Par Mera Aladam
Un collectif de 15 organisations de défense des droits humains et juridiques [voir ci-contre les logos] a appelé à la suspension des opérations d’aide de la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), avertissant que cette initiative, soutenue par Israël et les Etats-Unis, pourrait être complice de crimes internationaux.
La GHF, un dispositif de distribution de l’aide récemment mis en place et controversé, a commencé ses opérations à Gaza le 27 mai, suite à quelque trois mois de blocus israélien sur l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza.
Ces organisations ont critiqué la GHF pour son manque de «transparence, d’impartialité et de responsabilité», invoquant des préoccupations concernant sa structure opaque et l’absence de plans opérationnels accessibles au public.
Selon l’appel de ces organisations, la nouvelle méthode de distribution de l’aide, qui vise à soustraire la distribution aux grands groupes d’aide humanitaire dirigés par les Nations unies (UNRWA et PAM entre autres), constitue «un changement radical et dangereux par rapport aux opérations humanitaires internationales établies».
Il ajoute que la «distribution d’aide privatisée et militarisée» est «déshumanisante, meurtrière à maintes reprises et contribue au déplacement forcé de la population qu’elle prétend aider», faisant référence aux meurtres de Palestiniens perpétrés par les forces israéliennes près des points de distribution de la GHF.
Les 15 groupes ont exhorté toutes les organisations et tous les individus travaillant ou aidant la GHF, y compris les sociétés militaires privées présentes dans les centres de distribution telles que Safe Reach Solutions et UG Solutions, à mettre fin à leurs opérations.
«A défaut, ces organisations et leurs dirigeants, représentants et agents s’exposent à des risques supplémentaires de responsabilité pénale et civile pour aide et connivence ou complicité dans des crimes relevant du droit international, notamment des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou des crimes de génocide en violation du droit international, du droit américain et d’autres lois nationales pertinentes en vertu du principe de compétence universelle», prévient l’appel.
«Le modèle militarisé de la GHF, associé à son étroite collaboration avec les autorités israéliennes, porte atteinte aux principes humanitaires fondamentaux d’humanité, de neutralité, d’impartialité et d’indépendance.»
Les organisations soulignent également que le fait de contraindre des Palestiniens affamés à parcourir de longues distances à travers des zones militarisées pour obtenir de l’aide «crée un risque immédiat de déplacement forcé qui pourrait violer l’interdiction de transfert forcé de civils».
«Pièges mortels»
Créée en février, la GHF fait l’objet de critiques croissantes de la part de groupes de défense des droits humains et d’activistes, notamment des Nations unies.
Ce programme est accusé de déshumaniser les Palestiniens et de ne pas leur fournir suffisamment de nourriture, en plus de mettre leur vie en danger, les forces israéliennes ouvrant régulièrement le feu sur les foules affamées.
Décrits comme des «pièges mortels», les rares points de distribution d’aide gérés par la GHF sont devenus des lieux où les Palestiniens s’attendent à des effusions de sang plutôt qu’à un répit dans la guerre.
Un récent communiqué de presse de l’organisation à but non lucratif Euro-Med Human Rights Monitor a déclaré que l’organisation soutenue par les Etats-Unis était «directement responsable de l’escalade des crimes israéliens contre les civils palestiniens affamés».
«Le modèle opérationnel de la fondation consiste à attirer les civils vers des lieux spécifiques coordonnés avec l’armée israélienne, où ils sont victimes de meurtres, de blessures et de traitements cruels et dégradants. Ces points sont devenus de véritables pièges mortels utilisés comme outils dans le génocide perpétré par Israël contre la population palestinienne depuis plus de 20 mois.»
Selon des sources sanitaires à Gaza, au moins 516 personnes ont été tuées près des centres gérés par la GHF, plus de 3799 autres ont été blessées, et 39 sont portées disparues depuis le début des opérations. (Publié dans Middle East Eyele 25 juin 2025; traduction rédaction A l’Encontre)
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