Par La Diaria
Lors d’une conférence de presse tenue ce lundi 12 septembre dans la ville de São Paulo, l’ancienne ministre de l’Environnement et actuelle dirigeante du parti écologiste Rede Sustentabilidad, Marina Silva, a rendu public son soutien au candidat du Parti des travailleurs (PT), Luiz Inácio Lula da Silva, pour les élections qui auront lieu le 2 octobre.
«Nos retrouvailles se déroulent face à une situation grave dans l’histoire politique, économique, sociale et environnementale de notre pays. Nous avons devant nous la menace des menaces, une menace pour notre démocratie», a déclaré Lula, qui a minimisé les différences passées entre Marina Silva et le PT.
En 2009, après avoir été ministre de l’Environnement de janvier 2003 et mai 2008 pendant les deux premiers gouvernements de Lula, Marina Silva a quitté le PT pour le Parti vert [qu’elle quittera en 2011], formation pour laquelle elle a été candidate à la présidence lors des élections de 2010. Elle est arrivée alors en troisième position avec près de 19,33% des voix [elle refuse à appeler à voter au deuxième tour pour la candidate du PT Dilma Rousseff, elle fait de même pour le candidat José Serra du PSDB-Parti social-démocrate brésilien].
En 2013, la militante écologiste et psychopédagogue, née dans l’Etat d’Acre il y a 64 ans, a fondé le parti Rede Sustentabilidad, une formation qui s’est unie lors des élections présidentielles de 2014 au Parti socialiste brésilien (PSB). Elle a été la candidate de cette coalition et a obtenu 21,32% des voix [Dilma Rousseff a obtenu 41,59% au premier tour et 51,64 au second contre Aécio Neves du PSDB]. Dans ce qui a été pratiquement considéré comme un acte de trahison par le PT, Marina Silva au second tour a donné son soutien à Aécio Neves et non pas à Dilma Rousseff, qui a finalement été élue présidente.
«Notre démocratie nous file entre les mains», a ajouté Lula, dans des propos rapportés par le site du périodique Carta Capital. «La présence de Marina est une démonstration que la démocratie peut être exercée même lorsque vous avez des divergences particulières. La démocratie n’est pas un pacte de silence. C’est une société en ébullition, en mouvement», a déclaré l’ancien président, qui est en tête de tous les sondages, même si sa victoire au premier tour face au président Jair Bolsonaro, du Parti libéral, n’est pas certaine, de sorte qu’il pourrait y avoir une élection définitive le 30 octobre.
A son tour, et dans la même veine que Lula, Marina Silva a déclaré que «chaque fois que la démocratie est menacée, ils essaient de détricoter le tissu social dans toutes ses dimensions. Chaque fois que nous sommes face à des options, des attitudes et des processus qui constituent la possibilité de banaliser le mal, des hommes et des femmes s’unissent pour sauvegarder ce qui est au-dessus de nous. Au-dessus de nous, il y a la démocratie, la souffrance de notre peuple.»
Dans des déclarations rapportées par le site web Brasil 247, l’ancienne ministre a ajouté qu’il était nécessaire d’adopter «une politique environnementale transversale, avec un contrôle social et une participation, qui renforce le système environnemental national et soit capable d’investir dans le développement durable. Une agriculture à faible émission de carbone est parfaitement possible. Il est nécessaire de soutenir le développement économique pour un nouveau cycle de prospérité que le Brésil et le monde doivent mettre sur les rails du XXIe siècle, conformément à l’Accord de Paris [COP21].»
Expliquant sa position sur la question écologique, Marina Silva a déclaré: «Nous pouvons atteindre l’arrêt de la déforestation grâce à la remise à l’ordre du jour du plan que vous [le PT] avez mis en œuvre et coordonné depuis la Casa civil [cabinet directement lié à l’exécutif], à savoir le Plan de prévention et de contrôle de la déforestation en Amazonie. Et je pourrais mentionner beaucoup de choses pertinentes; selon ce Plan actualisé, il est possible de sauver l’agenda socio-environnemental éliminé et pour cela il n’y a personne de mieux que vous pour mener à bien cette sauvegarde, car c’est précisément vous [Lula] qui l’avez lancé», a-t-elle déclaré.
Marina Silva a également affirmé qu’elle «reconnaît légitimement les autres efforts déployés pour être l’alternative» au président actuel. Mais elle a précisé que «dans ce moment crucial de notre histoire, celui qui dispose des conditions les plus importants et les meilleures pour vaincre Bolsonaro et la graine maléfique du bolsonarisme qui prolifère au cœur de notre société, attaquant nos frères brésiliens, enlevant la vie de personnes ayant des pensées différentes [référence, entre autres, à l’assassinat de deux militants du PT par des partisans de Jair Bolsonaro, ces deux derniers mois], n’est autre que vous [Lula] comme candidat».
«Au nom de ce qui est au-dessus de nous et en regardant de bas en haut pour voir ce qui est au-dessus de nous, j’exprime mon soutien indépendant au candidat, ancien président et futur président du Brésil, Luiz Inácio Lula da Silva. Je prie Dieu [1] pour que nous puissions mettre en œuvre ce à quoi nous nous engageons maintenant, ce à quoi vous vous engagez au Brésil, avec l’ensemble du programme et avec ce qui s’y ajoute ici en ce moment, et qui est une contribution», a conclu Marina Silva, une adepte bien connue de l’évangélisme. (Article publié dans La Diaria le 13 septembre 2022; traduction rédaction A l’Encontre)
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[1] Marina Silva est membre de l’Assemblée de Dieu, l’Eglise pentecôtiste la plus importante du Brésil. Le vendredi 9 septembre, Lula s’est réuni avec des pasteurs évangéliques, à Sao Gonçalo, une banlieue pauvre de Rio de Janeiro. En effet, le réseau évangélique de Bolsonaro est puissant et fort bien organisé et selon les sondages ce secteur important de l’électorat voterait majoritairement pour Bolsonaro. (Réd. A l’Encontre)
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