Brésil. 15 mai: journée nationale de lutte, de protestation et d’indignation

25jan2014---no-vao-livre-do-masp-manifestantes-protestam-contra-a-realizacao-da-copa-do-mundo-1390677031406_956x500Appel unitaire à l’initiative de l’ANEL
(Assemblée Nationale des Etudiant·e·s Libres)

Nous, activistes de mouvements sociaux et de la jeunesse, issus de différentes traditions, régions du Brésil et organisations, adhérons à cette initiative du 15 mai (15M) comme moyen d’élargir les mobilisations de rue, à la veille de la Coupe du monde de football qui commencera le 12 juin.

Le Brésil se prépare à recevoir la Coupe du monde. Les dépenses exorbitantes éclairent et dénoncent la contradiction entre le Brésil de la Coupe du monde et le Brésil des Brésiliens. Une contradiction entre un Brésil qui doit obéir aux normes exigeantes et élitaires de la FIFA (Fédération Internationale de Football Association), pour répondre aux intérêts des banquiers et des grandes firmes de la construction, et un Brésil où règnent des conditions précaires de santé, d’éducation, de transport et d’habitation.

Nous savons que les ressources financières investies pour la Coupe pourraient être bien mieux utilisées dans les secteurs de la santé et de l’éducation. Déjà 9 travailleurs sont morts étant donné les conditions désastreuses de travail dans la construction des stades qui vont servir à ces méga-événements. Le gouvernement, pour garantir la Coupe des puissants et éviter les manifestations, ne cesse de renforcer sa politique de «sécurité» qui va de la Loi antiterroriste à des collaborations avec des institutions états-uniennes comme la CIA et le FBI: ce qui est une violation de notre souveraineté. Lutter ne constitue pas un crime et qui lutte n’est pas un terroriste.

Les grèves qui surgissent du nord au sud du pays démontrent que seules les mobilisations permettent de gagner. La victoire des travailleurs des transports à Porto Alegre, des éboueurs à Rio de Janeiro et de la région ABC de São Paulo, ainsi que des travailleurs intérimaires employés dans les grandes constructions liées à la Coupe est partie prenante de ce nouveau mouvement. Le mouvement pour obtenir des logements populaires, qui s’affronte à l’autoritarisme du pouvoir public et met en question les gains des mafias engagées dans la spéculation immobilière, en est une autre expression. Il est important que ces luttes trouvent un espace unitaire pour se renforcer.

Il est nécessaire de lutter et il est possible de gagner

Dans la jeunesse, la direction majoritaire de l’UNE (Union nationale des étudiants – liée au PT) se propose de défendre à tout prix la réalisation de ce méga-événement et de contenir la crise du gouvernement de Dilma Rousseff (Parti des Travailleurs).

Or, une nouvelle génération de jeunes activistes est pourtant dans les manifestations de rue, et partie prenante des grèves des travailleurs, et lutte contre la bureaucratie syndicale de la CUT (Centrale Unitaire des Travailleurs) liée au gouvernement. Il est dommageable que la réunion de secteurs du mouvement étudiant – à la tête desquels se trouvent Virginia Barros et Barbara Mello, respectivement présidentes de l’UNE et de l’UBES (Union Brésilienne des Etudiants du Secondaire) – prends la décision de se joindre à la présidente Dilma Rousseff pour «étouffer» les manifestations. Au même titre, est honteuse, l’adhésion de l’UNE à la campagne de travail volontaire pour la FIFA.

Dans cette phase, la jeunesse au sein de multiples universités, écoles et quartiers organise des luttes victorieuses, appuie diverses grèves des enseignants et du personnel administratif de l’éducation. La victoire de ces luttes peut susciter une accentuation de la dynamique du mouvement social et renforcer la défense de ses revendications.

Après les journées de juin 2013, construire le 15M

La jeunesse – qui en juin 2013 se trouvait dans la rue et a battu en brèche la hausse des tarifs des transports publics, cette jeunesse qui déjà mettait en question les dépenses pour la Coupe du monde et établissait un lien entre celles-ci et les mobilisations sociales – lance aujourd’hui un appel à toute la jeunesse pour participer à la construction du 15M (journée du 15 mai).

Différents secteurs combatifs impulsent cette journée de mobilisation. Initialement, cette journée devait marquer le début d’une journée mondiale contre la Coupe du monde. Le mouvement du 15 mai est soutenu par diverses forces à l’échelle du Brésil: les comités populaires contre la Coupe, la rencontre syndicale de l’Unité d’action tenue sous le mot d’ordre «Durant la Coupe il va y avoir des luttes» et divers collectifs nationaux, régionaux ainsi que différents mouvements sociaux.

Ce 15 mai (15 M) est un jour afin d’unifier nos luttes avec celles des travailleurs et des mouvements sociaux, afin de lutter pour nos droits et de renvoyer la FIFA à la maison.

Construire un jour important de lutte avec des méthodes démocratiques et participatives

Un des héritages les plus importants des journées de juin 2013 fut le rejet des vieilles structures et la conception verticaliste du mouvement. Nous partageons cette conception et pensons que le 15M doit être construit dans chaque école, lieu de travail, quartier sur la base d’assemblées; chaque pas devant être discuté sous une forme démocratique et horizontale. Il est fondamental, de même, d’établir un lien entre les revendications locales et les luttes d’ensemble. Notre appel vise à la construction d’un événement national ayant une large visibilité et apte à impulser de nouvelles luttes.

Préparons-nous. C’est l’heure de la jeunesse

Nous allons décorer les rues avec notre combativité et notre audace. Nous voulons lutter pour nos droits. Dans ce but, nous défendons des mots d’ordre directs et concrets qui puissent nous unifier au-delà de notre diversité.

• Soutenez nos luttes. Appuyez les luttes étudiantes. Appuyez les luttes des travailleurs et travailleuses. Appuyez les occupations de terres agricoles et les occupations de terrains pour le logement.

• Non à la répression. Supprimons les lois anti-manifestations. Mise sur pied d’un audit portant sur les contrats passés par les entreprises à l’occasion de la Coupe et sur les dépenses pour la «sécurité» faites à cette occasion. Liquider l’accord avec les Etats-Unis et le FBI. Mettre fin aux enquêtes menées contre les militant·e·s ainsi qu’à la surveillance des mouvements sociaux par l’ABIN (Agência Brasileira de Inteligência) et les appareils de sécurité issus de la dictature militaire. Contre la militarisation des villes qui reçoivent la Coupe.

• FIFA GO HOME! Contre l’ingérence de la FIFA. Réexamen des contrats établis par les grandes entreprises comme Odebrecht et Camargo Correia. Transfert des dépenses de la Coupe en faveur de l’éducation, de la santé, des transports et du logement.

• Descendez dans la rue. Cela change le jeu.

(Traduction du brésilien par rédaction A l’Encontre, le 10 mai 2014)

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