Le premier Congrès national du Mouvement pour une alternative indépendante et socialiste (ci-dessous le MAIS), qui s’est tenu du 27 au 30 juillet derniers, a approuvé l’entrée dans le Parti socialisme et liberté (PSOL). La décision a été prise après un débat interne riche et démocratique auquel ont pris part plus de 800 militant·e·s de tout le pays.
Les temps que nous vivons s’offrent à nous comme un défi. L’offensive menée par la classe dominante contre les travailleurs et travailleuses ainsi que le peuple brésilien impose, de manière inévitable, aux exploité·e·s et aux opprimé·es de mener une résistance unifiée. Sans la plus grande unité de ceux d’«en-bas», il sera impossible de faire cesser les attaques livrées par ceux qui sont «en-haut».
L’opération de destitution orchestrée par la droite a été avant toute chose un coup visant à détruire certains droits historiques de la classe ouvrière. Le MAIS se joindra au PSOL afin de renforcer la lutte contre le gouvernement illégitime de Temer et ses contre-réformes, ainsi que pour obtenir, par la présence dans les rues, des élections immédiates autant pour la présidence que pour le Congrès.
Mais il y a un sens plus profond à notre décision. Il est temps d’ouvrir un nouveau chemin pour la gauche brésilienne.
Les treize années de gouvernements de conciliation de classe du PT (Parti des travailleurs) ont, de façon tragique, débouché sur ce coup d’Etat parlementaire. Il est nécessaire de tirer les leçons de cette expérience. L’option choisie, à savoir la conclusion d’un pacte avec les grands entrepreneurs et les partis de la droite, a eu son prix. Et une fois la crise politique et économique venue, les vieux alliés de la bourgeoisie ont, comme ils le font toujours, trahi.
La direction du PT a déjà donné d’innombrables preuves du fait qu’elle n’avait rien appris des erreurs du passé. Comme l’affirme Lula dans ses discours, l’objectif est de répéter la même stratégie et le même programme aux prochaines élections. Il est illusoire de croire que le lulisme puisse assumer un programme d’affrontement avec les riches et les puissants.
Il est temps de faire des pas concrets dans le processus de réorganisation de la gauche brésilienne. Dans ce sens, le PSOL se présente comme le principal et plus dynamique «pôle partidaire».
La tâche est à la fois difficile et stimulante: il s’agit de redonner aux travailleurs et travailleuses l’envie de s’attaquer aux entraves structurelles qui retiennent notre peuple dans la pauvreté et l’exploitation. En d’autres termes, il faut présenter un programme qui ose affronter les privilèges séculaires d’une bourgeoisie raciste et corrompue, soumise à l’impérialisme.
Ainsi, le MAIS se joindra au PSOL pour réoccuper les rues et reprendre le travail de base dans les usines, les banlieues et les lieux de formation [écoles secondaires, université, etc.], faisant de tous les espaces où l’on travaille le champ central d’activité. Nous entrons dans le PSOL avec nos propres idées. Nous amènerons notre programme socialiste et notre stratégie révolutionnaire dans les espaces de débats du parti. Nous formerons une tendance interne et nous nous affirmerons notre respect de la discipline définie par les statuts.
Nous voulons agir côte à côte avec toutes les personnes du PSOL, afin que face à n’importe quel choc subi dans le cadre de la lutte des classes nous puissions élaborer conjointement le meilleur programme pour la libération/émancipation des travailleurs et des travailleuses, des hommes et des femmes noirs, des LGBT, des jeunes, des indigènes, des sans-terre et sans-toit ainsi que des quilombolas [nom donné aux descendants d’esclaves ayant échappé à l’esclavage].
Nous ne sommes pas l’unique organisation marxiste au Brésil. Il est temps de nous situer plus dans la proximité que dans la distance, afin que les divergences existant au sein de la gauche socialiste ne menacent pas la nécessaire unité. Il faut construire des convergences établies dans la foulée de débats où les différences puissent être abordées sans préjugés. C’est cela le défi.
Le processus d’entrée du MAIS dans le parti se fera en plusieurs phases. Ce sera une construction qui prendra en compte à la fois les orientations du PSOL, définies clairement dans l’invitation que le parti nous adresse, et la discussion permanente avec tous nos militants.
Le MAIS continuera à s’engager totalement dans la lutte directe des travailleurs et travailleuses, de la jeunesse et des opprimés·e·. Dans les mouvements syndicaux, sociaux et estudiantins notre organisation continuera à agir sous ses propres drapeaux
En participant à la construction du PSOL, nous croyons qu’il est possible d’apporter une contribution supérieure à la lutte pour la transformation socialiste du Brésil.
Vive la lutte des travailleurs et des travailleuses !
Vive le socialisme !
(30 juillet 2017)
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