Salut du Front démocratique de gauche au Congrès extraordinaire du NUMSA
Un spectre hante la classe dominante et le gouvernement d’Afrique du Sud: il s’agit du mouvement anticapitaliste radical que le National Union of Metalworkers of South Africa (NUMSA – Syndicat national des métallurgistes d’Afrique du Sud) a mis sur pied lors de son Congrès extraordinaire qui s’est tenu la semaine dernière [du 17 au 20 décembre 2013]. La Front démocratique de gauche (DLF – Democratic Left Front) félicite le NUMSA pour ce congrès qui a rassemblé les métallurgistes malgré des tentatives soutenues de diviser le syndicat.
Le NUMSA, en tant que section la plus organisée de la classe laborieuse d’Afrique du Sud, a réalisé un pas décisif. Il a répondu d’une manière claire au rôle de l’ANC (African National Congress) et de son gouvernement [présidé par Jacob Zuma depuis 2009] qui soutiennent l’exploitation capitaliste de l’Afrique du Sud.
Le NUMSA a rejeté avec fermeté le meurtre de sang-froid des travailleurs à Marikana [les travailleurs des mines ont été tués par la police, en août 2012, avec la complicité du syndicat NUM – National Union of Mineworkers. Voir sur ce site l’article publié en date du 2 septembre et 3 octobre 2012: onglet Afrique: Afrique du Sud].
Nous avons, comme DLF, été émus et inspirés par la solidarité émouvante et concrète exprimée par les délégué·e·s présent·e·s au Congrès du NUMSA, lorsque chacun d’entre eux a fait don de 100 R (rand) au fonds de solidarité de Marikana. Et aussi lorsqu’ils ont accueilli chaleureusement les représentant·e·s de Marikana qui se sont exprimés à ce Congrès.
Le NUMSA reprend le flambeau de la vague de grève qui a suivi dans les secteurs minier, agricole, ainsi qu’ailleurs. En insistant sur la nécessité d’une indépendance organisationnelle et politique, il a démontré son engagement à mener une lutte continue de la classe laborieuse en vue de prendre ses propres destinées en main.
L’Afrique du Sud ne peut plus être la même. Les décisions historiques prises par le Congrès extraordinaire du NUMSA se répercutent dans l’ensemble de la classe laborieuse, organisée ou non, d’Afrique du Sud. Ces décisions suscitent de l’espérance et de la confiance sur la possibilité proche d’une Afrique du Sud transformée, où le peuple et ses besoins ont la priorité sur les profits et où la démocratie devienne une expérience vécue au quotidien.
Ce congrès du NUMSA représente la fin décisive d’une période de la politique de libération nationale. Le NUMSA a jeté les bases d’une nouvelle voie et a donc ouvert un nouvel espace qui permet à une alternative politique authentique d’émerger car basée sur les masses, dirigée et contrôlée par les travailleurs et leurs communautés. Seule l’auto-émancipation de la classe laborieuse peut de manière décisive défaire les structures héritées du passé et les systèmes du néo-apartheid, la destruction écologique, le capitalisme et la démocratie libérale restreinte qui est aujourd’hui mise en cause par le gouvernement de l’ANC.
Le Congrès du NUMSA a résolu:
1° d’explorer la possibilité de construire un parti socialiste des travailleurs;
2° de mobiliser à la fois pour un Front unifié d’action et pour un mouvement en faveur du socialisme;
3° de reconquérir la COSATU [Congress of South Trade Unions] à partir d’en bas;
4° d’unifier activement les luttes des travailleurs et les luttes de quartier, sur le logement, l’éducation, la santé, etc. au travers d’une mobilisation de masse autour de revendications sociales et économiques;
5° de consolider le NUMSA en tant que syndicat contrôlé par les travailleurs qui organise autour d’un ensemble de valeurs et principes et qui fournit les meilleurs services à ses membres.
Il ne peut, en ce moment, y avoir de fondation plus solide pour transformer à la racine l’Afrique du Sud.
Les délégués du Congrès du NUMSA ont rejeté les prétentions du Parti communiste d’Afrique du Sud (PCAS) selon lesquelles il serait l’avant-garde proclamée de la classe laborieuse. Ils ont affirmé avec justesse que de tels titres ne peuvent se gagner que dans le processus des luttes. Le premier et le plus important devoir de quiconque affirme être socialiste est d’œuvrer en faveur de l’unité la plus large de la classe laborieuse. La direction du PCAS a échoué lamentablement devant cette exigence et a pris une décision consciente de se mettre aux côtés de l’Etat, du gouvernement et du parti dirigeant (ANC) contre notre classe, à chaque moment décisif au cours des dernières années.
Nous appelons les socialistes authentiques qui se trouvent encore au sein du PCAS de quitter le parti et d’épouser l’initiative menée par le NUMSA. Nous faisons appel à d’autres qui cherchent à se présenter comme l’avant-garde politique de la classe laborieuse de mettre de côté une arrogance aussi déplacée et de rejoindre le Front unifié des travailleurs et des communautés ainsi que de travailler en faveur de la construction d’un mouvement pour le socialisme.
Le Congrès du NUMSA a déclaré sans équivoque que l’avenir doit reposer sur le pouvoir organisé et conscient constitué par la classe laborieuse, les travailleurs pauvres et les dépossédés, tous unis dans une action défiant le capitalisme par la construction d’une lutte en faveur d’une alternative socialiste, ici et maintenant.
Le Front démocratique de gauche est convaincu que le processus qui s’ouvre à la suite du Congrès doit se mettre en place et être conduit par les travailleurs de la base vers le haut, selon les pratiques et traditions de débats démocratiques, de solidarité et de luttes de masses que le NUMSA a suivies.
Cela permettra de jeter des bases solides pour un renouveau de la gauche démocratique, du bas vers le haut. En ce sens, la nécessité de reconnaître et d’intégrer les luttes contre les oppressions multiples renforcées par le capitalisme est particulièrement importante: oppression raciale et reproduite par la suprématie blanche; l’oppression de genre; la domination oppressive exercée par les élites tribales; l’oppression sociale de personnes dont l’orientation sexuelle n’est pas hétérosexuelle; l’aliénation culturelle, le «nouvel impérialisme», la destruction écologique, etc.
En tant que mouvements sociaux, syndicats indépendants et groupes de gauche qui formons le Front démocratique de gauche, nous nous engagerons avec humilité, modestie et franchement dans ce processus. Conscients que nous sommes qu’une action politique à partir d’en bas, organisée autour de ces principes, permanente, non sectaire et unitaire est le seul roc solide sur lequel bâtir des alternatives collectives, partagées et socialistes face aux défis complexes auxquels s’affronte l’Afrique du Sud et, de fait, l’humanité dans son ensemble. Nous contribuerons à ce processus avec la perspective de la transformation socialiste de l’Afrique du Sud sur la base d’une profonde démocratie participative.
Tout cela nécessite le maximum d’unité de la part de la classe laborieuse et de ceux et celles qui sont ouverts et désireux de se placer à ses côtés. Le Front démocratique de gauche appelle les mouvements de masse, les travailleurs, les chômeurs, les femmes, les jeunes, les habitants de bidonvilles, les sans terre, et les autres travailleurs agricoles, les syndicats indépendants, les syndicats affiliés à la COSATU, à la NACTU (National Council of Trade Unions) et à la FEDUSA (Federation of Unions of South Africa), la gauche large, la société civile progressiste d’épouser, tous ensemble, le moment ouvert par le NUMSA au travers d’un débat politique démocratique, d’actions de masse soutenues, par la solidarité et en construisant une alternative socialiste de la classe laborieuse.
• Ralliez-vous autour de la revendication pour un salaire décent!
• Mobilisez-vous pour une journée d’action de masse, le 26 février 2014, contre la loi établissant un impôt en faveur de l’emploi.
• Construisez l’Alternative socialiste maintenant.
• Que les travailleurs prennent le contrôle de leurs destinées.
(Traduction A l’Encontre, texte publié le 23 décembre 2013 par le Front démocratique de gauche )
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