France. «Le FN et le syndicalisme»

affiche-anti-FN-de-la-CNT-59-62-reducPar VISA

Le principal parti d’extrême droite a récolté 6’018’672 de suffrages au 1er tour des élections régionales, soit 27,73% des suffrages exprimés. C’est son deuxième meilleur score en voix après la présidentielle de 2012 (voir tableau page suivante).

A taux de participation quasi comparable, en nombre de voix, le Front national a donc gagné 1’910’781 voix supplémentaires entre les élections départementales de mars 2015 et les régionales de décembre 2015, soit une progression de 5,5 points. Il est en tête dans 6 régions et 46 départements.

L’abstention se situe aux alentours de 50 %, mais sa baisse semble profiter au FN.

Les résultats du FN, suite à une campagne à tonalité très nationale, sont particulièrement inquiétants pour le syndicalisme.

Tout s’oppose entre nous et eux: A la solidarité, ils opposent le racisme de leur préférence nationale et le repli identitaire. A la liberté, ils opposent le tout sécuritaire et la fermeture des frontières. A l’émancipation, ils opposent le fameux «c’était mieux avant», le temps ou l’Eglise régissait les comportements. Aux luttes collectives, ils opposent la réussite individuelle, auto-entrepreneurs et petits commerçants. Au progrès social, ils opposent la discrimination et la stigmatisation des plus précaires.

– Une bonne partie de la droite durcit ses propos et opte pour l’arrogance tandis que la gauche au gouvernement continue de décevoir ses électeurs, voire applique des mesures sécuritaires prônées par le FN (armement des policiers municipaux, déchéance de nationalité, création d’une garde nationale…)

– Tout s’oppose aussi entre nous et les gouvernements successifs. La rigueur salariale, la précarité et le chômage jettent une partie des salarié·e·s dans les bras du FN; les suppressions d’emplois publics font reculer le rôle social de l’Etat; l’absence de dialogue social aggrave les sentiments de mépris et d’abandon. La forme qu’a prise l’alternance droite/gauche a lissé les idéologies jusqu’à dissoudre les repères et les valeurs.

– Mais la protestation et le désir de changement profitent au FN et non au syndicalisme. Le racisme semble se propager dans les têtes comme étant l’une des réponses à la crise économique et social. Il appartient au mouvement syndical d’inverser cette tendance, malgré les difficultés, en mettant en avant nos valeurs et nos idéaux.

– Plus que jamais, VISA (Vigilance Initiatives Syndicales Antifascistes) appelle les organisations syndicales à unir leurs efforts pour faire barrage au FN:

  • En informant les salarié·e· s sur la réalité du FN «patron», déjà employeur dans une quinzaine de villes, dans plusieurs régions demain, et sur les positions de ses députés et sénateurs;
  • En décortiquant le programme antisocial du FN, dans chaque champ professionnel jusqu’aux grandes questions de société (voir ci-dessous les compétences des régions);
  • En menant une lutte unitaire contre les politiques d’austérité;
  • En formant les militant·e·s syndicaux contre l’extrême droite dans des rencontres unitaires;
  • En étant à l’écoute au plus près des jeunes, des salarié·e·s et des privé·e·s d’emplois. (8 décembre 2015)

*****

Compétences des régions françaises

La région a pour mission de contribuer au développement économique, social et culturel de la région. Avant la loi NOTRe [Nouvelle Organisation de la République], les compétences des régions étaient centrées sur le développement économique, l’aménagement du territoire, la formation professionnelle, la gestion des lycées et les transports. La loi MAPTAM [Loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles] a, en outre, confié l’aménagement numérique aux régions.

La loi NOTRe précise : «Le conseil régional a compétence pour promouvoir le développement économique, social, sanitaire, culturel et scientifique de la région, le soutien à l’accès au logement et à l’amélioration de l’habitat, le soutien à la politique de la ville et à la rénovation urbaine et le soutien aux politiques d’éducation et l’aménagement et l’égalité de ses territoires, ainsi que pour assurer la préservation de son identité et la promotion des langues régionales, dans le respect de l’intégrité, de l’autonomie et des attributions des départements et des communes.»

La région définit un schéma régional de développement économique, d’innovation et d’internationalisation dans lequel sont précisées les orientations en matière d’aides aux entreprises, de soutien à l’internationalisation, d’aides à l’investissement immobilier, d’aides à l’innovation et les orientations relatives à l’attractivité du territoire régional. Le conseil régional est seul compétent pour définir les régimes d’aides et pour décider de l’octroi des aides aux entreprises de la région. La région anime les pôles de compétitivité. VISA surveillera de très près les agissements du FN sur ces sujets capitaux.

*****

«Le FN est l’ennemi du vivre ensemble et du progrès social»

Affiche anti FN def (1).inddPar Solidaires Finances publiques

S’il n’y avait qu’une seule raison pour le mouvement syndical de combattre la progression du FN, ce serait le fait qu’il soit le seul parti politique à vouloir la disparition du syndicalisme tel que nous le concevons. En effet, l’idéologie du FN en matière de relations employés/employeurs est exclusivement fondé sur «l’intérêt commun des salariés et de leurs employeurs» ceux-ci étant rassemblé par «corporation syndicale» tel que l’avaient imposé l’Etat Français et le maréchal Pétain [du 10 juillet 1940 au 20 août 1944; le siège de l’Etat français se trouvait à Vichy, d’où la formule «régime de Vichy]

Pour preuve, voici un extrait du communiqué du FN publié la veille du meeting intersyndical CGT, Solidaires, FSU, Unef du 29 janvier 2014: «il faudra l’émergence de nouveaux syndicats libres, autonomes et non politisés »…/… «La seule et unique préoccupation des organisations syndicales doit être de lutter contre le chômage et les licenciements, la concurrence déloyale, les patrons voyous du CAC 40 et la mondialisation.» Pour le FN, pas de négociations salariales, pas de grèves, pas de rapport de forces face à son employeur…

Mais le péril que représente le FN pour les salariés et les citoyens ne s’arrête pas là. 

  • FN et attentats: aubaine et soutien aux dictateurs

Alors que les attentats du 13 novembre ont suscité peine, tristesse, émotion et envie de paix, l’extrême droite, FN en tête, s’est scandaleusement emparée de cette horreur comme d’une aubaine pour dérouler son discours de haine. En stigmatisant les musulmans, en multipliant les diatribes contre le gouvernement, allant même jusqu’à réclamer sa démission à cause des attentats (voir les communiqués du député FN du Gard, Gilbert Collard, et Marine Le Pen du 14 novembre), le FN prouve une fois de plus que son fonds de commerce hérité de l’OAS [Organisation de l’armée secrète, créée en 1961 et qui défendait la «présence française» en Algérie, par tous les moyens, y cmpris le terrorisme] est toujours vivace.

Diviser les Français et les étrangers, diviser les salarié·e·s et les chômeurs, diviser les fonctionnaires et les salarié·e·s de droit privé, tout n’est que division dans le programme et les propos des dirigeants du FN. On est loin du vivre ensemble et du progrès collectif recherché par le monde syndical.

Et que dire du soutien réaffirmé de Marine Le Pen à Vladimir Poutine et Bachar el-Assad ? Sont-ils ses modèles, ses idoles? Jean-Marie Le Pen soutenait bien Saddam Hussein… L’histoire du FN est d’une continuité historique vraiment inquiétante. 

  • Le FN patron: c’est cent fois non !

Un autre éclairage syndical sur le FN consiste à observer ses dirigeants à la tête des mairies (et peut-être bientôt de régions) en tant qu’employeurs. Les exemples d’autoritarisme, de régression des droits sociaux et de répression antisyndicale se sont accumulés depuis que l’extrême droite dirige une quinzaine de villes. Nous reproduisons ci-après des passages du dernier livre de VISA «Lumière sur mairies brunes».

– A Hayange [chef-lieu de canton du département de la Moselle, le maire FN est Fabien Engelmann], le FN avait annoncé dans son programme municipal de mars 2014 que «des économies seront opérées dans le budget de fonctionnement». La mairie FN cherche à effectuer celles-ci surtout sur le dos du personnel municipal et a annoncé que «le remplacement des départs en retraite se fera au cas par cas», uniquement. (Ce qui est conforme aux annonces de Marine Le Pen sur les ondes des Radio France Inter, du 20 mars 2014). La mairie FN a également annoncé vouloir terminer les contrats de travail des employé·e·s non titulaires de la fonction publique territoriale, afin de les remplacer par des CAE (Contrats d’accompagnements dans l’emploi).

– A Villers-Cotterêts [département de l’Aisne, région Picardie], le maire FN [Franck Briffaut] a supprimé la subvention à l’Union locale de la CGT. Celle-ci, d’un montant de 300 euros, avait jusqu’ici aidé la CGT locale à constituer des dossiers juridiques pour des litiges aux prud’hommes.

– Dans le septième secteur de Marseille, le maire [Stéphane Ravier] exige qu’un employé municipal défroisse tous les matins le drapeau tricolore ornant la mairie, puis veille pendant le reste de la journée à ce qu’il ne s’enroule pas sur lui-même. Si ce fait apparaît ahurissant, cela ne vaut pas moins pour la circulaire qui interdit aux agents municipaux de parler «une autre langue que le français»; non seulement avec les administré·e·s, mais aussi «entre eux».

– A Beaucaire, le maire a embauché une demi-douzaine de nouvelles recrues. La dernière en date, au poste de chargé de communication de la mairie, le Lyonnais Damien Rieu, est porte-parole du groupuscule néofasciste Génération identitaire. L’ambiance est telle que les deux plus hauts gradés de la police municipale ont démissionné de leur responsabilité.

  • Les députés FN et les lois Rebsamen et Macron

Enfin, revenons sur certaines prises de position du FN à l’occasion du récent débat parlementaire sur les lois François Rebsamen [«dialogue social»; ex-ministre du Travail et maire de Dijon) et Emmanuel Macron («croissance, activité et égalité des chances économiques»):

– Pour les 2 députés FN [G. Collard et Marion Maréchal Le Pen], la création des «commissions paritaires interprofessionnelles» est une pénalisation pour les TPE. « L’infiltration du syndicalisme à l’intérieur de la petite entreprise remet en cause le dialogue direct entre le patron et ses employés, ne causera que des tensions internes qui s’ajouteront aux lourdes contraintes budgétaires existantes qui asphyxient les petites entreprises.»

– Quand à la généralisation de l’autorisation d’ouverture dominicale dans l’ensemble de la capitale, «elle devrait se faire exclusivement au profit des petits commerces, mais sans mécanisme de compensation salarial car ils ne sauraient y faire face financièrement.»

Décidément, le FN est bel et bien le pire ennemi des salarié-e-s, alors ne nous tirons pas une balle dans le pied, pas une voix pour ses listes en décembre! (8 décembre 2015)

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*