Trump en danger financier et politique. Son entreprise fait face à de possibles accusations criminelles

Par David Smith

Donald Trump risque de subir un coup financier et politique potentiellement désastreux, car les procureurs de l’Etat de New York envisagent de porter cette semaine des accusations criminelles contre son entreprise familiale.

Les procureurs de New York pourraient bientôt lancer un acte d’accusation contre la Trump Organization concernant l’imposition d’avantages lucratifs accordés à ses cadres supérieurs, tels que l’utilisation d’appartements, de voitures et des frais de scolarité.

Le 45e président ne devrait pas être inculpé personnellement, mais cette affaire judiciaire pourrait mettre sa société en faillite en portant atteinte à ses relations avec les banques et d’autres partenaires commerciaux, et assombrir son retour sur la scène politique.

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Ron Fischetti, un avocat de la Trump Organization, a tenu jeudi dernier (le 24 juin) une réunion virtuelle d’environ 90 minutes avec les procureurs dans le but de les dissuader de porter des accusations criminelles contre la firme.

«Les accusations sont absolument scandaleuses et sans précédent, si effectivement les accusations sont déposées», a déclaré Ron Fischetti à l’Associated Press (AP) vendredi. «C’est juste pour se venger de Donald Trump. Nous allons plaider non coupable et nous allons déposer une demande de non-admissibilité.»

Ron Fischetti et ses collègues avaient jusqu’à lundi pour présenter leurs derniers arguments contre l’inculpation, selon un rapport du Washington Post.

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L’enquête de longue haleine menée par Cyrus Vance, le procureur du district de Manhattan, a débuté après que l’ancien avocat et entremetteur de Trump, Michael Cohen, a versé des pots-de-vin, avant l’élection présidentielle de 2016, à deux femmes qui prétendaient avoir eu des relations sexuelles avec Trump; Trump niait ces allégations. [En 2016, Novartis avait versé 1,2 million de dollars à Michel Cohen et à sa firme Essential Consultants pour avoir accès à Trump.]

Une attention particulière est désormais accordée à Allen Weisselberg, 73 ans, longtemps directeur financier de la Trump Organization, le conglomérat immobilier privé. Les procureurs examinent l’utilisation par son fils Barry d’un appartement appartenant à Trump à peu ou pas de frais, de voitures louées pour la famille ainsi que les frais de scolarité versés à une école fréquentée par les petits-enfants d’Allen Weisselberg.

De tels cadeaux et avantages valent des dizaines ou des centaines de milliers de dollars. Si les Weisselberg n’ont pas comptabilisé correctement cet argent dans leurs déclarations d’impôts et autres documents financiers, ils pourraient être en danger sur le plan juridique. Mais Ron Fischetti insiste sur le fait que toute accusation pénale fondée sur des avantages en nature représenterait une rupture théorique avec les usages antérieurs.

«Nous avons examiné 100 ans d’affaires et nous n’en avons pas trouvé une seule dans laquelle un employé a été inculpé pour des avantages en nature et certainement pas une société», a-t-il déclaré à l’AP. «[Pour que ce soit un crime], il faudrait que ce soit au profit de la société et à la connaissance de celle-ci. Ils n’ont pas du tout la preuve.»

Même ainsi, un point qui reste en suspens est de savoir si Weisselberg restera fidèle à l’ancien président ou deviendra un informateur, témoignant potentiellement contre Trump – le propriétaire de la société – et son fils Don Jr ainsi qu’Eric, qui sont vice-présidents exécutifs, et sa fille, Ivanka.

Trump, battu par Joe Biden lors de l’élection de novembre dernier, a longtemps cherché à rejeter l’enquête comme étant une «chasse aux sorcières» et reste politiquement actif. Il a été à nouveau présent lors des meetings de campagne, par exemple ce samedi 26 juin. Il a l’intention de s’impliquer fortement dans les élections de mi-mandat de 2022. Il pourrait se représenter à la présidence en 2024. Mais certains signes indiquent que des obstacles se rapprochent.

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Cyrus Vance, qui enquête sur une «conduite criminelle probablement étendue et prolongée», a examiné minutieusement les dossiers fiscaux de Trump. Il a cité des documents pour comparution et a interrogé des témoins, notamment des proches de Trump et des dirigeants de la firme. Un grand jury a récemment été constitué pour examiner les preuves.

Parallèlement, Letitia James, procureure générale de l’Etat de New York, a déclaré qu’elle chargeait deux avocats de travailler avec Cyrus Vance sur l’enquête criminelle, tout en poursuivant sa propre enquête civile sur les affaires de Trump.

Le bureau de Letitia James cherche à savoir si la Trump Organization a gonflé la valeur de certaines propriétés afin d’obtenir de meilleures conditions de prêt et si elle a diminué leur valeur pour obtenir des allégements fiscaux.

Les dossiers judiciaires montrent un certain chevauchement entre les enquêtes distinctes de Cyrus Vance et de Letitia James, y compris leur intérêt pour Seven Springs, un domaine de 212 acres à l’extérieur de Manhattan que Trump a acheté en 1995. Letitia James examine une déduction fiscale de 21,1 millions de dollars obtenue lorsque Trump a accepté de ne pas développer la propriété, après que l’opposition locale a contrecarré son projet de construction d’un terrain de golf et qu’un autre projet de construction de maisons de luxe a été abandonné.

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Donald Trump a dénoncé avec colère les deux enquêtes. Dans une déclaration, publiée lundi 28 juin, il a affirmé que l’affaire était une extension de la «chasse aux sorcières» des démocrates contre lui. «Ils feront tout pour arrêter le mouvement MAGA (et moi)», a-t-il déclaré, faisant référence au slogan de la campagne «Make America Great Again» et insistant sur le fait que la Trump Organization avait simplement fait «des choses qui sont une pratique standard dans l’ensemble de la communauté des affaires des Etats-Unis, et en aucun cas un crime».

L’ex-président a ajouté: «Faire face à des procureurs motivés par des raisons politiques, des personnes qui ont été élues parce qu’elles allaient “attraper Donald Trump”, est une chose très dangereuse pour notre pays. Au bout du compte, les gens ne le supporteront pas. Rappelez-vous, s’ils peuvent me faire ça à moi, ils peuvent le faire à n’importe qui!»

La perte de pouvoir de Trump à Washington le prive désormais, ainsi que sa famille et son entreprise, des protections juridiques dont il bénéficiait lorsqu’il était à la Maison-Blanche.

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Le bureau du procureur général du District de Columbia poursuit par exemple la Trump Organization et le comité présidentiel d’investiture pour le détournement présumé de plus d’un million de dollars en vue de l’utilisation d’un espace événementiel à l’hôtel Trump de Washington, lors de l’investiture de Trump en janvier 2017.

Ivanka Trump, qui était conseillère principale à la Maison-Blanche, s’est présentée pour une déposition avec les enquêteurs en décembre dernier, mais elle ne court aucun danger imminent de poursuites pénales. (Article publié, le 29 juin, par The Guardian; traduction par rédaction A l’Encontre)

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