Par Rédaction A l’Encontre;
et Déclaration du PSOL
Depuis le 24 février 2020, l’appel des partisans de Bolsonaro a été largement diffusé pour soutenir les déclarations du ministre de la Sécurité institutionnelle, le général Augusto Heleno. Cet appel a été lancé sous le slogan «15 mars Capitaine Bolsonaro/Général Heleno. Le Brésil est à nous et non aux politiciens comme d’habitude». Le but proclamé: appeler à la clôture du Congrès et aussi du pouvoir judiciaire. Le général Augusto Heleno accusait le Congrès de «chantage» étant donné les modalités de négociations au sein du législatif concernant l’établissement du budget.
Le 25 février, une fois l’appel à la manifestation du 15 mars connue, le président d’extrême droite, Jair Bolsonaro, a fait circuler, sur sa messagerie Whatsapp une vidéo soutenant cette convocation politique. Les partisans de cette mobilisation réactionnaire ont rapidement inondé les réseaux sociaux de vidéos de propagande et de déclarations attaquant les membres du Congrès, et proposant même le retour d’un gouvernement militaire présidé par Bolsonaro.
Son fils, Eduardo Bolsonaro – député fédéral, représentant pour l’Amérique latine de The Movment, l’organisation de Steve Bannon – multiplie depuis le début 2018 les déclarations en faveur d’un régime analogue à la dictature militaire des années 1964-1985. Or, dans la conjoncture marquée par l’appel à la manifestation pour le 15 mars, il a attisé les flammes en tweetant: «Si une bombe H atterrissait sur le Congrès, pensez-vous vraiment que le peuple verserait des larmes?»
La Folha de São Paulo, en date du 26 février 202, qualifie ce 15 mars comme une préparation à «coup d’Etat de l’intérieur», soulignant que des secteurs de l’armée, du bolsonarisme ainsi que des forces les plus réactionnaires veulent empêcher le lancement «d’un impeachment [qui pourrait] être la seule chose qui puisse mettre fin à la dangereuse aventure Bolsonaro».
Il est vrai que de très nombreuses personnes autorisées –parmi lesquelles Lula ou Fernando Henrique Cardoso – ont dénoncé publiquement l’attitude de Bolsonaro et plus spécifiquement son soutien ouvert à la manifestation «nationale» du 15 mars.
L’appel pour le 15 mars est encore plus provocateur si l’on tient compte du fait que cette date du 15 mars suit la date des manifestations qui commémorent l’assassinat, le 14 mars 2018, de la conseillère municipale de Rio: Mariella Franco. Un crime politique dans lequel il y a de plus en plus de preuves mettant en lumière le lien entre les assassins de Mariella (ainsi que de son chauffeur) et des membres de la famille présidentielle.
A propos de la mobilisation du 15 mars, le rédacteur en chef d’Esquerda Diario (Brésil) et travailleur du pétrole, Leandro Lanfredi, a souligné que: «pour contrecarrer cette initiative, il est crucial de construire une vaste riposte de la part des travailleurs et travailleuses, des femmes, des Noirs, des LGBT et des jeunes. Le 18 mars, une grande journée de lutte pour l’éducation et les travailleurs publics était déjà annoncée. Il est clair que cela doit être beaucoup plus large. La CUT (Centrale unique des travailleurs) et la CTB (Central dos Trabalhadores e Trabalhadoras do Brasil) et les autres centrales syndicales doivent regrouper tous leurs moyens afin d’appeler activement à une grève et à une manifestation ce jour-là. La grève des postiers prévue pour le 3 mars est un autre moment pour construire la résistance, ainsi que le 8 mars qui peut faire la démonstration que les femmes sont en première ligne de la lutte contre Bolsonaro.» (Rédaction A l’Encontre)
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C’est l’heure de la mobilisation contre le «golpisme» de Bolsonaro.
Par l’Exécutif du PSOL
Le Parti du Socialisme et de la Liberté (PSOL) rejette fermement la participation du Président de la République, Jair Bolsonaro, à l’appel à des manifestations – le 15 mars – en faveur d’un coup d’Etat demandant la dissolution du Congrès national.
Cette initiative s’ajoute à d’autres qui marquent le caractère antidémocratique du projet bolsonariste: diffusion de qualificatifs discriminants et intolérants, de menaces contre l’opposition, d’éloges des régimes autoritaires [Le Chili de Pinochet, par exemple]. Cet appel représente une étape supplémentaire dans l’escalade autoritaire de l’extrême droite: l’implication directe de Bolsonaro dans l’appel à ces manifestations [dans les diverses villes] marque une option de rupture avec les droits et institutions démocratie, ce qui est inacceptable.
En s’impliquant directement dans la convocation des manifestations pour la fermeture du Congrès national, Bolsonaro commet un crime de responsabilité [le type de crime imputé à l’ex-présidente Dilma Rousseff pour exiger sa destitution] et un crime de manque d’intégrité. Dès lors, une riposte dure est nécessaire. Le silence des présidents de la Chambre des représentants [Rodrigo Maia, Démocrate de Rio de Janeiro ] et du Sénat fédéral [David Alcolumbre, Démocrate de l’Etat d’Amapá] doit être rompu de toute urgence. Des mesures peuvent et doivent être prises dans le cadre du Tribunal Suprême fédéral.
Le PSOL appelle tous ses militant·e·s et sympathisant·e·s à participer azx mobilisations de mars (8 mars, Journée internationale de la lutte des femmes; 14 mars, deux ans après l’assassinat de Marielle; 18 mars, grève de l’éducation nationale) Le PSOL se joindra aux mobilisations organisées par les mouvements sociaux à travers le Front populaire sans peur (Frente Povo Sem Medo) pour mettre fin immédiatement à l’escalade autoritaire de Bolsonaro. La connivence d’institutions étatiques a permis d’aboutir à une telle situation. C’est donc dans la rue que l’on peut vaincre l’extrême droite. Le temps est venu de se mobiliser contre le coup d’Etat et Bolsonaro! (Exécutif national du PSOL, 26 février 2020)
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