Mouvement citoyen pour
la grève électorale constituante
Ce mercredi 26 juin 2013, se déroule au Chili une grève nationale pour l’éducation avec trois marches simultanées. Se sont joints aux étudiant·e·s, la CUT (Centrale Unitaires des Travailleurs), les travailleurs du cuivre, les dockers et les enseignant·e·s. Le président de l’Association des enseignants, Jaime Gajardo, a affirmé qu’il n’y aurait pas de cours ce 26 juin 2013. Le 24 juin 2013, Radio Mar, publiait l’article suivant. “Le Mouvement citoyen pour la grève électorale Constituante (Huelga Electoral Constituyente – HEC) s’oppose et rejette le système politique délégitimé et antidémocratique hérité de la dictature civilo-militaire au moyen de désobéissance civile et en participant activement aux activités sociales, culturelles et estudiantines. Il a encore augmenté sa présence dans les réseaux sociaux et les manifestations publiques. Et tout cela dans les jours précédant l’élection primaire imposée par la classe politique pour élire des candidats présidentiels entre le duopole politique (droite historique, avec des liaisons forte avec le pinochétisme et la Concertation) qui a gouverné le Chili durant plus de 20 ans.”
C’est ainsi que la participation du Mouvement de la HEC a été fraternellement accueillie par les milliers de manifestants lors de la récente marche pour l’Education convoquée par les étudiants de la CONFECH (Confédération des étudiant du Chili), le 13 mai 2013. Cette nouvelle action du Mouvement, qui soutient la lutte pour l’éducation publique, laïque et gratuite de qualité, a été animée par des banderoles, des tracts, des panneaux et des mots d’ordre pour la Grève électorale, avec la présence, entre autres, de l’acteur Daniel Alcaino, de l’historien Sergio Grez et de membres d’organisations écologistes, étudiantes et des droits humains.
Le Mouvement HEC a également participé activement dans l’initiative citoyenne qui exige que l’on change le nom de l’Avenue 11 septembre de la Comune Providencia, à Santiago de Chile. Avant la dictature, cette avenue, s’appelait Providencia, mais les militaires et les civils ont changé ce nom pour commémorer la date du début du coup d’Etat de Pinochet en 1973. Au moyen d’une pression pacifique, mais décidée, le Mouvement HEC exige de la maire Josefa Errazuriz qu’elle respecte la promesse de campagne qu’elle a faite dans ce sens.». La grève du 26 juin 2013 participe aussi de cette mobilisation socio-politique.
La Grève électorale Constituante:
une réelle option contre le binominalisme
Un des promoteurs de ce mouvement, l’historien de l’Université de Chile, Sergio Grez Toso, a déclaré à Radio del Mar : «Jusqu’à maintenant, la grève électorale a été un phénomène spontané de secteurs croissants des citoyens et citoyennes qui sentent intuitivement ou comprennent qu’il n’existe pas dans le système politique actuel de véritables possibilités pour que s’expriment les intérêts de la majorité du pays et qui rejettent les deux coalitions néolibérales. Celles-ci sont la Droite classique et la Concertation, laquelle s’est maintenant camouflée sous l’appellation plus attractive de “Nouvelle majorité”.
Le jaillissement du Mouvement pour la grève électorale constituante représente pour beaucoup de gens une possibilité de donner au mécontentement citoyen un contenu plus clair et une orientation politique définie: l’Assemblée constituante. C’est ce qui explique l’intérêt que j’ai constaté pour les questions concernant la grève électorale constituante dans les différents lieux où j’ai donné des conférences ou participé à des ateliers de discussion au cours des derniers mois, aussi bien dans des lycées et des enceintes universitaires lors d’occupations ou parmi des personnes mobilisées dans les syndicats ou des centres communautaires». (Voir pour une explication du binominalisme les articles publiés à ce sujet sur le site alencontre.org en date du 4 et 18 juin 2013)
L’universitaire a ajouté que même lorsque les thèmes du débat dans les forums où il était invité ne se situaient pas dans le contexte électoral «invariablement les participants posent des questions sur la grève électorale constituante. Et lorsque nous évoquons cette option, la majorité d’entre eux adopte une attitude assez réfléchie, ce qui signale que le message tombe sur un terrain déjà fertilisé par les expériences que les personnes ont elles-mêmes faites. Et c’est sans compter les grévistes électoraux spontanés, que nous savons être très nombreux et qui accueillent très volontiers nos points de vue».
Au cours du mois de juin 2013, les grévistes électoraux constituants ont fait un pas supplémentaire: celui d’impulser les débats en assemblée et en forum et de faire circuler des textes et des images sur les réseaux sociaux, transmettant un message de désobéissance civile pacifique pour occuper les murs dans les rues chiliennes.
Les participants du mouvement citoyen HEC participeront encore, en diffusant leurs propositions, à la «marche multisectorielle» pour l’éducation du 26 juin 2013, à quatre jours à peine des élections primaires. Cette manifestation massive dont l’objectif est d’envoyer un signal fort de la part des citoyens et citoyennes, a rassemblé entre autres des organisations de professeurs, des étudiants, des membres du monde culturel ainsi que des travailleurs des Ports, de la Confédération des travailleurs du cuivre et les syndicats des salarié·e·s de la banque.
Non à l’expulsion des collèges occupés!
Le Gouvernement – mais aussi, de manière plus ou moins voilée l’ensemble de la «classe politique» – avance la menace d’expulser, y compris avec des troupes militaires, des lycées occupés, sous prétexte qu’ils devraient être utilisés pour les élections primaires du 30 juin. Face à ces menaces, le Mouvement pour la grève électorale constituante estime devoir signaler ce qui suit:
1° Dans un système non-démocratique, les occupations de lycées constituent un acte légitime de désobéissance civile. Les jeunes occupent leurs locaux d’étude pour protester contre l’abandon de l’éducation publique et, de manière plus générale, contre la situation d’abus et d’injustice généralisée qui existe dans notre pays. D’autre part, malgré le fait que les élections primaires sont présentées comme étant un «approfondissement de la démocratie», il ne s’agit que d’une illusion d’optique.
Les primaires ne sont pas suspendues dans l’air. Elles font partie intégrante d’une machinerie du pouvoir qui opère en tant qu’ensemble indivisible et qui comprend le système électoral binominal pour les élections parlementaires et des quorums qui font que les lois fondamentales et la Constitution mises en place par le dictateur Pinochet ne peuvent pas être modifiées.
C’est cet héritage néfaste de la dictature, qui nie le principe de base de la démocratie (qui est ce que demande la majorité), qui doit être éliminé pour avancer vers un Chili pour tous et toutes. Un·e président·e élu·e avec des primaires sera tout aussi prisonnier de cet héritage pinochétiste qu’un élu sans primaires.
2° Les accusations de la classe politique binominale contre les étudiant·e·s sont grotesques. Il y a un contraste saisissant entre, d’une part, l’extrême diligence avec laquelle ses dirigeants ont sorti une loi de primaires et la rapidité inusitée avec laquelle ils ont approuvé une «loi express» pour bénéficier d’une frange électorale pour les primaires, et, d’autre part, l’extrême laisser-aller et la mauvaise volonté qu’ils ont mis à chercher à résoudre les graves problèmes dont souffre l’éducation nationale.
Aujourd’hui ils s’émeuvent, se préoccupent et se mobilisent parce que leur cirque des primaires peut être terni encore davantage par l’occupation des écoles secondaires. C’est la raison pour laquelle ils exigent que «la loi soit appliquée» et les étudiant·e·s expulsés.
Les citoyens et citoyennes ne doivent pas permettre que nos enfants et nos jeunes soient l’objet des violences policières qui vont inévitablement accompagner les expulsions. La récente expérience de l’assaut des carabiniers contre le bâtiment central de l’Université du Chili le démontre.
Nous devons donc nous mobiliser et faire en sorte que nos actions forment une haie protectrice autour des lycéens qui occupent les collèges menacés d’expulsion. Les organisations sociales et de défense des Droits humains doivent se mobiliser et rester en alerte. Le Mouvement pour la grève électorale constituante fera tout ce qui est dans son pouvoir dans ce sens. La défense de l’intégrité physique et morale de nos enfants et de nos jeunes est au-dessus de toute autre considération. (24 juin 2013 – Traduction A l’Encontre)
Vidéo de la grève des étudiant.e.s le 26 juin 2013
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