Les gens de la rue mobilisés, en accord avec tous les secteurs sociaux, et sortant pour protester dans les quartiers pauvres, démontrent qu’ils ne soutiennent plus le gouvernement de Nicolàs Maduro. Les gens ne sont plus disposés à tolérer la politique de la faim et la destruction des droits du travail, ainsi que l’élimination, de facto, du droit à la santé face au manque de médicaments et de matériels, la dégradation des services publics, la corruption extrême et la répression quotidienne.
C’est pourquoi une grande partie de la population a répondu à l’appel à se mobiliser avec les marches appelées par le Guaidó autoproclamé [le président de l’Assemblée nationale depuis le 5 janvier qui s’est autoproclamé Président intérimaire du Venezuela], non pas parce qu’elle est prête à reconnaître quiconque veut se soulever avec le «coroto» [celui prêt à vendre n’importe quoi], mais parce qu’une grande partie de notre peuple en a assez depuis longtemps et ne veut plus continuer à endurer cette situation.
C’est le cas même pour ceux qui travaillent dans le secteur public, mais qui restent silencieux ou sont forcés de se mobiliser par le gouvernement, cela pour éviter des représailles qui pourraient les affecter dans leur travail, pour recevoir des boîtes par les CLAP (Comités Locales de Abastecimiento y Producción) ou qui pourraient mettre en danger leur logement attribué par la mission logement. Les commentaires, y compris à l’intérieur du chavisme, traduisent la fatigue et un grand ennui. Peu à peu ils vont perdre la peur.
Les travailleurs et travailleuses ainsi que le gros de la population n’ont pas été en mesure de développer (même initialement) leur propre alternative indépendante, qui représenterait leurs intérêts et leurs inquiétudes réels. Ils ont donc été pris entre le marteau de la bureaucratie et l’enclume du capital. Il en résulte une nouvelle polarisation entre les politiciens d’un gouvernement corrompu qui contrôle le pouvoir et les parlementaires du parti des grands patrons qui exploitent les travailleurs.
Les employeurs qui financent et promeuvent les partis d’opposition de la droite traditionnelle (partis qui en bénéficient) paient également les salaires misérables imposés par le gouvernement de Nicolás Maduro-PSUV-Militaires. Ce patronat n’a pas d’autre solution économique que de continuer à se débarrasser des effets de la crise sur la population pendant qu’ils cherchent à sécuriser leurs profits et leurs affaires.
Les membres de l’Assemblée nationale [que l’opposition contrôle, mais qui n’a plus de rôle face à l’Assemblée nationale constituante contrôlée par le PSUV] ont l’intention de s’ériger en nouveau gouvernement et d’utiliser les énergies du peuple en leur faveur, parce que nous n’avons pas nos propres et fortes organisations qui mènent la lutte contre le gouvernement infâme de Nicolás Maduro. Mais ce ne sont pas les membres de l’Assemblée nationale et les États-Unis qui imposeront des gouvernements au peuple vénézuélien. Maduro non plus. Tous sont des usurpateurs et se disputent le contrôle de l’État afin de soumettre et d’exploiter le peuple.
Nos syndicats et nos organisations populaires sont en grande partie détruits, corrompus ou subordonnés à l’appareil d’État. Une autre partie a cédé son indépendance politique en faveur des dirigeants de la classe riche qui nous exploite. C’est pourquoi le piège autoritaire de Maduro ne permet pas de s’en sortir et se reproduit, et on bascule alors dans le piège du coup d’Etat de Guaidó (du parti de la Volonté Populaire, membre de la IIe Internationale au même titre qu’Action démocratique), soutenu par les Etats-Unis, qui joue en faveur de ses intérêts, opposés à ceux de la nation vénézuélienne.
Nous courons maintenant le risque que la confrontation entre deux gouvernements parallèles, tous deux illégitimes, l’un d’entre eux soutenu par les Etats-Unis, conduise à une guerre civile ou à des formes plus directes d’intervention impérialiste du gouvernement Trump. Nous devons également avertir qu’à chaque tentative de la droite, le gouvernement de la bureaucratie au pouvoir [PSUV-militaires-appareil administratif d’Etat] profite de l’occasion pour déclencher une vague de répression afin de soumettre davantage le peuple et réduire au silence toute protestation. [La presse vénézuélienne de ce jeudi soir, 24 janvier, a informé qu’un ordre d’arrestation était émis contre Juan Guaidó et que les services de sécurité internes – «éduqués» par les Cubains – préparent cette opération, ce qui susciterait des effets imprévisibles. Le vrai chef, Diosdado Cabello, doit se tâter le pouls avant de le faire. Une partie du personnel diplomatique des Etats-Unis a quitté le Venezuela. Peut-être est-ce un peu plus qu’un ballet diplomatique? Comment l’administration Trump obéira-t-elle à l’ordre de Maduro-Cabello d’évacuer sa «présence diplomatique» dans les 72 heures. D’autant plus qu’un autre délai est fixé par le président par intérim Juan Gerardo Guaidó Márquez: tenir des élections générales dans des termes rapprochés. – Réd A l’Encontre]
Face à tout cela, Marea socialista appelle à continuer à nous mobiliser et à protester contre le gouvernement oppresseur, mais le peuple et la classe ouvrière doivent avancer avec leur propre programme et non derrière les parlementaires de droite ou de la bureaucratie du PSUV. Et nous ne pouvons accepter une imposition d’un ordre venant de l’extérieur [Groupe de Lima et Etats-Unis].
Marea socialista appelle tous ceux et celles qui comprennent la nécessité de construire leur propre organisation de lutte, de mettre en avant une nouvelle référence politique de notre classe et des différents secteurs du peuple qui souffrent. Et cela pour faire valoir nos propres intérêts et droits.
- Le peuple ne veut pas de Maduro, et personne n’a choisi Guaidó.
- Référendum qui consulte le peuple pour relégitimer tous les pouvoirs (art. 71 CRBV).
- Renouvellement de la CNE (Commission nationale électorale) afin qu’elle retrouve son indépendance et convoque des élections générales.
- Pour un plan d’urgence en faveur des masses laborieuses et des populations pour faire face à la crise, récupérer les salaires et avoir accès à la nourriture.
- Non à l’abandon de la souveraineté.
- Non à l’interventionnisme et à l’ingérence des États-Unis et du Groupe de Lima.
- Continuons à nous battre pour nos conditions de vie: salaires, droits du travail, services publics, droits démocratiques.
- Pas de coup d’État, pas de négociations dans le dos du peuple.
- Autonomie politique des travailleurs et des secteurs populaires.
- Ne suivons plus les politiciens de la bureaucratie au pouvoir ou les politiciens des capitalistes.
- Pas de bureaucratie, pas de capital!
- Qu’ils dégagent tous.
- Laissons le peuple mobilisé exercer sa souveraineté.
- Non à la répression: libération des prisonniers pour lutter; respect des droits de l’homme.
- Pour un gouvernement des travailleurs et travailleuses, ainsi que du peuple, et non de la bourgeoisie traditionnelle ou du «rouge-régnantes».
(Caracas 24 janvier 2019; traduction A l’Encontre)
bonjour,
tout d’abord bravo pour l’ensemble de vos articles toujours de hautes tenues et propices à l’action et la réflexion!
sur le Venezuela, cette déclaration est sans ambiguïté, courageuse, vraie! on aurait aimé que celle du SU fut de la même teneur et pas “campiste” qui rappelle, hélas, de vieilles antiennes sur l’Afghanistan à la sombre époque de l’occupation Stalinienne!
une remarque générale: vous semblez faire un refus conscient de ne pas mettre de bouton de partage fb, une erreur me semble-t’il, nombre de sites analogues au vôtre le font sans y perdre leur âme. peut-être ais-je mal vu ou mal trouvé, dans ce cas indiquez-moi la marche à suivre. merci de répondre en mp si vous en avez le loisir.
camaradement, pastèque! vert dehors! rouge dedans! noirs pépins!
Nous refaisons le template du site, le flux RSS sera rétabli et l’installation d’un partage fb est envisagée. Réd. A l’Encontre