Théorie de la valeur: dans les méandres de la «transformation»

Par Michel Husson

Une nouvelle solution au problème de la transformation des valeurs en prix de production a récemment été avancée par Vincent Laure van Bambeke [1] (VLVB dans ce qui suit) et a reçu un accueil favorable de Jean-Marie Harribey et François Morin (dans son récent ouvrage L’Economie politique du XXI siècle, Ed. Lux 2017). Mais … «qui trop embrasse mal étreint».

Rappelons les termes de l’énigme: comment concilier le principe de valeur-travail (la valeur d’une marchandise dépend de la dépense de travail consacrée à sa production) et la formation d’un taux de profit moyen, au prorata des capitaux engagés ? Les schémas de transformation des valeurs en prix de production de Marx contiendraient des erreurs, ce qui devrait conduire à l’abandon de la théorie de la valeur-travail. L’originalité de la solution de VLVB repose sur deux innovations : l’introduction du capital fixe et les transferts de capitaux entre branches. Mais ce traitement dénature le problème tel qu’il est posé.

 Le traitement du capital fixe

Le problème de la transformation des valeurs en prix de production est en général traité avec une hypothèse d’absence de capital fixe. Autrement dit, le capital constant est uniquement composé de matières premières ou d’énergie dont la valeur est intégralement transmise au produit au cours de la période de production courante. Il n’y a donc pas de « machines », dont la valeur se transmet peu à peu, durant plusieurs périodes de production.

Dans une lettre à Engels [2] citée par VLVB, Marx écrit qu’il faudrait prendre en compte « la différence entre capital fixe et circulant ». Mais il ajoute : « Toutefois, si je voulais insérer ça ci-dessus, la formule serait trop compliquée ». Et il est vrai que dans son exemple numérique présenté dans le chapitre 9 du livre III du Capital, on trouve une différence entre le capital total avancé et le capital consommé au cours de la période.

Le problème est effectivement délicat et on peut souligner au passage que les «néo-ricardiens» s’y sont cassé les dents. La méthode proposée par Sraffa, qui consiste à considérer la machine non entièrement amortie comme une « production jointe » de la période courante conduit à des contradictions insurmontables qui résultent de l’hypothèse fondamentale selon laquelle le prix des outputs est égal au prix des inputs [3].

VLVB a raison de souligner l’importance de cette question : le capital fixe est par définition celui qui est utilisé sur plusieurs périodes de production et joue donc un rôle primordial dans l’enchaînement de ces différentes périodes. Il serait donc absurde de se satisfaire d’une théorie du capitalisme sans capital fixe, autrement dit sans machines. Mais son traitement est purement formel : il suppose qu’un capital de 100 est amorti sur 10 ans et transmet une valeur de 10 chaque année. Cela revient à passer à côté des vraies difficultés qui portent sur deux points : la loi d’amortissement qui n’est pas forcément linéaire, et le mode de valorisation du capital – aux coûts historiques ou aux prix de renouvellement. Plus concrètement, la question posée est celle de l’éviction de machines concurrencées par des machines plus efficientes ou moins chères, bref à une dévalorisation du capital qui ne pourra donc transmettre l’intégralité de sa valeur initiale.

Mais il devrait être clair que le problème de la transformation se pose même en l’absence de capital fixe. La méthode correcte consiste par conséquent à traiter le problème avec cette hypothèse simplificatrice, puis à tenter de généraliser la solution proposée en introduisant le capital fixe. Ce n’est pas une tâche aisée, mais on ne comprend pas comment le fait de traiter un cas plus complexe serait nécessaire à la solution du cas élémentaire simplifié. Et d’ailleurs, on peut supprimer le capital fixe des équations de VLVB sans rien changer à la logique de sa solution dont la réelle spécificité se situe ailleurs.

Les transferts de capitaux entre branches

Comment se réalise la ventilation de la plus-value globale proportionnellement aux capitaux engagés dans les diverses branches ? La réponse classique était déjà esquissée dans la lettre de Marx à Engels citée plus haut : « C’est ça, l’average price [le prix moyen] auquel la concurrence entre les different trades ramène les prix dans les different trades (par transfer of capital or withdrawal of capital [transfert ou retrait de capital]) ».

Cependant, cette présentation de Marx, couramment admise, n’est pas recevable. La première raison est que, dans ce schéma, les transferts de capitaux iraient vers les branches bénéficiant d’un taux de profit « interne » plus élevé en raison d’une composition organique inférieure à la moyenne. Or cela ne correspond évidemment pas à la logique d’accumulation du capital, comme le soulignaient déjà Pierre Salama et Jacques Valier dans leur fameuse Introduction : « Les capitaux ne vont pas dans les secteurs les plus retardataires (textile), les moins mécanisés, au détriment des secteurs clés (chimie, aéronautique, etc.) les plus mécanisés. C’est exactement le contraire qui se produit et pourtant les taux de profit ont tout de même tendance à s’égaliser entre les deux secteurs. C’est le mouvement des capitaux vers des secteurs de plus en plus mécanisés qui explique leur tendance à s’égaliser. On voit donc que la proposition est inversée » [4].

La seconde raison est que les schémas de la transformation postulent l’adéquation à la demande sociale : « pour qu’une marchandise puisse être vendue à sa valeur de marché, c’est-à-dire proportionnellement au travail social nécessaire qu’elle contient, la masse totale du travail social utilisée pour la totalité de cette sorte de marchandise doit correspondre à l’importance du besoin social existant pour cette marchandise, c’est-à-dire du besoin social solvable » [5].

Certes, la concurrence intervient dans la formation d’un taux de profit moyen, mais cette concurrence joue principalement entre les entreprises d’une même branche. Celles qui chercheraient à obtenir un taux de profit supérieur au taux moyen sont contraintes d’y renoncer sous peine d’être évincées par celles qui se contentent du taux de profit moyen. Mais il n’y a pas de concurrence directe entre les entreprises qui produisent des automobiles et celles qui produisent de l’habillement, ou alors celle-ci passe par l’ajustement à la demande sociale via les prix relatifs.

Dans la transformation, Marx suppose que la structure de la production est en adéquation à la demande sociale et que la concurrence a déjà joué à plein. Autrement dit, tout le travail dépensé est du travail socialement nécessaire. Il est important de souligner que ces hypothèses méthodologiques n’équivalent pas à une logique d’équilibre : elles correspondent à la nécessité de traiter séparément les problèmes théoriques. C’est au fond la même méthode que dans les schémas de la reproduction où Marx énonce des conditions d’« équilibre ». Mais assimiler cette notion d’équilibre à celle des néo-classiques reviendrait à dire que Marx aurait théorisé un capitalisme sans crises.

Le modèle de VLVB

On part ici du résumé donné par VLVB [6] que l’on a simplifié par élimination de l’énergie ainsi que du capital fixe, compte tenu des remarques qui précédent. Le point de départ est la valeur wi de la production de la branche i, qui est la somme du capital constant ci, du capital variable vi, et de la plus-value mi :

ci + vi + mi = wi

Le prix de production pi de la branche i est obtenu en appliquant le taux de profit moyen r aux coûts de production (capital constant + capital variable), soit :

pi = (ci + vi ). (1+r)

VLVB introduit ensuite des « coefficients de transformation » qui font passer des valeurs aux prix de production, selon : pi = xi wi. Puis il mobilise les deux égalités qui doivent être respectées au niveau d’ensemble : 1. la grandeur de la production totale doit être la même, qu’elle soit évaluée en valeur ou exprimée en prix de production ; 2. la somme des plus-values doit être égale à la somme des profits.

La première de ces égalités s’écrit :

 

où Yi représente le capital avancé dans la branche i, ce qui donne, en éliminant le capital total avancé Y :

 

 

La distribution du capital entre les branches (les yi) fait partie des inconnues du modèle que ce dernier doit donc calculer en même temps que les coefficients de transformation. VLVB entend donc réaliser la prouesse qui consiste à déterminer simultanément : « les montants des capitaux engagés dans les branches (Yi), les coefficients de transformation (xi) et le taux de profit (r) ». Certes, pour chaque branche, les valeurs unitaires du capital constant (ci) et du capital variable(vi) sont des données du problème, mais il reste encore beaucoup d’inconnues.

VLVB procède alors en deux temps. Il commence par déterminer le taux de profit et la répartition du capital entre les branches (les Yi) qui soient compatibles avec les deux identités remarquables. Puis, dans un second temps, il calcule les « coefficients de transformation ». Cependant, note VLVB, « il n’existe pas à notre connaissance de solution simple à de tels systèmes, aussi est-il préférable de raisonner sur un exemple numérique, de procéder à une simulation sur ordinateur à l’aide d’un programme spécifique et construit à cet effet » (p. 219).

VLVB choisit alors de s’en tenir à un exemple numérique construit à partir de celui que propose Marx dans le Livre III du Capital [7], et qui est reproduit ci-dessous :

 

Conformément à sa méthode, VLVB introduit la possibilité de mouvements des capitaux entre les branches, ce qui conduit à « une infinité de solutions à ce système » parmi lesquelles VLVB choisit une de celles « qui correspond à une répartition cohérente du capital engagé total avec une reproduction élargie établie par la méthode itérative décrite précédemment ».

Il faut revenir sur la formulation initiale pour souligner que VLVB n’a pas le droit de dire que ses wi représentent la « valeur de la production » de chaque branche. Ces données initiales du système sont en fait calculées au niveau unitaire. La « valeur de la production » représente en réalité la valeur d’une unité produite et la valeur de la production de la branche est obtenue en multipliant cette valeur unitaire par le niveau de production de la branche, soit : Yi wi.

Il n’en va pas de même dans le tableau de Marx. Certes, le capital avancé dans chacune des cinq branches a la même valeur, égale à 100. Mais il ne s’agit pas de valeur unitaire, sinon l’addition que fait Marx (« La somme globale des capitaux investis dans les cinq sphères est égale à 500 ») n’aurait pas sens. Pourtant, dans la solution numérique de VLVB, la répartition d’un capital total engagé de 500 serait différente, respectivement de : 19, 109, 117, 255 et 0.

Cette méthode utilisée par VLVB évoque la vaine recherche d’un « système-étalon » qui combinerait des fractions de branche de manière à obtenir les « bonnes propriétés ». Cette problématique qui vient de Ricardo et se retrouve chez Sraffa et les « néo-ricardiens » conduit à une impasse ou à une tautologie, mais VLVB va plus loin encore. Il se donne des processus élémentaires de production au niveau unitaire et leur affecte un certain volume de production (les fameux Yi) défini de telle sorte que les identités remarquables soient vérifiées.

VLVB revendique explicitement cette logique : « Dans notre approche, le processus de péréquation de la plus-value est clairement distingué de celui des transferts de capitaux issus de la concurrence inter-branche. Les capitaux se portant dans les branches où le taux de profit est supérieur à la moyenne augmentent le capital engagé et la production dans cette branche (…) Ces transferts ajustent le taux de profit général au niveau requis, car la masse de plus-value créée et le taux de profit varient à chaque nouvelle répartition entre les branches du capital social engagé, dont le montant total, évalué en unités monétaires, est constant » (p. 226).

VLVB présente cette méthode comme une véritable innovation qui permet, excusez du peu, de dépasser Marx : « Le processus de transformation des valeurs en prix de production de marché comporte donc deux volets indissociables : des transferts de capitaux entre les branches, une péréquation de la plus-value entre celles-ci. Jusqu’à présent, seul le second élément avait été pris en considération aussi bien par K. Marx que par ses commentateurs » (p. 227).

Cette conception n’est pas correcte. Dans le fonctionnement concret du capitalisme, on l’a déjà mentionné, les capitaux ne vont pas vers les branches les moins capitalistiques dont le taux de profit « en valeur » est supérieur à la moyenne. Et les transferts de capitaux prennent du temps, surtout, comme y insiste VLVB, si on prend en compte le capital fixe : l’industrie chimique va-t-elle déplacer ses équipements vers l’industrie textile ?

Ce temps de la réallocation des capitaux n’est de toute manière pas celui de la formation des prix. Le schéma de VLVB est de ce point de vue inadéquat, car il introduit une logique d’équilibre instantané où le processus de transformation des valeurs en prix de production détermine simultanément la répartition du capital total entre les branches. Or, dans l’étude de la transformation, c’est la taille des capitaux engagés qui doit être considérée comme donnée et la formation d’un taux de profit moyen doit être postulée.

Chez VLVB, c’est donc le monde à l’envers : la taille des différentes branches y est déterminée par les nécessités de la transformation. VLVB revendique clairement cette approche. Dans son livre, il écrit que « la répartition [du capital engagé] entre les branches est une variable endogène au processus de transformation » (p. 202) et il revient sur ce point dans son article déjà cité : « au niveau global de l’économie considérée, la répartition du capital entre les branches (les Yi) et le taux de profit sont déterminés par le respect des identités remarquables ». Comme si les capitalistes choisissaient d’investir dans telle ou telle branche, uniquement pour assurer la validité des schémas marxistes !

Du coup, la structure de la demande sociale doit elle aussi s’adapter à la structure de la production déterminée par les exigences de la transformation. VLVB greffe sur son exemple numérique une structure de la demande sociale compatible avec sa solution. C’est d’autant plus déplacé qu’il a choisi, contrairement à Marx, de faire arbitrairement correspondre chacune des branches à une composante de cette demande (p. 213) : bâtiments et machines (branche 1) ; matières premières (branche 2) ; énergie (branche 3) ; produits de consommation courante (branche 4) ; produits de luxe (branche 5). Mais cette construction – après coup –  de schémas de la reproduction est parfaitement artificielle : la structure de la demande sociale doit elle aussi être considérée comme une donnée du problème.

Derrière une formalisation mathématique complexe, VLVB se livre ainsi à un exercice qui n’a pas de sens économique. En termes littéraires, ce qu’il démontre pourrait s’exprimer de la manière suivante : soit n processus élémentaires de production. Il est possible de les combiner de manière à ce que la péréquation du profit vérifie l’égalité entre somme des profits et somme des plus-values. On construit ainsi, de manière arbitraire, une économie hypothétique compatible avec les identités remarquables.

La fascination pour la mathématique

Dans son dernier livre [8], François Morin ne tarit pas d’éloge pour la solution de VLVB, écrivant par exemple que: «Nous devons à Laure Van Bambeke d’avoir reformulé de façon remarquable la problématique de la transformation des valeurs en prix de production qui, depuis près d’un siècle et demi maintenant, après les travaux de Marx, n’avait pas trouvé de réelles solutions analytiques. Il s’agit d’une rupture épistémologique considérable». Plus loin, il reproduit les exemples numériques de VLVB, et s’extasie devant la perfection des correspondances établies entre prix et valeurs et entre répartition des capitaux et structure de la demande.

Qu’il ne voie pas que cette cohérence a été fabriquée de manière artificielle ne peut s’expliquer que par la fascination pour un appareil mathématique dont il n’a pas véritablement saisi les postulats économiques sous-jacents [9]. Il n’est pas possible non plus, comme le fait Jean-Marie Harribey dans sa recension du livre de Morin [10], d’affirmer que «la transformation des valeurs en prix de production doit intégrer la répartition de la plus-value sociale entre les capitalistes et, simultanément, la réallocation du capital entre les branches» ou que «répartition du capital entre les branches et transfert de plus-value sociale entre elles relèvent du même mouvement». Il reprend donc à son compte cette extravagante ambition et reproche même à Morin de ne pas y insister suffisamment : elle «mériterait d’être davantage soulignée dans l’exposé de François Morin qui simplifie par souci pédagogique».

Qu’il existe, dans le fonctionnement concret du capitalisme, d’incessants mouvements de réallocation des capitaux entre les branches, c’est une évidence. Mais ils ne dépendent pas des écarts entre valeurs et prix de production, pour les raisons rappelées plus haut. Et surtout, il y a une différence entre réallocation et allocation tout court : ce n’est pas la péréquation du profit global qui va déterminer la taille relative des branches. Or, toute la nouveauté des schémas de VLVB repose sur cette hypothèse fondamentale, et c’est une erreur.

Conclusion en termes littéraires

Peut-être est-ce le moment de se livrer à l’exercice consistant à présenter « en termes littéraires » le processus de la transformation. Chaque capitaliste achète des moyens de production et de la force de travail : c’est son coût de production. A ce coût de production, il applique le taux de profit moyen pour déterminer le prix de production auquel la marchandise sera vendue. Donc, pas de calcul en valeur, pas de « coefficient de transformation » mais des prix, de la monnaie. Telle est la pratique des affaires.

La question subsidiaire – dans le champ de la théorie – est de savoir quel est le montant du taux de profit moyen de référence : 10 %, 15 %, 1000 % ? Si on abandonne l’hypothèse irrecevable selon laquelle les prix de production ne changent pas d’une période de production à l’autre, cette question est insoluble. La seule réponse possible est alors de dire que le profit total de tous les capitalistes est égal à la plus-value totale qu’ils ont réussi à dégager par l’exploitation du travail salarié et qu’ils se répartissent de manière équitable, à proportion de leurs mises de fonds respectives [11].

Cette présentation a le mérite de souligner que le système mathématique complexe de VLVB pour lequel «il n’existe pas à [sa] connaissance de solution simple» n’a pas non plus, a fortiori, de correspondance dans un processus économique concret. (Essai envoyé à A l’Encontre)

Notes

[1] Vincent Laure van Bambeke, Les méandres de la transformation des valeurs en prix de production, L’Harmattan, 2013.

[2] Karl Marx, Lettre à Engels du 2 août 1862.

[3] voir Michel Husson, La transformation des valeurs en prix. Contre Sraffa, 1982, auto-édition, 2014, chapitre 7.

[4] Pierre Salama et Jacques Valier, Une introduction à l’économie politique, Maspero, 1973.

[5] Karl Marx, Le Capital, Livre III, chapitre 10, Editions sociales, 1976, p.192.

[6] Vincent Laure van Bambeke, « De la valeur-travail aux prix de production », Attac, Les Possibles n°2, 2014.

[7] Karl Marx, Le Capital, Livre III, chapitre 10, Editions sociales, 1976, p.162.

[8] François Morin, L’économie politique du XXIe siècle. De la valeur-capital à la valeur-travail, Lux, 2017.

[9] Pour d’autres exemples de cette fascination, voir : « Fascination mathématique ou analyse économique : l’exemple de la transformation des valeurs en prix », note hussonet n°96, 23 mars 2016

[10] Jean-Marie Harribey, « La valeur-travail à la place de la valeur-capital ? », contretemps., 5 juillet 2017.

[11] voir Michel Husson, [Manuel Pérez], « Valeur et prix: un essai de critique des propositions néo-ricardiennes », Critiques de l’économie politique, nouvelle série n°10, 1980 et/ou La transformation des valeurs en prix. Contre Sraffa, déjà cité.

 

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