Par Jake Johnson
L’homme d’affaires milliardaire et ancien maire de New York, Michael Bloomberg, a officiellement annoncé dimanche 24 novembre qu’il s’engageait dans l’élection présidentielle de 2020 dans le camp démocrate en lançant une campagne publicitaire éclair de 30 millions de dollars dans laquelle il se présente comme un «créateur d’emplois» et un «enfant de classe moyenne qui a réussi».
«Mike Bloomberg a commencé comme un enfant de la classe moyenne qui a dû faire son chemin en passant par l’université, puis construire une firme disposant initialement d’une seule pièce jusqu’à devenir une entité mondialisée», explique le conteur d’une publicité que Bloomberg a tweeté dimanche matin.
M. Bloomberg, un ancien républicain dont la fortune nette est estimée à plus de 54 milliards de dollars, a déclaré qu’il croyait que l’«ensemble particulier de mes expériences accumulées dans les affaires, le gouvernement et la philanthropie me permettrait de gagner et de diriger».
L’annonce de l’homme d’affaires ne mentionne pas de propositions politiques spécifiques ou de candidats démocrates rivaux pour 2020, mais la courte vidéo fait une attaque à peine voilée au Medicare for All [proposition mise en avant par Bernie Sanders et, avec des différences sur les modalités de financement, par Elizabeth Warren].
«Il y a une Amérique qui attend d’être reconstruite, où tous ceux qui n’ont pas d’assurance maladie seront assurés de l’avoir et où tous ceux qui aiment la leur pourront continuer et la garder», affirme la publicité, faisant écho à un argument commun de l’industrie de l’assurance contre le «single-payer» (payeur unique).
Avant son annonce officielle, l’entrée attendue de Bloomberg dans la course de 2020 a suscité de vives critiques de la part de progressistes, dont le sénateur Bernie Sanders (Indépendant, Vermont) et Elizabeth Warren (Démocrate, Massachusetts), candidats à la présidence qui ont tous deux pris pour cible la richesse des milliardaires comme Bloomberg avec leurs propositions de programme relatif au système d’imposition.
Vendredi, Sanders a exprimé son dégoût devant l’achat d’une opération publicitaire éclair de 30 millions de dollars par M. Bloomberg.
«Si vous ne pouvez pas obtenir le soutien de la base pour votre candidature, vous n’avez pas à vous présenter aux élections présidentielles», a déclaré Bernie Sanders dans un communiqué [Bernie Sanders réunit un appui financier important en cumulant un nombre important de modestes dons]. «Le peuple américain en a assez du pouvoir des milliardaires, et je soupçonne qu’il ne réagira pas bien quand quelqu’un essaiera d’acheter une élection.»
Comme le site Common Dreams l’a rapporté la semaine dernière, les progressistes ont averti que les candidatures de Bloomberg et de Deval Patrick, ancien cadre supérieur de la firme d’investissement mondialisée Bain Capital [il fut conseiller juridique de Texaco, de Coca-Cola et, antérieurement, comme membre du Parti démocrate, il fut gouverneur du Massachusetts de 2007 à 2015; il vient d’une famille afro-américaine modeste], représentent un ultime effort de la part des riches donateurs pour garder le contrôle du Parti démocrate.
«Nous avons deux gars super riches qui ont peur à mort qu’un progressiste gagne les primaires et gagne ensuite l’élection présidentielle», a déclaré à Politico Charles Chamberlain, président du groupe progressiste Democracy for America. «Il s’agit de la peur de la victoire [de Warren ou Sanders], et pas de la peur d’une défaite.» (Article publié sur le site Truthout, le 24 novembre 2019; traduction rédaction A l’Encontre)
Jake Johnson est rédacteur de Common Dreams.
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[1] Le lundi 25 novembre, sur le site Politico, Stephanie Murray écrivait que Deval Patrick a insisté lundi sur le fait qu’il a une vraie chance de pouvoir se présenter à l’investiture démocrate malgré son entrée tardive. L’ancien gouverneur a affirmé que c’est «une course ouverte à tous». Il faut avoir à l’esprit qu’Elizabeth Warren, qui comme lui a sa base dans le Massachusetts, doit certainement apprécier cette entrée en lice subite. Selon Politico, l’entretien téléphonique entre Patrick Deval et Elizabeth Warren a eu une tonalité aigre. (Réd. A l’Encontre)
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