuis l’année dernière.
Le scénario de l’attentat de Londres en juin dernier offre notamment de troublantes similitudes avec les événements qui viennent de frapper la Catalogne. À la sortie du London Bridge, sur la rive sud de la Tamise, une camionnette blanche circulant à une vitesse élevée a foncé sur des piétons en zigzaguant. Les assaillants s’étaient ensuite rendus au marché couvert de Borough Market, qui héberge de nombreux restaurants et pubs très fréquentés, où ils abandonnaient leur véhicule, y poignardaient au moins deux clients avant d’être abattus par la police. L’attentat devait faire 7 morts et 48 blessés.
Fin mars 2017, un terroriste commettait un attentat à la voiture bélier et à l’arme blanche sur le pont de Westminster et à proximité du Parlement britannique et faisait cinq morts, toujours à Londres.
Le 19 décembre 2016, un poids lourd lancé sur un marché de Noël à Berlin tuait 12 personnes et blessait une cinquantaine d’autres. Un attentat lui-même décalque du massacre du 14-Juillet au cours duquel, au volant d’un camion de 19 tonnes, le terroriste Mohamed Lahouaiej Bouhlel fauchait la vie de 86 personnes et faisait plusieurs centaines de blessés à Nice.
Chacun de ses attentats a été revendiqué par l’État islamique. Pour autant, ce mode opératoire n’est pas le sordide apanage de l’organisation terroriste syro-irakienne. Comme Mediapart l’avait raconté, l’attaque au véhicule-bélier avait été théorisée dès 2010 par Inspire, le magazine de propagande sur internet d’Al-Qaïda dans la péninsule Arabique.
Inspire préconisait l’utilisation d’un 4×4 comme voiture bélier, conseillait aux apprentis djihadistes de prendre leur temps et de choisir avec minutie un endroit densément peuplé. « Pour réussir le plus grand carnage, vous devez faire prendre un maximum de vitesse à votre véhicule afin d’augmenter votre force d’inertie et être capable de frapper autant de gens que possible. » Le rédacteur en chef du magazine insistait : « Gardez à l’esprit qu’à partir du moment où les gens comprendront ce que vous êtes en train de faire, ils vont se disperser, […] ils chercheront des endroits où votre véhicule ne pourra pas les atteindre. Aussi, il est important d’étudier votre chemin auparavant. L’emplacement idéal est un endroit où il y a un maximum de piétons et le moins possible de véhicules. En fait, si vous pouvez frapper dans une zone piétonne comme il en existe dans certains centres-ville, cela sera merveilleux. Certains endroits sont fermés à la circulation temporairement en raison d’un afflux de personnes. »
Tant et si bien que, même si l’État islamique a revendiqué l’attentat de Nice, Al-Qaïda dans la péninsule Arabique s’est fendu, trois jours après le massacre, d’un communiqué de quatre pages d’« analyse de l’opération » qui est une façon de s’attribuer la paternité, si ce n’est de l’action, au moins de l’idée. L’organisation terroriste se félicite de la pertinence du choix de l’arme par destination – le camion – « à une époque où les services de renseignement se concentrent sur la traque de matériaux explosifs », et signale au passage avoir « déjà présenté », six ans plus tôt, l’« idée d’utiliser un véhicule à projeter sur une foule de mécréants ».
Ces attentats qui touchent aujourd’hui l’Espagne s’inscrivent dans une longue liste qui frappe l’Europe depuis trois ans. L’Allemagne, la Belgique, le Royaume-Uni et surtout la France (attentats de janvier 2015, du 13-Novembre, de Nice, de Magnanville, de Saint-Étienne-du-Rouvray, des Champs-Élysées) étaient jusqu’ici la cible privilégiée des terroristes. Pourquoi l’Espagne est-elle aujourd’hui visée ?
Bien sûr, il y a la participation de chacun de ces pays à la coalition qui lutte contre l’État islamique sur le théâtre syro-irakien. Évidemment, il convient de ne pas oublier le symbole d’opulence et de luxure des mécréants que ces pays représentent – en l’espèce, les Ramblas barcelonais constituent, comme les Champs-Élysées parisiens, une cible de choix pour les intégristes. Mais il ne faut pas négliger le simple principe de réalité. Interrogé en juin dernier, un haut cadre de la lutte antiterroriste française mettait en garde : « Il ne faut jamais oublier que les terroristes frappent d’abord là où ils peuvent frapper. Il y a toujours une raison d’opportunité. »
En avril dernier, la police de Catalogne avait mené une opération antiterroriste en lien avec l’enquête sur les attentats de mars 2016 à Bruxelles. Neuf personnes avaient été arrêtées pour appartenance présumée à une organisation – des hommes entre 30 et 40 ans, un de nationalité espagnole et les autres de nationalité marocaine. L’opération, menée à Barcelone et ses alentours, visait « un présumé groupe djihadiste avec des connexions internationales », mais il n’y avait pas « d’indices clairs » de leur éventuelle intention de commettre un attentat en Espagne, avait alors indiqué le responsable de la sécurité au sein du gouvernement de Catalogne.
Jusqu’ici, l’Espagne servait surtout de base de transit pour les djihadistes ne souhaitant pas attirer l’attention des services de leurs propres pays. C’est ainsi que les complices et l’épouse d’Amedy Coulibaly prenaient la tangente pour la Syrie via Madrid avant que le terroriste ne tue une policière municipale à Montrouge et quatre personnes de confession juive à l’HyperCacher de Vincennes début 2015. Ayant déjà rejoint la Syrie, le vétéran d’Afghanistan Ahmed Laidouni comptait passer en Espagne en août 2014 pour mieux berner les services français afin de rejoindre l’Hexagone où il comptait recruter des volontaires pour le djihad. Et le terroriste marocain Ayoub El-Khazzani qui avait séjourné avec sa famille à Algésiras préférait cibler le Thalys entre Bruxelles et Paris supposé transporté des voyageurs américains plutôt que s’en prendre à son pays d’accueil.
Dans un entretien publié dans Le Parisien, Jean-Charles Brisard, le président du centre d’analyse et du terrorisme (CAT), rappelle que, depuis cinq ans, trois attentats ont été déjoués en Espagne et que plus de 200 djihadistes espagnols ont rejoint le théâtre syrien. Toujours selon le chercheur, 30% des islamistes incarcérés dans le pays seraient originaires de la région de Barcelone. (Publié sur le site de Mediapart en date du 17 août 2017)
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